Cassiano: communion

Près de deux semaines durant, il se met ainsi aux pieds de tous, dans la plus grande contrition d’esprit et de corps; jusque-là que, le samedi et le dimanche, il accourait à l’église de grand matin, non pour recevoir la sainte communion, mais pour se prosterner à la porte et implorer en suppliant son pardon. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN

Reste enfin la troisième cause. Par une pratique régulière et vigilante de l’abstinence, par la contrition du coeur et du corps, nous souhaitons d’acquérir la perpétuelle pureté de chasteté. Mais, tandis que nous prenons un soin si méritoire du bien du corps et de l’esprit, la jalousie perfide de l’ennemi imagine cette tactique savante. Abattre notre confiance, et nous humilier comme par une faute véritable : tel est son but. Là-dessus, il choisit particulièrement les jours où nous désirons plaire davantage à la divine Présence par une intégrité plus parfaite, pour souiller notre corps, afin de nous détourner de la très sainte communion. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

Question : Est-il permis, en pareil cas, d’approcher de la sainte communion ? Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

THÉONAS. — Certes, nous devons apporter tout le soin qui est en nous à garder immaculée la pureté de notre chasteté, alors surtout que nous souhaitons d’approcher des saints autels. Quelle vigilance, quelle circonspection, quelles précautions, infinies ne seront pas de saison, pour que l’intégrité de notre chair, indemne jusque-là, ne nous soit pas ravie la nuit même où nous nous préparons à la communion du divin banquet ! Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

Je connais un frère qui jouissait d’une chasteté constante de coeur et de corps, après l’avoir méritée à force de circonspection et d’humilité; mais, toutes les fois qu’il se préparait à la communion du Seigneur, il avait à déplorer un fait de ce genre. Longtemps, la frayeur le retint de participer aux sacrés mystères. À la fin, il va soumettre la question aux anciens, s’assurant de trouver dans leur conseil secourable un remède à ces attaques bien qu’à sa douleur. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

Que, l’on ne doit jamais se juger digne de la communion du Seigneur. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

Cependant, renfermons notre coeur, avec un soin jaloux, sous la garde de l’humilité, et tenons invariablement cette maxime : il es impossible de parvenir jamais à un tel mérite de pureté, que nous ne devions nous estimer indignes de la communion au Corps du Seigneur; même si nous avions accompli, par la Grâce de Dieu, tout ce qui vient d’être dit. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

Objection : Il faut priver tout le monde de la communion du Seigneur, si personne n’est sans péché. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE

Bien qu’ayant conscience de n’être pas sans péché, nous ne devons pas nous suspendre nous-mêmes de la communion du Seigneur. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS

Nous ne devons pas toutefois nous suspendre nous-mêmes de la communion du Seigneur, parce que nous avons conscience d’être pécheurs. Au contraire, nous irons la recevoir avec une avidité plus grande, afin d’y trouver la santé de l’âme et la pureté de l’esprit, mais dans les sentiments de l’humilité et de la foi, nous jugeant indignes d’une telle Grâce, et cherchant uniquement le remède à nos blessures. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS

Si nous attendions d’être dignes, nous ne ferions pas même la communion une fois l’an. Cette pratique de la communion annuelle est celle de plusieurs, qui demeurent dans les monastères. Ils se forgent une telle idée de la dignité, de la sainteté, de la grandeur des divins Mystères, qu’il ne faut s’en approcher, à leur sens, que, si l’on est saint et sans tache, et non pas plutôt afin de le devenir. Ils pensent éviter toute présomption orgueilleuse. En réalité, celle où ils tombent est plus grande : car, le jour du moins où ils communient, ils se jugent dignes de la communion. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS