Mais, afin qu’ils ne croient pas pouvoir se passer du secours divin pour accomplir ce grand ouvrage, il ajoute : «C’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le parfaire, de par son bon plaisir» (Phil 2,13). Il avertit de même Timothée : «Ne néglige pas la grâce qui est en toi» (1 Tim 4,14); et de nouveau : «C’est pourquoi je t’avertis de ressusciter la grâce de Dieu qui est en toi» (2 Tim 1,6). Écrivant aux Corinthiens, il leur rappelle, il les presse de ne pas se rendre indignes de la grâce de Dieu par des oeuvres stériles : «Or donc, étant ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu» (2 Co 6,1). Simon, lui, l’avait reçue en vain; aussi ne lui fut-elle d’aucun profit. Il ne voulut pas obéir au commandement du bienheureux Pierre, qui lui disait : «Fais pénitence de ta malice, et prie Dieu qu’il te pardonne, s’il est possible, cette pensée de ton coeur. Je te vois la proie d’un fiel amer, et dans les liens de l’iniquité» (Ac 8,22-23). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON
Ainsi la sagesse multiforme de Dieu ménage-t-elle le salut des hommes avec une tendresse habile à varier ses moyens et vraiment insondable. Selon la capacité de chacun, il accorde les dons de sa largesse. Pour les guérisons même qu’il opère, il ne veut point se régler sur la puissance toujours égale de sa majesté, mais sur la foi qu’il trouve en chacun de nous ou qu’il a lui-même départie. Celui-ci croit que pour le purifier de sa lèpre, la volonté toute seule du Christ suffit; le Christ le guérit par le seul assentiment de sa volonté : «Je le veux, sois guéri» (Mt 8,3). Un autre le supplie de venir chez lui, et de ressusciter sa fille en lui imposant les mains; il entre dans sa maison, et lui accorde l’objet de sa requête en la manière espérée (cf. Ibid. 9,18). Un troisième croit que le salut réside essentiellement dans le commandement de la parole : «Dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri» (Mt 8,8); par le commandement de sa parole, il rend aux membres alanguis leur vigueur première : «Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru (Ibid. 13).» — En voici qui espèrent trouver le remède dans l’attouchement de la frange de son vêtement; il leur dispense largement le don de la santé. (cf. Ibid. 9,20) — Il accorde à ceux-ci la guérison de leurs maladies sur leur prière; à ceux-là par un don spontané. — Il en exhorte certains à l’espérance : «Veux-tu être guéri ?» (Jn 5,6). Il porte secours de son propre mouvement à d’autres qui ne l’espéraient pas. — Il sonde les désirs des uns avant de satisfaire leur volonté : «Que voulez-vous que je fasse ?» (Mt 20,32). À cette autre qui ignore le moyen d’obtenir ce qu’elle convoite, il l’indique avec bonté : «Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu.» (Jn 11,40) — Il en fut sur qui il épancha surabondamment son pouvoir de guérir, si bien qu’à leur sujet l’évangéliste peut dire : «Il guérit tous leurs malades» (Mt 14,14). Chez d’autres, l’abîme sans fond de ses bienfaits se trouva fermé : «Jésus, est-il dit, ne put faire parmi eux de miracle à cause de leur incrédulité» (Mc 6,5-6). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON
Quelqu’un lui vint un jour en habit de séculier, portant certaines prémices de ses récoltes. Il trouve là un possédé, que tourmentait un démon des plus cruels. Celui-ci, plein de mépris pour les ordres et les adjurations de l’abbé Jean, témoignait qu’il ne quitterait jamais sa victime à son commandement. Mais, saisi de frayeur à l’arrivée de notre homme, il cria son nom avec grande révérence, et s’enfuit. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
Votre âme, ainsi devenue, par son inséparable amour de la pureté, l’arche du divin Testament et le royaume sacerdotal, absorbée en quelque sorte dans les connaissances spirituelles, accomplira le commandement fait au pontife par le Législateur : «Il ne sortira pas du sanctuaire, de peur qu’il ne profane le sanctuaire de Dieu,» (Lev 21,12) c’est-à-dire son coeur, où le Seigneur promet de faire sa constante demeure : «J’habiterai parmi eux, et je marcherai au milieu d’eux.» (2 Cor 6,16). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
Un exemple rendra plus manifeste la vérité que nous essayons d’établir. Qu’il me suffise de citer un seul commandement de la loi. Par lui, je vais prouver que tous les célestes préceptes, sans exception, s’étendent au genre humain dans son entier, mais à chacun selon l’état où il est parvenu. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
La première cause du don de guérison est le mérite de la sainteté : la grâce des miracles accompagne tous les élus et les justes. C’est, par exemple, un fait constant que les apôtres et une multitude de saints ont accompli des signes et des prodiges, de par le commandement que le Seigneur leur en avait fait : «Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons; gratuitement vous avez reçu, donnez gratuitement.» (Mt 10,8). Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
Sur le point de retourner à son Père, celui-ci voulut établir, pour ainsi parler, une sorte de testament. Or voici le legs qu’Il lit à ses disciples : «Je vous donne un commandement nouveau, dit-il : que vous vous aimiez les uns les autres; que, comme Je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres.» (Jn 13,34). Et il ajoute aussitôt : «C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.» (Jn 13,35). Il ne dit pas : Si vous faites des signes et des prodiges, mais : «Si vous avez de l’amour les uns pour les autres.» Et il est bien certain d’ailleurs qu’à moins d’être doux et humble, on ne conservera pas cet amour. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
Rien ne vous servirait, en effet, d’affirmer que vous n’avez point, quant à vous, de colère, et de vous persuader que vous remplissez ce commandement : «Que le soleil ne se couche pas sur votre colère», (Ep 4,26). «Quiconque se met en colère contre son frère méritera d’être puni par les juges,» (Mt 5,22) si vous méprisez d’un coeur superbe et dur la tristesse de votre prochain, quand votre mansuétude aurait pu l’adoucir. Vous encourez au même titre le reproche de prévarication contre le précepte du Seigneur; car Celui qui a dit que vous ne deviez pas entrer en colère contre votre prochain, a dit du même coup que vous ne deviez pas faire fi de sa tristesse. Que vous vous perdiez vous-même oui un autre, cela ne fait point de différence aux yeux de Dieu, «qui veut que tous les hommes soient sauvés.» (1 Tim 2,4). Quel que soit celui qui périt, c’est pour lui un même dommage. Pareillement, celui qui trouve tant de plaisir à l’universelle perdition, retire un même gain de votre mort éternelle ou de celle de votre frère. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
Cependant, elles semblaient éclater comme la lumière auparavant, lorsque le démon nous les inspirait; et elles auraient facilement engendré la discorde, si le commandement des anciens, gardé par nous comme un oracle de Dieu, ne nous eût prévenus contre toute dispute. Ils ont prescrit, en effet, et posé comme une sorte de loi, que ni l’un ni l’autre ne devait plus se lier à son jugement propre qu’à celui de son frère, s’il ne voulait être abusé par la fourberie du démon. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
Il existe une charité générale qu’il est possible de rendre à chacun. C’est d’elle que le bienheureux Apôtre dit : «Durant que nous en avons le temps, pratiquons le bien envers tous, principalement envers nos frères dans la foi.» (Gal 6,10). Nous la devons à tous sans exception, tellement que le Seigneur nous fait un commandement de la témoigner même à nos ennemis : «Aimez, dit-il, vos ennemis.» (Mt 5,44). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
En agissant comme ils font, ils caressent et nourrissent leur pusillanimité, ou mieux leur orgueil, plutôt qu’ils n’extirpent le foyer des querelles; ils oublient le commandement du Seigneur. «Quiconque se met en colère contre son frère, méritera d’être puni par les juges»; (Mt 5,22). «S’il vous souvient que votre frère a quelque chose contre vous, laissez là votre offrande, et allez d’abord vous réconcilier avec votre frère; puis, venez présenter votre offrande.» (Mt 5,23-24). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
C’est peu pour eux d’avoir soulevé des querelles, si par leurs paroles provocantes, ils n’irritent leurs frères, de manière à les porter à des voies de fait. Puis, à peine le plus léger coup les a-t-il effleurés, ils présentent à frapper leur corps par un autre côté, pensant bien accomplir ainsi en perfection le commandement : «Si quelqu’un vous frappe sur une joue, présentez-lui encore l’autre.» (Mt 5,39). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
Que notre coeur se dilate donc et s’ouvre largement ! Resserré par l’étroitesse de la pusillanimité, le bouillonnement tumultueux de la colère le remplirait. Puis, nous n’aurions point de place, dans un coeur étroit, pour le commandement divin, qui est infini, selon le prophète; nous ne pourrions non plus redire après celui-ci : «J’ai couru dans la voie de vos commandements, parce que vous dilatiez mon coeur.» (Ps 118,32). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
D’un autre côté, le commandement de l’Évangile nous effraie grandement : «Que votre discours soit : Cela est, cela n’est pas. Ce qui est en plus, vient du Malin.» (Mt 5,37). Il n’est point de justice, nous semble-t-il, qui soit capable de compenser la transgression d’un précepte si grave. Et par quel moyen ce qui a mal commencé pourrait-il bien finir ? Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH
Si nous poursuivons notre intérêt et voulons retenir opiniâtrément ce qui nous est avantageux : même en des cas aussi urgents, il nous faudra dire la vérité. Mais si, satisfaisant au commandement de l’Apôtre, nous préférons le bien des autres à notre avantage personnel, il nous faudra sans aucun doute en passer par le mensonge. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH
Il nous souvient également que Samson a livré pour son plus grand malheur à une épouse criminelle la vérité qu’il lui avait longtemps tenue cachée par le mensonge. Pour l’avoir si imprudemment révélée, il fut pris au piège : il avait négligé d’observer le commandement du prophète : «Tiens ta bouche fermée à celle qui dort sur ton sein.» Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH
Nous nous disposions à remettre jusqu’au lendemain notre réfection. Sur le soir, un frère survient. Il nous demande si nous avons pris notre repas. Que faire, je vous le demande ? Taire notre jeûne et cacher notre abstinence ? ou les trahir, en disant la vérité ? Si nous les cachons, afin de satisfaire au commandement du Seigneur : «Qu’il ne paraisse pas aux yeux des hommes que vous jeûnez, mais à ceux de votre Père, qui est présent dans le secret»; «Que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite”:» nous mentons. Si nous divulguons notre abstinence, la sentence évangélique nous frappe justement : «En vérité, Je vous le dis, ils ont reçu leur récompense.» Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH
À leurs débuts dans le monastère, leur ferveur faisait accroire qu’ils recherchaient vraiment la perfection de la discipline cénobitique. Mais elle fut courte; et tout aussitôt, ils sont tombés dans la tiédeur. Retrancher leurs habitudes et leurs vices d’autrefois, ils ne le veulent à aucun prix. Ne pouvant prendre sur soi de soutenir plus longtemps le joug de l’humilité et de la patience, et dédaignant de se soumettre au commandement des anciens, ils gagnent des cellules séparées, dans le désir d’y vivre solitaires, afin que, n’étant plus exercés par personne, les hommes puissent les estimer patients, doux et humbles. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN
C’est avec le plus vif plaisir, mes enfants, que je vois la pieuse largesse dont vos présents sont le gage; et je trouve une vraie joie de coeur à recevoir ces dévotes offrandes, dont la dispensation m’a été commise. En ceci paraît bien, en effet, votre fidélité à donner au Seigneur, comme un sacrifice d’agréable odeur, les prémices et la dîme de ce qui vous appartient, pour servir aux nécessités des indigents. Vous vous assurez d’ailleurs que le reste de vos récoltes et de votre avoir, dont vous prélevez pour Dieu cette part, seront largement bénis à cause de votre générosité, et que vous serez comblés, même en ce monde, de l’abondance de tous les biens, selon la promesse exprimée dans le divin commandement : Honore le Seigneur de tes justes travaux, et offre-lui les prémices des fruits de ta justice, afin que tes greniers se remplissent d’une abondance de froment et que tes pressoirs débordent de vin. (Pro 3,9-10). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Voici, quant aux prémices, quelle était la règle : on devait offrir, pour le service du Temple et des prêtres, la cinquantième partie des fruits et du bétail. Mais, les tièdes diminuant cette mesure par infidélité, les dévots l’augmentant, il se trouva que les uns payaient seulement la soixantième partie, les autres, au contraire, la quarantième de leurs récoltes. C’est que les justes, pour qui n’est point faite la Loi, prouvent qu’ils ne sont pas sous la Loi en ceci, que, non satisfaits d’accomplir la justice de la Loi, ils s’efforcerait de la dépasser. Leur dévotion est supérieure au commandement; et, mettant le comble à l’observance du précepte, ils ajoutent une part volontaire à ce qui est dû strictement. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Que dirai-je des fils de Jonadab, fils de Rechab ? Au prophète Jérémie, qui leur offre du vin par ordre du Seigneur, ils répondent : Nous ne buvons point de vin; car Jonadab fils de Rechab, notre père, nous a fait ce commandement : Vous ne boirez point de vin, ni vous, ni vos fils, à jamais; vous ne bâtirez point de maison, vous ne ferez point de semailles, vous ne planterez point de vignes et vous n’en aurez point à vous; mais vous habiterez sous des tentes tous les jours de votre vie. (Jer 35,6-7). Ce qui leur vaut d’entendre de la bouche du même prophète : Voici ce que dit le Seigneur des armées, Dieu d’Israël : Jamais il ne manquera d’hommes de la race de Jonadab, fils de Rechab, pour subsister en ma présence, à toujours. (ibid. 19). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Il y a plus. Ce n’est pas seulement celui qui se refuse à remplir le commandement de la Loi qu’il faut regarder comme étant toujours sous la Loi, mais aussi celui qui, satisfait d’observer ce qu’elle prescrit, ne donne pas les fruits dignes de la vocation et de la grâce chrétienne. Car le Christ ne nous dit pas : Tu offriras la dîme et les prémices de tes biens au Seigneur ton Dieu, (Ex 22,29) mais : Va, vends ce que as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis viens et suis Moi; (Mt 19,21). Telle est encore la grandeur de la perfection chrétienne: un disciple réclame pour ensevelir son père; on ne lui concède pas même le court espace d’une heure, et la vertu de l’amour divin passe avant le devoir de l’affection humaine. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Il ajoutait encore de nouvelles raisons. Si Moïse permet aux Juifs de renvoyer leurs épouses à cause de la dureté de leur coeur, pourquoi le Christ n’accorderait-il pas le même privilège au désir de la chasteté ? La Loi, et le Seigneur après elle, n’avaient-ils pas prescrit de tenir en haute révérence les autres affections de famille, l’amour d’un père, d’une mère, de ses enfants ? Et néanmoins, le même Seigneur déclarait qu’il fallait, pour son Nom et le désir de la perfection, non pas simplement y renoncer, mais les haïr. Et il y joignait l’amour conjugal : Quiconque laisse maison, ou frères, ou soeurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs à cause de mon Non, recevra le centuple et possédera la vie éternelle. (Mt 29). Ainsi donc, il était si peu disposé à souffrir aucune comparaison avec la perfection qu’il prêchait, qu’il voulait nous voir briser et rejeter pour son amour les liens sacrés eux-mêmes qui nous unissent à notre père et à notre mère, et qui font, selon l’Apôtre,l’objet du premier commandement auquel une récompense eût été promise : Honore ton père et ta mère, — c’est le premier commandement auquel soit promise une récompense — afin que tu sois heureux, et que tu vives longtemps sur la terre. (Eph 6,2-3). Il paraissait donc assez évident que si l’Évangile condamnait celui qui rompt le lien du mariage hors le cas d’adultère, il promettait aussi le centuple à qui secoue le joug de la chair pour l’amour du Christ et le désir de la chasteté. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Par conséquent, lorsqu’il s’agit de pratiques auxquelles nous voyons un mode et un temps déterminés, et dont l’observance sanctifie, sans pourtant qu’il y ait faute à les omettre : manifestement, elles sont de soi indifférentes. Ainsi, le mariage, l’agriculture, les richesses la retraite au désert, les veilles, la lecture et la méditation des livres sacrés, le jeûne enfin, qui fut l’occasion de ce discours. Ce sont là des buts pour notre activité, que ni les préceptes divins ni l’autorité des saintes Écritures ne nous ordonnent de poursuivre avec une telle continuité, que ce soit un crime de prendre quelque relâche. Tout ce qui fait l’objet d’un commandement proprement dit, nous mérite la mort, s’il n’est observé; mais ce qui est plutôt conseillé qu’ordonné, procure des avantages, si on le fait, sans attirer de châtiment, si on l’omet. Aussi nos pères nous ont-ils recommandé de ne nous livrer à toutes ces pratiques, à certaines du moins, qu’avec prudence et circonspection, tenant compte du pourquoi, du lieu, du mode, du temps. C’est qu’en effet tout va à souhait, si elles viennent opportunément; mais embrassées mal à propos, elles sont nuisibles autant que déplacées. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
À la vérité, malgré ce qui est dit de la Loi mosaïque, qu’ elle n’a rien amené à la perfection,(Heb 7,19) nous lisons qu’il y eut des parfaits parmi les saints de l’Ancien Testament. Mais ce fut qu’ils dépassèrent le commandement de la Loi, pour vivre sous la perfection évangélique, sachant que la Loi n’a pas été faite pour les justes, mais pour les injustes et les rebelles, les impies et les pécheurs, les scélérats et les impudiques. (1 Tim 1,9-10). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
La Loi fait du mariage un commandement principal : Heureux, dit-elle, celui qui a sa postérité dans Sion, et les gens de sa maison dans Jérusalem; (Is 31,9) et : Maudite, la stérile qui n’enfante pas ! La grâce, au contraire, nous invite à la pureté de la perpétuelle intégrité et à la continence de la virginité bienheureuse : Heureuses les stériles, et les mamelles, qui n’ont pas allaité; (Lc 23,29) Celui qui ne hait pas son père, et sa mère, et son épouse, ne peut être mon disciple. (Ibid. 14,26) Et voici un mot dé l’Apôtre : Il faut donc que ceux qui ont une femme, soient comme n’en ayant pas. (1 Cor 7,29). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Le Lévitique nous fait, en termes évidents, un commandement identique à celui de l’Apôtre : Quiconque, sera pur, pourra manger de la chair du sacrifice. Mais, celui qui, se trouvant en état d’impureté, aura mangé de la chair du sacrifice salutaire appartenant au Seigneur, périra devant le Seigneur (Lév 7,19-20). Nous voyons aussi dans le Deutéronome que l’homme impur est mystiquement séparé du camp spirituel : S’il se trouve un homme parmi vous qui ait souffert quelque impureté durant la nuit, il sortira du camp, et ne reviendra pas, avant de s’être baigné vers le soir; et après le coucher du soleil, il pourra rentrer dans le camp (Dt 23, 10-11). Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE
S’il faut un témoignage plus évident encore, voici la Loi. Ses préceptes sont des préceptes de vie : car elle a été donnée par les anges, par l’entremise d’un médiateur (Gal 3,19); et c’est d’elle encore que l’Apôtre dit : Ainsi donc, la Loi est sainte; et le commandement est saint, juste et bon (Rm 7,12). Mais, en regard de la perfection évangélique, l’oracle divin prononce qu’ils ne sont pas bons : Je leur ai donné, des préceptes qui ne sont pas bons, et des ordonnances où ils ne trouveront pas la vie (Ez 20,25). Entendez aussi l’Apôtre affirmer que toute la gloire de la Loi s’éclipse à la lumière du Nouveau Testament, tellement que, devant la splendeur de l’Évangile, elle ne mérite plus d’être glorifiée : Ce qui a été glorifié autrefois, dit-il, cesse d’être glorieux en face de cette gloire suréminente (2 Co 3,10). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
D’ailleurs, lorsque les saints, fidèles observateurs du commandement de leur Roi, répètent journellement : Remets-nous nos dettes, ou bien ils disent vrai, et donc personne n’est sans faute, ou c’est une feinte, et dans ce cas, il est encore véritable qu’ils ne sont pas exempts du péché de mensonge. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Que si le joug du Christ ne nous paraît, au contraire, ni léger, ni suave, il n’est que juste de l’attribuer à notre résistance opiniâtre. La défiance et le manque de foi nous ôtent tout ressort. Ensuite, par quel prodige de déraison ! nous luttons contre le commandement, ou plutôt le conseil qui dit : Si tu veux être parfait, va, vends (ou abandonne) tout ce que tu as; puis, viens et suis-Moi (Mt 19,21). C’est-à-dire que nous voulons garder les biens de la terre. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM