Nous en avons la marque évidente dans la variété des béatitudes évangéliques. Heureux ceux a qui appartient le royaume des cieux; heureux ceux qui posséderont la terre; heureux ceux qui seront consolés; heureux ceux qui seront rassasiés. Nous croyons néanmoins qu’il y a bien de la différence entre habiter les cieux et posséder la terre, quelle qu’elle puisse être; entre la consolation, et la plénitude et satiété de la justice; entre ceux qui recevront miséricorde, et ceux qui jouiront de la très glorieuse vision de Dieu : «Autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune et autre l’éclat des étoiles; même une étoile diffère en éclat d’une autre étoile. Ainsi en est-il pour la résurrection des morts.» (1 Cor 15,41-42). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA CHEREMON
L’une des béatitudes exaltées par la bouche de notre Sauveur nous rend cette vérité manifeste : «Heureux les doux, parce qu’ils posséderont la terre.» (Mt 5,4). Nous n’avons point d’autre moyen de posséder notre terre, c’est-à-dire de soumettre à notre empire la terre rebelle de notre corps, que de fonder tout d’abord notre âme en la douceur de la patience; dans les combats que la passion suscite à notre chair, le triomphe ne s’obtient que si l’on revêt les armes de la mansuétude : «Les doux, dit le prophète, posséderont la terre,» et «ils y demeureront à jamais.» (Ps 36,11 et 29). Puis, il nous enseigne, dans la suite du psaume, la méthode pour conquérir cette terre : «Attends le Seigneur et garde sa voie; il t’élèvera, et tu posséderas la terre en héritage.» (Ps 36,34). Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON