Cassiano: avarice

Les cénobites, sans pensée du lendemain, offrent à Dieu le fruit de leurs sueurs comme une hostie agréable; les sarabaïtes étendent le souci de leur âme infidèle, non seulement au lendemain, mais à une longue suite d’années, et font Dieu menteur ou dénué de ressources, comme s’il ne pouvait ou ne voulait pas tenir sa promesse, de donner en suffisance le pain quotidien et le vêtement. Les premiers souhaitent de tous leurs voeux le dépouillement total et la pauvreté perpétuelle, les seconds, l’abondance de tous les biens. Les uns s’efforcent à l’envi de dépasser la mesure de travail prescrite, mais afin qu’après avoir suffi aux saints usages du monastère, le reste soit dépensé, selon le jugement de l’abbé, aux prisonniers, aux hospices pour les étrangers, aux hôpitaux, aux indigents; les autres n’ont pour but que de satisfaire, avec le superflu de leur gourmandise, une fantaisie dépensière ou une coupable avarice. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN

Aussi bien, personne ne doit se flatter d’obtenir un si beau résultat, avant d’avoir retranché, dans toute la ferveur de son esprit, ce qui fut la cause ou l’occasion de ses chutes. Par exemple, c’est par une dangereuse familiarité avec les personnes du sexe qu’il est tombé dans une faute grave : qu’il évite avec le plus grand soin jusqu’à leur aspect. — Ou bien il s’est laissé emporter à quelque excès de vin ou de bonne chère : qu’il réprime, par une rigoureuse austérité, les séductions de la gourmandise. — Peut-être, il a été induit au parjure, au vol ou à l’homicide par le désir et la passion de l’argent : il faut écarter les objets qui, en allumant son avarice, l’ont attiré dans le piège. — Enfin, c’est le vice de la superbe qui le pousse à la colère : il arrachera la racine même de l’orgueil par une profonde vertu d’humilité. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PINUFE