Cassiano: angoisses

lupe

Il paraît évidemment par là que le remède le plus efficace pour le coeur humain, c’est la patience, selon le mot de Salomon : «L’homme doux est le médecin du coeur.» (Pro 14,30). Ce n’est pas seulement la colère, la paresse, la vaine gloire ou la superbe qu’elle extirpe, mais encore la volupté, et tous les vices à la fois : «La longanimité, dit encore Salomon, fait la prospérité des rois.» (Ibid. 25,15). Celui qui est toujours doux et tranquille, ni ne s’enflamme de colère, ni ne se consume dans les angoisses de l’ennui et de la tristesse, ni ne se disperse dans les futiles recherches de la vaine gloire, ni ne s’élève dans l’enflure de la superbe : «Il y a une paix surabondante pour ceux qui aiment le nom du Seigneur, et rien ne leur est une occasion de chute.» (Ps 118,165). En vérité, le Sage a bien raison de dire : «L’homme patient vaut mieux que le soldat vaillant; celui qui maîtrise sa colère, que l’homme qui prend une ville.» (Pro 16,32). Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON

Il existe un moyen, fis-je alors, de couper court à nos angoisses ; c’est de recourir aux conseils, ou plutôt à l’autorité du vieillard. Soumettons-lui nos inquiétudes; et, quoi qu’il décide, que sa parole mette fin à toutes nos perplexités, comme si c’était la réponse du ciel même. Le Seigneur nous fera cette faveur par l’entremise de ce saint homme, n’en doutons pas, en considération de son mérite, et aussi de notre foi. Par une grâce de sa munificence, il est fréquemment arrivé que la foi obtint un conseil salutaire de la part d’hommes sans vertu, et l’incrédulité, de la part des saints. Il le veut ainsi, pour récompenser le mérite de ceux qui répondent ou la foi de ceux qui interrogent. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH

C’est d’eux qu’il est parlé dans les psaumes : «Qu’ils le disent maintenant ceux qui furent rachetés par le Seigneur, ceux qu’Il a rachetés des mains de l’ennemi;» puis, un peu plus loin: «Ils erraient dans le désert, dans une solitude sans eau; et ils ne trouvaient pas le chemin d’une ville pour y demeurer. En proie à la faim, à la soif, ils sentaient leur âme défaillir. Dans leur détresse, ils crièrent vers le Seigneur; et Il les délivra de leurs angoisses.» (Ps 106,2). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN

Encore ne saurait-on profiter de tous ces biens dans une lâche tranquillité, une jouissance paresseuse, mais, selon la Parole du Seigneur, avec des persécutions, c’est-à-dire parmi les afflictions de la vie présente et les angoisses de la souffrance. Le sage l’atteste : Celui qui vit dans les douceurs et sans souffrance, sera dans le dénuement (Pro 14,23). Ce ne sont point les paresseux, les lâches, les délicats, les mous, mais les violents qui emportent le royaume des cieux. Quels violents ? Ceux qui font, non pas aux autres, mais à leur âme, une glorieuse violence; qui, par un vol plein d’honneur, la dépouillent de toute volupté des choses présentes. Ce sont eux que la Voix du Seigneur déclare de glorieux voleurs, et qui par cette rapine, pénètrent de force dans le royaume des cieux : Le royaume des cieux, dit-il, est emporté de force, et les violents s’en emparent (Mt 11,12). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM