Nous estimons n’être point coupables devant Dieu, parce que nulle parole n’est sortie de nos lèvres qui nous puisse flétrir ou condamner au jugement des hommes. Comme si, aux yeux de Dieu, ce fuissent les paroles seulement qui comptent pour fautes, et non pas surtout la volonté ! où qu’il n’y eût de crime que dans l’oeuvre du péché, et non pas aussi dans le voeu et le dessein ! Comme s’il avait uniquement égard, lorsqu’il nous juge, à ce que nous avons fait; et point du tout à ce que nous nous sommes proposés de faire ! Ce n’est pas seulement le caractère apparent de nos provocations qui fait notre culpabilité, mais aussi notre intention. Notre juge, dans son examen impartial, s’enquerra moins des modalités extérieures de la querelle, qu’il ne cherchera par la faute de qui elle s’est allumée. Ce qu’il faut considérer, c’est le péché lui-même, et non pas l’acte matériel. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 18
Réponse : Le Christ n’a pas égard à l’acte seulement, mais aussi à l’intention. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 22
JOSEPH. — Je l’ai dit tout à l’heure, il ne faut pas considérer seulement l’acte matériel, mais la disposition d’esprit et l’intention de celui qui agit. Pesez bien, dans l’intime de votre coeur, les sentiments qui animent les actions humaines, examinez de quel mouvement elles procèdent; et vous verrez que la vertu de patience et de douceur ne se peut accomplir en aucune façon par un esprit tout contraire, à savoir l’esprit d’impatience et de fureur. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 22
JOSEPH — En toute chose, nous l’avons dit, ce n’est pas le résultat de l’acte qu’il faut considérer, mais la volonté de celui qui agit. Ne disons pas : Qu’a-t-il fait ? mais : Dans quelle vue a-t-il agi ? Il s’en trouve qui ont été condamnés pour des actions dont il est sorti du bien. D’autres, au contraire, sont parvenus à la plus haute justice par des commencements répréhensibles. Le tour heureux qu’ont pris les choses, n’a point profité aux premiers. Animés d’une intention mauvaise dans l’instant qu’ils mettaient la main à l’ouvrage, ce n’est pas le bien qui est survenu qu’ils ont voulu faire, mais tout le contraire. En revanche, des commencements répréhensibles n’ont pas nui aux seconds. Car ils n’avaient ni le mépris de Dieu ni la volonté de mal faire; mais ils se résignaient à des débuts blâmables, comme on fait à l’inévitable, en vue d’une fin sainte et nécessaire. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 11
Vous le voyez, Dieu n’a pas égard aux conséquences de l’acte, mais au but qu’on s’est proposé. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 12
C’est que Dieu n’examine et ne juge pas seulement nos paroles et nos actes; mais il considère aussi notre volonté et nos intentions. Nous voit-il faire ou promettre quelque chose pour notre salut éternel ou en vue de la contemplation divine : même si notre conduite revêt, aux yeux des hommes, des apparences de dureté et d’injustice, lui regarde aux sentiments de religion qui sont au fond de notre coeur, et nous juge, non d’après le son des mots, mais sur le voeu de notre volonté. La fin de l’acte, les dispositions de celui qui agit, voilà ce qui est à considérer. Par là, comme on l’a dit plus haut, l’un peut se justifier en mentant; et l’autre, tomber dans un péché qui le condamne à la mort éternelle, en disant la vérité. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 17
Comment juger encore l’acte de cette femme qui cacha les messagers de Chusaï au roi David dans son puits, et étendit une couverture sur l’orifice, feignant de faire sécher de l’orge ? «Ils ont passé, dit-elle, après avoir bu un peu d’eau.» (2 Roi 17,20). Et grâce à cette ruse, elle les délivra des mains de ceux qui les poursuivaient. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 19
Il est si vrai que ce n’est pas tant l’acte qui compte que les dispositions de celui qui agit, qu’il se trouve des cas où la vérité a nui, et le mensonge profité. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH CHAPITRE 20
Lors donc que nous saisirons dans notre coeur ces marques du vice, reconnaissons que l’acte seulement du péché nous fait défaut, non le penchant mauvais. Mêlons-nous à la vie des autres hommes : aussitôt, ces passions sortiront des retraites de notre sensibilité. Preuve qu’elles ne naissent pa dans le moment qu’elles s’échappent impétueusement; mais qu’elles se révèlent enfin au grand jour, après être demeurées longtemps cachées. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA JEAN CHAPITRE 12
Voulez-vous connaître ce qui vous a vendus ? Écoutez voire Rédempteur qui vous le déclare hautement par la bouche du prophète Isaïe : Où est l’acte de divorce de votre mère, par lequel Je l’ai répudiée ? ou quel est le créancier auquel Je vous ai vendus ? Voici : C’est pour vos iniquités que vous avez été vendus, pour vos crimes que J’ai renvoyé votre mère (Is 1,1). Davantage, voulez-vous clairement savoir pourquoi Il ne voulut point user de puissance, afin de vous délivrer du joug de servitude auquel vous étiez dévoués ? Écoutez ce qu’Il ajoute aux paroles par lesquelles Il reprochait tout à l’heure aux esclaves du péché la cause de leur vente volontaire : Ma Main est-elle donc raccourcie, est-elle devenue plus petite, pour que Je ne puisse plus sauver ? ou n’ai-Je pas assez de force pour délivrer ? (Ibid., 2). Mais qu’est-ce qui s’est toujours opposé a cette Miséricorde toute-puissante ? Le même prophète vous l’annonce : Non, la Main du Seigneur n’est pas devenue trop courte pour sauver; ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos iniquités qui ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu, vos péchés qui lui ont fait cacher sa Face pour ne pas entendre (Ibid., 59,1-2). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 12