Canteins (JCMSC) – dom das línguas

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A primeira pergunta é se o “falar em línguas” é um caso de “dom de línguas”. Estritamente falando, o dom de línguas é a capacidade de um ser humano de se fazer entender na língua, ou melhor, nas línguas, de outros: alguns indivíduos são particularmente dotados nesse aspecto e podem se expressar em uma dúzia ou mais de línguas. Por mais excepcional e espetacular que isso possa ser — pois às vezes é um feito de proeza mental — no máximo, demonstra uma extraordinária mudança de mentalidade e agilidade intelectual. Mais profundamente, o “dom das línguas” é a capacidade “daquele que fala a todos a sua própria língua, no sentido de que ele sempre se expressa em uma forma apropriada aos modos de pensar dos homens a quem se dirige” (R. Guénon, art. em Les Etudes traditionnelles, julho de 1939). Aqui, o fato linguístico desaparece por trás do fato sociológico da comunicação humana. É claro que a comunicação humana recorre a uma linguagem, mas esse recurso não é mais exclusivo, sendo a linguagem apenas um dos muitos meios disponíveis. O que importa, nesse caso, é a natureza da comunicação, a adequação permanente de que o sujeito “dotado” é capaz, qualquer que seja o interlocutor, ou seja, qualquer que seja seu estado social, moral ou religioso, seu nível intelectual e até mesmo seu país ou época. Essa é claramente uma disposição supra-humana, pois implica um tipo de universalização de habilidades que vai além das possibilidades e determinações da pessoa comum. No artigo mencionado acima, o autor menciona o caso dos rosacruzes que se adaptam perfeitamente onde quer que vão no curso de sua vida errante, adotando a língua, o nome, as maneiras etc. dos nativos. Essa propriedade de identificação lhes rendeu o epíteto de “cosmopolitas”. Fica claro em uma frase de Ibn Arabi citada no artigo que essa universalidade não pode ser alcançada sem transcender todas as formas particulares. Esse conhecimento supraformal ou principial se traduz na realização da unidade transcendente de idiomas, tradições e assim por diante.

original

La question qui se pose en premier lieu est de savoir si « parler en langues » ressortit à un cas de « don des langues ». A la lettre, le don des langues est l’aptitude, pour un être humain, à se faire comprendre dans la langue ou plutôt dans les langues des autres : certains individus sont particulièrement doués à cet égard et peuvent ainsi s’exprimer dans une dizaine de langues, voire davantage. Pour aussi exceptionnel et spectaculaire — car il tient parfois de la prouesse mentale — qu’il soit, le cas manifeste tout au plus une tournure d’esprit et une agilité intellectuelle hors du commun. De façon plus profonde, le « don des langues » est la capacité de « celui qui parle à chacun son propre langage en ce sens qu’il s’exprime toujours sous une forme appropriée aux façons de penser des hommes auxquels il s’adresse » (R. Guénon, art. in Les Etudes traditionnelles, juillet 1939). Ici, le fait linguistique disparaît derrière le fait sociologique de la communication humaine. Certes, celle-ci a recours à une langue mais ce recours n’est plus exclusif, la langue n’étant alors qu’un des nombreux moyens disponibles. Ce qui importe en ce cas est la nature de la communication, l’adéquation permanente dont le sujet « doué » est capable, quel que soit son interlocuteur, c’est-à-dire quels que soient son état social, moral, religieux, son niveau intellectuel et même son pays ou son époque. Il s’agit, à l’évidence, d’une disposition supra-humaine car elle implique alors une sorte d’universalisation des capacités qui dépasse les possibilités et déterminations de l’homme moyen. Dans l’article précité, l’auteur évoque le cas des Rose-Croix s’adaptant parfaitement partout où ils séjournent au cours de leur vie errante en adoptant langue, nom, manières, etc. des autochtones. Cette propriété d’identification a valu à ceux qui en sont doués l’épithète de « Cosmopolite ». Il ressort d’une phrase d’Ibn Arabi citée dans l’article qu’une telle universalité ne peut aller sans un dépassement de toutes les formes particulières. Cette connaissance supraformelle ou principielle se traduit par la réalisation de l’unité transcendante des langues, traditions, etc.

Pareille acception du « don des langues » dépasse infiniment le domaine linguistique. R. Guénon a écrit : « Ce que nous appelons ici les langues, ce sont toutes les formes traditionnelles, religieuses ou autres, qui ne sont, en effet, que des adaptations de la grande Tradition primordiale et universelle… » Un tel « Cosmopolite » est proprement au-delà des « limitations inhérentes à la condition individuelle de l’humanité ordinaire » et c’est ce qui lui permet d’être à l’aise avec quiconque : avec un roi comme avec un mendiant, avec un simple comme avec un savant, avec un ancien comme avec un moderne, etc.

Pour aussi transcendant qu’il soit, ce n’est pas ce statut qui est visé dans les Actes des Apôtres encore que, de part et d’autre, les personnes concernées aient en commun d’être déterminées par rapport au Saint-Esprit. Il faut remarquer, d’ailleurs, que l’auteur ne se réfère nulle part dans son article (non plus que dans celui, connexe, intitulé « La Langue des Oiseaux ») à la glossolalie sacrée des Actes. Le « parler en langues » est irréductible à un « don des langues » et il s’en distingue par plusieurs points.

Le « don des langues » s’exerce essentiellement dans la diachronie. L’être « doué » est roi avec un roi, chinois avec un Chinois, médiéval avec un homme du Moyen Age, mais il ne saurait être tout cela à la fois pour la bonne raison qu’une telle éventualité dépasse l’occurrence humaine : on n’a pas tous les jours affaire à un roi-chinois-du-Moyen-Age ! Même ce cas limite resterait dans une certaine diachronie. Pour véritablement se placer dans la synchronie, il faudrait envisager l’hypothèse d’un être qui serait non seulement roi avec un roi, etc., mais, en même temps, esclave avec un esclave, etc. C’est une impossibilité et c’est ce qui confère un caractère miraculeux aux trois phénomènes des Actes. Ils font état d’une langue qui, parlée à des gens de langues différentes, est comprise simultanément par chacun comme sa propre langue. Il ne s’agit plus, alors, pour celui qui parle, d’une capacité polyglotte — relativement naturelle — mais d’une capacité surnaturelle, précisément en raison de sa manifestation synchronique. Sans l’intervention du Saint-Esprit, en effet, nul homme ne saurait se faire entendre en même temps de gens aussi linguistiquement disparates que l’était, par exemple, la population venue de toutes parts à Jérusalem pour la Pentecôte. Les individualités de cet ensemble très cosmopolite n’avaient d’autre ressource, pour communiquer entre elles, qu’une lingua franca conventionnelle — artifice auquel, bien entendu, le Saint-Esprit ne saurait recourir.

[JCMSC]