Babylone

Iras-tu, comme ces habitants de Babylone qui, irrités par les prédications des deux témoins du Seigneur, les tueront, et se feront ensuite des présents pour se féliciter de s’être délivrés de ces hommes importuns ? Ne sais-tu pas que ces deux témoins ressusciteront après trois jours et demi, et qu’ils exerceront les plus effroyables vengeances contre ceux qui les auront dédaignés, et si maltraités ? Ne traite pas ainsi les témoins qui te prophétisent tout le jour ; car, tu aurais beau les éloigner de toi par tes dédains, ce ne serait que pour un moment, et ils ne tarderaient pas de revenir avec toute leur puissance, et de te punir avec toute la rigueur de la justice, dont leur maître et le tien leur a confié l’administration. Écoute attentivement ces témoins sacrés, fais en sorte de n’entendre jamais d’autre voix que la leur ; car leur voix est celle de ce conseil céleste et Divin même, qui veut bien descendre du séjour de sa gloire pour venir délibérer en toi, et te rendre, si tu le voulais, une opération vive et continuelle de ses ineffables délibérations. Nouvel Homme 13

Et toi, Israël, lorsque tu fus envoyé à Babylone, espérais-tu voir la réédification de ton temple ? Et ne pris-tu pas même pour une dérision, et un mensonge le conseil que Dieu te faisait donner par ses prophètes, de te livrer avec soumission entre les mains du roi d’Assyrie, tant tu étais loin de te persuader que de Dieu eût sur toi des desseins bienfaisants et salutaires ? Enfin, peuple choisi, toi qui languis pour la troisième fois dans la servitude, ne te rappelles-tu pas les paroles de ton législateur, oh, s’ils savaient par où toutes ces choses finiront ! (Deutéronome 32, 29), et ne sens-tu pas que sans cette triple épreuve, tu n’aurais pas été assez pur pour soutenir la majesté de ton Dieu ? Nouvel Homme 24

C’est ainsi qu’Ezéchiel, uni à une de ces réalités, se transporte de Babylone à Jérusalem pour y voir les abominations que les prêtres commettaient dans le temple, et les effrayer ensuite par les terribles menaces de la justice du Seigneur; c’est ainsi qu’Habacuc, uni à l’une de ces réalités, se transporte à Babylone pour porter de la nourriture au prophète Daniel ; c’est ainsi que Philippe, uni à l’une de ces réalités, est transporté sur le chemin de l’eunuque de la reine d’Éthiopie, pour lui dessiller les yeux de l’esprit des écritures saintes. C’est ainsi que saint Paul, uni à l’une de ces réalités, est transporté au troisième ciel où il entend des choses ineffables ; enfin c’est ainsi que Job, David, et tous les prophètes du Seigneur, unis à ces réalités, passaient leurs jours et leurs nuits dans les contemplations des merveilles de Dieu, dans la jubilation du sentiment de la grandeur de l’homme et même dans les nourrissantes douleurs de la charité quoiqu’elles soient mille fois plus aiguës que les douleurs qu’enfante le monde, font cependant l’ambition de l’homme de Dieu, parce qu’il sait qu’il y doit trouver la consolation et la vie. Nouvel Homme 26

Vous y apprendrez comment seront traités un jour vos ennemis, ou cette Babylone, qui selon Isaïe (47), n’a point eu de miséricorde pour ses captifs, qui a aggravé son joug sur le vieillard, et qui a dit : Je dominerai éternellement… Il n’y a personne qui me voie… Je suis la seule, et après moi il n’y en a point d’autre. Vous y verrez que cette fille des Chaldéens ne sera plus appelée la reine du monde, que les deux maux dont elle se croyait à couvert, la viduité et la stérilité, lui viendront la fois dans le même jour, qu’elle ne saura point d’où lui tous ces maux. Et on lui dira: « Reste avec tes enchanteurs, avec la multitude de tes maléfices dans lesquels tu t’es exercée dès ta jeunesse, essaie s’ils te serviront à quelque chose, et si tu en deviendras plus forte… qu’ils demeurent et qu’ils te sauvent ces augures du ciel qui contemplaient les astres, qui supputaient les mois, afin de pouvoir t’annoncer les choses qui devaient t’arriver. Ils sont devenus comme de l’étoupe, le feu les a dévorés, ils ne délivreront point ton esprit des flammes ; ainsi périront tous les arts dans lesquels tu as employé tant de travaux ; ceux qui étaient tes agents dès ta jeunesse ont erré chacun dans leurs voies il n’en est pas un qui puisse te sauver. » Nouvel Homme 52

Car ce n’est que par ces longues et pénibles gradations, que nous pouvons obtenir la renaissance de cet état divin où nous serons, comme si nous nous sentions renaître continuellement, et à la fois dans toutes les sources des innombrables, et douces affections de notre pensée, et de tous nos désirs spirituels. Seigneur, que le feu du ciel vienne en moi consumer les iniquités d’Israël et de Juda ! Que les secousses de ma fragile terre ébranlent les colonnes de Babylone, jusque dans leurs fondements ! Qu’une guerre universelle embrase tout mon être ! Que les astres corruptibles qui l’éclairent perdent leur lumière ! Que les cieux, et la terre périssables qui me composent, soient retournés comme un vêtement ! Qu’il se forme en moi de nouveaux cieux, et une nouvelle terre ! Et que, du sein des débris de cet ancien univers, je voie élever dans les airs le signe de l’éternelle alliance, et l’étendard du triomphateur dans sa gloire ! Nouvel Homme 58

« Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole. Afin qu’ils soient un, tous ensemble, comme vous, mon père, êtes en moi, et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. » Quel autre désir que celui de l’expansion de l’unité peut se faire connaître à celui qui est plein de la vie de l’unité ? Aussi les traits les plus vifs que le nouvel homme éprouve dès qu’il entre dans la voie de sa régénération, ce sont ceux du zèle, et de l’ardeur pour cette expansion de l’unité ; c’est la douleur qui lui occasionne la vue des campagnes d’Israël abandonnées et désertes, de même que le spectacle de tous ceux de ses frères qui sont emmenés en captivité, et languissants dans l’esclavage, et c’est sur lui-même qu’il trouve à éprouver toutes ces diverses impressions, puisque nous ne devons plus oublier que l’homme est à lui seul un univers tout entier, et nous ne devons plus douter que si, à l’image du Réparateur universel, il se trouve en chacun de nous un libérateur particulier, ce n’est que parce qu’il s’y trouve aussi des rois d’Égypte, et de Babylone, qui ne manquent pas de trouver également en nous un peuple coupable qu’ils emmènent journellement en servitude ? Nouvel Homme 64