De là certains soutiennent que les globes de la lune, du soleil ou des autres astres appelés planètes sont chacun nommés un monde ; mais ils veulent néanmoins appeler un monde au sens propre le globe qui les dépasse, celui des étoiles fixes. Ils invoquent, comme témoignage de cette assertion, le livre du prophète Baruch qui indique plus clairement les sept mondes ou cieux. Ils veulent que, au-dessus de cette sphère qu’ils appellent la sphère des étoiles fixes, il y en ait une autre qui, de même que chez nous le ciel contient tout ce qui est au-dessous de lui, renfermerait, selon leur opinion, dans sa grandeur sans mesure et son étreinte ineffable, les espaces de toutes les autres sphères, les entourant magnifiquement. Ainsi toutes choses seraient à l’intérieur de cette sphère de la même manière que notre terre est au-dessus du ciel. Ce que les Écritures saintes nomment, nous le croyons, bonne terre et terre des vivants, a pour ciel ce dont nous avons parlé plus haut, le ciel où, selon la parole du Sauveur, sont écrits ou ont été écrits les noms des saints, et ce ciel renferme et embrasse cette terre que le Sauveur dans l’Évangile a promis aux paisibles et aux doux. Les mêmes veulent que notre terre, dont l’appellation première était l’aride, ait tiré son nom de cette terre-là, de même que le firmament, notre ciel, a été désigné du même terme que ce ciel-là. Mais nous avons traité plus complètement de cela lorsque nous avons recherché le sens de la phrase : Dans le principe Dieu a fait le ciel et la ferre. Par là sont désignés un autre ciel et une autre terre que le firmament qui a été fait, selon l’Écriture, deux jours après et que l’aride qui a été ensuite nommée terre. Livre II: Troisième traité (II, 1-3): Le commencement de ce monde et ses causes
Il faut penser que dans ce début Dieu a fait les créatures raisonnables ou intellectuelles, quel que soit le nom dont on puisse appeler ce que nous avons nommé plus haut les intelligences, suivant un nombre qu’il a estimé pouvoir suffire. Il est certain qu’il les a faites selon un nombre qu’il avait défini d’avance en lui-même; il ne faut pas penser, comme certains, que les créatures sont en nombre infini, car là où il n’y a pas de fin, il n’y a pas de possibilité de compréhension ni de détermination. S’il en était ainsi, ce qui a été fait ne pourrait être envisagé dans son ensemble ni être gouverné par Dieu. Car ce qui est infini par nature est incompréhensible. En outre, comme le dit l’Écriture, Dieu a créé toutes choses avec nombre et mesure, et c’est pourquoi le nombre s’adaptera bien aux créatures raisonnables ou intelligences, créées en quantité convenable pour pouvoir être gouvernées, régies et entourées par la providence de Dieu. En vérité la mesure s’appliquera bien à la matière corporelle : il faut croire en tout cas qu’elle a été créée par Dieu en quantité suffisante pour pouvoir suffire selon les plans divins à l’ordonnance du monde. Ainsi faut-il penser que tout cela a été créé par Dieu au début, c’est-à-dire avant toutes choses. Nous croyons que tout cela est indiqué dans le commencement, tel que Moïse le représente de façon plus couverte, quand il dit : Au début, Dieu a créé le ciel et la terre. Il est certain en effet qu’il ne parle pas du firmament ni de l’aride, mais de ce ciel et de cette terre auxquels les cieux et la terre que nous voyons ont dans la suite emprunté leurs noms. Livre II: Quatrième traité (II, 8-9): Deuxième section