Selon Ibn ’Abbâs, quand Adam fut expulsé tout nu du Paradis, les anges le regardèrent et dirent : « Notre Dieu, voici Adam, la plus belle de tes créatures, relève-le et ne l’abandonne pas ! » Mais, il passa par un groupe d’anges qui lui reprochèrent d’avoir rompu le pacte de son Seigneur. Parmi ces derniers, se trouvaient alors Hârût et Mârût. Adam leur dit : « O anges de mon Seigneur, ayez pitié et ne me blâmez pas ; ce qui m’est arrivé était le décret de mon Seigneur et son destin. » Dieu les soumit alors à l’épreuve ; ils désobéirent et furent empêchés de retourner au ciel. Au temps du Prophète Idris, ils vinrent à lui, ils lui racontèrent leur histoire et lui demandèrent d’intercéder auprès de Dieu pour leur pardon. Idris leur demanda : « Mais, comment saurai-je que Dieu vous a pardonné ? — Intercède en notre faveur, lui dirent-ils, et si tu nous revois, ce sera le signe que Dieu nous a pardonné, sinon nous serons perdus. » Idris fit ses ablutions et pria Dieu ; puis il regarda et ne les vit plus. Il sut alors qu’ils furent châties. Amenés sur la terre de Babel, ils eurent à choisir entre le châtiment ici-bas ou le châtiment dans l’au-delà. Ils optèrent pour le premier. Ils sont enchaînés, torturés et suspendus par les pieds dans un puits en Babylonie jusqu’au Jour de la Résurrection.
Une autre version de cette légende est mise dans la bouche du Prophète : « Les anges regardèrent vers la terre et virent que les fils d’Adam désobéissaient. Ils dirent à Dieu : « Que ces anges-là (!) connaissent peu ta Majesté ! » Dieu leur répondit : « Si vous étiez dans leur peau (mislâkhihim), vous m’auriez désobéi ! — Comment cela peut être, alors que nous Te louons et Te sanctifions toujours ? — Choisissez deux d’entre vous », leur dit Dieu. Ils choisirent Hârût et Mârût qui furent descendus sur terre, dotés des passions des fils d’Adam qui leur furent représentées ; ils ne tardèrent pas à commettre le péché… Ce sont ceux-là que Dieu mentionne dans son Livre : « Et ce qui fut révélé aux deux anges, à Babel, Hârût et Mârût… » (Cor. 2, 102) (Qazwînî, 61 s.).
Suivant une troisième version, rapportée par Jâhiz 60 et le Ps. Balkhî 81, ces anges, envoyés sur terre pour appeler les gens à la vérité, furent fascinés par une femme ; ils burent le vin, commirent le péché, adorèrent autre chose que Dieu et apprirent à cette femme le Nom par lequel ils remontaient au ciel. Elle monta et fut métamorphosée en planète ; c’est Vénus… Ces anges furent châtiés ; ils sont suspendus par les cheveux dans un puits en Babylonie. Les magiciens viennent apprendre d’eux l’art magique.
Pour Jâhiz, chaque fois qu’un ange transgresse la volonté de Dieu au ciel, il est précipité sur terre et revêtu de la nature humaine. De la descendance de ces anges sont les Jurhumites, habitants légendaires de la Mekke, à l’arrivée d’Ismaël, ainsi que Balqîs, reine de Sabâ, et Dhû-l-Qarnayn, nom désignant probablement Alexandre le Grand.