Anjo da Guarda [LGAD]

Extrait de « Génies, anges et démons » [LGAD]

A côté de ces anges anonymes qui s’affairent autour de l’homme et en lui-même, à l’état de sommeil comme à l’état de veille, il existe une catégorie d’autres anges, appelés al-Hafaza, les gardiens, dont la tâche consiste à contrôler et à observer les actions des hommes. Le Coran les qualifie de « scribes honorables qui savent ce que vous faites ». Selon certains, ils sont deux, se tenant l’un à droite de l’homme, l’autre à sa gauche ; selon d’autres, ils sont quatre, deux la nuit et deux le jour ; suivant ’Abdallah b. al-Mubârak, traditionniste d’origine turco-persane (m. 181/797), ils sont cinq, deux la nuit, deux le jour et un qui ne le quitte point nuit et jour. Cette garde n’est pas réservée aux croyants ; les incroyants en jouissent également, puisque Cor. 82, 9 ss. fut révélé à leur sujet.

En quoi consiste précisément le rôle de ces anges ?

Ils ont à enregistrer les actions, bonnes ou mauvaises, de l’homme confié à leur garde. Ils exercent ce rôle délicat avec justice, mais aussi avec beaucoup de bonne volonté et de compréhension. C’est ainsi que, lorsque l’homme commet un péché, l’ange de gauche suspend sa plume pendant six heures avant de l’inscrire ; si, entre-temps, l’homme se repent et demande pardon, il n’inscrit rien, sinon il inscrit. Il va même plus loin : s’il avait inscrit une mauvaise action et que l’homme en a fait à la suite une bonne, des tractations ont alors lieu entre l’ange de gauche et l’ange de droite qui est préposé au premier, dans le but d’appliquer la loi de compensation, en faisant tomber de part et d’autre une action de chacune des deux listes.

Leur rôle bienfaiteur continue au-delà de la mort de l’homme. Un hadith, développant vraisemblablement Cor. 6, 61, l’affirme : « Dieu confie son serviteur à la garde de deux anges qui inscrivent ses actes ; à sa mort, ils disent : « Seigneur, vous avez fait mourir votre serviteur un Tel, où irons-nous ? » Dieu leur répond : « Mon ciel est plein de mes anges qui m’adorent et ma terre est pleine de mes créatures qui m’obéissent ; allez sur la tombe de mon serviteur et, là, louez-moi, glorifiez-moi et inscrivez vos louanges parmi les bonnes actions de mon serviteur, jusqu’au Jour de la Résurrection » (Al-Qazwini, 60).

En plus des anges qui se tiennent à sa droite et à sa gauche, l’homme est encore guidé et suivi par des anges qui se succèdent les uns aux autres, établissant entre l’homme et le ciel une liaison permanente. Ils sont appelés al-Mu’aqqibât (Cor. 13, 11). Leur rôle consiste à descendre les bénédictions du ciel et à y remonter avec les âmes des fils d’Adam et leurs actions, de nuit et de jour. La relève est faite à l’aube et au moment de la prière du soir ; ainsi, ils voient l’homme en prière à leur arrivée et au moment de leur départ. Les péchés commis entre les deux prières sont effacés par la dernière ; ils ne montent au ciel que les bonnes actions (Al-Qazwini, 60).

D’autres messagers du ciel fréquentent les réunions de prière et rendent compte au Créateur des actions, des désirs et des appréhensions de ses créatures. Ceux-là sont appelés as-Sayyâhûn, les voyageurs ou les pèlerins. Là où on récite le Coran, ils se présentent. De retour au ciel, ils répondent aux questions de Dieu sur la conduite de ses créatures, sur leurs craintes et leurs aspirations (Al-Qazwini, 61).