C’est pour cela que J.-C. dit, dans saint Matthieu, 18 : Ne méprisez aucun de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon père qui est dans les cieux. Ils ne voient la face de Dieu, que parce que les enfants qu’ils accompagnent ont le coeur pur, et c’est le coeur pur de ces enfants qui sert d’organe à ces anges, puisqu’ils ne sont pas dans le ciel où est le père. Mais réciproquement le coeur de l’homme n’est pur que quand il est fidèle à la voix de son ange ; c’est-à-dire, en d’autres paroles quand l’homme est redevenu enfant, et qu’il fait en sorte que son ange ait la liberté de voir la face de Dieu. Nouvel Homme 2
Cette loi qui nous est tracée pour opérer notre régénération, nous indique assez clairement quelle était la loi qui devait accompagner notre destination primitive, puisqu’elle devait être encore plus étendue sans cependant changer de nature, car une loi n’en change point, quoiqu’elle se resserre, ou se retire quand les êtres se sont rendus absolument indignes qu’elle agisse encore sur eux ; ainsi puisque nous devons aujourd’hui faire parvenir la région divine jusqu’à notre ange, nous devions autrefois avoir le privilège de rendre le même service à un plus grand nombre d’êtres, et à des êtres qui fussent encore plus dans la privation que notre ange particulier, enfin si nous pouvons aujourd’hui faire passer par nous quelques rayons du soleil divin, il faut que, par notre nature originelle, nous ayons eu le pouvoir de faire passer par nous la Divinité tout entière, et par conséquent nous ne pourrons nous croire régénérés que quand nous aurons atteint ce but immense qui est le terme final de notre être ; car, nous venons de le dire, une loi ne peut changer, et pour obtenir notre régénération, il faut que la Divinité tout entière pénètre notre être comme elle l’aurait fait primitivement, si nous eussions suivi ses desseins. Homme, apprends ici combien tu es loin de ton terme, et vois si cette perspective te peut laisser croire que tu doives languir dans l’inaction. Nouvel Homme 2
7. La sagesse conduit l’homme par des degrés insensibles afin de ne pas l’effrayer par l’immensité de la tâche qu’il a à remplir. Aussi commence-t-elle par dire à l’homme qu’il doit servir d’organe et de passage à la Divinité tout entière, s’il veut que son ange jouisse de la paix et des félicités Divines. Cet avis est si consolant que l’âme de l’homme en est comme absorbée dans l’admiration et dans la joie. Elle pleure de regret, elle pleure d’espérance : c’est comme si l’image Divine elle-même était venue se dessiner sur toutes ses substances, et qu’elle eût senti la douce chaleur de la main qui a conduit le pinceau ; mais comme c’est là le terme final de l’oeuvre, cette sagesse nous apprend bientôt qu’avant d’atteindre à cet heureux terme, nous devons voir passer en nous le Dieu souffrant, puisque lui seul peut enchaîner tous les lions voraces, et tous les serpents qui circulent en nous, et ne cessent de nous effrayer par leurs sifflements, ou de nous empoisonner par leur venin. Nouvel Homme 7
Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8
Bien plus, regardons ce nouvel homme comme l’organe de la parole divine, par lequel elle veut se communiquer aux nations ; regardons-le comme cet ange qui transmettait à Moïse sur la montagne du Sinaï les lois du Seigneur, afin que le peuple fût instruit des ordonnances divines, et qu’il apprit, en les observant, à diriger ses pas vers la sagesse, et à rentrer dans les voies de sa primitive origine. Nouvel Homme 25
Cet ange fidèle, et rempli d’amour pour nous, désire sûrement avec beaucoup d’ardeur, opérer sur nous cette oeuvre salutaire, mais il le désire aussi pour son propre compte, parce que, selon ce qui a été dit précédemment, il ne peut jouir de la vie divine que par notre organe. Néanmoins, comme tout son être est humilité, il attend, dans sa douce patience, que les moments soient arrivés, que les mesures soient à leur point, et surtout, que l’ordre lui soit donné de remplir son oeuvre ; car il s’est dévoué à l’obéissance, nous offrant par là, le premier l’exemple de la manière dont nous devons nous conduire envers Dieu. Nouvel Homme 31
41. Il se trouvera peut-être en vous quelques êtres de désir qui, comme saint Jean, ayant appris dans sa prison les oeuvres que vous faites, enverra vous demander si vous êtes celui qui doit venir en vous, où si l’on doit en attendre un autre ; vous leur répondrez donc comme le Réparateur répondit à saint Jean : « Allez dire à Jean ce que vous entendez, et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres, et heureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute ! » Mais vous direz à votre tour en parlant à cet être de désir qui sera envoyé vers vous : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Un homme vêtu avec luxe et avec mollesse ? Un prophète ? Oui, certes, je vous le dis et plus qu’un prophète, car c’est de lui qu’il a été écrit, j’envoie devant vous mon ange qui vous préparera la voie ; je vous le dis en vérité qu’entre tous ceux qui sont nés des femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean-Baptiste, mais celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui. » Nouvel Homme 41
Aussi y a-t-il un grand sens dans ces paroles de J.-C., même chapitre, verset 3 : si vous ne devenez comme de petits enfants, nous n’entrerez point dans le royaume des cieux. L’ange est la sagesse, le coeur de l’homme est l’amour ; l’ange est le récipient de la lumière divine, le coeur de l’homme en est l’organe et le modificateur. Ils ne peuvent se passer l’un de l’autre et ils ne peuvent être unis que dans le nom du seigneur, qui est à la fois l’amour et la sagesse, et qui les lie par là dans son unité. Nul mariage comparable à celui-là ; et nul adultère comparable à celui qui altère un pareil mariage ; aussi est-il dit, (Matthieu, 18), que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. Nouvel Homme 2
Dans cette opération, l’homme devient une véritable lumière au milieu des ténèbres, il ne devient cette véritable lumière que parce qu’il manifeste le principe vivant qui veut bien la lui procurer et la faire passer par son coeur ; ainsi l’homme peut grandement se réjouir, mais il ne peut pas se glorifier ; enfin l’ange est comblé de consolations et de jouissances ; et au moyen des joies divines que nous lui procurons, il se lie et s’attache d’autant plus à nous, tant par sa vive charité naturelle, que par le besoin d’augmenter son propre bonheur. De son côté, la Divinité ne cherche continuellement qu’à percer de plus en plus dans le coeur des hommes, pour étendre sa gloire, sa vie et sa puissance, et en remplir l’ange qui la désire si ardemment. Nouvel Homme 2
Mais si avant que la divinité nous pénètre et nous traverse dans sa splendeur et dans sa gloire, il faut qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur, il est nécessaire aussi qu’elle fasse en nous une première opération, et cette opération, c’est de nous faire annoncer par l’ange que l’esprit saint doit survenir en nous, que la vertu du très haut nous couvrira de son ombre, et que c’est pour cela que le saint qui naîtra de nous sera appelé le fils de Dieu ; or pour que cette annonce puisse nous être faite, il faut que nous soyons renouvelés dans la véritable innocence, et que trois vierges plus anciennes que Marie nous aient purifiés dans notre corps, notre âme et notre esprit ; c’est-à-dire qu’elles nous aient rendus vierges comme elles. Lorsque par notre constance et nos efforts nous avons recouvré cette triple virginité, l’annonciation se fait en nous, et nous ne tardons pas à nous apercevoir que la conception sainte s’y est faite aussi, ce qui nous met dans le cas de chanter le cantique de Marie, lorsque nos proches nous saluent et nous bénissent sur le fruit de nos entrailles, comme Marie fut saluée et bénie par Élisabeth. Nouvel Homme 6
La sagesse ne nous découvre ce grand combat que le dernier, afin qu’étant préparés d’avance par les douceurs qui nous sont promises dans le Dieu bienfaisant, et par les moyens qui nous sont offerts dans le Dieu souffrant, nous puissions nous lancer plus courageusement dans le champ de bataille, et nous flatter de remporter la victoire ; car ce n’est qu’après cette victoire que se tracent en nous les plans du temple et les différentes divisions qu’il renferme, parmi lesquelles il en est une par où le Saint des Saints se communique à nous, comme il se communiquait au grand prêtre dans le temple de Jérusalem ; ce n’est qu’alors que se confirme en nous, et l’annonciation de la part de l’ange, et la conception par l’opération de l’Esprit-Saint, d’où nous pouvons espérer un heureux enfantement Divin, si nous remplissons toutes les conditions dont nous avons déjà parlé à ce sujet, et qui nous sont imposées à la fois par la sagesse, et par le besoin de notre propre régénération. Nouvel Homme 7
Si tu veux donc conserver ce précieux rejeton, nourris-le chaque jour des mêmes éléments qui lui ont donné naissance ; fais couler à chaque instant sur lui le sang de l’alliance qui doit le préserver du glaive de l’ange exterminateur ; bien plus, fais pénétrer sans cesse dans toutes ses veines, ce même sang de l’alliance qui doit donner la mort à tous les Égyptiens, et le mettre à même de les dépouiller un jour de leurs vaisseaux d’or et d’argent avec lesquels ils font des festins d’iniquité. Laisse couler dans ses veines ce sang corrosif qui n’aura point de relâche qu’il n’ait rongé jusqu’aux moindres traces du péché ; tu verras par là les membres de ton fils acquérir peu à peu de la force et de la consistance. Nouvel Homme 10
Si tu as aperçu précédemment que l’annonciation de l’ange peut se répéter pour toi, ainsi que la conception et la naissance du fils de la promesse, tu ne seras pas surprise que la résurrection de Lazare puisse se répéter pour toi également ; mais aussi par la même raison, tu sens que cette opération préliminaire te devient indispensable, puisque tu es morte depuis quatre jours ; c’est-à-dire, dans tes quatre grandes institutions primitives que tu ne saurais plus remplir, et puisque tu répands partout l’infection. La voix du Réparateur s’approche de ta tombe et te crie : Lazare, levez-vous ; ne fais pas comme les Juifs dans le désert ; n’endurcis pas ton coeur à cette voix, et jette-toi promptement hors de ton cercueil ; il ne manquera pas de gens serviables pour délier tes bandelettes. Souviens-toi ensuite qu’il ne t’a été dit : Lazare, levez-vous ; qu’afin que tu répètes à ton tour librement à toutes tes facultés endormies : Lazare, levez-vous ; et qu’afin que cette parole circule continuellement dans toutes les parties de ton être. C’est alors que tu pourras espérer être à table avec le Seigneur. Nouvel Homme 13
Jacob dressa un autel à Béthel après son combat avec l’ange ; Moïse dressa un monument de pierres après le passage de la Mer Rouge ; Josué en dressa un semblable après le passage du Jourdain ; David déposa l’arche sainte sur la montagne de Sion après la défaite des Philistins qui s’en étaient emparés, et c’est là ce qui a rendu cette montagne si célèbre ; la terre promise est presque remplie tout entière des témoignages sacrés qui attestent les progrès du peuple choisi, et les faveurs qui y ont accompagné tous ses pas. Nouvel Homme 15
17. Cet enfant annoncé en toi par l’ange, cet enfant conçu en toi par obombration, et l’opération de l’esprit, cet enfant né de toi sous les auspices de l’éternel, cet enfant, dis-je, approche de sa douzième année. Il laisse ses parents terrestres suivre le chemin de ceux qui s’en retournent après être venus, selon l’usage, célébrer la fête à Jérusalem. Pour lui, il s’arrête dans le temple ; il s’assoit au milieu des docteurs, les écoutant, et les interrogeant, et tous ceux qui l’écoutent sont ravis en admiration de sa sagesse et de ses réponses. Nouvel Homme 17
Lorsque les ennemis qui sont en toi chercheront à te saisir, et qu’ils croiront t’avoir vaincu, après t’avoir emprisonné dans leurs ténèbres pour t’empêcher de répandre la parole de vérité dans le temple, l’ange du Seigneur ouvrira à leur insu la porte de ta prison et te dira : Allez dans le temple, et prêchez-y hardiment au peuple toutes les paroles de cette doctrine de vie. Et tes ennemis frappés d’étonnement de ne point te trouver dans la prison, frémiront de rage de voir la parole se répandre malgré eux. Nouvel Homme 70