Car à quoi rimerait de dire seulement que Jésus est venu dans la chair qu’il a prise de Marie, si je ne montre, par ses effets dans ma chair à moi, qu’il est venu ? Et je le montre si, alors qu’auparavant «j’ai livré mes membres en esclavage à l’injustice pour arriver à l’injustice, je me convertis maintenant et je les livre en esclavage à la justice pour arriver à la sainteté ». Je montre que l’alliance de Dieu est dans ma chair si je peux dire en empruntant le langage de Paul que «j’ai été crucifié avec le Christ et que si je vis, ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi », et si je peux dire ce que Paul disait de lui-même : « Je porte sur mon corps les stigmates de mon Seigneur Jésus-Christ. » Vraiment il montrait que l’alliance de Dieu était dans sa chair, lui qui disait : « Qui nous séparera de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus ? la tribulation, l’angoisse, le péril, l’épée ? » Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
C’est pour que sur la route, chemin faisant, tout le long du trajet, il soit déchiré dans ses pensées, pour qu’il soit tourmenté tour à tour par le commandement qui le presse et par l’amour de son fils unique qui se révolte. C’est pour cela aussi qu’on lui impose le voyage et l’ascension de la montagne, c’est pour laisser le temps de s’affronter, au cours du trajet, l’affection paternelle et la foi, l’amour de Dieu et l’amour de la chair, l’attrait des biens présents et l’attente des biens futurs. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Vous êtes ici, dans l’Église de Dieu, un grand nombre de pères à m’écouter. Voyons il y en a-t-il qui, au simple récit de cette histoire, aient acquis assez de fermeté et assez de force d’âme pour se proposer, au cas où la mort commune et inévitable leur ferait perdre un fils, ce fils fut-il unique et tendrement aimé, pour se proposer Abraham en exemple et se mettre sa générosité devant les veux ? On ne vous demande pas, il est vrai, le geste héroïque d’attacher vous-même votre enfant sur le bûcher, de le serrer, de préparer le glaive, d’écorcher votre fils unique. On ne réclame pas de vous tous ces offices. Du moins, ayez assez de résolution et de fermeté d’esprit pour offrir joyeusement, sans chanceler dans la foi, votre fils à Dieu. Soyez le prêtre de la vie de votre fils : un prêtre qui immole à Dieu ne doit pas pleurer. Voulez-vous être sûrs qu’on demande bien cela de vous ? Écoutez le Seigneur dans l’Évangile :« Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. » Eh bien ! voilà une oeuvre d’Abraham. Faites donc les oeuvres qu’Abraham a faîtes, et sans tristesse, « car Dieu aime celui qui donne avec joie ». Et si vous êtes, pour Dieu, autant que lui disponibles, on vous dira à vous aussi : « Monte sur un endroit élevé, sûr la montagne que je te montrerai ; et là, offre-moi ton fils. » « Offre-moi ton fils », non pas dans les profondeurs de la terre ni dans une « vallée de larmes », mais sur les sommets de montagnes élevées. Montrez que votre foi en Dieu est plus forte que vos affections charnelles. Car, au rapport de l’Écriture, tout en aimant son fils Isaac, Abraham préféra l’amour de Dieu à l’amour de la chair ; ce n’est pas dans les entrailles de la chair qu’il aima, mais « dans les entrailles du Christ », c’est-à-dire dans les entrailles du Verbe de Dieu, de la vérité et de la sagesse. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.