âme

Elle veut que cet homme se lave et se régénère perpétuellement, et en entier dans la piscine du feu, et dans la soif de l’unité ; elle veut qu’il fasse boire chaque jour ses péchés à la terre, c’est-à-dire, qu’il lui fasse boire toute sa matière, puisque c’est là son vrai péché ; elle veut qu’il tienne sans cesse son corps prêt à la mort et aux douleurs, son âme prête à l’activité de toutes les vertus, son esprit prêt à saisir toutes les lumières, et à les faire fructifier pour la gloire de la source d’où elles lui viennent ; elle veut qu’il se regarde dans tout son être comme une armée toujours sur pied, et prête à marcher au premier ordre qu’elle lui donnera ; elle veut qu’il ait une résolution et une constance que rien ne puisse altérer, et qu’étant prévenu qu’en avançant dans la carrière, il n’y peut trouver que des souffrances, puisque le mal va s’offrir à lui à tous les pas, cette perspective ne l’arrête point dans sa marche, et qu’il ne porte pas moins sa vue exclusivement sur le terme qui l’attend à la fin de la course. Nouvel Homme

Mais ce médicament est si nécessaire à notre rétablissement, que ceux qui ne l’ont pas reçu ne peuvent pas manger utilement pour eux le pain de vie, et qu’ils ne deviennent point de l’or pur. Enfin il doit presser et travailler notre âme sans relâche, sans interruption, comme le temps travaille constamment tous les corps de la nature, pour les ramener à la pureté, à la simplicité, et à la vive activité de leurs principes constitutifs. C’est par là qu’il s’ouvre en nous une source vivante, qui est nourrie et entretenue par la vie même ; et c’est par ce moyen que nous parvenons à nous emparer d’une nature de joies qui ne passent point, et qui établissent d’avance en nous à demeure, l’éternel royaume de ce qui est. Nouvel Homme

Il est aisé de sentir que ce médicament ne doit pas être confondu avec les tribulations terrestres, avec les maux du corps, avec les injustices que nous pouvons recevoir de nos semblables, et qui tiennent notre âme dans l’angoisse. Toutes ces choses sont ou pour la punition de l’âme, ou pour son épreuve, mais elles ne lui donnent qu’une sagesse temporelle ; or, nous ne pouvons recevoir la vie divine que par des préparations de son même ordre ; et le médicament dont nous parlons, est cette exclusive préparation. Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin à le désirer, et à le mettre à profit toutes les fois qu’il aura le bonheur de le sentir ! Il éprouvera par là que l’homme peut avoir de si grandes choses à dire, qu’il ne faut plus que ce soit lui qui les dise, et qu’il doit attendre qu’on le lui fasse dire ou écrire. Nouvel Homme

Mon Dieu, je sais bien que vous êtes la vie, et que je ne suis pas digne que vous approchiez de moi, qui ne suis que souillure, misère, et iniquité. Je sais bien que vous avez une parole vive, mais que les ténèbres épaisses de ma matière empchent que ne la fassiez entendre aux oreilles de mon âme. Faites-en néanmoins descendre en moi une assez grande abondance de cette parole, pour que son poids puisse contrebalancer la masse du néant dans lequel est absorbé tout mon être, et qu’au jour de votre universel jugement, ce poids et cette abondance de votre parole, puissent me soulever hors de l’abîme, et me faire remonter vers votre sainte demeure ; placez dans les diverses régions et facultés qui me composent, nombre d’ouvriers habiles et vigilants qui désobstruent les canaux de toutes leurs immondices, et qui brisent jusqu’au roc vif qui s’oppose à la circulation des eaux, alors la vie de vos sources pures et actives entrera en moi, et remplira mes fleuves jusqu’aux bords ; alors vous créerez un monde d’esprits dans ma pensée, un monde de vertus dans mon coeur, et un monde de puissances dans mon opération, et c’est le tout-puissant, le sanctificateur universel qui entretiendra lui-même tous ces mondes en moi, et qui les nourrira continuellement de ses propres bénédictions. Nouvel Homme

Quelque idée que le lecteur ait prise jusqu’ici de la nature de l’âme de l’homme, il n’en doit pas moins être persuadé que cette âme est impérissable ; car, comment la pensée de Dieu pourrait-elle périr ? Nouvel Homme 3

Ce n’est donc point un simple effet mystique, ni une simple opération métaphysique qui se passe en nous lorsque le verbe Divin nous régénère, et qu’il nous appelle par notre nom pour nous faire sortir de notre tombeau, c’est une oeuvre vive, et dont tout notre être spirituel et corporel éprouve physiquement la sensation, puisque cette parole est la vie, et l’activité ; et lorsque Lazare sortit de son cercueil à la voix du Seigneur, ses membres n’éprouvèrent pas autant de cette sensation réelle, que nous en éprouvons dans notre régénération spirituelle, parce qu’après être descendu dans le tombeau, son âme passive ne pouvant recevoir la sensation de la mort et de la froideur sépulcrale, ne pouvait pas non plus en faire la comparaison avec la sensation de la vie qui s’introduisait alors en lui, et semblait le créer pour la première fois : au lieu que notre âme immortelle ne descend point dans le lac de la mort spirituelle, sans en ressentir toute l’horreur ; et par conséquent lorsqu’elle recouvre la sensation de la vie, ce doit être avec une sensibilité inexprimable. Nouvel Homme 4

Charge-toi, ô mon Dieu, de tout ce qui peut concerner mon élection ; je te dirai comme Moïse, que je ne puis que bégayer, et que tout mon être est dans une universelle impuissance pour l’accomplissement des devoirs que tu imposes à un élu ; j’admire la gloire de tes prophètes et de tes serviteurs, mon âme tressaille de joie en sentant les douceurs et les consolations qui les attendent, mais si tu ne délies toi-même ma langue, si tu ne mets ton feu dans mon coeur, et ta lumière dans mon esprit, si tu ne me traces ma route à chaque pas, et si tu ne me pousses toi-même dans ces sentiers que tu m’auras tracés, je demeurerai englouti dans ma faiblesse, et je serai un être entièrement inutile à tes plans. Nouvel Homme 5

Ainsi nous ne devons être autre chose continuellement que l’effet réel de ces trois actes ; et la différence qu’il y a de Dieu à nous, c’est qu’il est un Dieu pensant, un Dieu parlant, un Dieu opérant, et que nous, nous sommes un Dieu pensé, un Dieu parlé, un Dieu opéré ; et telles sont les merveilleuses puissances, lumières, vertus, destinées à nourrir notre être. Enfin tels sont les trésors qui sont promis à notre âme puisque nous avons annoncé ci-dessus que la divinité devait nous traverser tout entière pour pouvoir s’étendre jusqu’à l’ami fidèle qui attend de nous cette divine nourriture, et pour qu’intérieurement et extérieurement nous puissions remplir les plans originels de notre principe. Nouvel Homme 5

Mais si avant que la divinité nous pénètre et nous traverse dans sa splendeur et dans sa gloire, il faut qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur, il est nécessaire aussi qu’elle fasse en nous une première opération, et cette opération, c’est de nous faire annoncer par l’ange que l’esprit saint doit survenir en nous, que la vertu du très haut nous couvrira de son ombre, et que c’est pour cela que le saint qui naîtra de nous sera appelé le fils de Dieu ; or pour que cette annonce puisse nous être faite, il faut que nous soyons renouvelés dans la véritable innocence, et que trois vierges plus anciennes que Marie nous aient purifiés dans notre corps, notre âme et notre esprit ; c’est-à-dire qu’elles nous aient rendus vierges comme elles. Lorsque par notre constance et nos efforts nous avons recouvré cette triple virginité, l’annonciation se fait en nous, et nous ne tardons pas à nous apercevoir que la conception sainte s’y est faite aussi, ce qui nous met dans le cas de chanter le cantique de Marie, lorsque nos proches nous saluent et nous bénissent sur le fruit de nos entrailles, comme Marie fut saluée et bénie par Élisabeth. Nouvel Homme 6

C’est en effet par ces douces consolations que se terminera le cercle des choses pour ceux qui auront su laisser entrer en eux le Dieu souffrant : car le cercle des choses n’est composé que d’êtres en contraction et en souffrance, ce qui fait que l’univers nous montre le Dieu souffrant, aussi bien que le peut faire notre âme. C’est ce qui fait aussi que nous ne devrions considérer qu’avec respect et reconnaissance tous les objets que cette nature renferme, puisque le moindre d’entre eux est le fruit de la charité divine qui ne cesse de modifier son amour selon toutes les voies possibles, afin de faire parvenir sa force, sa vie et sa lumière jusque dans nos régions les plus matérielles et les plus ténébreuses. Heureux celui qui aura considéré l’univers sous cet aspect, et qui aura recueilli par ce moyen un assez grand nombre de ces étincelles divines, pour lui promettre un flambeau au dernier jour ! Nouvel Homme 6

Mais remarquons pour quelle raison cette opération de l’esprit constitue la véritable église ; c’est que c’est la parole éternelle qui se grave elle-même alors sur la pierre fondamentale qu’elle choisit, comme le réparateur gravait sa propre parole sur l’âme de saint Pierre à qui il parlait face à face. Sans l’impression de cette parole Divine sur notre âme, l’église ne s’élève point ; comme nous voyons que dans l’ordre temporel les édifices que les rois se proposent de bâtir ne commencent à s’élever que lorsque, d’après l’usage reçu, le nom du fondateur est inscrit sur la première pierre qu’il est censé par là, avoir posée lui-même. Nouvel Homme 8

Réveille-toi donc, homme, chaque jour avant l’aurore pour accélérer ton ouvrage. C’est une honte pour toi que ton encens journalier ne fume qu’après le lever du soleil. Ce n’est point l’aube de la lumière qui devait autrefois avertir ta prière de venir rendre hommage au Dieu des êtres, et solliciter ses miséricordes, c’est ta prière qui devait elle-même appeler l’aube de la lumière et la faire briller sur ton oeuvre, afin qu’ensuite tu puisses du haut de cet orient céleste la verser sur les nations endormies dans leur inaction, et les arracher à leurs ténèbres. Ce n’est que par cette vigilance que ton édifice prendra son accroissement, et que ton âme pourra devenir semblable à l’une de ces douze perles qui doivent un jour servir de portes à la ville sainte. Nouvel Homme 8

Car l’âme de l’homme a été produite pour servir à la fois de réceptacle et d’intermède à la lumière ; et de même que des vases transparents et remplis d’une eau limpide, nous transmettent la douce et vive émanation de ces rayons nombreux qui se sont rassemblés et préparés dans leur sein, de même notre âme doit embrasser les rayons de l’infini qui sortent du centre de la ville sainte, et les unir à nos propres facultés qui sont finies, afin que par cette divine alliance étant nous-mêmes vivifiés, et rendus resplendissants par la clarté de ces rayons, nous puissions la faire sortir de nous, plus rassemblée, plus tempérée, et plus appropriée aux besoins des peuples que quand elle agit dans sa libre dispersion et dans sa vaste immensité ; et tel sera l’emploi et la destination des portes de la Jérusalem future. Nouvel Homme 8

Ne te relâche donc point, homme de désir, car le Dieu des êtres lui-même ne dédaigne pas de venir faire alliance avec ton âme, il ne dédaigne point de venir opérer avec elle cette divine et spirituelle génération dans laquelle il t’apporte les principes de vie, et veut bien te laisser le soin de leur donner la forme. Si tu voulais t’observer avec attention, tu sentirais tous ces principes divins de l’essence éternelle, délibérer et agir puissamment en toi chacun selon leur vertu et leur caractère ; tu sentirais qu’il t’est possible de t’unir à ces suprêmes puissances, de devenir un avec elles, d’être transformé dans la nature active de leur agent, et de voir toutes tes facultés s’accroître et s’aviver par de divines multiplications ; tu sentirais ces divines multiplications continuer et s’étendre journellement en toi, parce que l’impression que les principes de vie auraient transmise sur ton être les y attirerait de plus en plus, et qu’à la fin ils ne feraient plus que s’attirer véritablement eux-mêmes en toi, puisqu’ils t’auraient assimilé à eux. Nouvel Homme 8

Tu pourrais alors te faire une idée de ces joies futures dont tu goûterais déjà les prémices; tu aurais de délicieux pressentiments, que grâce aux miséricordieuses faveurs de celui qui t’a créé et qui veut bien te régénérer, ton entrée dans la vie t’est comme cautionnée par lui, et que tu peux dire avec une sainte sécurité inspirée par lui : Mon âme ne m’a point été donnée en vain ; il a daigné la faire renaître pour l’appliquer à l’oeuvre active à laquelle ma sublime émanation me donnait droit de prétendre, et il me promet encore de me faire recueillir un jour les fruits du champ que lui-même a bien voulu cultiver par mes mains. Que ce Dieu de toute puissance et de toute consolation soit à jamais honoré comme il devrait l’être, et comme il le serait des hommes, s’il leur était plus connu ! Nouvel Homme 8

Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8

Mais celui qui a senti l’aiguillon du désir se lance courageusement dans cette carrière où les dangers et les puissances ennemies vont l’environner, et l’assaillir jour et nuit ; l’ardeur de la victoire lui cache la grandeur du péril et des fatigues ; il est déterminé à tout, parce qu’il sait que les récompenses qui l’attendent embrassent tout. Il doit donc compter qu’en entrant dans ce désert toutes les facultés de son être vont être éprouvées, et qu’il n’y en a pas une non seulement dans son corps, mais encore plus dans son âme et dans son esprit, qui ne doive verser des sueurs de sang, et en imbiber les différentes terres auxquelles appartiennent ces différentes facultés ; et cela continuellement jusqu’au jour de sa sépulture, parce que tant qu’il demeure sur cette terre de douleur, il est dans le règne du mensonge, et que celui qui y domine n’oublie rien pour faire prospérer son empire. Nouvel Homme 9

Ami, tu es peut-être surpris que je te parle si peu de sciences, et que je te parle tant d’exhortation et d’avertissement. C’est que j’ai sondé la science, et que j’ai sondé l’exhortation. La science est grande, elle est fille de la lumière, elle est l’éclat vivant du soleil éternel ; mais elle ne veut pas connaître d’autre organe et d’autre voie que le coeur de l’homme : quand on la force de se présenter par une autre entrée, elle souffre de se voir prostituée, et elle se sauve aussitôt qu’elle le peut. Aussi, homme, mon ami, si l’on t’avait communiqué le tableau universel de la lumière, et le flambeau de toutes les révélations passées, présentes et futures, tu pourrais encore n’avoir pas fait un pas si tu n’avais commencé par ouvrir ton âme à l’esprit de la vie, et à ce médicament actif dont tout ton être a besoin à tous les instants ; et au contraire, si tu ouvrais un instant ton âme à cet esprit de la vie, tu te sentirais marcher comme naturellement dans le sentier de la lumière et de la science. Nouvel Homme 11

Oui, Dieu de ma vie, tu m’appelleras, et je te répondrai en t’immolant des sacrifices effectifs dont les fruits et la récompense seront de vivre avec ton esprit, par ton esprit, et dans ton esprit. Tu veux bien ne pas dédaigner mon âme quelque misérable et quelqu’infirme qu’elle soit ; après lui avoir fait prendre le médicament d’amertume, tu lui feras connaître aussi le médicament de la joie, et de l’adoucissement ; et cet adoucissement, ce sera de t’emparer d’elle, de la presser par l’impulsion de ta main dans tous les mouvements qu’elle a à faire, et de ne pas la laisser un instant sans toi. Nouvel Homme 12

Venez, humilité sainte, venez vivre dans la prédication intérieure que mon âme entend chaque jour au-dedans d’elle-même, et unissez votre activité à la parole intérieure qui me poursuit, afin que je sois sans interruption un être effectif, et que, par votre moyen, le Divin et universel défenseur repose sur moi, et me préserve de la colère du Seigneur. Nouvel Homme 12

Ne cherchons pas un autre chef. N’est-ce pas lui qui a appelé l’âme de l’homme et qui lui a dit : sur cette pierre je bâtirai mon église ? Mais notre âme embrasse et pénètre tout notre être, comme l’esprit du Seigneur embrasse et pénètre tout l’univers ; ainsi chaque portion de nous, chacune de nos facultés, chacune de nos pensées, chacun de nos mouvements peuvent donc se transformer en autant d’églises où le nom du Seigneur soit perpétuellement honoré ; c’est pour cela que le nom du Seigneur sera loué de l’orient jusqu’à l’occident, du nord au midi, et dans toute l’étendue de la terre. C’est là ce que seront les fonctions de ce nouveau-né à qui l’esprit vient de donner le jour ; car, son ministère circulera dans le quaternaire ; ainsi l’homme aura à vaquer aux fonctions Divines à l’angle d’orient, aux fonctions spirituelles dans l’angle du nord, aux fonctions de l’ordre mixte dans l’angle d’ouest et aux fonctions de la justice, du combat et du jugement dans l’angle du midi. De là il retournera sur ses pas, pour purifier, et sanctifier de nouveau les régions et leur faire part de ses triomphes et venir ensuite en rendre hommage à l’universel triomphateur, sans lequel il n’y aurait aucun conquérant. Nouvel Homme 12

Mais répétons-le, c’est dans les plus creuses profondeurs de l’âme humaine, que l’architecte doit venir poser le fondement de l’église ; et il faut qu’il les cimente avec la chair, le sang et la vie de notre verbe, et de tout notre être. Voilà le travail le plus pénible de la régénération ; c’est celui qui porte sur cette intime substance de nous-mêmes. Au milieu des supplices que notre corps peut subir, nous pouvons dans notre âme en subir un plus grand encore. Nouvel Homme 12

13. Lorsque le Réparateur alla à Béthanie pour y ressusciter le frère de Marthe et Marie qui était mort depuis quatre jours, et qui sentait mauvais ; lorsqu’étant près du tombeau, il dit d’une voix haute : Lazare, levez-vous ; c’est à toi, âme humaine, qu’il adressait la parole encore plus qu’à ce cadavre qui n’était que le symbole de la véritable renaissance ; et c’est encore là où tu trouves un nouveau trait de ce tableau général dont tu es l’objet, et qui embrasse l’ensemble des choses. Nouvel Homme 13

Si le conseil céleste doit délibérer jusque dans notre propre sein, il en résulte pour nous une loi puissante, et qui porte avec elle l’empreinte d’une terreur salutaire ; c’est que nous ne devrions pas nous permettre un acte, ni un mouvement qui ne fût la suite d’une délibération de ce conseil céleste que Dieu même ne craint point de tenir dans notre âme ; ainsi toutes nos oeuvres ne devraient être que l’accomplissement vif et effectif d’un décret Divin prononcé en nous, comme notre existence spirituelle est l’accomplissement continu du nom sacré qui nous a produits, et qui nous produit continuellement. Nouvel Homme 13

Songe, âme de l’homme, que c’est le Dieu même qui pleure en toi, pour que tu puisses, par ses propres douleurs, parvenir aux consolations. Songe qu’il pleura avant de dire à Lazare : Levez-vous. Songe qu’il pleure à tout instant dans tout ton être, et qu’il ne cherche qu’à établir son propre jeûne ou sa propre pénitence dans ton centre élémentaire, dans ton centre spirituel, et dans ton centre Divin. Si Dieu pleure en toi, comment te refuserais-tu à pleurer avec lui, comment t’opposerais-tu à laisser librement circuler en toi, ces torrents enflammés de la pénitence sacrée, dans lesquels l’éternel amour t’engage à faire ta demeure avec lui-même, pour qu’ensuite tu fasses aussi ta demeure avec lui dans l’allégresse et dans la vie. Fais donc en sorte de n’être plus que douleur, que soupirs, que lamentations car ce n’est plus que de cette manière-là que tu peux aujourd’hui être l’image et la ressemblance de ton Dieu. Nouvel Homme 13

14. Quelle est cette âme qui paraît si joyeuse et si remplie d’allégresse ? C’est une âme que Dieu vient de visiter, et à qui il a laissé en présent, des gages précieux de son amour et de sa richesse. Vois-tu comme elle regorge de délices et d’abondance ? C’est qu’il a été envers elle exact et fidèle à la promesse qu’il a faite de se rendre auprès de ceux qui l’invoqueraient. Aussi, depuis qu’elle a reçu ces riches présents, elle va opérer la justice sur les prévaricateurs ; elle va rétablir l’ordre et la mesure sur la terre ; elle va s’affilier à toutes les sociétés spirituelles qui la reconnaîtront pour un de leurs membres ; elle va habiter à demeure dans l’Est Divin, sa première patrie, parce que le Seigneur a prononcé sur elle, le mot créateur qui a développé à la fois toutes les propriétés, tous les dons, tous les attributs dont elle est l’assemblage et l’agent. Il a promené sur elle son oeil vivificateur, et elle s’est trouvée régénérée dans tout son être, comme toute la nature se régénère aux regards vivifiants du soleil. Nouvel Homme 14

Bientôt aussi le Dieu de la vie vient visiter notre âme, et nous pouvons dire alors avec jubilation : Dieu vit en moi, Dieu va vivre dans ma pénitence ; il vivra dans mon humilité, il vivra dans mon courage, il vivra dans ma charité, il vivra dans mon intelligence, il vivra dans mon amour, il vivra dans toutes mes vertus ; parce qu’il a promis qu’il serait un avec nous, toutes les fois que nous nous réclamerions à lui au nom de celui qu’il nous a envoyé pour nous servir de signe, et de témoignage entre lui et nous. Ce signe ou ce témoignage est éternel comme celui qui nous l’a envoyé, assimilons-nous à ce signe et à ce témoignage, et nous participerons à sa Divine et sainte sécurité, et nous serons comme lui tellement pleins de la vie, que la seconde et la première mort demeureront loin de nous, et nous serons tout là fait étrangères. Nouvel Homme 14

Indépendamment des expériences particulières que tu peux faire sur toi-même, ô âme humaine, de toutes ces vérités, les voies s’ouvrent temporellement devant toi pour servir de préparation et d’acheminement à ces grandes secousses ; mais elles ne sont pas encore dans leur activité ; tout ce qui se passe, et s’est passé sous tes yeux depuis quelques siècles, ne te présente que de puériles images de ce qui est réservé aux derniers temps ; l’ennemi n’y agit encore que par des ruses, des dissimulations, des subterfuges, parce que la famille divine des chrétiens n’est encore rassemblée que figurativement. Nouvel Homme 15

Cette vertu attachée à l’arche sainte te fera entrer dans les associations des patriarches, et des prophètes, pour que tu élèves ta pensée jusqu’aux régions divines, supérieures à ces régions figuratives que tu es obligé de parcourir si laborieusement ; ils t’apprendront par leur exemple que la vie divine a pour objet d’animer ton âme, et que c’est la demeure la plus chère qu’elle puisse avoir ; tu en jugeras par tes affections particulières, mais aussi par la douce paix, et la céleste sécurité, que tu verras régner sur toute leur personne, et tu comprendras alors que cette vie divine est notre véritable élément naturel, que c’est là seulement où nous recevons sans trouble, sans agitation, comme sans fatigue, la manne réelle qui crée en nous la vie dans sa plénitude, parce qu’elle n’a aucun départ à subir. Nouvel Homme 16

Oui, le coeur de l’homme est un foyer où toutes les paroles divines se pressent et s’accumulent, et où elles sont en une continuelle fermentation. C’est cette fermentation des paroles divines dans l’homme qui, par leur mutuelle réaction, produit le mouvement spirituel de notre âme, et la préserve de l’état de mort et de stagnation ; quiconque n’a pas senti physiquement cette fermentation intérieure, ne peut point encore avoir la moindre idée de l’origine de l’homme, ni par conséquent de sa renaissance, ou du nouvel homme. Car cette fermentation est le principe exclusif, et nécessaire pour nous faire reprendre la forme que nous avons perdue, et si nous n’avons pas le sentiment vif et physique de ce principe, comment aurons-nous le sentiment des effets qui en doivent résulter, et des oeuvres que nous aurons à produire, c’est-à-dire, comment pourrons-nous remplir notre destination ? Nouvel Homme 19

Ouvrons donc notre âme à cette accumulation des paroles divines en nous, n’apportons aucun obstacle à leur fermentation mutuelle en les empêchant de s’approcher, et de se réactionner physiquement en nous, si nous voulons que nos paroles acquerrent à leur tour quelques propriétés physiques. Recueillons précieusement les moindres résultats de cette fermentation des paroles divines en nous, puisque c’est ainsi qu’elles ont formé le monde, puisque c’est ainsi qu’elles l’entretiennent, et opèrent continuellement l’existence de l’oeuvre qu’elles ont produite, et puisque c’est ainsi qu’elles ont formé notre âme, et qu’elles veulent de nouveau la former aujourd’hui, car les voies de la sagesse ne sont d’une constance, et d’une uniformité si sublime, que pour que l’homme ait plus de facilité à les retrouver lorsque pour qu’il s’en est écarté, et pour que, du sein de ses ténèbres mêmes, i1 puisse recouvrer des aperçus certains, et positifs sur des lois qu’il n’aurait jamais dû oublier. Nouvel Homme 19

Nous pouvons en donner une raison bien simple, c’est que les unités partielles que nous devons sans cesse établir en nous sont les intermèdes indispensables pour que l’action divine se tempère avant de pénétrer jusqu’à notre centre ; et de même que la divinité ne se communique que par ses manifestations, et par ses puissances ; de même aussi nous ne pouvons lui ressembler que par les manifestations de nos facultés, et de nos vertus qui sont les organes, et les puissances de notre âme. Nouvel Homme 21

Il l’en sollicite par le besoin qu’il en a mis dans son âme, il l’en sollicite par tous les emblèmes que l’univers lui présente continuellement, mais qui, étant impuissants pour opérer une si grange oeuvre, sont bornés au rang d’emblèmes, et laissent à l’homme le soin d’en exprimer la réalité ; il l’en sollicite par toutes les lois représentatives, et figuratives, civiles, politiques, historiques, naturelles, et surnaturelles ; enfin, il est venu l’en solliciter lui-même pour le déterminer à se livrer à cette sainte entreprise, et il a commencé par faire renaître en lui ce nouvel homme qui seul sera digne de s’en acquitter dignement lorsqu’il aura acquis son âge compétent, et qu’il aura atteint les mesures tracées par les lois éternelles de la sagesse qui peuvent bien, ici-bas, subir quelque extension, et comme une sorte de subdivision qui les réduit, mais qui ne change point leur caractère. Nouvel Homme 23

Avant de dire : au nom du Seigneur, attends toujours que le nom du Seigneur soit descendu en toi. Ce n’est point de mémoire que tu dois prononcer ce nom puissant. C’est par sentiment, c’est par impulsion, et comme étant pressé par le pouvoir de son charme irrésistible. Voudrais-tu être comme ceux qui le prononcent journellement d’eux-mêmes, et dans qui l’idée qu’ils en prennent, et le respect qu’il devraient lui porter se confond avec les mouvements les plus insensibles de leur âme, et n’y laisse pas de plus profondes traces ? Il en est qui sont bien plus coupables encore, aussi ne le prononcent-ils que pour leur condamnation ; mais ce tableau serait trop affligeant, et trop dangereux pour l’oeil du nouvel homme, il vaut mieux lui en laisser ignorer l’existence, et lui montrer pourquoi il doit attendre que le nom du Seigneur soit descendu en lui, avant d’oser dire : au nom du Seigneur. Nouvel Homme 23

Le nouvel homme dont la destinée est si élevée au-dessus de la sagesse commune doit, comme nous l’avons dit, mourir continuellement dans la parole, s’il veut que la parole vive en lui ; et il y doit mourir progressivement afin qu’elle puisse y vivre un jour dans toute sa force, et dans toute sa plénitude. Il faut qu’il voyage silencieusement sur les bords du fleuve, qu’il combatte à tous les pas les animaux qui se rencontrent, et qu’il surmonte les obstacles de chaque jour. Par là, il reçoit insensiblement une triple création qui purifie son corps, son âme et son esprit, qui les remplit du feu de la vie, parce que le feu le couvre, et le pénètre de la parole du témoignage. Nouvel Homme 24

Il va être chargé d’exterminer l’armée des Amalécites et des Amorréens, non point avec des armes fabriquées de la main des hommes, mais avec les armes sacrées qu’il porte dans son essence, et en élevant les mains de son âme vers l’Éternel. Nouvel Homme 25

La matière se précipite au-dessous de l’esprit, l’esprit s’élève au-dessus de notre corps ténébreux ; il se fait en nous un partage du pur et de l’impur, et une unité supérieure nous découvre un vaste champ. Sans son divin secours, l’homme rampe comme dans la fange. À peine, du fond de son antique demeure, peut-il découvrir au loin quelques rayons de la céleste clarté, et son oreille épaisse et dure ne soupçonne pas même l’harmonieux concert que les enfants de la lumière forment devant le trône de l’Eternel. Mais, dès que cette vie suprême a laissé tomber sur l’homme sa rosée vivifiante, quelles paroles peindraient les douceurs et les consolations qui l’attendent ? Quelles paroles pourraient faire comprendre l’état de la pensée du nouvel homme, lorsqu’il se trouve livré à la contemplation des oeuvres de la sagesse, et à la jouissance des ineffables ravissements qui saisissent son âme, pour peu qu’elle approche de l’atmosphère de l’éternité ! Nouvel Homme 26

C’est là ce qu’il faisait enseigner au peuple hébreu sous des figures par son serviteur Moïse. La terre dont vous allez entrer en possession n’est pas comme la terre d’Egypte d’où vous êtes sortis, où après qu’on a jeté la semence, on fait venir l’eau par des canaux pour l’arroser, comme on fait dans les jardins (image des ces soins pénibles que demande le culte des dieux artificiels, et dont les faveurs dépendent des lois physiques de la nature qui peuvent suspendre le cours du Nil et plonger la terre dans la stérilité et la disette), mais c’est une terre de montagnes et de plaines, qui attend les pluies du ciel, que le Seigneur votre Dieu a toujours visitée et sur laquelle il jette des regards favorables depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin. Si donc vous obéissez aux commandements que je vous fais aujourd’hui d’aimer le Seigneur votre Dieu, et de le servir de tout votre coeur, et de toute votre âme, il donnera à votre terre Les premières et les dernières pluies afin que vous recueilliez de vos champs le froment, le vin et l’huile. Nouvel Homme 27

Souviens-toi donc, nouvel homme, à quel prix tu devras te maintenir dans le poste que le Seigneur t’aura donné. Moïse disait aux Hébreux : « Si votre frère, fils de votre mère, ou votre fils, ou votre femme qui vous est chère, ou votre ami que vous aimez comme votre âme, vous veut persuader, et vous vient dire en secret : allons et servons les dieux étrangers qui nous sont inconnus, comme ils l’ont été à vos pères, les dieux de toutes les nations, dont nous sommes environnés, soit de près ou de loin, depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre, ne vous rendez point à ses persuasions, et ne l’écoutez point, et ne soyez touché d’aucune compassion sur son sujet, ne l’épargnez point, et ne tenez point secret ce qu’il aura dit ; mais tuez-le aussitôt. Que votre main lui donne le premier coup, et que tout le peuple le frappe ensuite. » Nouvel Homme 28

Si nous n’avons donc pas dissipé nos ténèbres matérielles pour trouver l’homme, et nos ténèbres spirituelles pour trouver Dieu, comment pouvons-nous sentir en effet s’accomplir cette vérité en nous, comment pouvons-nous de nouveau sentir Dieu engendrer notre âme, comment pouvons-nous connaître ce sabbat qui ne se trouve que dans Dieu, comment pourrons-nous voir paraître en nous le nouvel homme, comment pouvons-vous voir s’élever en nous cet édifice, et ce temple impérissable où le feu sacré doit brûler éternellement, et où les victimes ne doivent pas cesser d’être immolées pour la manifestation de la gloire et de la puissance du Dieu qui ne peut être connu et honoré que par l’organe de ceux qui sont saints ? Nouvel Homme 28

Soleil divin, toi dans qui tous les esprits et toutes les âmes ont puisé leur existence, toi qui domines sur le centre de notre monde spirituel, comme le Soleil élémentaire domine sur le centre de notre globe, à toi seul appartient le pouvoir d’éclairer à la fois, comme lui, tous les points de notre atmosphère, et de balancer le poids des ténèbres par l’abondance et la vivacité du jour que tu répands sur toutes les parties de la région divine que nous habitons ; à toi seul appartient le pouvoir de nous communiquer même cette portion de lumière que tu charges notre âme de verser ensuite sur les divers climats spirituels où tu nous attaches. Nouvel Homme 28

Le nouvel homme a déjà vu briller trop clairement en lui sa propre lumière de son essence pour ne pas échapper à de pareils pièges. Il dira avec David (Ps. 15:7, etc.) : « Je bénirai le Seigneur de m’avoir donné l’intelligence et de ce que, jusque dans la nuit même, mes reins m’ont repris et instruit. Je regardais le Seigneur, et l’avais toujours devant mes yeux, parce qu’il est à mon côté droit pour empêcher que je ne sois ébranlé. C’est pour cela que mon coeur s’est réjoui, et que ma langue a chanté des cantiques de joie, et que de plus, ma chair même se reposera dans l’espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et ne souffrirez point que votre saint soit sujet à la corruption. Vous m’avez donné la connaissance des voies de la vie, vous me comblerez de joie en me montrant votre visage des délices ineffaçables sont éternellement à votre droite. » Nouvel Homme 29

Voyez ce nouvel homme; il a laissé jusque dans lui, par 1’organe de ses prières, l’antidote puissant qui seul peut détruire ces animaux malfaisants dont le coeur de l’homme est le repaire. Il a raclé chaque jour, comme Job, la sanie de ses ulcères, avec le morceau, de pot de terre qui lui restait ; aussi, l’esprit du Seigneur est venu renouveler son sang et lui rendre la santé. Aussi, son âme deviendra un jour le trône du Seigneur. Du haut de ce siège superbe, il étonnera les nations dans sa gloire, il lancera la foudre contre ses ennemis, il tracera les lois de sa puissance aux peuples innombrables qui habiteront dans ses domaines ; il publiera des lois de grâce pour ceux qui voudront rentrer dans les voies de la vérité ; il distribuera des prix et des récompenses à ceux qui se seront dévoués au service de son maître, et qui n’auront respiré que pour la gloire de la maison du Seigneur. Nouvel Homme 30

Enfin, cette main divine délie la langue même de ce nouvel homme, afin qu’il puisse prouver à ceux qui lui parlent, qu’il a le bonheur de les entendre, et qu’il n’a point laissé tomber leurs paroles. Dès lors, la vie entière de ce nouvel homme va être un accroissement continuel, et un développement de tous ses sens et de toutes ses facultés spirituelles, par lesquels il témoignera que l’esprit est venu en lui, et qu’il l’a rendu son organe ; il tâchera de persuader ses semblables que cette main l’esprit est exclusivement la seule qui puisse faire toutes ces diverses opérations dans son âme, comme nous voyons que la nature est la seule qui les opère dans les sens physiques de notre corps, et que nous ne pouvons que nuire à notre conformation à notre régularité, si nous gênons, en la moindre chose, cette opération de la main divine ; il leur apprendra aussi que le don de la parole est le dernier de nos sens spirituels que la main divine délie dans notre âme, comme nous voyons que la parole matérielle est le dernier développement que reçoivent les enfants. Nouvel Homme 30

De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32

D’ailleurs c’est dans lui, c’est dans son âme que ce nouvel homme fera la découverte de tous ces principes ; et il ne serait pas un nouvel homme s’il n’apprenait ces hautes vérités que par tradition, et s’il n’en acquérait pas la connaissance intime par expérience, et par sentiment. Tâchons donc seulement de ne point perdre de vue le chemin qu’il va suivre dans ce désert. Nouvel Homme 32

Rappelons-nous qu’il n’y a pas un seul point de l’être de l’homme sur lequel ces sublimes paroles ne doivent se prononcer, et que Dieu ne demande autre chose, sinon que le nouvel homme soit en état de les entendre continuellement. Nous avons été déjà trop loin pour être étonnés de cette merveilleuse miséricorde. La grandeur de l’homme est un témoignage évident de la grandeur de l’oeuvre de Dieu envers la malheureuse famille humaine; et réciproquement la grandeur de l’oeuvre de Dieu est une démonstration de la grandeur de l’homme. Cette oeuvre est telle qu’il suffirait de la contempler et de l’apercevoir pour renaître, et pour nous rétablir dans les régions saintes de l’amour et de la sagesse, de manière que non seulement le monde des ténèbres et des illusions disparût pour nous, mais que même tous les mondes de lumière semblassent se trouver dans notre âme, comme ils se trouvent dans la pensée de Dieu. Nouvel Homme 34

« Votre leçon entière est dans ces paroles : Les serviteurs que mon père aime, sont ceux qui le servent en esprit et en vérité. Ainsi ne vous en tenez pas à une simple croyance au principe divin dont votre âme immortelle a reçu la vie. Ne vous en tenez pas même à cette foi vive que par votre union avec lui vous pouvez tout opérer pour votre bien, et celui de vos frères qui demeurent avec vous dans votre temple particulier, mais faites en sorte de ne vous donner aucun repos jusqu’à ce que cette vive foi se soit convertie en actes positifs, et en faits réels. Us serviteurs que le père aime, ce sont ceux qui prouvent leur foi en la divinité de leur nature par la divinité des fruits qu’ils produisent, et par le soin qu’ils prennent que dans eux les triples nombres s’accomplissent ; sans quoi le cercle reste ouvert, l’oeuvre n’est pas achevée et reste incomplète, et vous ne pourrez pas dire que vous serviez Dieu en vérité, puisque vous ne le servez pas en oeuvres effectives. » Nouvel Homme 37

Ne vous arrêtez donc pas aux obstacles que les infidèles qui demeurent dans votre sein voudront opposer à votre oeuvre. Dites-leur : vous aurez beau rejeter ma parole, j’en étourdirai vos oreilles, et je vous poursuivrai jusqu’à ce que les ordres de mon maître soient exécutés, et que vous rendiez hommage à sa gloire. Est-ce à moi de mesurer, et de juger les voies du Seigneur ? J’ai accepté dans l’humilité de mon âme, le nom de son prophète, et de son envoyé, et plein du désir de faire honorer son nom, et sa puissance, je ne veux pas qu’il ait à me reprocher de n’avoir pas averti ceux qui s’égarent. C’est sur vous qui habitez en moi, et qui êtes les plus proches de mes semblables, que je dois manifester son empire, et à qui je dois annoncer son nom. C’est sur vous que je dois faire tomber toutes les plaies d’Egypte, jusqu’à ce que vous ayez rendu la liberté au peuple choisi. » Nouvel Homme 38

Quand elle sera ainsi unie à la main vigilante du Seigneur, celles de ses facultés qui seront possédées des démons impurs ne pourront approcher d’elle sans que ces esprits de ténèbres ne jettent de grands cris, et ne lui disent : Laissez-nous, qu’y a-t-il entre vous et nous, âme nazaréenne ? Je sais qui vous êtes, vous êtes le saint de Dieu ; êtes-vous venue pour nous tourmenter avant le temps ? Mais elle leur répondra avec menaces : Taisez-vous, et sortez de moi, et ils en sortiront sans leur avoir fait aucun mal. Nouvel Homme 39

Ainsi il priera sans cesse l’esprit de venir demeurer dans sa pénitence, dans son humilité, dans son courage, dans sa résignation, dans sa prière, dans sa foi, dans son amour, dans ses lumières, dans son espérance, dans sa charité, dans toutes les affections pures de son âme, et dans tous les mouvements de son essence spirituelle et divine, afin qu’il ne puisse plus être vaincu dans les combats qu’il aura à soutenir. Nouvel Homme 45

C’est afin qu’elle n’ordonne rien en vain que le nouvel bomme s’unira sans cesse aux hommes de Dieu, pour qu’ils oignent ses membres de l’huile sainte, et qu’ils les préservent d’être meurtris par l’ennemi, ou desséchés par la langueur ; il priera le grand prêtre de venir renouveler en lui les diverses alliances que Dieu veut toujours faire avec l’homme, et que l’homme s’efforce toujours d’annuler ; il le priera de venir à toutes les heures, et à tous les moments administrer dans le sein de son âme le sacrement de la renaissance et de la revivification. Car sans cela, comment pourrait-il rassembler les portions éparses du nom du Seigneur ? Or, voici comment la sagesse a distribué les organes du nouvel homme, afin qu’il puisse remplir sa destinée sainte, et rassembler les portions éparses du nom du Seigneur. Nouvel Homme 47

Oui, le coeur est le ciel de l’homme, et son âme en est le Dieu. Le Dieu ne peut pas mourir, mais ces cieux peuvent s’obscurcir, ils peuvent se rouler comme un livre. Le seul moyen par lequel le nouvel homme empêchera ses cieux de s’obscurcir, et de se rouler comme un livre, c’est qu’il s’est fait un coeur à l’image de Dieu, c’est qu’il s’est identifié avec celui qui est la droite de Dieu, et par là, il est devenu semblable à la vie. Hommes de paix, voulons-nous que notre ciel ne s’obscurcisse pas non plus, et ne se roule pas comme un livre, faisons-nous un coeur qui ressemble à la droite de Dieu, qui combatte, comme elle, universellement les désordres ; qui comme elle par son propre poids, précipite l’iniquité ; qui, comme elle, laisse continuellement sortir de lui-même des rameaux de toutes les vertus, et briller jour et nuit le chandelier à sept branches ; qui comme elle, puisse suffire à notre propre sûreté, et aux besoins spirituels des indigents ; enfin qui, comme elle, soit toujours prêt à faire l’oeuvre de Dieu dans tous les genres, et dans toutes les occasions. Nouvel Homme 47

Telle est aussi la différence des voies par où les mouvements, et les ordres nous arrivent. Quand nous recevons d’en haut des ordres ou des conseils, le quaternaire procède par l’intelligence, l’adhésion, le zèle, et l’oeuvre ; quand c’est notre âme qui se meut elle-même, elle procède par l’affection, le jugement, la volonté et l’expression, parce que, comme nous sommes dans les ténèbres, il faut nécessairement que nous allions soumettre nos mouvements au grand juge qui siège dans la région supérieure, et qui doit les sanctionner. Mais tant que nous n’avons pas mis tout en ordre dans notre être, il se peut que des intrus s’assoient sur le tribunal ; qu’ils sanctionnent, soit par ignorance, soit par dépravation les plans les plus pervers, et qu’ils nous mettent, par les oeuvres qui en résultent, dans le cas de ne pouvoir plus recevoir d’en haut ni ordres, ni conseils. Car si un aveugle conduit un autre aveugle, que peuvent-ils devenir l’un et l’autre, et n’est-il pas à craindre qu’ils ne tombent tous les deux dans le fossé ? Nouvel Homme 47

C’est pourquoi le nouvel homme a dit avec jubilation, et dans la plénitude de son espérance : « Quand le feu du Seigneur aura enflammé mon coeur, et brûlé mes reins ; quand les hommes de Dieu auront préparé tous les sens de mon âme, quand l’huile sainte aura accompli ma consécration extérieure, et intérieure, alors le Seigneur entrera en moi, il se promènera dans moi, comme autrefois il se promena dans le jardin d’Eden. J’entendrai mon Dieu, je verrai mon Dieu, je concevrai mon Dieu, je sentirai mon Dieu ; il aplanira lui-même les voies par où il voudra faire marcher sa sagesse, il disposera mon coeur pour y pouvoir habiter comme dans un lieu de repos, et quand je voudrai me nourrir des douceurs de la vertu, de l’empire des forces et des puissances, et de la délicieuse contemplation de la lumière, je considérerai le céleste habitant qui demeurera en moi, et il me procurera à la fois tous ces biens. » Nouvel Homme 49

Nous ne saurions trop l’affirmer, ce n’est point par la répétition des paroles dans sa prière que le nouvel homme est parvenu à pouvoir se remplir de ces douces espérances et à faire sortir de lui, de ces paisibles intelligences qui répandent autour d’elles, le calme et le repos ; c’est en rassemblant avec soin tout le feu de son être intérieur qu’il en voit enfin s’élever une flamme pure, vive, et légère qui purifie l’air, et qui l’agite doucement, en faisant exhaler un vent rafraîchissant ; voilà comment il est parvenu à découvrir en lui les quatre fleuves du jardin d’Eden, subdivisés dans ces sept sources sacramentelles qui sont les puissances de son âme, et qui n’auraient jamais pu recouvrer leur activité naturelle, si l’âme de ce nouvel homme n’avait été elle-même régénérée, et ordonnée de nouveau par le sacrement de la parole. Nouvel Homme 49

Au lieu de remplir une aussi noble destination, son esprit, son coeur, son âme, toute sa personne est continuellement l’organe et l’esclave des signes étrangers qui dirigent tous ses mouvements. Il est comme ces rois dont toutes les facultés se sont concentrées et affaissées, et qui ne sont plus susceptibles que d’être le jouet perpétuel des opinions de leurs ministres passionnés. Nouvel Homme 54

C’est pour cela que le nouvel homme plonge sans cesse dans son humilité profonde, dira avec David (psaume 43:16) : « J’ai devant les yeux ma confusion tout le jour, et la honte qui paraît sur mon visage me couvre entièrement… Notre âme est humiliée jusqu’à la poussière, et notre ventre est comme collé à la terre. Levez-vous, Seigneur, secourez-nous, et rachetez-nous pour la gloire de votre nom. » Nouvel Homme 55

56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56

Aux yeux de l’homme particulier, l’ancienne alliance est l’image du vieil homme détenu sous le joug du temps, et de ses impérieux ministres. La seconde alliance est le nouvel homme, c’est cette âme divine dans sa pureté, et la seule sur qui le Réparateur pût se reposer pour faire son entrée dans Jérusalem ; aussi quels transports dans toutes les régions du nouvel homme, lorsque le Réparateur et lui se retrouvèrent ensemble dans ces rapports mutuels que nous n’aurions jamais dû perdre de vue ! Nouvel Homme 57

Qu’est-ce que c’est que cet homme portant une cruche d’eau ? C’est le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu’après la purification parfaite. Qu’est-ce que c’est que cette chambre haute où la Pâque doit se célébrer ? C’est la pensée de l’homme qui est revêtue du privilège de se montrer parmi les nations comme la région la plus sublime du temple immortel que l’esprit saint s’est proposé d’habiter. Qu’est-ce que c’est que ce maître qui envoie demander où est le lieu où il mangera la Pâque avec ses disciples ? C’est l’esprit du nouvel l’homme lui-même, qui vient visiter l’âme humaine pour lui rendre la vie et la lumière, mais qui sachant que cette âme humaine est un être libre, ne veut habiter chez elle que de son propre consentement, malgré tous les biens et toutes les richesses dont il vient la favoriser. Nouvel Homme 60

C’est ici, nouvel homme, que le poids de l’oeuvre te va paraître accablant ; tu vas commencer à être saisi de tristesse, tu diras à ceux des tiens qui sont les plus près de toi : Mon âme triste jusqu’à la mort, demeurez ici et veillez avec moi. Mais comme l’homme coupable pécha seul, tu les croiras encore trop près de toi, dans l’expiation que tu vas subir, et tu travailleras seul à cette terrible expiation. Tu concentreras toutes tes facultés en toi-même, en raison de la criminelle concentration où l’homme se réduisit par son crime. Cette expiation te paraîtra redoutable que tu diras : Mon père, faites s’il est possible que ce calice passe et s’éloigne de moi. Mais la soumission l’emportant sur ta faiblesse, tu ajouteras : Néanmoins que votre volonté s’accomplisse, et non la mienne ! Nouvel Homme 65

Nouvel homme, pourquoi le Réparateur marche-t-il ainsi au supplice au milieu de deux voleurs, si ce n’est pour montrer qu’il ne venait que pour briser l’iniquité ? Mais quelle est cette iniquité qu’il doit briser ? C’est toi-même, ô âme de l’homme qui t’es transformée en mensonge et en abomination ; car c’est par toi qu’il doit passer aujourd’hui pour aller attaquer l’ennemi comme autrefois il aurait passé par toi pour lui porter des secours et des lumières ; la loi n’a pas changé quoique l’objet de la loi ne soit plus le même. Et toi malheureux mortel, toi que le Réparateur ne craint pas de traverser quoique tu ne sois plus qu’iniquité, tu craindrais de traverser avec lui les iniquités qui t’environnent, ces iniquités que tu ne peux briser et dissoudre sans lui, ces iniquités qu’il vient lui-même dissoudre de concert avec toi, tandis qu’il ne te demande que de se laisser entrer en toi sous la figure d’un criminel, et marcher au supplice avec toi ! Nouvel Homme 66

Le voile de ton temple se déchirera en deux depuis le haut jusqu’en bas, parce que ce voile est l’image de l’iniquité qui sépare ton âme de la lumière où tu as pris ton origine ; et comme en se divisant en deux parts il laisse à tes yeux un accès libre à cette lumière qui t’était inaccessible auparavant, c’est assez clairement t’indiquer que c’était la réunion de ces deux parts qui avait formé ta prison, et qui te retenait dans les ténèbres ; nouvelle image de cette iniquité que le Réparateur n’a pas craint de traverser en paraissant sur le Calvaire au milieu de deux voleurs, afin de te donner la force et les moyens de briser en toi à ton tour cette iniquité. Nouvel Homme 67

Quand cette âme simple et aimante aura été ainsi préparée par l’influence et les discours des précurseurs, le nouvel homme se montrera lui-même à elle, et en l’appelant par son nom, il lui communiquera assez de sa propre lumière, pour qu’elle le reconnaisse, et lui dise : Rabboni, mon maître. C’est cette âme simple qui, avec ses compagnes, ira annoncer aux disciples, la résurrection de ce nouvel homme, et les préparera, à leur tour, à soutenir l’aspect de sa gloire, et les merveilles de sa puissance ; car depuis qu’il est ressuscité de l’esprit, son action s’est étendue et a acquis le pouvoir de ne se manifester que par des prodiges. Nouvel Homme 69

Tu verras cet Etre infini verser continuellement sur nous dans tous les genres, l’abondance de ses puissances, de sa majesté, et de son infinité ; car notre volonté pestilentielle a beau faire, l’Eternel ne cesse de nous en démontrer la borne, et l’impuissance en nous faisant constamment nager dans son universelle immensité. Ne t’afflige donc point, âme humaine, si ton nouvel homme, après t’avoir bénie, s’est séparé de toi, et a été enlevé au ciel. Imite l’exemple des disciples du Réparateur universel qui après l’avoir « vu se séparer d’eux, et monter au ciel, s’en retournèrent comblés de joie à Jérusalem, où ils se tinrent sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu, » parce qu’ils étaient pleins de confiance en ses promesses. Nouvel Homme 70

3. Lorsque nous avons dit dans le numéro 1, que l’homme était une espèce de texte dont toute sa vie devait être le développement et le commentaire, nous n’avons fait que présenter sous d’autres mots la proposition suivante ; à savoir, que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres. Nouvel Homme 3

Ceci est suffisant pour montrer que nous pouvons nous dispenser de nous arrêter plus longtemps aux objections secondaires, avec lesquelles les hommes inférieurs s’aveuglent mutuellement tous les jours ; nous avons un objet plus vaste à remplir que celui de nous occuper des obscurités volontaires qui ne viennent que de la frivole inattention du monde ; et cet objet, c’est de nous occuper des obscurités naturelles qui tiennent essentiellement à l’état terrestre de l’esprit de l’homme, mais bien plus encore de nous occuper des clartés et des lumières qui appartiennent à son indestructible essence ; car il y a plusieurs degrés dans les besoins de l’homme, et ce ne serait pas assez pour lui que de ne songer exclusivement qu’à celui de ses maux qu’il lui est possible de guérir lui-même, soit en se considérant de toute son attention, soit en usant des secours qu’on lui a déjà procurés. Répétons donc sans inquiétude cette assertion que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres. Nouvel Homme 3

En effet, nous nous sommes laissé garrotter tout vifs et dans nos facultés, par les chaînes de l’ennemi : nous sentons que ces chaînes nous écrasent et nous ôtent tous nos mouvements ; si nous avions donc le courage de prononcer l’arrêt de cet ennemi, et de lui déclarer que, conformément aux intentions de la volonté suprême et bienfaisante, nous sommes déterminés à rompre tous les liens dont il se sert pour nous retenir captifs, si nous lui annoncions fermement qu’il doit s’attendre que son règne sur nous va être détruit, et qu’il nous est aussi aisé, par les secours divins qui nous environnent, de briser ce règne, qu’il nous est aisé de briser un brin de paille ; enfin, si cet arrêt étant prononcé nous n’oublions rien pour l’exécuter, et pour persévérer avec constance dans cette indispensable et nécessaire résolution, il n’est pas douteux que nous verrions bientôt tomber à nos pieds toutes ces entraves qui nous gênent si horriblement, et que nous sentirions y substituer en nous, à la fois, tous les transports de la vraie vie, lesquels seraient d’autant plus actifs et délicieux pour nous, que nous en aurions été plus dénués. C’est ce passage complet de la mort à la vie que l’âme de l’homme peut éprouver physiquement dans toute ses facultés quand, en imitant la douce et humble simplicité du verbe et de la parole, il parvient à en recouvrer la force, la chaleur et la lumière. Nouvel Homme 4

Hommes qui croyez à la vertu de la parole, et aux prodiges qu’elle opère dans l’âme de l’homme quand elle le veut employer à ses diverses manifestations, croyez aussi à la progression de ses puissances, et à l’accroissement quoiqu’invisible des diverses actions qu’elle a dessein de faire fructifier dans le champ de la mort que nous habitons. Car cette parole est vive par elle-même, et quoiqu’elle soit fixe, et en quelque façon immobile dans le centre de son essence, les mouvements qu’elle opère ne peuvent pas être bornés et fixés à demeure dans les localités du temps. Nous voyons combien cette vérité se démontre sur nous-mêmes par les progressions que notre esprit parcourt, et qui font que notre vie entière semble n’être qu’une suite d’accroissements, dans lesquels les dons et les vertus d’une époque disparaissent et sont remplacés par les dons et les vertus de l’époque suivante. Nouvel Homme 5

6. Mais quelle terrible opération doit se faire en nous avant que cette divinité tout entière nous traverse dans sa splendeur et dans sa joie ! Il faut auparavant qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur ; il faut que le Dieu souffrant passe tout entier au travers de l’âme concentrée et comme pétrifiée par le crime et l’insensibilité. Âme de l’homme, abîme-toi ici, dans ta détresse, et prépare-toi à l’opération la plus douloureuse. Il faut que le Dieu souffrant te pénètre, et se fasse jour au travers de tes substances les plus épaissies et les plus dures, pour te rendre ta primitive existence ; tu ne pourras jamais être régénérée complètement si l’opération n’est pas universelle et si le Dieu souffrant dans sa pensée, dans sa parole et dans son oeuvre ne traverse tout entier ta pensée, ta parole, et ton opération. Nouvel Homme 6

7. La sagesse conduit l’homme par des degrés insensibles afin de ne pas l’effrayer par l’immensité de la tâche qu’il a à remplir. Aussi commence-t-elle par dire à l’homme qu’il doit servir d’organe et de passage à la Divinité tout entière, s’il veut que son ange jouisse de la paix et des félicités Divines. Cet avis est si consolant que l’âme de l’homme en est comme absorbée dans l’admiration et dans la joie. Elle pleure de regret, elle pleure d’espérance : c’est comme si l’image Divine elle-même était venue se dessiner sur toutes ses substances, et qu’elle eût senti la douce chaleur de la main qui a conduit le pinceau ; mais comme c’est là le terme final de l’oeuvre, cette sagesse nous apprend bientôt qu’avant d’atteindre à cet heureux terme, nous devons voir passer en nous le Dieu souffrant, puisque lui seul peut enchaîner tous les lions voraces, et tous les serpents qui circulent en nous, et ne cessent de nous effrayer par leurs sifflements, ou de nous empoisonner par leur venin. Nouvel Homme 7

Oui, instituteurs aveugles, ignorants, ou présumant trop de vos forces et de vos lumières, vous vous repentirez un jour d’avoir abusé les âmes. Ce n’était point assez que par l’effet du crime primitif elles fussent sous le joug du septénaire temporel qui les distrait et les détourne continuellement de la simplicité de leur ligne, vous les aurez encore plus attirées à l’extérieur par toutes vos images et vos symboles, et vous aurez fini peut-être par les diviser entièrement, en les éloignant tout à fait de ce point central et invisible qui est le seul lieu de ralliement que nous ayons ici-bas dans nos ténèbres. Car l’âme mal dirigée augmente encore ses entraves, et la désemboîture de ce septénaire temporel : c’est ce qui fait que par notre force, et par notre impatiente puissance, nous rendons nous-mêmes notre existence cent fois plus malheureuse que celle des bêtes. Nouvel Homme 7

8. Quand l’homme prie avec constance, avec foi, et qu’il cherche à se purifier dans la soif active de la pénitence, il peut lui arriver de s’entendre dire intérieurement ce que le réparateur dit à Céphas : tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Cette opération de l’esprit dans l’homme nous apprend qu’elle est la dignité de l’âme humaine, puisque Dieu ne craint point de la prendre pour la pierre fondamentale de son temple ; elle nous apprend combien nous devons nous nourrir de douces espérances, puisque cette élection nous met à couvert des puissances du temps, et plus encore des puissances des ténèbres et des abîmes ; elle nous apprend enfin ce que c’est que la véritable église, et que, par conséquent, nulle part, il n’y a d’église où cette opération invisible de l’esprit ne se trouve pas. Nouvel Homme 8

Cette vérité que l’âme sent, quand elle se dépouille et se concentre, lui démontre quelles sont les énormes suites de la prévarication, et lui fait connaître, par l’expérience de tous les moments, que nous habitons la terre de la mort et de la douleur ; mais elle sent en même temps qu’il n’y a pas un instant pour elle où cette parole salutaire ne puisse être suivie d’une résurrection. Nouvel Homme 15

Je ne veux pas défigurer ce témoignage par un témoignage plus faible puisé dans les cris naturels de l’homme vers son Dieu quand il souffre, et qu’il est malheureux ; tu ne serais pas à portée de faire ton expérience sur des êtres dans leur nature, tu n’en vois autour de toi que d’altérés, et de manipulés par l’exemple et l’éducation ; d’ailleurs, les maux dont ils se plaignent ne sont pas ceux qui les obstruent le plus, et ils ne songent pas seulement à se délivrer de leurs vrais maux, qui seuls les empêchent de connaître leur vrai Dieu et de s’y réclamer. Néanmoins ne néglige pas ce que ton intelligence peut te faire apercevoir dans la conduite de l’homme le plus extraligné ; tu peux toujours y rencontrer quelque étincelle de vérité. D’ailleurs, si tu ne trouves sur ce point que des témoignages faibles dans l’homme qui souffre, tu en trouveras de plus frappants et de plus instructifs dans l’âme qui jouit et qui admire, et je te laisse le soin de les recueillir. Nouvel Homme 17

Dieu de force, Dieu de vie, Dieu de longanimité, aide-moi à accélérer ces temps si propices et si salutaires ! Aide-moi au moins à ne pas les retarder par ma défiance et ma lâcheté, aide-moi à préparer par la constante activité de ma pénitence l’empreinte sacrée de ton triple sceau sur toute ma personne, de ce triple sceau dont l’unité est un feu dévorant qui consume tout ce qui n’est pas né de l’esprit, de ce triple sceau qui n’abandonne plus l’âme humaine, dès qu’il a imprimé profondément sur elles ses vivifiants caractères, de ce triple sceau qui transporte aussitôt l’homme hors de cette sphère de langueur et de dégoût, où nous ne nous nourrissons que de la mort, au lieu de goûter les délices inexprimables du lieu de paix où nous avons puisé la naissance, et toi, sagesse sainte, qui devrais être notre aliment de toutes les heures, et de tous les moments, viens poser tes mains bienfaisantes sur ces signes sacrés que la bonté suprême a daigné attacher sur l’homme ; que tes mains soient comme autant de bandelettes qui contiennent et fixent le baume vivifiant qui a été appliqué sur mes plaies, et qu’elles en fassent pénétrer les sucs et les esprits régénérateurs jusque dans mes substances les plus corrompues, afin que le peu de vie qui y reste reprenne ses forces, et que mes membres reprennent leur agilité. Nouvel Homme 18

Nous ne craignons point que l’âme de l’homme désavoue les sublimes réponses dont nous avons montré jusqu’à présent qu’elle portait la source dans son propre sein. Plus elle percera dans sa propre immensité, plus elle y trouvera de nombreuses confirmations des titres précieux, et de la sainte destination dont nous l’avons annoncée comme dépositaire ; et il n’y aura que l’homme léger, timide, aveugle et paresseux qui méconnaîtra l’emploi pour lequel nous avons reçu l’existence. Nouvel Homme 23

Pleurons de honte et d’humiliation de nous trouver si loin de notre patrie ; de nous trouver continuellement serrés et déchirés par le cilice de l’iniquité. Le sang ruisselle de tous nos pores, et de peur que la douleur ne soit pas assez vive, nous tournons le glaive mutuellement dans nos plaies, et nous nous servons tous de bourreaux les uns aux autres. Amis, amis, bornons-nous à nous servir réciproquement de sacrificateurs, et efforçons-nous chacun de faire sortir de l’âme de nos frères, des victimes pures, qui puissent être présentées sur l’autel des holocaustes. Nouvel Homme 30

D’ailleurs, il est conduit à ce courageux isolement par un sentiment de justice et d’équité. C’est par nous, dit-il, que le crime a été conçu et opéré, c’est par nous que la subdivision de notre être a eu lieu, c’est par notre propre volonté que nous avons mérité d’être séparés de notre principe, c’est donc par nous, et par notre propre volonté que nous devons mériter d’être ramenés, et réunis à ce principe. Heureux encore, et cent fois heureux, non seulement qu’on nous ait avertis que ce rapprochement nous était possible, mais encore qu’on nous en ait montré à la fois le terme, et les moyens, par le jour que le baptême invisible de notre fidèle compagnon vient de répandre dans l’âme de l’homme. Nouvel Homme 32

Mais il n’a recueilli un pareil fruit qu’après avoir éprouvé une sensation, à la fois, bien lamentable et bien consolante. Car comment contempler avec indifférence le tableau des malheurs de l’homme et des ressources qui lui sont offertes contre ces malheurs ! Aussi le nouvel homme, frappé alternativement par ces deux forces opposées, est parvenu, par leur comparaison, à sentir sa dignité, et sa noblesse. Après avoir frissonné sur les misères de l’homme, il a frissonné sur sa grandeur, qui ne l’aurait pas rendu si malheureux s’il n’avait pas eu de si immenses moyens de devenir coupable ; et réciproquement après avoir frissonné sur la grandeur de l’homme, il a frissonné sur ces misères ; et c’est par le choc de toutes ces violentes sensations que l’âme du nouvel homme s’est mise à découvert, que le principe supérieur a pu opérer sur elle un contact puissant qui l’a revivifiée, et qui l’a pénétrée de cette active et sainte impétuosité qui est le vrai caractère de la vie. Nouvel Homme 35

36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36

« Bienheureux ceux dont l’homme intérieur est dans les larmes, et dont le coeur est tourmenté par l’abondance de l’amertume ! C’est une preuve que la parole du Seigneur est descendue en eux, et qu’elle y comprime toutes les substances de mensonge ; c’est une preuve que la parole s’est imprégnée elle-même de leurs douleurs jusqu’à en être gonflée ; c’est une preuve qu’ils ont senti les pleurs de la parole de vie qui s’est répandue dans l’âme des prophètes de tous les temps, qui n’a cessé de parler par eux des pleurs des prêtres, des pleurs de la terre d’Israël, des pleurs des voies de Sion, des pleurs du rempart et de la muraille, des pleurs de la récolte de la vigne, des pleurs des habitations des pasteurs, qui s’est transformée en larmes de sang, dans l’oeuvre du Réparateur, qui s’est empressée de recommander à l’homme de laisser librement pleurer la parole en lui, et de pleurer abondamment avec elle, puisque ce n’est qu’ainsi que le péché sortira de lui pour y être remplacé par la joie pure, par le sentiment actif de la liberté de sa nouvelle existence, et par les plus douces et les plus ineffables consolations de la vie. » Nouvel Homme 36

« Souvenez-vous que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’éternel auteur de ce qui est, il faut qu’elle ait en elle, à la fois, toutes les formes capables de contenir toutes les propriétés de cet être infini, selon toutes leurs vertus, actions, et subdivisions, sans quoi ce suprême et majestueux Créateur de tout ce qui existe, ne pourrait pas entièrement et librement habiter en elle. Souvenez-vous alors que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’Eternel, vous n’avez plus un seul mouvement qui doive demeurer en votre possession, puisque le souverain auteur qui a produit ces formes pour lui servir de demeure et qui vient les habiter, doit être le seul à qui en appartienne la disposition ; c’est pourquoi le Réparateur nous a défendu de jurer par notre tête, puisque nous n’en pouvons rendre un seul cheveu blanc ou noir ; car pour jurer par quelque chose, il faut posséder quelque chose; or nous ne possédons rien, pas même notre être puisqu’il n’est que la forme, et le domaine de Dieu. » Nouvel Homme 37

« Je ne dirai pas même, en allant vers vous, comme disait Moïse: A quels signes me reconnaîtront-ils ? Vous me reconnaîtrez à la puissance du Seigneur qui est descendue dans l’âme de l’homme, et qui a fait que nul prophète égal à l’homme ne s’est élevé dans Israël. Vous me reconnaîtrez à ce que tout homme est né pour être triomphant dans son propre royaume, quoiqu’il doive s’attendre à la vérification de cette parole, nul prophète n’est bien reçu dans son pays terrestre. » Nouvel Homme 38

C’est pourquoi cette action du Seigneur ne vient jamais sur l’homme sans exciter en lui de saints frémissements qui, en le purgeant de ses souillures, lui font sentir physiquement combien est effroyable la faiblesse à laquelle il est réduit, tant que l’alliance n’est pas renouvelée, et en même temps, combien est grande la puissance de l’être infini qui embrasse tout, que meut tout, qui pénètre tout, et qui a donné à l’âme humaine le droit de le contempler, et de sentir sa vivante activité. Nouvel Homme 39

Malheur à l’âme humaine qui, après avoir ainsi renouvelé son alliance avec l’esprit, et la parole du Seigneur, ne tremble pas de respect pour la mission dont elle est chargée, et ne remplit pas avec une sainte faveur, toutes les fonctions de son ministère ! Malheur à elle si, ayant obtenu de nouveaux pouvoirs, et des dons plus vastes pour faire descendre plus abondamment sur elle, et dans sa région, les grâces, et les frayeurs de la parole, .et de l’esprit du Seigneur, elle use de ces dons avec des désirs qui ne soient pas ceux de l’esprit même, avec une foi qui ne soit pas celle de l’amour et de la lumière, et avec des facultés qui ne soient pas entièrement, et exclusivement dévouées à l’oeuvre qu’elle doit accomplir sur la terre ! Elle se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur (1ère Corinth. 11:27) ; elle mangera et boira sa propre condamnation, elle deviendra faible et malade, et tombera dans le sommeil. Nouvel Homme 39

Mais ayant commencé à user des droits originels de l’âme humaine (qui étaient de remettre les péchés) par remettre les péchés au paralytique, en récompense de la foi qui l’animait, il voudra encore frapper les yeux matériels des docteurs de la loi par un prodige corporel, et par la guérison matérielle du malade ; et sachant combien les puissances sur l’esprit s’élèvent au-dessus des puissances qui ne tombent que sur le corps, il prouvera la guérison intérieure, ou le pouvoir qu’il a eu de remettre les péchés par la guérison extérieure, puisqu’une puissance moindre est nécessairement comprise dans une puissance supérieure, ce qui nous enseigne combien nos maux sont liés à nos désordres moraux, et que si notre intérieur était mieux réglé, nous aurions infiniment moins d’infirmités corporelles. Pénétré de ces principes, le nouvel homme, ayant délié dans le paralytique les chaînes du péché qui suspendraient l’action de tous ses organes, dira, avec assurance, à ces organes délivrés de leurs entraves : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez en votre maison. Le paralytique se lèvera, emportera son lit, et s’en ira en sa maison au grand étonnement de ceux qui seront les témoins de ce glorieux événement. Nouvel Homme 39

Faites donc ce qui fut recommandé aux disciples du Réparateur. « Dites-vous donc à vous-mêmes dans la lumière de ce qui vous a été dit dans l’obscurité, prêchez en vous sur le haut des maisons ce qui vous aura été dit à l’oreille. Ne craignez point ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme, mais celui qui peut perdre dans l’enfer et le corps et l’âme ; il ne tombe pas un passereau sur la terre, sans la volonté de votre père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. » Nouvel Homme 40

Si par l’examen qu’il en fera, il les trouve non seulement chancelants sur ces bases fondamentales, mais encore disposés à en nier l’existence, et ne s’approchant de lui que par l’esprit du doute, et comme pour l’éloigner lui-même des sentiers de sa foi, et le faire tomber en confusion, il ne leur répondra rien ; ou il leur dira, comme le Réparateur disait aux Juifs qui lui demandaient des prodiges et des miracles : Ils n’en auront point d’autres que celui du prophète Jonas. Parce que ce miracle est visible dans l’âme de l’homme qui est ici-bas emprisonné pendant trois jours élémentaires, pour n’avoir pas voulu remplir sa mission auprès des anciens Ninivites, et que, par conséquent, l’homme a, en lui-même, un miracle suffisant pour être inexcusable de n’avoir pas de foi. Nouvel Homme 42

44. Le vieil homme est tombé sous le joug d’une triple mort, que l’on désigne sous le nom de la mort du corps, la mort de l’âme, et la mort de l’esprit ; mais qui, ayant eu primitivement pour cause, et pour principe, la mort ou l’abolition de ses titres de pensée, parole, et opération de l’Eternel, doit se considérer sous le nom de la mort de son être divin, qui, en effet, est aujourd’hui comme enseveli dans un sépulcre, en comparant sa déplorable situation avec l’état glorieux dont il a joui ; il faut donc que le nouvel homme ait pour tâche de se procurer une triple résurrection, c’est-à-dire, qu’il arrache sa pensée, sa parole, et son action aux ténébreuses régions où elles sont en esclavage, qu’il retienne sa pensée, sa parole, et son action sur le bord du précipice, dans lequel l’ennemi cherche journellement à les entraîner, et qu’il prévienne pour l’avenir la mort de sa pensée, de sa parole, et de son action, dans toutes les circonstances où l’ennemi pourra les menacer. Nouvel Homme 44

Recueillons-nous ici devant Dieu, devant cet éternel principe de toute vie et de toute existence, à qui seul puissent être offerts des hommages mérités, et qui n’appartiennent à aucun être. Recueillons-nous devant lui, dans notre respect, et dans notre admiration de ce qu’il a permis que l’âme de puisse partager ainsi la douceur de son existence divine, et l’administration de ses trésors sanctifiants ; recueillons-nous, dis-je, dans un saint tremblement, afin que notre essence immortelle rassemble ainsi toutes ses puissances pour ne pas recevoir en vain ce sacrement de la parole, et pour qu’elle puisse contenir les eaux de ce fleuve immense que ce sacrement couler en elle. Nouvel Homme 46

Le coeur est assis à la droite de l’âme, c’est lui qui doit l’aider à mettre tous ses ennemis sous ses pieds. L’esprit est à sa gauche, pour l’avertir de l’approche de l’ennemi. Quand il a le bonheur de faire triompher la loi, et de mettre ses ennemis sous ses pieds, alors l’esprit rentre dans la droite, et la droite rentre dans la ligne de l’unité. Le Réparateur qui est le modèle divin du nouvel homme, n’est-il pas annoncé partout comme étant la droite de Dieu ? L’esprit en est la gauche ; il est chargé de veiller contre l’ennemi et de promulguer les jugements de l’intelligence éternelle ; expressions qui n’ont lieu que pour le temps, et sur lesquelles l’homme éclairé ne peut pas faire de méprises ; parce qu’il sait qu’au-dessus du temps tous les noms ne font qu’un seul nom, comme ils n’expriment qu’un seul acte. Mais dans le tableau de cette disposition temporelle des oeuvres divines, le nouvel homme voit pourquoi on nous a dit que notre vie était cachée dans le Réparateur ; c’est que le Réparateur est la vie, et que nous ne vivons que par le coeur, et voilà une raison de plus pourquoi l’homme est à la droite du Seigneur. Nouvel Homme 47

Mais si la parole du Seigneur doit un jour révéler les fondements du monde (psaume 17:16), ne peut-elle pas aussi révéler les fondements de l’âme de l’homme ? Et sans cela le nouvel homme pourrait-il encore avoir de l’espoir ? Il dira donc : « Seigneur ressouvenez-vous de la sagesse de vos desseins lorsque vous avez donné l’existence à l’homme. Ce grand objet de votre antique alliance avec lui, pourriez-vous jamais l’oublier ? Si le sage se ralentit devant vous, c’est en vain qu’il a ouvert les yeux sur les restes de l’oeuvre ; il devient l’objet des larmes des prophètes qui le comparent aux lâches serviteurs ; car il ne peut plus chanter les cantiques de la paix et du bonheur, ces cantiques que l’oreille de la sagesse aime à entendre. » Nouvel Homme 48

Le nouvel homme l’entend au fond de lui-même ce cantique qui charme l’oreille de la sagesse : « C’est d’en haut que viendra ma force, c’est d’en haut que j’attendrai la lumière ; le poids de la puissance du Seigneur précipite tous les ennemis dans l’abîme, parce que sa puissance contraint l’âme humaine de développer la sienne à son tour, et que la puissance de l’âme humaine est comme un retranchement autour de l’année du Seigneur. » Nouvel Homme 48

Vous disiez au peuple choisi : « Mais un jour tous ceux qui vous dévorent seront dévorés ; tous vos ennemis seront emmenés captifs, ceux qui vous détruisent seront détruits ; et j’abandonnerai au pillage tous ceux qui vous pillent ». Si vous avez promis de traiter favorablement votre peuple et son temple qui n’étaient à vos yeux qu’un peuple temporel, et qu’un temple figuratif ; si vous avez promis de faire revenir les captifs qui habitaient dans les tentes de Jacob, et d’avoir compassion de ses maisons ; si vous avez dit : la ville sera rebâtie sur sa montagne et le temple sera fondé de nouveau comme il était auparavant, quel espoir ne doit donc point avoir l’âme de l’homme qui est votre véritable peuple et votre véritable temple ?… Aussi j’attendrai sans inquiétude, et rempli de foi comme David (ps. 44:4) que, vous qui êtes le très puissant, vous ceigniez votre épée sur votre cuisse, que vous vous signaliez par votre gloire et votre majesté. Nouvel Homme 55

Il lui dira : Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération et les oeuvres de mes mains, et que mes mains ne deviennent comme gonflées par l’abondance de la justice, et par le zèle de votre service ; je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération intérieure de mon désir et de mon amour, et qu’ils ne deviennent semblables à votre désir et à votre amour. Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration mon intelligence, et ma conception, et que vous ne les rendiez propres à recevoir dans leur pureté les vifs rayons de votre lumière, et de votre vérité, parce que vous avez fait l’âme de l’homme pour être votre voie et votre organe ; et que toute souillée, et tout impure qu’elle puisse être, vous ne dédaignez pas de vous plonger dans ses souillures pour la purifier, et afin qu’après avoir passé en elle dans votre humiliation et votre souffrance, vous y passiez dans votre joie et dans votre gloire. Nouvel Homme 55

Il leur apprend que si l’âme de l’homme est dépositaire des sept puissances sacramentelles qui sont les canaux de la vie de l’esprit, elle l’est aussi des dix sources de cette même vie spirituelle qui ne peut couler dans ces canaux de l’esprit qu’après être sortie de la fontaine éternelle à laquelle l’âme de l’homme est unie par une alliance indissoluble. Nouvel Homme 57

A l’instar du Réparateur, le nouvel homme va entrer dans son propre temple, en chasser à coups de fouets les changeurs et les vendeurs de colombes, en leur reprochant que de la maison de son père qui était une maison de prière, ils ont fait une caverne de voleurs. Si les princes des prêtres, les docteurs de la loi, et les sénateurs lui demandent par quelle autorité il fait ces choses, il ne leur répondra point, parce qu’ils ne peuvent pas dire si le baptême de Jean était des hommes, où s’il était du ciel ; parce qu’ils ne connaissent point l’union de l’âme humaine avec l’esprit du Seigneur, qui fait que le baptême de Jean tenait à la fois à ces deux mondes, et par là était l’image de l’autorité du Réparateur qui provenait aussi de la réunion des puissances de ces deux mondes. Nouvel Homme 57

Car les docteurs de la loi sont trop ténébreux pour apercevoir ce concours, et l’âme humaine n’est pour eux qu’un instrument passif, semblable en tout aux êtres inanimés, et sans une action qui leur soit propre, et qui puisse, par analogie, s’unir à l’action de la Divinité. Aussi ne manqueront-ils pas de chercher à se saisir du nouvel homme qui, par toutes ses réponses, les fera sans cesse tomber en confusion ; mais comme ils appréhendent le peuple, ils enverront vers ce nouvel homme, des personnes qui contreferont les gens de bien, pour lui tendre des pièges, et le surprendre dans les paroles, afin de le livrer au magistrat, et au pouvoir du gouverneur. Nouvel Homme 57

Ils lui demanderont donc s’il leur est permis ou non, de payer le tribut à César. Mais le nouvel homme, voyant leur malice, leur dira : « Pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi un denier. De qui est l’image et l’inscription qu’il porte ? De César ? Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », réponse qui les rendra muets, et honteux, sans qu’ils percent cependant dans toute la profondeur qu’elle renferme ; car de même qu’ils n’ont pas pu dire si le baptême de Jean était des hommes ou s’il était du ciel, attendu qu’ils ne connaissent point les rapports de l’âme humaine avec Dieu, de même ils ne verront pas pourquoi ils doivent rendre à Dieu le tribut qui appartient à Dieu, puisqu’ils ignorent que le tribut n’est dû à Dieu que parce que l’âme humaine porte l’image de ce suprême souverain, comme le denier portait l’image et l’inscription de César. Nouvel Homme 57

60. La fête des pains sans levain approche ; cette fête annonce au nouvel homme une nourriture qui n’est point sujette à la fermentation et à la corruption de la matière. Or, comme cette fête se nomme le passage ; et comme c’est au passage de la renaissance spirituelle que se trouvent les plus grands dangers pour l’âme humaine, c’est aussi le moment de ce passage que choisissent les princes des prêtres et les docteurs de la loi, pour se saisir de la personne du nouvel homme, et où son ennemi s’offre à eux pour le leur livrer moyennant le prix dont ils conviennent ensemble, et qui remplit de joie ces princes des prêtres et les capitaines, parce qu’ils craignent le peuple, et ne peuvent employer que des ruses et des trahisons… Nouvel Homme 60

Il attend l’heure favorable pour venir opérer dans l’âme ce salutaire sacrifice, parce que son amour pour nous l’a engagé même à s’assujettir à la loi des heures ; mais quand cette heure est arrivée, il se met à table avec nous, et il nous dit : « J’ai souhaité avec ardeur manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous déclare que je n’en mangerai plus désormais jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » Parce qu’après la consommation du grand sacrifice du Réparateur, il fallait encore un temps pour la ratification, et pour que les fruits de ce sacrifice parvinssent à leur terme. Nouvel Homme 60

C’est pourquoi le nouvel homme n’aurait pas été régénéré si le Réparateur ne s’était pas fait homme, parce que sans cela les voies de notre sang n’auraient jamais été ouvertes, et ce sang n’aurait jamais pu couler, malgré la mort corporelle que nous subissons tous les jours, et malgré tous les massacres de la terre. C’est aussi par ce moyen qu’il a fait de l’âme des hommes un agneau pascal semblable à lui ; et que cet agneau doit être immolé dans chacun d’eux, pour en faire autant de nouveaux hommes, comme il a dû être immolé lui-même pour le renouvellement, et la régénération de toute l’espèce humaine. Nouvel Homme 60

Je vous ai dit ceci afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit pleine et parfaite. Si le nouvel homme nous communique la joie dont il est rempli, et qu’il puise sans interruption dans la joie de son père, notre joie sera pleine et parfaite, parce qu’elle sera le fruit divin de la vie éternelle, lequel fruit ne peut manifester sa maturité et toute la douceur de ses sucs si salutaires, que quand il est parvenu jusque dans l’âme de l’homme, et qu’il en a tellement vivifié et pénétré toutes les facultés, qu’elles soient devenues à leur tour des arbres superbes et fertiles, à l’imitation de cet arbre dont elles doivent être les représentants sur la terre. Nouvel Homme 62

Le nouvel homme sachant donc que le monde ne le peut connaître, loin de se montrer au monde après sa résurrection, ne se montrera même d’abord que par les deux précurseurs qui l’ont assisté lors de sa glorification ; ils ne cesseront point de se joindre à son oeuvre, pendant et après sa résurrection, pour instruire l’âme simple et aimante qui sera dans la consternation, dans l’attente de sa venue, et qui, saisie de frayeur, tiendra les yeux baissés contre terre, « parce que ces deux précurseurs lui seront apparus tout d’un coup, avec des robes brillantes. » Ces précurseurs diront donc à cet ami : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité ; souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Nouvel Homme 69

Mais ce nouvel homme, ce fils de l’esprit, et de la sagesse éternelle, ce fils divin que l’âme humaine a le pouvoir d’engendrer, et par la naissance duquel elle doit se sauver, comme ses femmes qui, selon Paul à Timothée, se sauveront par les enfants qu’elles mettront au monde, ce nouvel homme, dis-je, sera bien plus empressé de régner sur l’âme humaine par son amour, que par des prodiges. Nouvel Homme 69

Tu apprendras à évaluer cette semence précieuse dont il a formé l’âme humaine, et qui lui est si chère, que malgré ses ingratitudes, il ne peut détourner les yeux de dessus elle. Nouvel Homme 70