N’oublie pas qu’il y a deux portes dans le coeur de l’homme ; l’une inférieure, et par laquelle il peut donner à l’ennemi l’accès à la lumière élémentaire, dont il ne peut jouir que par cette voie ; l’autre, supérieure, et par laquelle il peut donner à l’esprit renfermé avec lui l’accès à la lumière divine qui ne peut ici-bas lui être communiquée que par ce canal. Si au lieu d’ouvrir la porte supérieure pour la consolation de l’ami qui est renfermé avec toi dans ta prison, tu ouvres la porte inférieure, et que tu donnes accès en toi à ton adversaire, tu deviens un champ de bataille où ton ami fidèle, déjà en privation par sa charité pour toi, est encore exposé tantôt à un combat cruel, tantôt à des attaques déchirantes, quand il voit que tu te déclares aussi contre lui, et toujours à une situation lamentable par l’horrible voisinage que tu lui as procuré, et par la malheureuse nécessité où il est par ta négligence, ou par tes crimes, de demeurer auprès de son ennemi, et du tien, de se trouver renfermé dans la même enceinte, de le voir journellement te corrompre par son infection, et d’être obligé de respirer ces influences pestilentielles. Nouvel Homme 33
Car, c’est là la tâche qui nous reste à remplir depuis que la faiblesse de l’homme primitif a laissé pénétrer l’iniquité dans nos domaines ; lorsqu’il mangea de l’arbre de la science du bien et du mal, il rassembla, près l’un de l’autre, son être qui habitait dans la lumière, et son adversaire qui habitait dans les ténèbres ; c’était cette réunion monstrueuse que la sagesse divine voulait empêcher, en le prévenant de ne point manger de cet arbre de la science du bien et du mal, qui devait lui donner la mort ; c’est donc la rupture d’une pareille association que nous devons opérer aujourd’hui, si nous voulons nous mettre en état de manger des fruits de l’arbre de vie, sans commettre la plus abominable des profanations. Nouvel Homme 33
Mais l’adversaire, par les conseils de qui nous sommes tombés de ce poste sublime, n’oublie rien de ce qui peut nous empêcher d’y remonter, et de nous spiritualiser d’une manière assez caractéristique pour devenir un des signes du Seigneur. Aussi voyons-nous que la tâche la plus consolante de cet adversaire est de s’opposer à ce que les hommes deviennent des indices constants et significatifs de la vérité ; et il a soin que cette région illusoire sur laquelle il règne, n’ait pour caractère dominant que le vague, l’incertitude, et le néant. Bien plus ; il s’efforce encore davantage de transformer tous les hommes en autant de signes caractéristiques du mensonge, des ténèbres et de l’iniquité. Nouvel Homme 54