Abraham

Ce qui arriva à Abraham lors du sacrifice des animaux divisés en deux ; ce qui arriva à Aaron au bout des huit jours de sa consécration ; ce qui arriva à David dans l’aire d’Ornan, ce qui arrivait dans le temple après les sacrifices des grands prêtres, nous indique assez quel objet et quel pouvoir avaient les sacrifices vraiment sacrés et opérés par les élus du Seigneur, qui exerçaient alors, selon les mesures convenables à ces époques, le ministère de l’Homme-Esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Or, la circoncision ne pouvait servir de base à ce désir ou à la foi, puisqu’elle s’opérait dans les premiers jours de la naissance ; et elle ne fut opérée sur Abraham, dans son âge fait, que parce que ce patriarche n’aurait pas été choisi enfant pour être le chef de la race élue, et qu’en outre il devait entrer librement dans l’alliance. Aussi, il ne fit par là que représenter les premiers degrés de sa réconciliation. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

C’est sous Abraham que nous entendons parler pour la première fois de la circoncision dans l’Écriture ; et c’est par là que le Seigneur confirme son alliance avec lui et avec sa postérité. Dans quelles circonstances cette circoncision est-elle ordonnée par le Seigneur ? C’est au moment où il donne à Abraham un autre nom, ainsi qu’à sa femme, en ajoutant au leur une seule lettre de ce nom sacré sous lequel il s’est fait connaître la première fois à Moïse. C’est à son âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, c’est au moment où il vient de faire alliance avec lui dans le sacrifice, et où il lui promet la possession de la terre de Chanaan ; enfin, c’est au moment où il se choisit pour la première fois un peuple, dans lequel doivent être bénies toutes les générations. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Tous ces points rassemblés nous montrent de nouveau que la circoncision avait une vertu initiatrice à tous les biens que Dieu destinait à son peuple, et que toutes ces promesses auraient été nulles, s’il ne lui eût ouvert cette voie à leur accomplissement. Abraham reçut cependant des faveurs divines avant cette cérémonie, puisqu’il fut tiré de son pays où l’iniquité s’était introduite, puisqu’il dressa des autels au Seigneur à Bethel, et à Mambré, et qu’il invoqua son nom, puisqu’il fut béni par Melchisédec, puisque dans le sacrifice sanglant qu’il offrit par ordre de Dieu, il reçut des témoignages évidents de la présence de l’esprit ; mais cela ne contredit en rien tous les principes qui ont été établis. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Abraham était l’élu du Seigneur, quoiqu’il eût pris naissance parmi des idolâtres, et quoique quelques-uns l’accusent d’avoir lui-même fait le commerce des idoles. Son coeur avait pu se conserver pur, quoique son esprit fût livré aux ténèbres qui couvraient celui de ses contemporains. Ainsi les faveurs divines pouvaient trouver accès chez lui, sans le moyen secondaire de la circoncision. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

D’ailleurs il faut distinguer essentiellement les voies employées pour manifester une élection de la part de Dieu, et les voies employées pour conduire cette élection à son terme. Nous les verrons perpétuellement faire deux classes dans toutes les élections et époques subséquentes ; et nous en avons la preuve la plus positive dans l’élection d’Abraham, puisque malgré toutes les faveurs dont nous avons vu qu’il fut l’objet avant sa circoncision, ce n’est cependant que depuis cette loi accomplie sur lui et sur toute sa maison, qu’il reçoit trois anges pour hôtes, que le temps est fixé clairement pour la naissance d’Isaac, et qu’enfin au bout d’un an il reçoit ce fils de la promesse, par lequel l’alliance commencée dans Abraham devait s’accomplir et se réaliser. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Le moment où cette loi reparaît est remarquable par sa conformité avec ce qui s’était passé sous Abraham. C’est après que Moïse a vu le buisson ardent, et qu’il a reçu de Dieu la promesse que le peuple serait délivré ; c’est après avoir été choisi lui-même pour être l’instrument de cette délivrance, et après avoir reçu les signes les plus extraordinaires de sa mission, que la vengeance divine est prête à tomber sur son fils, et que cette vengeance n’est arrêtée que par la soumission de Ziphora ; enfin, c’est au moment où Moïse retourne en Égypte pour commencer sa mission, que cette cérémonie s’accomplit sur son fils. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Ce rapprochement nous indique assez clairement que cette cérémonie devait servir d’initiation aux fruits de la promesse de la délivrance, comme elle en avait servi sous Abraham aux fruits de l’élection, et que les uns et les autres ne pouvaient se cueillir sans l’effusion du sang ; il ne faut même pas s’arrêter à cette différence, qu’ici c’est le sang du fils de l’élu qui est versé, et non le sang de l’élu lui-même. Quoique les deux individus soient distincts, on peut regarder leur sang comme ne faisant qu’un ; et d’ailleurs sous ce voile apparent, il y a mille rapports avec plusieurs autres vérités que des yeux perçants découvriront sans peine. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Ainsi, sans que j’expose moi-même ces vérités à leurs regards, ils y verront une époque médiane, une double circoncision, une commémoration du sacrifice du fils d’Abraham, et une prophétie d’un autre sacrifice dont il n’est pas encore temps de nous occuper ici. Il faut donc nous en tenir à faire remarquer que cette élection de Moïse et la circoncision qui l’accompagne, ayant pour objet les prémices des fruits vifs de la promesse faite à Abraham lors de son alliance avec Dieu, se lient assez naturellement avec la seconde époque ou la seconde fête des Hébreux, où la terre rendait ses premiers fruits et où le peuple reçut les prémices de l’esprit qui sont la loi ; parce qu’il ne faut jamais oublier dans ces rapprochements, que chaque trinaire d’époques fait un cercle, et que le cercle qui précède, est toujours d’un degré moins élevé que le cercle qui le suit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

En nous disant que la mesure des iniquités des Amorréens n’était pas encore remplie, l’Écriture nous donne bien une espèce de raison pourquoi Abraham ne reçut pas la loi, mais on peut en trouver une plus directe ; c’est que la loi qui devait être donnée, devait tomber sur un peuple, et non pas sur un individu, comme au temps d’Adam, et que ce peuple n’était pas encore né. Elle devait tomber sur un peuple, puisque c’étaient les peuples qui s’étaient pervertis et écartés de la loi ; puisque ces cérémonies de la loi demandaient un grand nombre de ministres ; puisque cette loi devait s’appuyer sur le nombre perdu ou sur l’ancien dénombrement des nations, pour le leur rendre ; et enfin, puisqu’il fallait à cette loi un réceptacle, qui, par ses subdivisions, pût se lier à toutes les branches de la loi, tandis que toutes ces branches avaient été rassemblées en un seul tronc lorsqu’elles furent données à Adam, qui est corporellement la racine et le tronc du genre humain. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

L’élection faite dans Abraham ne put atteindre à son accomplissement que quand les douze enfants de Jacob eurent pu présenter par leur nombre un réceptacle susceptible de recevoir l’action réparatrice qui correspondait à ce nombre. Et même les enfants de Jacob ne reçurent encore que le principe de cette action dans les bénédictions de leur père, et ce ne fut qu’à Sinaï que les douze tribus reçurent le développement de cette loi qui leur était nécessaire, et dont leurs ancêtres avaient reçu les prémices. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Abraham versa son sang par la circoncision, pour signe de son alliance avec Dieu, et comme témoignage de son élection ; mais il ne versa point le principe même de ce sang où réside la vie animale, et nous pouvons nous dispenser de rien ajouter à ce que nous avons dit précédemment de ce patriarche. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Quand la grande époque du salut fut arrivée, le véritable esprit des sacrifices acquit encore plus d’extension ; il ne se borna plus, comme au premier âge de l’esprit, à l’avantage d’un peuple particulier ; il ne se borna pas même à de simples avertissements pour les autres peuples, comme au temps des prophètes ; mais il embrassa toute la famille humaine, en attirant tout à lui pour l’accomplissement de la promesse faite à Abraham, que tous les peuples seraient bénis en lui. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Lisez le 41ème chapitre d’Isaïe, à commencer du verset 8, et vous verrez que non seulement Dieu a donné le nom de son ami à Abraham, mais qu’en raison de ce beau nom, il l’a comblé de soins et de toutes les faveurs de son amitié. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.