8. Quand l’homme prie avec constance, avec foi, et qu’il cherche à se purifier dans la soif active de la pénitence, il peut lui arriver de s’entendre dire intérieurement ce que le réparateur dit à Céphas : tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Cette opération de l’esprit dans l’homme nous apprend qu’elle est la dignité de l’âme humaine, puisque Dieu ne craint point de la prendre pour la pierre fondamentale de son temple ; elle nous apprend combien nous devons nous nourrir de douces espérances, puisque cette élection nous met à couvert des puissances du temps, et plus encore des puissances des ténèbres et des abîmes ; elle nous apprend enfin ce que c’est que la véritable église, et que, par conséquent, nulle part, il n’y a d’église où cette opération invisible de l’esprit ne se trouve pas. Nouvel Homme 8
10. Le moment de la naissance est arrivé. Les puissances supérieures après avoir formé en nous par l’esprit la conception de notre fils spirituel, ont décrété selon leur sagesse que le moment est venu de lui donner le jour. Nous allons donc sortir de ces abîmes dans lesquels nous avons séjourné, dans lesquels, le saint par excellence n’a pas craint de descendre lui-même, et dans lesquels il ne craint pas de descendre tous les jours pour en arracher les victimes, et pour libérer les esclaves ; nous allons recevoir dans la nouvelle atmosphère où nous arrivons, des affections plus vives et plus douces que celles de cette région ténébreuse d’où nous sortons et qui dès lors est censée morte pour nous. Nouvel Homme 10
Défie-toi donc, homme, de ces lumières précoces qui t’arrivent sur la nature de l’être qui veut te gouverner à ton insu. Il est le Dieu inconnu, il veut planer sur toi, comme le soleil plane sur les humbles plantes, et lorsqu’il te viendra de ces rayons brillants qui ont tant de pouvoir pour nous éblouir, dis-leur : vous me ravissez, vous m’éclairez, mais dès que je vous vois, vous n’êtes point mon Dieu, vous n’en êtes que les images. Mon Dieu est encore au-dessus de vous, parce que son action doit être éternellement une surprise et un miracle pour moi, sans quoi je ne serais pas son fils. Dis-leur que tu veux rester constamment et exclusivement dans la main de ce Dieu inconnu qui t’approche secrètement, et te soulève pour te faire voguer en sûreté au-dessus des abîmes, et te remplir par là de plus de joies et de consolations que si tous les trésors des cieux étaient ouverts devant tes regards. Car voilà la véritable renaissance ; voilà ce fils chéri qui vient de recevoir le jour. Nouvel Homme 10
Et toi, homme, ne t’offense point de te voir naître dans une étable et parmi des animaux, tu ne nais que dans l’humiliation, tandis qu’auparavant tu existais dans des abîmes. Ces animaux vont faire pour toi, ce que tu aurais dû faire pour eux si tu eusses conservé tes droits ; ils vont te réchauffer de leur haleine, comme tu aurais dû les réchauffer de ton esprit, et leur conserver par là leur caractère, et leurs formes primitives. Car c’est aujourd’hui ta forme qui te préserve, au lieu qu’autrefois tu aurais dû préserver ta forme. Tu iras bientôt au temple pour y recevoir la circoncision, et Siméon chantera le cantique de joie en te prenant dans ses bras et en disant que tu es un enfant né pour le salut et pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 10
L’homme est tranquille au milieu des abîmes qui l’environnent ; il oublie que ses ennemis sont si redoutables, qu’il ne peut pas abattre le moindre degré de leur puissance, qu’autant que la force Divine, elle-même, se met en mouvement, et sans qu’il n’en coûte à Dieu, une opération, et un acte réel de sa force et de son action entière. L’ennemi ne l’ignore pas cette vérité ; aussi, il ne remue pas tant que nous ne mettons en jeu que nos puissances inférieures et particulières à l’homme ténébreux ; et un de ses grands secrets, c’est d’abuser les mortels par d’apparents succès fondés sur des prières faibles et illusoires, qui les font dormir dans le sommeil de la mort ; c’est par là qu’il dévore journellement toute la terre. Nouvel Homme 12
Rappelle-toi maintenant que ta parole étant l’image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son effet que cette parole divine elle-même dont tu es l’image. Rappelle-toi que lorsque tu as prononcé un décret contre l’ennemi avec toute la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu sais accompagner ta résolution de toute l’opiniâtreté de la constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s’étendre, et s’augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance, cette même opiniâtreté de constance qui n’est autre chose que le vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de ton oeuvre, et dans les autres régions de ta circonférence. Nouvel Homme 16
Mais si l’on se met aussitôt en devoir de la déconcerter dans ses projets, elle fuit sur le champ dans ses abîmes, ou bien sa forme s’altère, varie, et se décompose, le tout plus ou moins promptement, et avec plus ou moins de différences, selon que nous mettons plus ou moins de forces, de promptitude, et de vivacité à nous opposer à ses entreprises. Nouvel Homme 20
Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20
Cependant quelles sont les vues qu’elle a sur nous, c’est de nous appeler, et de nous faire relever du milieu des morts, c’est de nous délivrer de la fange, et de l’infection dans laquelle nous sommes étendus, c’est de nous rendre assez lumineux par le feu de son esprit, pour que nous puissions, les uns et les autres, nous servir de guides, et de points de ralliement dans nos abîmes, et nous arracher ensemble par sa divine puissance, à ce séjour sépulcral dans lequel nous ne sommes autre chose que de vrais cadavres. Nouvel Homme 31
Juge donc ce que ce serait, si après avoir laissé introduire en toi cet ennemi de toute vérité, tu ouvrais ensuite la porte supérieure de ton être, et que la vérité elle-même fût dans le cas d’y descendre en raison de sa pente naturelle ! Détournons les yeux de ce tableau, ou du moins ne le contemplons qu’autant qu’il nous sera utile et nécessaire pour appeler en nous une plus grande force que celle qui nous reste, après les torts considérables que nous aurions déjà eus envers notre fidèle ami ; appelons cette force supérieure pour qu’elle vienne se joindre à celle de cet ami fidèle, et à la nôtre, afin que cette triple puissance tombe comme une foudre sur le déprédateur, et le funeste ennemi que nous avons laissé entrer en nous, afin qu’elle le fasse rentrer dans ses abîmes, et qu’elle referme ensuite sur lui d’une manière sûre cette porte inférieure que nous n’aurions jamais dû lui ouvrir. Nouvel Homme 33
Voilà en effet quelle est l’oeuvre du nouvel homme pendant son séjour dans le désert, c’est d’obtenir d’en haut une clef puissante pour lier l’ennemi dans ses cavernes ténébreuses, c’est de séparer le pur de l’impur, comme il avait été recommandé aux Hébreux, c’est de rendre la respiration de l’air céleste et divin à cet ami fidèle, à qui le premier homme fait continuellement respirer un air infect depuis le crime ; enfin, c’est d’arracher des mains de l’ennemi les portions des trésors divins, et les étincelles de la vérité même que nous lui avons laissé quelquefois dérober, en ouvrant si imprudemment notre porte supérieure, sans avoir pris la précaution de chasser l’ennemi dans ses abîmes, et de fermer soigneusement sur lui la porte inférieure. Nouvel Homme 33
Je le répète, ce dernier tableau serait trop affligeant et trop désespérant pour ceux qui n’auraient pas acquis les yeux, l’âge et la force du nouvel homme ; et ils ne pourraient considérer, sans danger, les horribles prostitutions auxquelles les fruits de l’arbre de vie ont été exposés par l’iniquité des mortels ; mais c’est à l’expiation et l’abolition de ces prostitutions que le nouvel homme est particulièrement occupé ; voilà pourquoi il ne peut plus jouir d’un seul moment de repos, puisque l’ennemi, non seulement se défend sans cesse et craint de rentrer dans ses abîmes, mais cherche au contraire à faire ouvrir, quand il le peut, la porte supérieure du coeur de l’homme, afin de multiplier de plus en plus les abominations qui doivent finir par inonder la terre, comme elles l’ont inondée avant le déluge. Nouvel Homme 33
Or, quelle est cette foi tant recommandée par le Réparateur ? C’est celle qui s’est développée dans le nouvel homme, c’est celle qui repose sur le sentiment de la sainteté et de la force de son être, quand par sa fidélité aux mouvements secrets que nous recevons tous, il aura obtenu que la main bienfaisante de la sagesse vienne le délivrer de ses ténèbres, et rompre ses chaînes, pour lui faire connaître les régions de la vie et de la lumière qui sont en lui, et qui étaient seulement enveloppées de nuages. Mais de même qu’un seul rayon du soleil qui perce au travers des nuages suffit pour dissiper l’obscurité, de même le moindre rayon de notre être qui peut sortir de ses gouffres et de ses abîmes est suffisant pour nous éclairer sur l’étendue de nos possessions, pour découvrir à nos yeux tous les plans des ennemis qui sont sans cesse occupés à ravager notre terre, et pour nous donner la force de renverser tous leurs projets. Voilà pourquoi le Réparateur disait à ses disciples que s’ils avaient de la foi gros comme un grain de sénevé, ils diraient à une montagne de se jeter dans la mer, et elle s’y jetterait ; ce serait le combat de la vie contre la mort ; il ne serait donc pas étonnant que la mort eût tous les désavantages, et que la vie eût tous les triomphes. Nouvel Homme 42
La troisième résurrection sera celle qu’il opérera d’avance sur celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui, à l’avenir, pourraient être exposées aux attaques de l’ennemi, et qu’il voudrait essayer de corrompre afin de les engloutir avec lui dans ses abîmes, parce qu’il ne suffira pas au nouvel homme de n’embrasser que les époques passées, et présentes, dans la manifestation de sa puissance, et de sa sagesse ; il lui faudra embrasser même les époques qui ne sont pas encore, puisque tel est le plus grand privilège de l’esprit ; aussi travaillera-t-il sans relâche pour obtenir que la main suprême l’environne, le soutienne, et le protège de manière à ce que l’ennemi ne puisse plus désormais avoir sur lui aucun empire, et il y parviendra lorsqu’il aura subjugué tout ce qui est en lui, et qu’il pourra dire de lui, ce que le Réparateur disait de la corruption extérieure : J’ai vaincu le monde. Nouvel Homme 44
Plein de cette salutaire persuasion, le nouvel homme quand il sera faible et fatigué, dira à l’esprit : apposez une de vos forces sur ma faiblesse, et elle la fortifiera. Quand il sera lâche et froid, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances ardentes sur ma froideur, et elle la réchauffera. Quand il sera emporté par son ardeur impétueuse il dira à l’esprit : apposez une de vos substances calmes sur mon impétuosité, et elle la tempérera. Quand il sera dans les ténèbres, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances lumineuses sur mon obscurité, et elle l’éclairera. Quand il sera ébloui par la lumière, il dira à l’esprit : apposez sur mes yeux une de vos substances intermédiaires, et je ne craindrai plus de perdre la vue ; quand il sera environné de ses ennemis, il dira à l’esprit, mettez entre eux et moi un de vos boucliers, et je serai à l’abri de toutes leurs attaques. Quand il se sentira comme suspendu par un fil au-dessus des abîmes, il dira à l’esprit : étendez jusqu’à moi une de vos mains, et je marcherai sur ces abîmes comme sur le plus ferme terrain. Nouvel Homme 45
Hommes de Dieu, consolez-moi, consolez-moi, mon coeur est gonflé d’affliction, consolez-moi, il est plein de douleurs comme le coeur des prophètes ; car il embrasse la vaste étendue du crime, et les abîmes s’entrouvent devant moi. J’y vois les victimes qui y sont immolées journellement sur l’autel de l’iniquité ; j’y vois ces infâmes sacrificateurs égorger eux-mêmes les victimes malheureuses qu’ils ont séduites sous l’appât des plus grands triomphes, et des plus douces consolations. J’y vois les satellites de ces sacrificateurs parcourir tous les sentiers de la terre pour surprendre de nouvelles proies, et les entraîner dans la caverne du lion féroce, et je ne vois personne qui les défende, et qui les arrache à la mort. Hommes de Dieu, que ce soient vos pleurs qui coulent dans toutes mes veines en place de mon sang. Donnez-moi votre force, et j’irai prendre tous ces prophètes de mensonge qui s’emparent de l’esprit des rois d’Israël, et comme Elie sacrifia les faux prophètes de Baal et d’Astarté, je les précipiterai dans le torrent de Cison. Je foulerai aux pieds ces habitants d’Edom ; je les foulerai comme dans un pressoir, et leur sang rejaillira sur mes vêtements, et rougira les bords de ma robe (Isaïe 63). Nouvel Homme 53
Consolez-vous hommes de paix, vous n’êtes pas non plus séparés de ceux de vos frères qui habitent une atmosphère pure ; la mort ne sépare que le méchant ; c’est à lui d’attendre que l’on vienne lui apporter des secours ; parce qu’en lui ôtant son enveloppe de mensonge, on lui a ôté ce qui était tout pour lui. Souvenez-vous de la parabole du mauvais riche ; il aurait désiré que Lazare eût pu seulement tremper son doigt dans ses abîmes, pour en tempérer l’ardeur dévorante, et cette consolation lui est refusée. Mais l’homme juste n’est jamais un instant sans que le doigt de Dieu ne se trempe dans son atmosphère ; aussi, tel que l’épi au milieu du champ il voit sans sourciller la faux du moissonneur tout renverser autour de lui, et s’approcher pour le renverser à son tour ; il sait qu’en quittant cette terre il entre dans l’atmosphère de la pureté, et que là, des yeux plus perçants encore que ceux de l’impie, le visiteront avec vigilance pour le préserver, et l’aider à son insu. Nouvel Homme 55
Or, c’est là où nous concevons le prix de l’amour qui avait bien voulu venir s’ensevelir avec nous dans nos abîmes, afin de nous saisir, et de nous en arracher avec lui. Nous sentons, dis-je, alors l’immensité de cet amour, par l’immensité des souffrances que nous éprouvons, et qu’il ne craint pas de partager avec nous ; souffrances que nous ne pouvons pas évaluer avant l’opération de notre renaissance ; parce qu’avant ce moment, nous ne savons comment l’action divine est venue nous pénétrer, et si elle n’agit pas secrètement en nous par le pouvoir des droits éternels qu’elle a de pénétrer toutes les substances, et de tout remplir, et cela cependant en concours avec cette vie immortelle, innée dans notre être, et qui s’y conserve dans l’ombre, et le 1e silence, jusqu’au moment où elle reçoit l’ordre, et la puissance du maître. Nouvel Homme 58
« Tâchez au contraire de surpasser encore s’il est possible les vierges sages de l’Evangile, et de procurer par vos travaux et vos efforts une suffisante provision d’huile aux vierges folles pour qu’elles soient admises aux noces de l’époux avec vous ; car c’est là le dernier terme de la charité, puisque c’est celle que l’esprit même exerce à votre égard, n’ayant pas craint de pénétrer dans tous les abîmes de votre existence pour venir partager son huile avec vous, et rétablir par là la perfection de ce nombre de dix talents que vous aviez altérés dans l’origine, et que la sagesse suprême désire si ardemment revoir briller dans sa justesse, et dans toute sa vertu. » Nouvel Homme 59
« Je vous ai dit ceci demeurant encore avec vous. Mais le consolateur qui est le Saint-Esprit que mon père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. » Ce nouveau consolateur qui nous est annoncé, est le même que celui qui est déjà né dans le nouvel homme ; mais la différence qu’il y a entre l’un et l’autre, c’est que le premier est né en nous dans l’amertume et dans la douleur, et que le second y doit naître dans la jubilation, ce qui ne peut arriver qu’autant qu’il réalise et effectue en nous physiquement toutes ces consolations, tous ces développements, toutes ces vertus, toutes ces lumières qu’il n’avait fait que nous annoncer pendant le travail pénible de son oeuvre, et pendant le séjour qu’il a bien voulu faire dans nos ténèbres, et dans nos abîmes ; et c’est alors qu’il nous fait ressouvenir lui-même de tout ce qu’il nous a dit d’avance. Nouvel Homme 61
Porte des yeux intelligents sur tous ces faits que le Réparateur a présentés à ta pensée. Pour quel objet était venu ce Réparateur ? N’était-ce pas pour sauver le coupable ? N’était-ce pas pour délivrer l’esclave ? N’était-ce pas pour arracher ta parole aux abîmes qui la retenaient renfermée ? Eût-ce été pour se délivrer lui-même, puisqu’il n’était point sous la loi du péché ? Nouvel Homme 65
C’est donc à toi, nouvel homme, de puiser ici les instructions salutaires que cette marche du Réparateur a présentées à ton intelligence ; suspends en toi-même toutes tes puissances spirituelles d’empire et d’autorité, pour ne mettre en oeuvre que tes puissances de résignation ; immole sans cesse dans toi l’homme innocent pour la délivrance de l’homme coupable, ou du Barabbas que tu portes dans ton sein. Enfin livre courageusement l’homme illusoire et passager aux mains de tes ennemis ; ils seront eux-mêmes les victimes des maux qu’ils lui feront souffrir ; son sang retombera sur eux et sur leurs enfants ; parce qu’en exerçant leur rage sur l’homme illusoire et passager, ils ouvriront la voie à l’homme réel et régénéré dans la vie, et c’est cet homme réel et régénéré dans la vie qui les couvrira de honte, et les précipitera dans les abîmes. Nouvel Homme 65
68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68
Voyons-le donc ce juge terrible descendre dans ses propres abîmes, voyons-le interroger successivement toutes les facultés qui le constituent, condamner à une exclusion absolue celles qui seront réfractaires à sa parole, et qui ne voudront pas profiter des grâces qu’il leur apporte ; voyons-le imprimer sur ces facultés réfractaires, l’impression de l’effroi, et de la terreur, comme étant armé de tous les pouvoirs de la vengeance ; voyons-le condamner à des suspensions, et à de nouvelles épreuves celles qui, sans être incrédules, auront été chancelantes, et auront différé de se renouveler dans l’esprit ; voyons-le exécuter lui-même tous ses jugements, rassembler autour de lui toutes les iniquités, et toutes les prévarications que le vieil homme a commises, et prononcer sur chacune d’elles, un arrêt sévère, et rigoureux, sans pouvoir se permettre d’user envers elles de la plus légère indulgence, sans quoi il ne remplirait pas sa mission, et mériterait d’être traité lui-même comme un serviteur infidèle. Nouvel Homme 68
69. Quand le nouvel homme aura ainsi prononcé le jugement au fond de ses propres abîmes, qu’il aura condamné à être exterminés devant lui tous ceux qui se seront rendus les ennemis de sa parole, et de son nom, et qu’il aura rendu la liberté à ceux qui l’auront désirée, il rentrera dans la région de son être apparent, et là il se montrera à ceux des siens qui sont encore dans cette région, afin de les convaincre qu’il est vivant, et qu’il est ressuscité puisqu’il a été mort ; il les convaincra en même temps des avantages qu’il a acquis par cette mort, et par cette résurrection. Nouvel Homme 69
En même temps l’intelligence ne doit point être étonnée de voir le nouvel homme rentrer dans tous les droits de cet être apparent qui avaient semblé comme suspendus pendant le supplice, les épreuves et la mort de ce nouvel homme ; l’intelligence, dis-je, ne doit point être étonnée de voir le nouvel homme passer de nouveau dans son être apparent, après en avoir comme disparu, parce que lorsqu’il a semblé comme séparé de cet être apparent, ça n’a été que pour descendre encore au-dessous de cette apparence, afin d’aller exercer le jugement dans les abîmes ; mais comme son séjour, et sa demeure ne sont point dans ces abîmes, comme il est né d’en haut, et qu’il lui faut retourner vers le royaume de son père, il ne peut se rendre à ce royaume de son père, sans passer de nouveau par cet être apparent au-dessous duquel il était descendu pour un temps. Nouvel Homme 69
Ce nouveau fils qui t’est né va poursuivre son cours. Il a descendu dans les abîmes, il s’est remontré dans ton être apparent ; à présent le moment est venu où il va remonter vers son père pour envoyer sur toi le don qui t’a été promis, et au moyen duquel tu pourras instruire tous les peuples qui sont en toi, et les baptiser au nom du Père, et du fils, et du Saint-Esprit, et leur apprendre à observer toutes les choses qui t’ont été commandées. C’est pourquoi, tu ne sortiras point de ta propre Jérusalem que tu ne sois revêtue de la force d’en haut, et que le consolateur ne soit venu te remplir de la force divine, comme tu l’as pu être de la force spirituelle par toutes les opérations précédentes, afin que tu sois sûre que ce fils qui t’est né, et qui s’est immolé pour toi, sera toujours avec toi jusqu’à la consommation des siècles. Nouvel Homme 70
Lors donc que ces mouvements faux se feront connaître en toi, tu n’auras qu’à dire un mot, et ils seront précipités dans leurs abîmes, et tu auras le droit de dire aux Saphires et aux Ananies qui seraient en toi, et qui chercheraient à te tromper : « Comment Satan a-t-il tenté votre coeur pour vous porter à mentir au Saint-Esprit, et à détourner une partie de votre fond de terre ? Ne demeurait-il pas à vous si vous l’aviez voulu garder… ? Ce n’est pas aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu ; voilà ceux qui viennent pour vous enterrer qui sont à la porte. Et à ta parole, ces imposteurs rendront l’esprit et seront portés en terre. » Nouvel Homme 70
Il faut donc qu’indépendamment de ce jugement particulier que nous lui avons vu prononcer, lorsqu’il est descendu dans ses abîmes, il prononce encore, prophétiquement, le jugement final qui doit décider du sort des prévaricateurs, et faire la séparation de ceux qui dans lui-même ayant échappé, par la pénitence, à la première mort, seront préservés de la seconde mort, d’avec ceux qui seront les victimes de l’une et de l’autre de ces deux morts. Nouvel Homme 71