desejo [MCCC]

4. Qui aime Dieu, à toutes ses créatures préfère sa connaissance et sans cesse, dans l’ardeur de son désir, s’efforce vers elle. 16 Centuries sur la Charité PREMIERE CENTURIE

100. Mais, arrivé à Dieu, l’ardeur de son désir lui fait chercher d’abord ce qu’est l’Essence divine, car il ne trouve de consolation en rien de ce qui lui ressemble. Mais c’est une entreprise impossible et la connaissance de l’Essence de Dieu est également inaccessible a toute nature créée. Il se contente donc des attributs, c’est-à-dire, l’éternité, l’infinité, l’invisibilité, la bonté, la sagesse, la puissance qui crée, gouverne et juge les êtres. Cela seulement est en lui parfaitement compréhensible : qu’Il est infini, et le fait même de ne rien connaître est déjà une connaissance transcendante à l’esprit, comme l’ont montré les théologiens Grégoire et Denys. 212 Centuries sur la Charité PREMIERE CENTURIE

85. Certains prétendent que les démons viennent toucher pendant le sommeil les parties honteuses, ce qui émeut les passions de Iuxure ; puis cette passion mise en branle suscite à travers la mémoire jusqu’en l’esprit une image de femme. Pour d’autres, ces mêmes démons apparaîtraient à l’esprit sous forme de femmes, toucheraient les parties honteuses pour provoquer le désir ; et ainsi surgiraient les images. Pour d’autres au contraire, c’est la passion propre du démon qui, lorsqu’il s’approche, excite la nôtre ; et pendant qu’elle suscite les images dans la mémoire, l’âme s’attache aux pensées. On pourrait en dire autant de toutes les images passionnées et expliquer leur apparition de telle ou telle manière. Une chose est certaine ; c’est qu’en aucun cas les démons n’acquièrent le pouvoir d’exciter une passion, qu’on dorme ou qu’on veille, si l’amour et la maîtrise de soi résident dans l’âme. 388 Centuries sur la Charité DEUXIEME CENTURIE

72. C’est Dieu qui a créé le monde visible et l’invisible, Lui aussi, évidemment, qui a fait Lui-même l’âme et le corps. Or si le monde visible est si beau, que doit donc être l’invisible ! Et si l’invisible est préférable au visible, combien plus excellent encore Dieu qui les a faits tous deux ! Mais si le Créateur de l’univers surpasse en excellence toutes les créatures, comment expliquer que l’esprit délaisse le mieux pour s’attacher au pire : les passions charnelles ? N’est-ce pas que, de naissance orienté vers elles, accoutumé à elles, il n’a jamais connu l’expérience vraie de l’excellence suprême, du Transcendant ? Exerçons-le donc longuement à s’abstenir des plaisirs, à s’occuper au divin et, retiré peu à peu de son état, nous le verrons, à fur et à mesure de ses progrès dans les voies de Dieu, se trouver à l’aise et reconnaître sa véritable dignité ; en fin de quoi, tout son désir se tournera vers le divin. 564 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE