L’enseignement d’Origène sur la prière – Introduction

Les documents de l’Eglise primitive qui nous restent sont pauvres en renseignements sur la prière. Les chrétiens d’alors priaient ardemment, mais ils ne songeaient pas à disserter sur ce qui était le principe même de leur vie religieuse. Les Epîtres du Nouveau Testament, les écrits des Pères apostoliques et des Apologètes, Clément d’Alexandrie, nous donnent des indications précieuses, mais il faut aller dans l’Eglise latine jusqu’à Tertullien et dans l’Eglise grecque jusqu’à Origène pour trouver un traité suivi sur ce point.

Origène écrivit son Peri Euches vers l’an 235 environ, à Césarée de Palestine où il avait dû se réfugier, chassé d’Alexandrie par l’intolérance de l’évêque Démétrius. Deux de ses coreligionnaires, Ambroise et Tatiane, lui demandèrent de réfuter les arguments des adversaires de la prière ; Origène, après avoir répondu à leur demande, en profita pour donner un traité sur la prière,en -général, suivi d’une explication de l’Oraison dominicale.

Le livre du docteur alexandrin, assez court du reste, semble avoir été écrit à la hâte. Le style en est souvent relâché ; les obscurités, les répétitions, les longueurs ne font pas défaut. Avant de terminer son ouvrage Origène promit à Ambroise et à Tatiane d’écrire sur le même sujet un autre traité supérieur à celui qu’il venait de composer ; pour des raisons que nous ignorons il n’a pu tenir sa promesse. Mais, en fait, par son contenu riche et varié, par les pensées profondes et la haute spiritualité qu’on y rencontre, le Peri Euches tel qu’il nous a été conservé demeure un livre remarquable et digne de la plus sérieuse attention.

Notre ambition dans cette thèse serait, d’abord, d’exposer clairement l’enseignement d’Origène sur la prière en classant ses idées sur ce sujet et en leur laissant leur relief. Puis, nous voudrions examiner cet enseignement, montrer quelle en a été la genèse, quelles puissances diverses ont contribué à le former et, par suite, quels caractères généraux le distinguent.

Le livre De la prière restera notre source principale. Cependant les autres écrits d’Origène nous fourniront des exemples précieux et des compléments utiles pour connaître sa pensée. Nous citerons les textes du traité De la prière (NA : Pour plus de simplicité, nous indiquerons les testes du Peri Euches dans lu cours de notre travail, en les faisant précéder des initiales P. E.) et du Contre Celse d’après l’édition Kœtschau et les autres textes d’après l’édition Migne.

Nous ne pouvons pas indiquer de bibliographie spéciale pour notre sujet. Il n’existe pas, à notre connaissance, de livre traitant d’une façon quelque peu complète l’enseignement d’Origène sur la prière. Deux ouvrages cependant donnent des indications utiles. Le premier, de M. Von der Goltz, (Das Gebetin der altesten Christenheit Leipsig 1901) contient un court chapitre sur la prière chez Origène. Le deuxième, de M. Otto Dibelius (Dos Vaterunser, Umrisse zu einer Geschichte des Gebets in der alten und mittleren Kirche, Giessen 1903) renferme également quelques pages sur notre sujet (NA : Notre travail était terminé lorsque nous avons eu connaissance de ce dernier ouvrage, nous n’avons donc pu en profiter).