Ces gémissements ne seront jamais plus à propos ni plus fondés que, lorsqu’après être longtemps demeurés purs, espérant déjà d’avoir échappé pour toujours à la souillure de la chair, nous sentirons ses aiguillons s’insurger de nouveau contre nous à cause de l’élèvement de notre coeur, ou serons victimes d’une illusion nocturne. Parce qu’on a joui longtemps de la pureté du coeur et du corps, par une suite naturelle on se flatte de ne pouvoir plus déchoir dorénavant de ces blancheurs, et tout au fond de soi-même on se glorifie dans une certaine mesure : «J’ai dit dans le sentiment de mon abondance : Je ne serai jamais ébranlé.» (Ps 29,7). Mais le Seigneur fait-il mine, pour notre bien, de nous abandonner : la pureté qui nous donnait tant d’assurance, commence de se troubler; au milieu de notre prospérité spirituelle, nous nous voyons chanceler. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON CHAPITRE 6
Il arrive souvent, soit illusion diabolique, soit erreur humaine — car il n’est personne en ce monde qui, de par sa nature même, ne soit sujet à faillir —, que celui qui a le plus de pénétration naturelle dans l’esprit et le plus de science, se forge des idées fausses; tandis qu’avec une intelligence plus lente et une science moindre, l’autre voit plus juste et plus vrai. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 12
GERMAIN. — La divine Providence a voulu l’examen de cette question. Il est un point, en effet, dont jamais nous n’avons pu être instruits, parce que la modestie nous ôtait la hardiesse d’interroger. Mais la conférence actuelle, l’ordre même des matières nous invitent aujourd’hui à parler librement. Si donc il nous arrive, dans le temps qu’il faut approcher des saints mystères, de souffrir une illusion fâcheuse, oserons-nous participer au pain trois fois sacré du salut, ou vaudra-t-il mieux s’abstenir ? Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE CHAPITRE 4
Quant à nous, pour être délivrés de toute illusion regrettable, il faut tendre de toute notre force : premièrement, à triompher du vice impur, afin que, selon la parole du bienheureux Apôtre, le péché ne règne plus dans notre corps mortel par notre obéissance à ses convoitises; deuxièmement, à calmer et endormir la puissance de la chair, de manière à ne pas livrer nos membres au péché, comme des instruments d’iniquité; troisièmement, à mortifier jusque dans les moelles, notre homme intérieur tout instinct de concupiscence, nous offrant à Dieu comme vivants, de morts que nous étions. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE CHAPITRE 6
Telle fut la conférence de l’abbé Abraham sur l’origine et le remède de notre illusion. Elle rendit en quelque sorte visible à nos yeux le piège caché dans les pensées que le démon nous avait suggérées, et en même temps alluma en nos coeurs le désir de la mortification. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 26