gula [MCCC]

84. D’abord, la mémoire présente à l’esprit une pensée simple. Cette pensée dure, et la passion se met en branle, puis, si elle n’est écartée, elle pousse l’esprit à consentir. Ce consentement donné, la seule étape qui reste est le péché d’action. Aussi est-ce fort sagement que l’Apôtre, dans une lettre à des chrétiens sortis du paganisme, leur prescrit de s’attaquer d’abord au péché d’action, et ensuite, méthodiquement, de remonter pas à pas vers la cause. Et cette cause, je l’ai dit, c’est quelque cupidité qui met en branle et entretient la passion, par exemple la gourmandise qui engendre et entretient la Iuxure. La cupidité en effet est mauvaise non seulement quand elle a pour objet l’argent, mais aussi quand elle s’attache à la bonne chère ; et en revanche, la tempérance est bonne non seulement quand elle a pour objet la nourriture, mais aussi quand elle s’applique à l’argent. 180 Centuries sur la Charité PREMIERE CENTURIE

59. Évite l’égoïsme, père de tous les vices. Par égoïsme, j’entends un attachement déraisonnable au corps. C’est lui incontestablement qui engendre la folie des trois pensées passionnées premières et fondamentales, celles de la gourmandise, de la cupidité, de la vaine gloire. Ce sont les exigences du corps qui les déchaînent, et d’elles naît tout le cortège des vices. C’est, je le répète, une nécessité et un devoir d’être sur ses gardes et de lutter contre cet égoïsme par une grande tempérance. Une fois éliminé, tous ses effets le sont avec lui. 334 Centuries sur la Charité DEUXIEME CENTURIE

4. Ce n’est pas la nourriture qu’est un mal, mais la gourmandise, ni la procréation des enfants, mais la luxure ; ni les richesses, mais l’avarice ; ni la gloire, mais la vaine gloire. Par conséquent, rien de ce qui est n’est mauvais, mais seulement l’abus, suite de la négligence de notre esprit à se cultiver selon la nature. 428 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE

11. Ce qui plaît à Dieu, c’est la charité et la chasteté, la contemplation et l’oraison. Ce qui plaît à la chair, c’est la gourmandise, la débauche et ce qui les développe. Voilà pourquoi ceux qui vivent dans la chair ne sauraient plaire à Dieu ; mais ceux qui sont au Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises. (Rom 8,8). 442 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE

56. L’égoïsme, je l’ai dit bien souvent, est à la source de toutes les pensées passionnées. De Iui naissent, en effet, les trois vices capitaux de la convoitise : gourmandise, avarice, vaine gloire. Puis de la gourmandise naît la luxure, de l’avarice la cupidité, de la vaine gloire l’orgueil. Et tous les autres, sans exception, se rattachent à l’un des trois précédents : colère, tristesse, rancune, paresse, envie, médisance, etc… Passions qui toutes ensemble enchaînent l’esprit aux objets matériels, le retiennent sur la terre, pesant sur lui comme une masse de pierre. Sur lui, plus léger par nature et plus vif que le feu ! 532 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE

59. Si tu as raison des passions plus honteuses : gourmandise, luxure, colère ou cupidité, tout de suite les pensées de la vaine gloire fondent sur toi ; et si tu en triomphes, celles de l’orgueil prennent leur place. 538 Centuries sur la Charité TROISIÈME CENTURIE