L’Échelle sainte – extraits sur la foi (IV)

10. N’employez pas non plus de longs discours, lorsque vous priez; car le soin et la peine que vous prendriez pour trouver les mots capables d’exprimer vos pensées et vos sentiments, dissiperaient votre esprit et vous feraient perdre le recueillement qui vous est nécessaire. Une seule parole ne mérita-t-elle pas au publicain la plénitude des Miséricordes du Seigneur ? une seule parole ne procurât-elle pas le salut au bon larron sur la croix et au moment d’expirer ? Les grands mots et les belles phrases ne sont propres qu’à remplir l’esprit d’illusion et de dissipation; tandis que quelques paroles dictées par un coeur plein de foi, ont forcé l’esprit à rentrer dans le recueillement et dans l’attention. 1642 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ

28. C’est la foi qui donne des ailes à la prière; car sans elle, elle ne pourrait pas pénétrer jusqu’au ciel. 1660 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ

29. Qui que nous soyons, éprouvons-nous les troubles et les agitations que donnent les passions et les mauvais penchants, ne nous décourageons pas, mais demandons à Dieu avec une foi ferme et avec instance d’en être délivrés, et ne perdons pas de vue que toutes les personnes qui sont enfin parvenues à la tranquillité du coeur, n’y sont arrivées qu’en passant par cette mer de troubles et d’agitations. 1661 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ

39. Quoique -vous n’ayez pas le don de prière, si quelqu’un se recommande à vous lorsque vous prierez Dieu, ne refusez pas cette recommandation; car souvent la foi vive de la personne qui nous demande le secours de nos prières, obtient pour celui à qui cette recommandation a été faite, la grâce d’une sincère contrition qui justifie et qui sauve. 1672 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ

40. Dieu, lorsque vous priez pour vos frères, exauce-t-Il vos prières, prenez bien garde de vous livrer à la vaine gloire : pensez que c’est leur foi qui a donné cette vertu et cette efficacité. 1673 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ

54. Il y a une grande différence entre méditer intérieurement en s’entretenant avec son propre coeur, et conduire ce même coeur en suivant les lumières de la partie supérieure de l’âme qui, étant éclairée par la foi, devient reine et capable d’offrir au Christ des hosties qui lui soient agréables. C’est donc avec raison qu’un de nos pères qui, par leur science, ont mérité le titre de théologiens, a dit, qu’un feu saint et céleste descend dans les personnes qui se livrent à la méditation pour les enflammer, et les purifier des impuretés et des souillures qui leur restent encore, et que ce même feu descend aussi dans les âmes de celles qui ont réglé leur coeur selon les lumières de la foi, pour les éclairer de plus en plus et les faire avancer dans les voies de la perfection. C’est pourquoi ce feu salutaire est justement appelé une lumière qui consume et qui éclaire. Aussi voyons-nous quelquefois des personnes sortir du saint exercice de la prière comme d’une fournaise ardente, et sentir elles-mêmes qu’elles ont été purifiées de leurs souillures et de leurs imperfections, et délivrées de la concupiscence, ce terrible et funeste foyer des péchés; et que d’autres en sortent toutes remplies de lumières, revêtues des riches habits de l’humilité et inondées d’une joie céleste. Ils ont donc prié de corps plutôt que de coeur, ceux qui dans l’oraison n’ont pas éprouvé plus ou moins l’un ou l’autre de ces deux effets; leur prière a donc été une prière judaïque. E 1686 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ

2. Il est donc vraiment délivré et maître en même temps de tous les troubles et de toutes les agitations de son âme, l’homme qui a purifié sa chair de toute sorte de taches et de souillures, et qui, par ce moyen, l’a rendue, en quelque façon, incorruptible; qui a su élever ses affections et ses sentiments au dessus des choses créées, et soumettre tous ses sens à l’empire de la raison et de la foi; qui enfin, par une force surnaturelle, a pu placer son âme face à face devant Dieu et la lui consacrer avec une délicieuse confiance. 1707 L’Échelle Sainte: VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ

11. Mais que pouvons-nous dire de plus ? quiconque possède cette suréminente tranquillité de l’âme, n’est-il pas autorisé à dire avec saint Paul : Je vis, mais ce n’est pas moi qui vis, c’est Jésus Christ qui vit en moi (Ga 2,20), et à dire encore avec le même apôtre : J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. (2 TM 4,7) 1721 L’Échelle Sainte: VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ

De la réunion des trois vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité. 1728 L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ

1. Après avoir parlé de toutes les choses qui nous ont occupés jusqu’à présent, nous pouvons dire avec l’Apôtre qu’il nous reste à considérer la foi, l’espérance et la charité, vertus qui sont le fondement et le lien de toutes les vertus chrétiennes et religieuses. Or la plus grande et la plus belle de ces trois vertus, c’est la charité; car Dieu même est appelé Amour. 1731 L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ

2. Nous envisagerons la foi comme un rayon du soleil qui nous éclaire; l’espérance, comme la lumière de ce rayon qui nous dirige et nous encourage; et la charité, comme ce soleil tout entier qui nous enflamme et féconde en nous tout le bien que nous faisons. Cependant nous devons dire que ces trois vertus concourent à former la même lumière et la même splendeur. 1732 L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ

3. La foi nous rend capables d’exécuter tout ce qu’elle nous fait entreprendre. La miséricorde de Dieu affermit et fortifie l’espérance, et ne souffre pas que cette vertu soit troublée ni confondue. La charité ne fait point de chute, ne s’arrête pas dans sa course et ne permet pas à celui qu’elle a blessé de ses divines flèches, de se donner du repos ni de cesser de se livrer à des actions que l’esprit du monde regarde comme déraisonnables et insensées; mais c’est ici une sage et heureuse folie. 1733 L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ

7. La charité est donc quelque chose de semblable à Dieu, et par sa puissance elle rend les hommes qui la possèdent semblables à lui, autant que leur nature peut en être susceptible. Les effets qu’elle produit dans une âme qui en est ornée, c’est de la livrer à une sainte et délicieuse ivresse, d’être pour elle une fontaine intarissable de foi, un abîme de justice et de patience, et un océan d’humilité. 1737 L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ

Après donc que j’eus parlé de la sorte, il me sembla que la charité se montra à moi du haut des cieux et fit entendre ces paroles à mon âme : Tant que tu ne seras pas délivré de la prison de ton corps, il ne te sera pas possible, malgré ton amour pour Dieu, de voir et de contempler les traits de ma beauté : contente-toi donc de savoir que cette échelle, au haut de laquelle tu me vois appuyée, te marque par ses échelons l’ordre et l’enchaînement des vertus, ainsi que vous l’a dit ce grand homme qui, dès son vivant même, fut initié dans les mystères de Dieu; car c’est lui qui t’apprend qu’à présent ces trois vertus, la foi, l’espérance et la charité demeurent et sont nécessaires; mais que la charité est la plus excellente des trois. (1 Co 13,13). 1767 L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ