48. Celui qui sent de la vanité, parce qu’il a reçu le don des larmes, et qui condamne les autres, parce qu’ils en sont encore privés, ressemble parfaitement à un sujet qui demanderait des armes à son souverain, et qui, les ayant obtenues, au lieu de s’en servir contre les ennemis de son prince, s’en servirait pour se percer et se donner la mort. 499 L’Échelle Sainte: SEPTIÈME DEGRÉ
52. Souvent aussi il arrive que les larmes donnent de la vanité à ceux qui n’ont qu’une vertu faible et chancelante. Aussi par un trait admirable de sa Providence, Dieu les prive de ce don qui leur devient funeste, afin qu’en le désirant et en le demandant, ils s’affligent et se condamnent eux-mêmes, qu’ils vivent dans les soupirs et les gémissements, dans la douleur et la tristesse, dans de dures inquiétudes et dans une déchirante anxiété; car, dans les desseins de Dieu, toutes ces peines qu’ils endurent, leur tiennent lieu du don des larmes, et, quoiqu’il leur semble n’en retirer aucun fruit, elles leur sont infiniment avantageuses. 504 L’Échelle Sainte: SEPTIÈME DEGRÉ
2. La victoire qu’on remporte sur la colère, consiste donc essentiellement dans une soif inextinguible et dans un désir insatiable de mépris et d’humiliations, comme la vanité consiste dans un désir immense d’honneurs et de louanges. La douceur est donc une victoire que nous remportons sur la nature, en souffrant toute sorte d’injures avec une inviolable patience, laquelle couronne enfin nos combats et nos fatigues. 542 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
31. Mais voici une chose vraiment pitoyable : c’est que les personnes irascibles ont coutume, par une inconcevable vanité, de se fâcher et de se mettre en colère, parce qu’elles se sont laissées vaincre par leur mauvaise humeur. En vérité n’est-ce pas pitié de faire une nouvelle chute, en voulant se punir d’en avoir fait une première ? Pour moi en considérant l’excessive malice du démon, j’en suis tout interdit; car en voyant ces personnes, je crus percevoir qu’elles n’étaient pas loin de se laisser aller à un funeste découragement. 573 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
32. Si quelqu’un voit qu’il se laisse facilement vaincre par la vanité et la colère, par la méchanceté et l’hypocrisie, et qu’il soit résolu d’employer contre ces vices l’épée à deux tranchants de la douceur et de la patience, je lui conseille fortement d’entrer dans une communauté de frères comme dans un atelier qui lui sera très salutaire; de choisir, s’il veut de tout son coeur se corriger parfaitement, la maison où les règles et la discipline sont le plus austères, afin que, par les humiliations, les mépris et les épreuves les plus dures il soit comme flagellé, déchiré, taillé, écrasé et foulé aux pieds. C’est ainsi qu’il purifiera son âme des fautes qu’il a faites et qu’il comprendra la vérité d’une parole assez usitée dans le monde; car pour s’en glorifier il n’est pas rare d’entendre dire dans les compagnies, à ceux qui ont accablé quelqu’un d’injures et d’outrages : “Je lui ai lavé la tête à ma façon”. 574 L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
11. Quand nous nous sentirons parfaitement délivrés de la sotte vanité de mentir, alors selon les circonstances impérieuses du temps et du lieu, nous pourrons innocemment cacher la vérité par quelques mensonges légers et prudents. 673 L’Échelle Sainte: DOUZIÈME DEGRÉ
10. Il arrive quelquefois que la vaine gloire et la gourmandise se font entre elles une guerre fort animée, et se disputent vigoureusement un pauvre misérable; car la gourmandise fait tous ses efforts pour le porter à violer les règles de la mortification et du jeûne, et la vanité, pour l’engager à faire connaître la perfection de sa vie par les actes d’une abstinence sévère. Mais un moine conduit par un esprit de sagesse, évitera les pièges que lui tendront ces deux passions, et, saura profiter des circonstances, pour les chasser l’une et l’autre bien loin de lui. 717 L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ
79. C’est surtout le malheur qui arrive communément à ceux qui obéissent à l’esprit de lÕorgueil, en effet, tandis qu’ils ne cessent de s’applaudir de se voir délivrés des mauvaises pensées, ils tombent dans les pièges que leur a tendus la vanité; et pour nous convaincre de cette triste vérité, voyons et examinons attentivement, mais avec simplicité de coeur, pour quelles raisons ces personnes se trouvent exemptes des pensées déshonnêtes. N’est-ce pas sûrement parce que le démon, plein de ruse et de malice, s’est caché dans les plis les plus secrets de leur coeur, et que là il leur suggère que c’est par leurs soins, leur prudence et leurs travaux, qu’elles ont pratiqué la chasteté et acquis cette belle et parfaite pureté qu’elles possèdent ? Les malheureux ! ils ont oublié cette parole : “Qu’avez-vous que vous n’ayez reçu ?” (1 Cor 4,7) 837 L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
3. L’insensibilité n’est-ce pas à un philosophe insensé qui, en donnant des leçons aux autres, prononce sa propre condamnation; à un avocat qui parle contre sa propre cause; à un médecin aveugle qui, tout en faisant de longues et savantes dissertations sur les moyens de guérir un malade, ne cesse d’agrandir et d’envenimer ses plaies et d’augmenter son mal ? En effet on l’entend parler avec zèle et science de la maladie de son âme, et on ne le voit jamais s’abstenir des choses qui l’entretiennent; il demande à Dieu de l’en délivrer, et, par ses mauvaises habitudes dans lesquelles il ne cesse de tomber, il s’enfonce et s’engage plus avant dans l’abîme; s’indigne contre lui-même : EH ! le malheureux ! ne rougit plus des reproches amers qu’il se fait; il sait encore qu’il fait mal, il le dit même, et il ne prend pas les moyens de se corriger; il parle de la mort, et il vit comme s’il ne devait jamais mourir; il pousse de longs gémissements sur les suites terribles et inévitables de la mort, et il est tranquille, comme s’il n’avait rien à craindre et qu’il fût immortel ici bas; il traite des avantages précieux et des fruits salutaires de la mortification, et il n’hésite pas de se livrer sans scrupule aux excès et aux délices de la bonne chère; il lit souvent ce qui regarde le jugement dernier, et il est assez insensé pour n’en faire aucun cas, et même pour en plaisanter; il parcourt, en lisant, ce qui est écrit de la vaine gloire, et cette lecture même augmente ce vice dans son misérable coeur; il donne des louanges aux veilles, et lui-même se plonge dans les douceurs du sommeil; il relève avec éloquence la vertu et l’excellence de la prière, et cependant il l’a en horreur et ne se livre à ce saint exercice qu’avec une extrême répugnance et par force : elle fait son supplice et son tourment. Il loue et exalte l’obéissance, et il est le premier à désobéir; il prodigue les éloges les plus pompeux à ceux qui n’ont aucune affection pour les biens fragiles et périssables de ce monde, et il n’a pas honte de se fâcher et de se disputer pour un vil et méprisable chiffon; il se met en colère de s’être fâché, et il s’irrite et s’indigne de s’être mis en mauvaise humeur; et, quoiqu’il tombe et retombe sans cesse, l’insensé ! il ne s’aperçoit même pas de ses chutes. Il se repent de s’être livré aux excès de l’intempérance, et un moment après il ajoute de nouveaux excès aux premiers; il béatifie le silence, et afin de ne pas l’observer, il se livre à de longs discours sur les louanges qu’il mérite; il fait d’excellentes exhortations aux autres pour les porter à pratiquer la douceur, et lui-même s’indigne et s’irrite de sa propre indignation et de ses impatiences; un peu rendu à lui-même, on le voit gémir sur son état déplorable; et à peine s’est-il donné le moindre mouvement pour en sortir, qu’il retombe dans une léthargie plus profonde : il blâme et condamne sévèrement les ris et la joie, et lui-même en parlant de la pénitence, se met à rire d’une manière qui fait pitié et annonce la folie; il s’accuse devant les autres d’être coupable de vaine gloire, et dans cette accusation même, il cherche à contenter son orgueil et sa vanité; il ne cesse de recommander à ses frères de garder la modestie dans leurs regards, et de pratiquer la chasteté avec la plus scrupuleuse attention, et le misérable porte sans cesse, et dans de perverses intentions, les yeux sur des objets agréables et dangereux ! Le rencontre-t-on au milieu des gens du siècle ? il ne peut assez faire l’éloge de la vie religieuse et solitaire, et, dans sa stupide insensibilité, il ne comprend pas que ces louanges condamnent sa conduite; il accable d’honneur et de louanges ceux qui prennent soin des pauvres et qui répandent d’abondantes aumônes dans le sein de l’indigence et de la misère, et lui-même couvre les indigents et les pauvres d’injures, d’affronts et d’outrages. CÕest ainsi que ce pauvre malheureux s’accuse et se condamne en tout et partout, sans penser à rentrer en lui-même ! à rougir de son triste et funeste état, à se repentir de sa conduite et à se convertir : mais, hélas ! le dirai-je ? la chose lui est-elle possible ? 897 L’Échelle Sainte: DIX-SEPTIÈME DEGRÉ
2. La timidité est une passion puérile qui est assez souvent le partage de la vieillesse ou d’une âme esclave de la vanité. C’est un manquement de foi et de confiance en Dieu; elle est produite en nous par des malheurs que nous croyons prévoir comme nous devant surprendre inopinément. 955 L’Échelle Sainte: VINGTIÈME DEGRÉ
5. Si le soleil répand ses rayons bienfaisants sur toutes les créatures, la vaine gloire verse son poison sur toutes les bonnes Ïuvres. Jeûné-je? je suis rempli de vanité; romps-je mon jeûne pour le dérober à la connaissance de mes frères ? je me flatte intérieurement de ma rare prudence; parais-je en publie avec des habits propres et beaux ? J’en suis vain et glorieux; les quitté-je pour en prendre de vils et méprisables ? je m’en glorifie en moi-même: mes paroles et mon silence me font également tomber dans les pièges de l’amour-propre. C’est ainsi qu’on peut justement comparer la vaine gloire à une chausse-trape qui, de quelque côté qu’elle tombe, lorsqu’on la jette, présente toujours une pointe pour percer les pieds des ennemis. 978 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
7. Toute ami qui poursuit la vanité, ne cherche qu’à se produire avec avantage au dehors. Si elle observe les jeûnes, et qu’elle se livre aux saints exercices de la prière, c’est pour s’attirer les louanges des hommes; c’est pour cela même que ses jeûnes ne méritent aucune récompense. 980 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
8. L’homme esclave de la vanité est donc doublement malheureux; car il afflige son corps par des austérités rigoureuses, et n’en reçoit aucun avantage. 981 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
27. Il m’est arrivé de voir ce cruel démon de la vanité vexer et tourmenter extraordinairement un malheureux qui en était esclave; voici comment : Un pauvre religieux avait une dispute avec d’autres religieux; un étranger survint et voulut charitablement rétablir la paix et l’union fraternelle. Mais ce misérable religieux passa tout d’un coup des chaînes de la colère dans celles de la vaine gloire, ne pouvant pas en même temps servir deux maîtres; je veux dire, la colère et la vanité. 28. Celui donc qui est esclave de ce mauvais démon, et qui vit dans un monastère, mène deux sortes de vie; car il lui faut extérieurement suivre les exercices de la communauté, et son esprit et ses pensées, son coeur et ses affections sont entièrement selon les maximes du siècle. 998 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
30. Il arrive néanmoins quelquefois que, nous étant laissés dépouiller par la vaine gloire de toutes les richesses spirituelles que nous avions acquises, par nos bonnes Ïuvres, rentrés au nous-mêmes et sincèrement revenus à Dieu, nous avons, à notre tour, complètement dépouillé et détroussé la vaine gloire. C’est ainsi que j’en ai vu plusieurs qui, n’ayant commencé les exercices de la vie religieuse que par un mouvement de vanité, mais ayant renoncé sincèrement à ce mauvais principe, et changé d’inclination et, de volonté, ont rendu la fin de leur vie aussi bonne et sainte, que les commencements en avaient été mauvais et répréhensibles. 1000 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
41. Lorsque malheureusement, nous est arrivé de courir après la vaine gloire, ou de la recevoir sans l’avoir recherchée, ou que, pour la mériter, nous sommes tentés de faire certaines démarches et certaines choses, rappelons promptement à notre esprit la pensée de la pénitence que nous avons à faire, et dans le secret de notre prière représentons-nous fortement la crainte et la frayeur dont nous serions frappés, si nous étions devant le tribunal redoutable du Seigneur : cette arme nous servira beaucoup pour résister à la tentation. Que la ferveur d’une prière sincère est puissante dans ces circonstances ! Mais si ces grands moyens n’étaient pas suffisants, nous recourrions à la pensée de la mort et de nos autres fins dernières. Enfin si tous ces moyens successivement employés étaient encore impuissants, représentons vivement l’ignominie éternelle et immense qui sera le juste châtiment de la vaine gloire, et traçons sur notre coeur en caractères ineffaçables ces paroles de l’éternelle Vérité : “Il sera humilié, celui qui se sera a élevés” (Lc 14,11 ). Soyons bien convaincus que cette humiliation dont nous sommes menacés, nous punira de notre vanité, non seulement dans la vie future, mais aussi dans la vie présente. 1011 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
43. Il arrive quelquefois, par une bonté toute particulière de Dieu, qu’ayant résolu d’accorder quelques faveurs à des personnes avides de vaine gloire, il les prévient et les leur accorde avant même qu’elles lui en fassent la demande. Or ce tendre et bon Père en agit de la sorte, afin que ne pouvant pas croire qu’elles les ont reçues en vertu de leur prière, elles n’en tirent pas vanité, et n’en deviennent pas plus orgueilleuses. 1013 L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ
3. Voulons-nous éviter de tomber dans l’abîme que nous a creusé le démon de l’orgueil ? faisons d’abord attention que c’est par les actions de grâces que nous rendons à Dieu, qu’il a coutume de se glisser et d’établir sa demeure dans nos coeurs; car il est trop rusé et trop bien avisé pour nous porter tout d’un coup à renoncer à Dieu. J’en ai vu plusieurs qui, tandis que de bouche ils rendaient grâces à Dieu, s’élevaient intérieurement contre lui par des pensées de vanité. Nous avons un exemple bien frappant de ces sortes de personnes dans le pharisien de l’Évangile. N’était-ce pas de bouche, et non du fond de son coeur, qu’il disait à Dieu : “Seigneur, je Te rends grâces.” (Lc 18,11)? 1026 L’Échelle Sainte: VINGT-DEUXIÈME DEGRÉ
Un bon et véritable moine est celui dont l’esprit et le coeur ne s’élèvent jamais par des pensées et des sentiments de vanité, et dont les sens ne sont point émus par la vile et la présence des objets sensibles. 1044 L’Échelle Sainte: VINGT-DEUXIÈME DEGRÉ
11. Un jour que les démons observaient d’une manière toute particulière, un des plus sages religieux, et qu’ils lui donnaient intérieurement de grandes louanges sur la bonté de son âme, il leur répondit avec une sagesse admirable : Si vous cessiez de me louer sur l’heureux état de mon âme, je pourrais me croire quelque chose de grand et de bon; mais en le faisant comme vous le faites, les éloges que vous me donnez, ne servent qu’à me faire connaître et sentir les souillures et la corruption de mon coeur; car je sais qu’il est immonde aux yeux du Seigneur, le coeur qui s’enfle et s’élève par des sentiments de vanité. Si donc vous désirez que je devienne un orgueilleux, taisez-vous et retirez-vous, ou si vous voulez que je sois rempli d’humilité, continuez de me donner des louanges. Frappés et consternés par cette apostrophe contradictoire, les démons prirent promptement la fuite et disparurent. 1142 L’Échelle Sainte: VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ
40. J’entendis un jour un saint homme dire dans la ferveur que lui inspirait sa profonde humilité : Ne nous donnez ” point, Seigneur, non, ne nous donnez point la gloire, mais donnez-la tout entière à votre saint Nom. (Ps 113,9) Il connaissait par sa propre expérience que notre nature est si faible, qu’elle est dans l’impossibilité de se préserver, par ses propres forces, des blessures que les ennemis du salut veulent lui faire. Vous serez, ô mon Dieu, le sujet de mes louanges dans une grande assemblée (Ps 21,26), c’est-à-dire, dans les siècles infinis de l’éternité; car pour nous, devons-nous ajouter, nous ne pouvons recevoir de la gloire avant la vie future, sans que nous soyons misérablement exposés à nous perdre par la vanité qu’elle nous inspirerait. 1172 L’Échelle Sainte: VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ
37. Dieu envoie quelquefois des maladies pour purifier notre âme des souillures que les péchés lui ont faites, et quelquefois pour nous aider à chasser la vanité de notre esprit. 1302 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
41. Que ce soit devant le Seigneur et avec les mêmes précautions que prennent ceux qui vont puiser de l’eau dans une fontaine; car il arrive quelquefois qu’en ne voulant puiser que de l’eau, on prend aussi des grenouilles. C’est ainsi que nous-mêmes, en voulant pratiquer la vertu, nous mêlons avec elle des défauts : par exemple, l’intempérance se mêle facilement avec l’hospitalité, l’amour sensuel avec la charité, la finesse avec la discrétion, la malice avec la prudence; la fourberie, la paresse, la lenteur, la contradiction, la mauvaise volonté de vivre à sa guise et selon ses goûts, et la désobéissance, avec la douceur; l’arrogance, la fierté, avec le silence; la vanité avec la joie spirituelle, la paresse avec l’espérance, le jugement téméraire avec la charité; la tiédeur, l’engourdissement, avec la solitude et la retraite; l’aigreur, avec la chasteté; une trop grande confiance en soi-même avec l’humilité; quant à la vaine gloire, regardons-la comme un fard, un collyre, ou plutôt comme un venin subtil qui cherche à s’insinuer dans toutes les vertus. 1306 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
53. Dans ma tendre jeunesse il m’arriva qu’étant allé dans une ville, ou un gros bourg, je ne fus pas plus tôt à table, que je me sentis furieusement tenté sur l’intempérance et la vaine gloire; mais comme je craignais les effets déshonorants de la gourmandise, je préférai de succomber à la tentation de la vanité; car je connaissais que dans les jeunes gens le démon de la vaine gloire cède assez facilement le pas au démon de l’intempérance, et dans cela il n’y a rien qui doive nous étonner. Mais si dans les gens du monde l’avarice est pour eux la source funeste et principale de toute sorte de maux, disons-en autant de l’intempérance par rapport aux moines. 1317 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
114. Pour savoir par quel principe ces effets contraires ont lieu, chose qu’il est très difficile de savoir, nous n’avons pas d’autre moyen que de nous adresser à Dieu par des prières sincères et faites avec une grande humilité, et si, après avoir employé les humbles supplications, nous éprouvons toujours les mêmes troubles et les mêmes agitations, cessons de les attribuer au démon et ne les regardons plus que comme des effets de la nature. Mais ne manquons pas ici d’observer que souvent la divine Providence arrange tellement les choses que ce que nous croyons être contraire à nos intérêts éternels, leur est très favorable, et qu’elle veut par tous les moyens abattre notre orgueil et notre vanité. 1382 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
132. La vue de nos fautes nous inspire-t-elle la pensée de désespoir, hâtons-nous de considérer l’ordre que le Seigneur donna autrefois à Pierre : Il commanda de pardonner jusqu’à soixante-dix-sept fois à celui qui l’aurait offensé (cf. Mt 18,22). Or celui qui a fait ce précepte à son apôtre, nous a pardonné et nous pardonnera certainement bien plus souvent. Si, au contraire, c’est le souvenir et la pensée de nos bonnes œuvres qui nous enflent le cœur et nous suggèrent des sentiments d’orgueil, opposons à cette tentation cette parole : Celui qui aura accompli toute la loi spirituelle, et qui aura manqué à un seul point, par exemple, en se laissant aller à la vanité, sera puni comme s’il avait manqué à tous (cf. Jac 2,10). 1401 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
Les démons qui portent à la luxure, à la colère, à l’intempérance, à la paresse et à la mollesse, n’ont pas coutume de porter à l’orgueil les personnes qui se livrent à ces vices déshonorants; mais les démons qui portent à l’avarice, à la domination, aux honneurs, à la loquacité, ont l’habitude de faire ajouter péché sur péché, en remplissant le cœur d’orgueil et de vanité : c’est pour cette raison que le démon qui nous excite à faire des jugements, téméraires, se réunit avec ces derniers. 1426 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
158. Un moine qui visite des étrangers ou qui les reçoit lui-même dans sa cellule, et qui, après s’être entretenu des heures entières et peut-être tout un jour avec eux, ressent de la tristesse lorsqu’il faut s’en séparer, au lieu d’éprouver un sentiment intérieur de joie, comme étant délivré d’une compagnie qui l’empêche de remplir ses devoirs, fait évidemment voir qu’il est le triste jouet du démon de la vanité ou du démon de l’incontinence. 1427 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
161. Il est impossible, ainsi que nous l’avons déjà dit, qu’aussitôt après notre conversion et notre entrée en religion, nous soyons délivrés parfaitement des mouvements de l’intempérance et des sentiments de la vaine gloire. Gardons-nous bien de vouloir combattre la vanité avec le luxe et les délices; car la victoire même que les personnes nouvellement converties remportent sur la gourmandise, leur inspire des sentiments de vaine gloire. Servons-nous plutôt de l’abstinence pour combattre et vaincre la vanité; car l’heure viendra, elle est même arrivée pour ceux qui ont une bonne volonté, où le Seigneur nous accordera enfin la grâce de soumettre cette funeste passion. 1430 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
59. Comme ceux qui échangent de l’or avec de la boue, ne font pas un échange, mais une perte réelle; de même les personnes qui parlent des choses spirituelles de la même manière que des choses mondaines, afin d’en tirer vanité, font une perte essentielle. 1503 L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
20. Les douceurs et la joie qu’éprouvent dans le saint exercice de la prière les religieux qui vivent avec leurs frères, sont toutes différentes des douceurs et de la joie que goûtent les religieux qui vivent dans la solitude. Les premiers, se trouvent exposés aux illusions de la vanité; tandis que les solitaires n’y sont point exposés, puisquÕils n’ont que Dieu pour témoin de leur prière, la sainte humilité, devient l’âme de leurs communications avec le Seigneur. 1652 L’Échelle Sainte: VINGT-HUITIÈME DEGRÉ
Si le dernier degré du délire auquel puisse faire arriver la vaine gloire, consiste à penser et à croire qu’on mérite d’être loué, et qu’on reçoit des louanges que personne ne donne ni ne peut donner; la marque la plus sûre qu’on a foulé aux pieds tout sentiment de vanité, c’est de ne pas en éprouver le plus léger mouvement au milieu même des éloges qu’on nous donne pour les bonnes Ïuvres que nous avons eu le bonheur de pratiquer. 1717 L’Échelle Sainte: VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ