La pensée de la mort.

Vie de S. Antoine — 19. Pour n’être pas pusillanime, il nous est bon de méditer le mot de l’Apôtre : « Chaque jour je suis exposé à la mort » ( 1 Cor 15,31 ). Si nous vivons comme devant mourir chaque jour, nous ne pécherons pas. Voici comment il faut l’entendre. Chaque jour, en nous levant, pensons que nous ne subsisterons pas jusqu’au soir, et le soir, en nous couchant, pensons que nous ne nous réveillerons pas, notre vie étant par nature incertaine et chaque jour étant mesuré par la Providence. Ainsi disposés et vivant au jour le jour, nous ne pécherons pas, nous n’aurons le désir de rien, nous n’aurons de ressentiment contre personne, nous ne thésauriserons pas sur la terre, mais nous attendant chaque jour à mourir, nous serons pauvres, nous condescendrons en tout à tous ; si nous ne dominons pas entièrement les désirs de la femme ou d’autres plaisirs impurs, nous nous en détournerons comme de choses caduques, luttant toujours et ayant en vue le jour du jugement; car la plus grande crainte et le péril des tourments dissipent la douceur du plaisir et retiennent l’âme fléchissante.