Homélies — 15,41. Quest. Le mal diminue-t-il et est-il déraciné peu à peu, et l’homme progresse-t-il en grâce peu à peu, ou est-ce que, aussitôt qu’il y a progrès, le mal est extirpé ? Rép. L’enfant dans le sein de sa mère ne devient pas subitement un homme, mais peu à peu prend forme et croît ; il n’est pas tout de suite un homme parfait, mais il lui faut de nombreuses années pour se développer et devenir un homme; il est en cela semblable aux grains d’orge ou de froment, qui jetés en terre ne prennent pas racine immédiatement, mais, lorsque l’hiver et les vents ont passé, alors les épis naissent en temps opportun ; et encore celui qui plante un poirier ne récolte pas aussitôt des fruits ; de même dans les choses spirituelles, là où se cache tant de sagesse et de subtilité, l’homme s’avance peu à peu et «parvient à l’état d’homme fait et à la stature parfaite» ( Eph 4,13 ); et ce n’est pas, comme certains disent : « Habille-toi, déshabille-toi ».
42. Celui qui veut se former dans les lettres commence par apprendre les caractères de l’alphabet, et quand il est devenu le premier de la classe, il va à l’école des Romains, et il y est le dernier de tous. Mais de nouveau quand il y a pris la première place, il va à l’école du barreau, et il y est encore dernier et commençant. Mais devenu scholastique, il est par rapport aux avocats le dernier des novices. De nouveau il passe au premier rang : il devient un maître ; et quand il a acquis cette maîtrise, il prend avec lui un assesseur pour l’aider. Si donc ce qui se voit comporte tant de progrès, combien plus les mystères du ciel en supposent-ils et ont-ils de nombreux accroissements; alors celui qui a passé par beaucoup d’exercices et d’épreuves devient parfait.