{{Conférences — 7, 9.}} Germain : Quelle est donc, je vous prie, la communauté de l’âme avec les esprits du mal, si étroite, si intime, qu’ils puissent, je ne dirai pas se joindre, mais s’unir à elle ? Car ils lui parlent d’une manière insensible, se glissent en elle, lui inspirent tout ce qu’ils veulent, l’excitent à tel acte qu’il leur plaît, voient et connaissent par le détail ses pensées et ses mouvements ; et telle est enfin l’unité qui existe entre eux et notre esprit, qu’il est quasi impossible, sans une grâce de Dieu, de discerner ce qui procède de leurs excitations et ce qui est de notre volonté.
{{10.}} Serenus : Il n’est pas étonnant qu’un esprit puisse se joindre insensiblement à un autre esprit et exercer sur lui, pour les fins qu’il lui plaît, une force secrète de persuasion. Entre eux, comme entre les hommes, il y a similitude de nature et parenté. la preuve en est que la définition que l’on donne de l’essence de l’âme convient semblablement à la leur. Mais de se pénétrer et de s’unir mutuellement, au point que l’un contienne l’autre, c’est chose qui leur est absolument impossible. Cette prérogative n’est attribuée justement qu’à la divinité, parce que seule elle est naturellement incorporelle et simple…
{{12.}} Notre précédente affirmation n’est pas contredite par ce que vous racontez des énergumènes, qui, saisis par les esprits immondes, parlent et agissent, sans que leur volonté y ait de part, ou sont contraints de proférer des choses dont ils n’ont pas conscience. Il est très certain que l’influence des esprits sur eux ne s’exerce pas selon un mode unique. Il se trouve des possédés qui n’ont aucune connaissance de ce qu’ils font ou de ce qu’ils disent ; mais d’autres en ont conscience et s’en souviennent ensuite.