L’Échelle sainte – extraits sur la tristesse

11. Celui donc qui hait l’esprit du monde, se délivre heureusement de tout ce qui peut lui causer des peines et des chagrins; mais celui qui se laisse conduire par cet esprit et qui conserve encore de l’affection pour les choses de la terre, n’est sûrement pas exempt de tristesse et d’ennui. EH! Comment pourrait-il sans peine se voir privé des choses qu’il aime ? 68 L’Échelle Sainte: DEUXIÈME DEGRÉ

17. Remarquons ici qu’il est dans une funeste illusion, celui qui croit être détaché de tout, avoir renoncé à tout, et qui cependant éprouve un sentiment de tristesse, en ne possédant pas ce qu’il désire. 76 L’Échelle Sainte: DEUXIÈME DEGRÉ

43. Voici la marque à laquelle vous pourrez reconnaître la fraude et les artifices des démons, d’avec les soins que nos anges prennent de nous. Ces derniers ne nous font jamais voir dans les songes, dont ils sont les auteurs, que les supplices éternels, le jugement dernier, la séparation effrayante des méchants d’avec les gens de bien, et nous inspirent à notre réveil une crainte et une tristesse salutaires. 131 L’Échelle Sainte: TROISIÈME DEGRÉ

63. Le démon ne cesse de tenter de mille manières différentes ceux qui font profession d’obéissance : tantôt il cherche à troubler et à salir leur imagination par des pensées et des images impures, afin de faire révolter la chair contre l’esprit; tantôt il remplit leurs coeurs de peines, de chagrins et de tristesse; ici il les pousse à l’emportement et à la mauvaise humeur, et cherche toutes les voies capables de paralyser leur volonté et de rendre leur vertu stérile et vaine; là il les porte à l’intempérance dans les repas, à la négligence dans la prière, à la mollesse dans le sommeil; enfin il enveloppe leur intelligence dans des nuages et des ténèbres épaisses, afin qu’en les fatiguant de la sorte, il leur mette dans l’idée et leur fasse croire que c’est inutile pour eux de pratiquer l’obéissance, qu’ils ne tirent aucun avantage spirituel des efforts et des sacrifices qu’ils font, qu’au lieu d’avancer dans la perfection, ils marchent en arrière. C’est ainsi que peu à peu il les décourage et les dégoûte des saintes occupations commandées par l’obéissance, et leur fait misérablement abandonner le champ de bataille; souvent même il ne leur laisse pas le temps de voir et de reconnaître que Dieu, pour fournir à ses serviteurs une occasion favorable de pratiquer d’une manière plus parfaite l’humilité et il obéissance, permet que le trésor de leurs vertus leur soit soustrait; mais ici c’est un effet de la Bonté de Dieu, il nous le rendra, ce trésor, plus riche et plus précieux. 247 L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ

14. Mes chers amis, c’est dans ce lieu, oui, c’est dans ce lieu de pénitence qu’on voyait ponctuellement lÕaccomplissement de ce que David disait de lui-même (cf. Ps 37,6-7), c’est là qu’on avait sous les yeux le spectacle attendrissant, des personnes qui étaient plongées dans la plus désolante affliction, et courbées jusqu’à la fin de leur vie sous le poids immense de leur douleur; qui tous, les jours portaient l’amertume de leur tristesse peinte sur leur visage et exprimée dans leurs mouvements et dans leurs démarches; et qui, par l’horrible puanteur qui s’exhalait de leurs plaies, annonçaient que leur corps, dont ils ne prenaient aucun soin et auquel ils ne pensaient même pas, était couvert d’un ulcère général. C’est là qu’on voyait des hommes qui avaient oublié de manger leur pain, qui mêlaient leurs larmes avec l’eau qu’ils buvaient, qui se nourrissaient de cendres au lieu de pain; dont les os, devenus secs, n’étaient plus entourés que d’une peau ridée et qui y était collée; et dont le coeur avait séché comme l’herbe frappée par les ardeurs du soleil (cf. Ps 101,4-12). On ne leur entendait prononcer que ces mots : “Malheur à nous, misérables ! malheur à nous !”; et ces autres : “C’est avec justice, oui, c’est avec justice que nous sommes dans cet état déchirant”; et enfin ces autres : “Pardonne-nous, Seigneur; nous t’en en conjurons, pardonne-nous.” Plus loin, vous en entendiez d’autres qui faisaient retentir l’air de ces paroles seulement : Pitié, Seigneur, pitié !”, et d’autres enfin qui, d’une voix plus lamentable, ne cessaient de répéter : “Ah ! Seigneur, si nous pouvons encore espérer, daigne nous pardonner ! oui, Seigneur, pardonne-nous !” 360 L’Échell