matière (SMTN)

Et, en effet, si la vie ou le mouvement était essentiel a la matière, il n’aurait pas fallu, comme l’ont fait les plus fameux Philosophes, demander, pour former un Monde, de la matière et du mouvement; puisque d’après ce principe, en obtenant l’une, ils auraient eu nécessairement l’autre. SMTN: II

Pouvons-nous donc concevoir rien de plus difforme, qu’un être dont la vie est fondée sur les vicissitudes, la destruction et la mort ; qu’un être qui, comme la matière, comme le temps, comme le Saturne de la Fable, n’existe qu’en se nourrissant de ses propres enfants ; qui ne peut en conserver une partie, sans sacrifier l’autre ; en un mot, qui ne peut maintenir leur existence, qu’en leur faisant dévorer leurs propres frères ? SMTN: II

C’est ici le lieu d’observer les résultats de toutes les recherches qui ont été faites sur Dieu et sur la matière. Dans tous les temps on a cherché a savoir ce que c’est que la matière, et on n’a pu le concevoir encore : il y a même des langues très savantes qui n’ont point de mots pour l’exprimer. Au contraire, parmi ceux qui ont pris Dieu pour objet de leurs réflexions, il n’en est aucun qui ait pu dire ce qu’il n’était pas ; car il n’y a pas de dénominations positives, exprimant un attribut réel ou une perfection, qui ne conviennent a cet Etre universel, puisqu’il est la première base de tout ce qui est. Et si les hommes lui donnent quelquefois des dénominations négatives, telles qu’Immortel, Infini, Indépendant, nous verrons, en examinant leur véritable sens, qu’elles expriment des attributs très positifs, puisqu’en effet ces dénominations ne servent qu’à annoncer qu’il est exempt des sujétions et des bornes de la matière. SMTN: II

Si ces expressions paraissaient embarrassantes au lecteur, et qu’il en désira l’explication, je le prierai de ne pas la demander aux calculateurs de la matière, ils ne connaissent pas les rapports positifs des choses. SMTN: II

Nous avons assez indiqué comment l’homme aurait pu se convaincre de l’existence immatérielle de son Etre ; et de celle du Principe suprême ; et ce qu’il devait observer pour ne pas confondre ce Principe avec la matière et la corruption, ni attribuer aux choses visibles cette Vie impérissable, qui est le plus beau privilège de l’Etre qui n’a point commencé, et auquel ses productions immédiates seules, participent par le droit de leur origine. SMTN: II

Indépendamment de la pensée et des autres facultés intellectuelles que nous avons reconnues en lui, il offre des faits si étrangers à la matière, qu’on est forcé de les attribuer a un principe différent du principe de la matière. Des prévoyances, des combinaisons de toute espace, des Sciences hardies par lesquelles il nombre, mesure et pèse en quelque sorte l’Univers ; ces sublimes observations astronomiques, par lesquelles placé entre les temps qui ne sont pas encore, il peut rapprocher de lui leurs extrémités les plus éloignées, vérifier les phénomènes des premiers âges, et prédire avec certitude ceux des âges à venir ; le privilège qu’il a seul dans la Nature d’apprivoiser et d’asservir les animaux, de semer et de moissonner, d’extraire le feu des corps, d’assujettir toutes les substances élémentaires, a ses manipulations et a son usage, enfin, cette activité avec laquelle il cherche sans cesse a inventer et a produire de nouveaux Etres ; de manière que son action est une sorte de création continuelle. Voilà des faits qui annoncent en lui un Principe actif, bien différent du principe passif de la matière. SMTN: III

Ceux-mêmes qui se déclarent contre un Etre éternel, infiniment juste, source de toute félicité et de toutes lumière, ne font que changer le nom de cet Etre, et en mettre un autre a sa place. Loin de détruire son indestructible existence, ils démontrent sa réalité et toutes les facultés qui lui appartiennent. Car si l’Athée et le Matérialiste répugnent à croire au Dieu qui s’est peint dans leur âme, ils ne font, lorsqu’ils lui substituent la matière, que transporter sur elle les attributs du Principe vrai, dont leur essence les rend à jamais inséparables ? ainsi cette idole est toujours un Dieu, qu’ils nous annoncent. SMTN: IV

D’ailleurs, en élevant ainsi la matière, c’est moins, en effet, le règne de cette matière, que la leur propre qu’ils prétendent établir. Car les raisonnements, dont ils tachent d’appuyer leurs systèmes, l’enthousiasme qui les anime, toutes leurs déclamations, n’ont-elles pas pour but de nous persuader qu’ils sont possesseurs de la vérité ? Or, d’après les rapports intimes que nous sentons exister entre Dieu et la vérité, être possesseur de la vérité, serait-ce autre chose qu’être Dieu ? L’Athée confesse donc, malgré lui, l’existence de cet Etre suprême ; car il ne peut entreprendre de prouver qu’il n’y a point de Dieu, qu’en se présentant comme étant un Dieu lui-même. SMTN: IV

Ce mot, émané, peut contribuer à jeter un nouveau jour sur notre nature et sur notre origine car, si l’idée d’émanation a tant de peine a pénétrer dans l’intelligence des hommes, ce n’est que parce qu’ils ont laissé matérialiser tout leur Etre. Ils ne voient dans l’émanation qu’une séparation de substance, telle que dans les évaporations des corps odorants, et dans les divisions d’une source en plusieurs ruisseaux : tous exemples pris de la matière, dans lesquels la masse totale est réellement diminuée, quand quelques parties constituantes en sont retranchées. SMTN: IV

Tous les Etres de la Nature matérielle, ne montrant que des faits physiques, et n’agissant que pour les sens corporels, n’annoncent que le principe physique vivant dans ces Etres en les faisant mouvoir : ils n’ont point assez clairement un principe sain et divin, pour en prouver immédiatement l’existence. Aussi, les preuves prises de la matière, sont-elles très insuffisantes pour démontrer Dieu, et par conséquent pour nous démontrer l’émanation de l’homme hors du sein de la Divinité. SMTN: IV

Si l’homme est émané de la Divinité, c’est donc une doctrine absurde et impie, que de le dire tiré du néant et créé comme la matière : où il faudrait alors regarder la Divinité elle-même comme un néant ; elle qui est la source vivante et incréée de toutes les réalités et de toutes les existences. Par une conséquence aussi naturelle l’homme tiré du néant devrait nécessairement rentrer dans le néant. Mais le néant est un mot vide et nul, dont aucun homme n’a l’idée ; et il n’en est point qui puisse sans répugnance s’appliquer a la concevoir. SMTN: IV

Voilà, en effet, quels sont les droits qu’ont aujourd’hui sur l’homme toutes les choses de cette région temporelle. Comme chacun des Etres qui la composent est complet et entier en son espèce, les yeux de ce malheureux homme demeurent fixés sur des objets qui représentent en effet l’unité, mais qui ne la représentent que par des images très fausses et très défectueuses ; puisqu’ils sont tous formés par des assemblages ; puisque, dès qu’ils peuvent être vus par nos yeux de matière, ils sont nécessairement composés, attendu que nos yeux matériels sont composés eux-mêmes, et qu’il n’y a de relation qu’entre les Etres de même nature. SMTN: V

L’homme est donc réduit, en demeurant dans cette région temporelle, à n’apercevoir que des unités apparentes : c’est-à-dire, qu’il ne peut plus connaître aujourd’hui que des poids, des mesures et des nombres relatifs, au lieu des poids, des mesures et des nombres fixes qu’il employait dans son lieu natal : et il en a la preuve dans les expériences les plus communes ; car il lui serait de toute impossibilité de fixer une portion de matière qui fût égale en poids, en nombre et en mesure à une autre portion : attendu qu’il lui faudrait connaître le poids, le nombre et la mesure fixe de la première, et qu’il a quitté le séjour de tout ce qui est fixe. SMTN: V

Mais aussi cela n’est vrai que pour les corps, car toutes les actions matérielles, n’opérant rien d’analogue à la véritable nature de l’homme, sont en quelque sorte ou peuvent être étrangères pour lui, quand il veut faire usage de ses forces et se rapprocher de son élément naturel. Enfin, la matière est vraie pour la matière, et ne le sera jamais pour l’esprit. Distinction importante avec laquelle on aurait terminé depuis longtemps les disputes de ceux qui ont prétendu que cette matière n’était qu’apparente, et de ceux qui ont prétendu qu’elle était réelle. SMTN: V

On pourrait donc s’écrier avec raison : Hommes, c’était par vous que les Impies devaient connaître la justice, et vous pouvez à peine répondre quand on vous demande ce que c’est que la justice, c’était par vous qu’ils devaient être ramenés dans les sentiers de la lumière et à corrompre les voies. C’était par vous que la vérité devait paraître, et vous n’offrez que le mensonge. Comment la justice, la lumière et la vérité seront-elles donc connues, si l’Etre préposé pour les exprimer, non seulement n’en a pas conservé l’idée, mais s’efforce même de détruire les traces qui en étaient écrites dans lui et sur toute la Nature ? Comment saura-t-on que le principe nécessaire est Saint et Eternel, si vous professez le culte et la doctrine de la matière ? Comment saura-t-on qu’il n’est occupé qu’à pardonner et qu’il brûle d’amour pour les hommes, si vous ne respirez que la haine et si vous ne payez ses bienfaits que par des blasphèmes ? Enfin ? comment croira-t-on à l’ordre et à la vie, si vous montrez en vous que la confusion et la mort ? SMTN: V

Mais, sans discuter les différentes opinions qui ont régné sur cet objet, nous pouvons croire que le crime de l’homme fut d’avoir abusé de la connaissance qu’il avait de l’union du principe de l’Univers avec l’Univers. Nous ne pouvons douter même, que la privation de cette connaissance ne soit la vraie peine de son crime ; puisque nous subissons tous cette irrévocable punition, par l’ignorance où nous sommes sur les liens qui attachent notre Etre intellectuel à la matière. SMTN: VI

“Que l’homme intelligent médite ici sur les lois de l’Astre lunaire, qui nous représentent, sous mille faces, notre privation ; qu’il examine pourquoi cet Astre ne nous est visible que pendant ses jours de matière ; et pourquoi nous le perdons de vue le vingt-huitième jour de son cours, quoiqu’il se lève également sur notre horizon.” SMTN: VI

Au reste comme les vérités fixes et réelles que l’homme peut atteindre à la mort, tiennent à l’ordre intellectuel, qui est le seul vrai : il n’est pas étonnant que, tant que nous sommes ensevelis dans notre matière, qui est relative et apparente, nous ne nous apercevions pas toujours de ces travaux des autres hommes, déjà séparés de leurs corps, quoique la seule lumière de l’intelligence nous en démontre évidemment la nécessité ; et le même exemple du voyageur peut encore nous servir d’indice sur cet objet, car ceux qui demeurent au pied de la montagne, le perdent de vue, lorsqu’il est parvenu à une certaine hauteur, et ne peuvent cependant former aucun doute sur son élévation et sur son existence, quoique leurs yeux corporels ne le puissent plus suivre dans sa marche. SMTN: VI

Il serait à présumer aussi qu’il existe des différences entre les pâtiments des Etres qui composent la classe matérielle. Si la plante souffrait, ce serait moins que l’animal : si le minéral souffrait, ce serait moins que la plante et l’animal, vu la différence des principes qui constituent ces trois règnes. Mais, pour ne point ralentir notre marche, nous comprendrons sous la dénomination d’Etres sensibles et corporels, tout ce qui est en action dans la Nature, et tout ce qui est corps de matière, laissant à l’intelligence du Lecteur à faire les distinctions particulières que l’immensité des détails peut exiger. SMTN: VII

I1 y aurait ici une infinité d’autres rapports à exposer sur les lois de la conception des Etres, sur leur simplicité, à mesure qu’ils s’élèvent et se rapprochent de la première source, et sur la subdivision à laquelle ils sont soumis, à proportion qu’ils s’en éloignent et qu’ils descendent. On verrait la raison pour laquelle, hors du temps toutes les facultés sont dans le même Etre ; au lieu que, pour les Etres dans le temps, ces facultés demandent autant d’agents distincts : on pourrait faire connaître la cause finale de cette grande et magnifique loi par laquelle les animaux parfaits naissent avec la similitude de leur Principe générateur : au lieu que les animaux imparfaits tels que les insectes, éprouvent plusieurs mutations sensibles dans leurs formes, avant de parvenir à cette ressemblance ; on pourrait observer que notre corps passant par toutes les révolutions de la matière, n’est pour ainsi dire, qu’un insecte, par rapport à notre Etre intellectuel, qui, dès l’instant de son émanation, a reçu le complément de son existence : on pourrait enfin remarquer que notre Etre intellectuel lui-même, dans son état présent, est une espèce d’insecte, relativement aux êtres à qui la corruption et le temps ne sont pas connus. SMTN: VIII

Le principe suprême manifeste d’abord l’existence de ses facultés créatrices par l’existence de la matière puisque tout individu matériel n’est et ne peut être qu’une production. Il manifeste en outre la loi progressive de l’action de ces facultés, par les actions successives et génératrices des éléments. Voici l’ordre de ces dernières. SMTN: VIII

Ce serait donc en vain que nous chercherions dans la matière des images réelles et permanentes du Principe de la vie, duquel nous sommes malheureusement séparés ; et si l’homme n’eût pas eu d’autres signes que les objets matériels pour recouvrer la connaissance de ce Principe, la Justice divine aurait peu de choses à lui redemander. SMTN: VIII

« Mais cette supériorité de l’homme sur la Nature se démontre d’une manière plus active par les simples manipulations qu’il peut faire sur la matière, et qui doivent nous donner encore une plus grande idée de l’étendue de ses droits. » SMTN: VIII

Les difficultés qui se sont élevées sur cette matière viennent de ce qu’on attribue aux Elus particuliers, ce qui n’a été dit que des Elus généraux. SMTN: VIII

Il se pourrait même que parmi ces signes, parmi ci agents, il y en eût qui eussent existé, et qui existassent encore au milieu des hommes sans que ceux qui sont ignorants ou corrompus s’en aperçussent. Leur action, leur marche ne devant se découvrir qu’à ceux qui sont assez purs pour les saisir, elles sont presque toujours nulles pour les autres ; comme tous mes actes intellectuels sont inconnus à la matière de mon corps est formé, parce qu’il n’y a rien en eux qui lui soit étranger : et c’est là ce qui jette tant d’obscurité, de doutes et d’incertitudes sur l’existence de ces signes et de ces Agents. SMTN: VIII

Exposons une troisième loi également indispensable ; c’est que si par la destination sublime sur laquelle est fondée l’origine de l’homme, non seulement il était nécessaire que même après son crime, les vertus de la Sagesse parvinssent visiblement jusqu’auprès de lui, et prissent le soin de lui retracer son modèle, il fallait encore que les dépositaires de ces dons l’instruisissent des voies par lesquelles il pouvait se régénérer dans son premier état. Il fallait que ces Agents remplissent leur destination par des actes sensibles, puisqu’ils habitaient auprès d’un Etre sensible et obscurci par sa matière ; il fallait enfin qu’ils missent cet homme à portée de pouvoir exercer et transmettre à son semblable, les dons et les connaissances qu’il avait reçues d’eux autant pour l’instruction et l’avantage des autres hommes que pour la sienne propre ; ce qui nous conduit à reconnaître la nécessité d’un culte sensible et physique sur la Terre, et nous découvre en même temps l’objet pour lequel il y a des Elus qui ont été privilégiés. SMTN: VIII

Le but de l’Art hermétique, le plus généralement connu, ne s’élève jamais au-dessus de la matière : il se borne pour l’ordinaire à deux objets ; l’acquisition des richesses, la préservation et la guérison des maladies : ce qui, au gré de ses Sectateurs, ne laisse plus de bornes aux désirs et au pouvoir de l’homme, et lui permet d’espérer des jours heureux et d’une durée infinie. SMTN: X

Si l’Art hermétique matériel n’atteint pas au delà des objets matériels, cet Art n’est pas dans une classe plus élevée que l’agriculture ; il est donc évident que les emblèmes et les symboles de la Mythologie lui sont également étrangers, puisqu’ils présentent le langage de l’intelligence, et qu’ils donnent une vie et une action à des facultés qui sont inconnues à la matière. SMTN: X

Ceci, je sais, ne sera compris que par les Phylosophes hermétiques et par des hommes instruits dans des Sciences plus profondes et plus essentielles que la leur. Cependant ceux qui ignorent les procédés de l’Art hermétique, et qui ne connaissent aucun des fruits qui peuvent en provenir, m’entendront assez pour apprendre à discerner ces fruits, s’ils avaient un jour occasion d’en apercevoir, et pour se tenir en garde contre l’abus des expressions employées par les Partisans de cette Science ; car parmi ceux-ci, il en est qui sembleraient assez habiles, et assez persuadés, pour être dangereux : mais leur est-il possible d’être de bonne foi, en suivant le culte des substances corruptibles : et en se dissimulant qu’ils ne recherchent avec tant d’ardeur un esprit qui soit matière, que pour pouvoir se passer de celui qui ne l’est pas ? SMTN: X

Cet abus d’expressions, cette confiance, ou plutôt ces illusions se montrent à découvert dans les prétentions de la plupart des Philosophes hermétiques, qui se flattent de pouvoir opérer sur la matière première. SMTN: X

Tous les procédés sensibles et matériels, loin de tomber sur la matière première ne peuvent jamais avoir lieu que sur la matière seconde et mixte : attendu que la matière première ne peut être sensible ni à nos mains, ni à nos yeux, ni à aucun de nos organes, qui ne sont eux-mêmes que matière seconde et composée. SMTN: X

Nous ne rappellerons point ce qui a été dit dans l’Ouvrage déjà cité, sur la différence de la matière première et de la matière seconde, ou, si l’on veut, sur la différence des corps et de leur Principe. Il suffit de dire que cette matière première, ou ce Principe des corps, est constitué par une loi simple, et qu’il participe à l’unité, ce qui les rend indestructible, au lieu que la matière seconde, où les corps sont constitués par une loi composée, qui ne se montre jamais dans les mêmes proportions et qui par là rend incertains et variables tous les procédés matériels de l’homme. SMTN: X

Or ces causes secondes étant par leur nature au-dessous de l’homme, ce n’est pas le tromper que de lui dire qu’il est fait pour en avoir la disposition. Si les Philosophes hermétiques ont assez d’expérience et de connaissances pour préparer convenablement les ,substances fondamentales de leur oeuvre, et que cet oeuvre soit possible, ils doivent donc y parvenir avec certitude, sans qu’il soit besoin pour cela d’interposer d’autre Puissance que celle qui est inhérente à toute la matière, et qui constitue sa manière d’Etre. SMTN: X

D’ailleurs, il est un danger presque inévitable, auquel le Philosophe hermétique est exposé : c’est qu’en priant pour son oeuvre, il n’arrive que trop souvent qu’il prie sa matière même. Plus les fruits qu’il obtient, paraissent parfaits et dégagés des substances grossières, plus il est tenté de croire qu’ils approchent de la Nature divine : parce que ses sens voyant quelque chose de supérieur à ce qu’il aperçoit ordinairement, il est séduit par ces apparences, et croit avoir des motifs très légitimes pour se justifier son erreur. Par cette voie les Philosophes hermétiques, s’enfonçant dans de nouvelles ténèbres, perpétuent les tristes suites de leur enthousiasme et de leurs préventions. SMTN: X

En réunissant ces deux signes dans l’ordre même où les Chimistes les emploient, c’est-à-dire, en plaçant le triangle au-dessus de la figure cruciale (figure 1), on a d’une manière évidente et sensible, le tableau des deux substances opposées qui nous composent, et en même temps celui de l’imperfection de notre état actuel où l’Etre pensant se trouve surmonté et comme enseveli sous le poids de la forme corporelle ; tandis qu’étant destiné par sa nature à régner et à dominer sur elle, cette forme devrait lui être absolument subordonnée: et voilà comment toutes les lois des Etres pourraient tourner à notre instruction. On peut même trouver là une nouvelle preuve de la nécessité des manifestations supérieures, pour aider l’homme à se rétablir dans son ordre naturel, et afin que notre essence intellectuelle, étant remise dans son rang primitif et supérieur à la matière, l’édifice qui avait été renversé suivant cette figure se trouvât relevé ainsi, (voir figure 2). SMTN: XII

On peut remarquer enfin que dans la décomposition des corps, leur feu principe, leur phlogistique échappe à tous les moyens corporels employés pour le contenir. C’est nous retracer visiblement la distance qui se trouve entre la matière et son Principe, et par analogie combien le Principe intellectuel de l’homme est étranger à son enveloppe. SMTN: XII

Ils ont affecté de traduire par il fil, le mot Bara, qui signifie également il produisit, il créa. Ne nous laissons pas tromper ; cette expression il fit, annoncerait une coéternité de la matière avec Dieu, qui n’aurait eu d’autre oeuvre à faire que de la modifier, pendant que cette coéternité n’appartient qu’au Principe immatériel de la matière. SMTN: XII

« Et même le serpent, cet animal si disproportionné, cet Etre sans aucune armure corporelle, sans écailles, sans plumes, sans poil, sans pied, sans mains, sans nageoires ; ayant toute sa force dans sa gueule, force qui n’est que venin, mort, corruption ; le serpent, dis-je, porte avec lui des signes physiques et analogues à la séduction dont la pensée de l’homme est susceptible, puisque cet animal a seul, parmi les autres, la propriété de former avec son corps un cercle parfait, et de nous présenter par là, sous une apparence régulière, la forme et la base de tous les objets sensibles et composés ; c’est-à-dire, de fixer nos yeux sur la matière et l’illusion ; enfin, en formant un cercle vide, où l’on ne voit point de centre, il a la propriété de nous faire perdre de vue le Principe simple de qui tout descend, et sans lequel rien n’existe. Il n’est clone pas étonnant qu’on ait aperçu tant d’antipathie entre l’homme et le serpent, puisque l’homme, au contraire, tient au centre par la proportion de sa forme, au lieu que le serpent n’offre sur la sienne que la circonférence ou le néant. Qu’on ne prenne point ceci pour un jeu d’imagination ; des vérités importantes sont enveloppées sous ces rapports. Et c’est là que l’on trouverait à s’instruire des relations métaphysiques qui ont existé autrefois entre l’homme, la femme et le serpent ; et qui se manifestent matériellement entre eux aujourd’hui, dans toute la régularité des nombres.» SMTN: XII

« Car la nudité que les Livres hébreux lui attribuent avant son crime, et dont il est dit qu’il ne rougissait point, présente une autre vérité. Le mot gharoum, nu, vient de la racine arabe ghoram, qui signifie, un os dépouillé de chair ; or l’os est le symbole sensible du mot force, vertu, puisque l’os est la force et le soutien du corps. D’un autre côté, ce mot os remonte par le mot ossum des Latins, jusqu’à la racine hébraïque ghatzam, qui signifie une force, une vertu. Ainsi donc, nous présenter l’homme premier dans un état de nudité, c’est nous dire qu’il était un Etre immatériel, une vertu, une force, une puissance dénuée de chair, ou sans corps de matière. » SMTN: XII

C’est en vain que les Observateurs ont attaqué la réalité de ce Déluge, par l’impossibilité qu’il y ait sur la terre, selon leur calcul, un volume d’eau suffisant pour couvrir toute sa surface, et pour s’élever jusqu’aux plus hautes montagnes. Ces objections n’ont pour base que le défaut d’intelligence des Traducteurs, et les erreurs que les systèmes philosophiques ont répandu sur la nature de la matière, en ne lui reconnaissant pas d’autres principes qu’elle même. SMTN: XIV

Au contraire, les secondes Tables nous sont bien données par l’Ecrivain, comme ayant été écrites par la main de Dieu, ainsi que les premières : mais la différence qui se trouvait entre elles, c’est que les dernières avaient été taillées de la main de l’homme, et que c’est sur cette oeuvre de l’homme que l’Etre nécessaire, rempli d’amour pour ses productions, daigna encore graver son sceau et sa convention, comme il l’avait fait sur la substance pure dont les premières Tables étaient l’image : de façon que la loi de l’homme n’étant pas aujourd’hui gravée sur sa matière naturelle, opère en lui cet état violent et douloureux que tous les hommes éprouvent, lorsqu’ils cherchent cette loi avec sincérité, et qu’ils s’en approchent ; parce que ces pâtiments et cette irritation sont inévitables entre des êtres hétérogènes. SMTN: XIV

N’est-ce pas, en effet, nous retracer la différence des lois de la matière à celles de l’intelligence ? N’est-ce pas nous indiquer que la matière n’existe, ne produit, ne s’alimente que par des moyens violents et par une culture laborieuse tandis que la vie intellectuelle, active par elle-même, promet à l’homme qui peut y parvenir, des délices faciles et une nourriture assurée ? SMTN: XIV

« Cependant, comme l’élément qu’ils habitent, porte avec lui-même le caractère de l’origine confuse des choses matérielles ; comme c’est par l’eau que tous les Etres de matière prennent leur corporisation, la Loi regardait les poissons comme participant en quelque sorte à la confusion de leur élément : aussi n’entraient-ils point dans les sacrifices. » SMTN: XIV

Que sera-ce donc si l’homme entier est embrasé de ce feu supérieur : il anéantira jusqu’aux moindres vestiges de sa matière ; on ne trouvera rien de son corps, parce qu’il n’aura rien laissé d’impur. Semblable à ces Elus qui à la fin de leur carrière, ont paru s’élever dans les Régions célestes sur des chars lumineux, lesquels n’étaient que l’explosion d’une forme pure, plus naturelle à notre Etre que ne l’est notre enveloppe matérielle, et que nous n’avons jamais cessé d’avoir, malgré notre jonction avec la matière. SMTN: XIV

Il eût mieux valu nous rappeler combien la Langue hébraïque est rapprochée des objets de l’intelligence, puisqu’elle n’a pas même de mot pour exprimer la matière et les éléments : il eût mieux valu, dis-je, nous montrer combien le sens primitif de ses mots les plus communs, est piquant, juste et sublime ; et nous apprendre que loin de borner la Langue hébraïque à un sens particulier et littéral, elle est si vaste, que pour la saisir dans son véritable esprit, on ne doit s’occuper qu’à l’étendre ; car clans l’ordre vrai, c’est au sujet et à l’intelligence à mener les Langues et non aux Langues à mener l’intelligence et le sujet. SMTN: XIV

Aucun de ces types n’a été plus ressemblant que le juste Elie, dont le nom embrasse toutes les classes d’Etres supérieurs à la matière, et qui s’est fait connaître par les actes les plus extraordinaires. Mais c’est parce qu’il participait à la force du Principe de toutes choses que l’étonnement doit cesser à la vue de semblables faits. S’il tenait à l’Etre qui a tout produit, à la source d’où découlent tous les signes sensibles matériels ou immatériels qui sont en action dans l’univers, quelle difficulté y aurait-il que, sous le signe d’un Corbeau, il eût reçu sa nourriture d’une main supérieure ? Quelle difficulté qu’il ait dévoilé l’imposture des Prêtres de Baal, en manifestant les forces du vrai Dieu ? Quelle difficulté même qu’il ait rendu la vie à un cadavre, puisqu’il agissait par ce même Dieu qui l’avait donnée ? SMTN: XVI

Mais plus cette classe est sublime, plus il est difficile à l’homme de s’y maintenir ; il faut pour l’atteindre, que tout ce qu’il y a de prestiges en lui, disparaisse et s’anéantisse, pour ne laisser briller que son essence pure et réelle. Tout en conservant cette intégrité indestructible de son Etre, les illusions qui le remplissent, doivent faire place à des substances solides et vraies : comme ces tendres végétaux qui dans la terre perdent leur mollesse, et reçoivent dans leurs canaux une matière durable, qui, sans changer leur forme, leur donne une consistance à toute épreuve : enfin, l’homme joignant la vie d’un autre Etre à la sienne propre, doit se renouveler perpétuellement sans cesser d’être lui-même, et la vie de cet autre Etre est celle de l’Infini. SMTN: XVII

De là sont nées dans tous les temps, ces Sciences fondées sur des formules et sur des secrets : ces Sciences dont tout le succès, selon ceux qui les enseignent, dépend exclusivement d’une matière morte, d’amulettes, de pentacles, de talismans ; ou de l’observation des objets sensibles, du vol des oiseaux, de l’aspect de certains astres, des linéaments et de la structure du corps humain ; ce qui est compris sous les noms de Géomancie, Chiromancie, Magie, Astrologie, toutes Sciences dans lesquelles le Principe étant subordonné aux causes secondes, laisse l’homme dans l’ignorance de la vraie cause. Or de l’ignorance à l’erreur et à l’iniquité, il n’y a qu’un pas, comme un terrain inculte, couvert de ronces, devient bientôt un repaire de serpents. C’est par là que des Maîtres aveugles et imposteurs, abusant de la foi des Peuples dont ils flattent les passions et les vices, détournent journellement les hommes de leur destination originelle, et du véritable objet de leur confiance. SMTN: XVII

Cependant l’intelligence de l’homme ne pouvant pas toujours sommeiller, ils ont cherché au moins les lois et les rapports que ces Etres pouvaient avoir entre eux ; mais ayant séparé ces Etres de leur Principe, ils se sont vus forcés de les expliquer par eux-mêmes ; et de là sont résultées ces doctrines matérielles et incohérentes de la production des astres, par des divisions d’une même masse de matière en incandescence ; ces comparaisons si rabaissées de la naissance de ces grands et vivants mobiles, avec les fusions passives et mortes de nos substances terrestres : systèmes qui coûtent à leurs auteurs infiniment plus d’efforts qu’il ne leur en aurait fallu pour s’élever d’abord à un Principe actif ordonnateur de tous les Etres, qui infuse en chacun d’eux une mesure de force, de vertus et de vie analogue à ses desseins ; parce qu’il n’y a que le faux et l’erreur qui tiennent l’homme en travail, et qu’il est dans une action paisible et naturelle quand il est dans la vérité. Mais je l’ai dit, je ne dois pas parler de cette ordre de savants ; ils sont nuls relativement à la science et aux objets dont nous traitons. SMTN: XVII

Pendant la première époque de son expiation, l’homme comme l’enfant dans les liens ténébreux de la matière, éprouvait sans doute les bienfaits de la Sagesse. Mais, recevant ces bienfaits, comme l’enfant, sans les apercevoir ni reconnaître la main qui les répandait sur lui il n’était que passif, et son Etre réel et intelligent ne goûtait pas encore sa vraie nourriture, qui consiste dans l’activité et la vie. SMTN: XVII

Et pour affermir notre confiance, soit sur l’union nécessaire de ces vertus avec leur Principe, soit sur la possibilité en général de toutes les manifestations dont j’ai parlé ; je rappellerai ici que la matière, quoique vraie relativement aux corps et aux objets matériels : n’est qu’apparente pour l’intellectuel ; que c’est en raison de cette apparence, que les actions supérieures peuvent parvenir jusqu’à nous, et que nous pouvons nous élever jusqu’à elles : ce serait impossible, si l’espace qui nous sépare était fixe, réel et imperméable ; de même qu’il n’y aurait aucun commerce d’influences entre la terre et les astres, si l’air qui en occupe le milieu, n’était fluide, élastique et compressible. SMTN: XIX

Or la matière à laquelle l’homme s’est uni criminellement, n’est-elle pas la source de l’erreur des pâtiments qu’il éprouve ? Ne le tient-elle pas comme enchaîné parmi les substances qui lui présentent l’ordre sensible, tous les signes de la réalité, tandis qu’elles n’en ont aucune pour son Etre pensant Régénérateur universel, en s’unissant volontairement et purement à une forme sensible, doit donc avoir fait le type opposé ; c’est-à-dire qu’il a dû présenter aux yeux de la matière, tous les indices de la défectuosité, de la fragilité dont elle est susceptible, sans qu’aucune des sources de cette corruption ait pu atteindre jusqu’à lui. En un mot, si la matière avait charmé l’homme, et avait subjugué les yeux de son esprit, il fallait que le Régénérateur universel charmât la matière, et qu’il en démontrât le néant, en faisant régner devant elle le vrai, le pur, l’immuable. SMTN: XX

Enfin y aurait-il du danger à croire que dans cet acte à la fois corporel, spirituel et divin, dans cet acte qui ne tend qu’à délivrer l’homme de tout ce qui est sang et matière, tout dût être ESPRIT DE VIE comme celui qui l’a institué et qui vivifie, et comme l’homme qui doit y participer ? Mais s’il est certain que ce Culte doit exister sur la terre, c’est à ceux qui en sont les dépositaires à prononcer. SMTN: XX

La Loi sensible et la subdivision universelle auxquelles les hommes ont été assujettis, les ayant soumis à une forme de matière, la terre est trop étroite pour qu’ils puissent l’habiter tous ensemble ; et il a fallu qu’ils vinssent successivement y puiser les forces et les secours qui leur sont nécessaires pour traverser l’espace par lequel ils sont séparés de la source de toute lumière. SMTN: XXI

Voilà pourquoi les hommes qui n’étaient pas nés, lors de la manifestation générale au milieu des temps, n’ont pu alors en recevoir les avantages effectifs, et directs, comme ceux qui avaient déjà parcouru cette surface, ou qui l’habitaient à cette époque. On peut dire même que l’Agent universel s’étant soumis à la loi temporelle, et apportant l’intelligence visiblement sur la terre, n’a pu la manifester à la fois par ses actes dans tous les lieux de notre habitation terrestre ; que s’il l’a fait en puissance dans toutes les parties de cette terre, il ne l’a fait en acte que dans les lieux qu’il a habités, ou peut-être dans quelques autres contrées, mais d’une manière étrangère à la matière, et en faveur de quelques Elus destinés à concourir à son oeuvre. Car la vertu et les pouvoirs de ces signes visibles qui accompagnent partout ici-bas les pensées, devaient résider avec une entière supériorité dans celui qui produit toutes les pensées. SMTN: XXI

Enfin si les facultés de l’homme particulier ne peuvent jouir de l’universalité de leur propre action tant qu’il est lié aux moindres vestiges de sa matière : s’il ne peut être vraiment libre tant qu’il est soumis aux influences des êtres contraires à sa nature ; s’il ne peut contempler l’ensemble de la Région sublime où il a pris naissance, tant que la moindre parcelle corruptible existe entre lui et ces sublimes tableaux, il en est de même pour l’espèce universelle de l’homme. SMTN: XXI

Car telle sera la différence extrême entre notre état actuel de la vie corporelle, et celui qui le doit suivre, lequel n’est encore sensible qu’à notre pensée. Nous ne connaissons pour ainsi dire ici-bas que par nos désirs l’action vivante et intellectuelle qui nous est propre ; parce que pendant notre séjour dans la matière, les moyens les plus efficaces de cette action nous sont refusés : mais au sortir de cette matière, lorsque pendant notre vie corporelle nous avons conservé la pureté de nos affections, ces moyens efficaces nous environnent et nous sont prodigués sans mesure ; et des jouissances inconnues à l’homme terrestre le dédommagent amplement des privations qu’il a supportées. SMTN: XXI

« Là, comme les Anges dans le Ciel, il ne sera pas marqué du nombre de réprobation exprimé aujourd’hui par la différence des sexes : parce que le Principe animal, celui dont l’action génératrice et constitutive porte spécialement sur la production des sexes, sera retourné vers sa source, et n’agira plus matériellement. Il y aura cependant des corps, mais comme ces corps seront animés par une action plus vivante que celle de la matière, ils n’auront de caractérisées que les parties de notre forme qui servent de siège à l’esprit, et qui le manifestent, ou celles qui peuvent être employées à l’exercice pur de ses fonctions. » SMTN: XXI

« Les propriétés de l’eau ne vous seront pas moins utiles à connaître, parce qu’étant la mine de tous les sels et contenant en elle tous les germes de corporisation, elle est en principe et en puissance, ce que la terre n’est qu’en acte, comme étant une matière déjà déterminée. Vous y verrez que la couleur verte est particulièrement affectée au règne végétal qui n’est que l’expression des principes de l’eau, et qui lient parmi les trois règnes le rang intermédiaire que l’eau tient parmi les trois éléments, et le vert parmi les sept couleurs de l’arc-en-ciel. » SMTN: XXI