vertus

Elle veut que cet homme se lave et se régénère perpétuellement, et en entier dans la piscine du feu, et dans la soif de l’unité ; elle veut qu’il fasse boire chaque jour ses péchés à la terre, c’est-à-dire, qu’il lui fasse boire toute sa matière, puisque c’est là son vrai péché ; elle veut qu’il tienne sans cesse son corps prêt à la mort et aux douleurs, son âme prête à l’activité de toutes les vertus, son esprit prêt à saisir toutes les lumières, et à les faire fructifier pour la gloire de la source d’où elles lui viennent ; elle veut qu’il se regarde dans tout son être comme une armée toujours sur pied, et prête à marcher au premier ordre qu’elle lui donnera ; elle veut qu’il ait une résolution et une constance que rien ne puisse altérer, et qu’étant prévenu qu’en avançant dans la carrière, il n’y peut trouver que des souffrances, puisque le mal va s’offrir à lui à tous les pas, cette perspective ne l’arrête point dans sa marche, et qu’il ne porte pas moins sa vue exclusivement sur le terme qui l’attend à la fin de la course. Nouvel Homme

Mon Dieu, je sais bien que vous êtes la vie, et que je ne suis pas digne que vous approchiez de moi, qui ne suis que souillure, misère, et iniquité. Je sais bien que vous avez une parole vive, mais que les ténèbres épaisses de ma matière empchent que ne la fassiez entendre aux oreilles de mon âme. Faites-en néanmoins descendre en moi une assez grande abondance de cette parole, pour que son poids puisse contrebalancer la masse du néant dans lequel est absorbé tout mon être, et qu’au jour de votre universel jugement, ce poids et cette abondance de votre parole, puissent me soulever hors de l’abîme, et me faire remonter vers votre sainte demeure ; placez dans les diverses régions et facultés qui me composent, nombre d’ouvriers habiles et vigilants qui désobstruent les canaux de toutes leurs immondices, et qui brisent jusqu’au roc vif qui s’oppose à la circulation des eaux, alors la vie de vos sources pures et actives entrera en moi, et remplira mes fleuves jusqu’aux bords ; alors vous créerez un monde d’esprits dans ma pensée, un monde de vertus dans mon coeur, et un monde de puissances dans mon opération, et c’est le tout-puissant, le sanctificateur universel qui entretiendra lui-même tous ces mondes en moi, et qui les nourrira continuellement de ses propres bénédictions. Nouvel Homme

L’ami fidèle qui nous accompagne ici-bas dans notre misère, est comme emprisonné avec nous dans la région élémentaire, et quoiqu’il jouisse de sa vie spirituelle, il ne peut jouir de la lumière divine, des joies divines, de la vie divine que par le coeur de ce même homme qui fut choisi pour tre l’intermède universel du bien et du mal. Nous attendons de cet ami fidèle tous les secours, toutes les protections, tous les conseils qui nous sont nécessaires dans nos ténèbres et toutes les vertus pour subir le décret de notre épreuve à laquelle il n’a pas le droit de rien changer ; mais il attend de nous en récompense, que par le feu divin dont nous devrions être embrasés, nous lui fassions éprouver la chaleur et les effets de ce soleil éternel dont il se tient éloigné par la pure et vive charité qui l’anime en faveur de la malheureuse humanité. Nouvel Homme 2

Cette opération s’accomplit par des lois de multiplication spirituelle de la part de la Divinité dans l’homme, quand il lui a ouvert sa vie intégrale : et alors la Divinité développe en nous tous les produits spirituels et divins relatifs à ses plans, comme nous voyons que pour ce qui est relatif aux nôtres nous transportons constamment nos forces et nos puissances dans notre pensée, déjà produite, pour qu’ils puissent parvenir à leur parfait accomplissement ; mais avec la différence que les plans divins nous liant à l’unité même, nous ouvrent des sources intarissables lorsqu’ils veulent bien nous associer à eux ; et comme ils sont vifs par eux-mêmes, ils opèrent en nous une suite d’actes vifs qui sont comme des multiplications de lumières, des multiplications de vertus, des multiplications de joies qui vont toujours en croissant; c’est plus qu’une pluie d’or qui tombe sur nous, c’est plus qu’une pluie de feu, c’est une pluie d’esprits, de tout rang et de toutes propriétés ; car, c’est une vérité déjà connue, que Dieu ne pense point sans enfanter son image ; or, il n’y a qu’un esprit qui puisse être l’image de Dieu ; c’est par là, dis-je, que nous recevons en nous des multiplications de sanctification, des multiplications d’ordination, des multiplications de consécration, et que nous pouvons les répandre à notre tour, d’une manière active, sur les objets qui sont hors de nous et sur les personnes qui nous approchent. Nouvel Homme 3

Si, comme nous l’avons vu, la parole est nécessaire pour l’établissement de la parole, et que par conséquent nous ne puissions être ressuscités dans notre parole que par le verbe, nous ne pouvons être ressuscités dans nos autres facultés que par des facultés analogues, dans notre pensée que par la pensée, dans notre mouvement par le mouvement, dans notre vie que par la vie, dans notre esprit que par l’esprit, dans nos vertus que par la vertu, dans nos lumières que par la lumière ; ainsi nous devrions être dans une mobilité et activité continuelles, puisque les plus petits rayons de ce qui est en nous devraient perpétuellement être réactionnés par les étincelles similaires, qui se dardent sans cesse hors du foyer éternel de la vie. Nouvel Homme 5

Hommes qui croyez à la vertu de la parole, et aux prodiges qu’elle opère dans l’âme de l’homme quand elle le veut employer à ses diverses manifestations, croyez aussi à la progression de ses puissances, et à l’accroissement quoiqu’invisible des diverses actions qu’elle a dessein de faire fructifier dans le champ de la mort que nous habitons. Car cette parole est vive par elle-même, et quoiqu’elle soit fixe, et en quelque façon immobile dans le centre de son essence, les mouvements qu’elle opère ne peuvent pas être bornés et fixés à demeure dans les localités du temps. Nous voyons combien cette vérité se démontre sur nous-mêmes par les progressions que notre esprit parcourt, et qui font que notre vie entière semble n’être qu’une suite d’accroissements, dans lesquels les dons et les vertus d’une époque disparaissent et sont remplacés par les dons et les vertus de l’époque suivante. Nouvel Homme 5

Ainsi nous ne devons être autre chose continuellement que l’effet réel de ces trois actes ; et la différence qu’il y a de Dieu à nous, c’est qu’il est un Dieu pensant, un Dieu parlant, un Dieu opérant, et que nous, nous sommes un Dieu pensé, un Dieu parlé, un Dieu opéré ; et telles sont les merveilleuses puissances, lumières, vertus, destinées à nourrir notre être. Enfin tels sont les trésors qui sont promis à notre âme puisque nous avons annoncé ci-dessus que la divinité devait nous traverser tout entière pour pouvoir s’étendre jusqu’à l’ami fidèle qui attend de nous cette divine nourriture, et pour qu’intérieurement et extérieurement nous puissions remplir les plans originels de notre principe. Nouvel Homme 5

Aussi tous les envoyés ne lui prêchent-ils autre chose, que de travailler à l’absolu dépouillement de l’homme de péché, afin que par ses soupirs et ses sanglots, il puisse obtenir que la parole créante, souffrante, sanctifiante, multipliante, vienne fonder en lui sa demeure, comme n’y trouvant rien qui la gêne, qu’elle puisse parler pour lui dans tout ce qui le constitue, et dans tout ce qu’il a à manifester, c’est-à-dire, qu’elle parle dans la pensée de l’homme, qu’elle parle dans la parole de l’homme, qu’elle parle dans toutes les affections de l’homme, qu’elle parle dans tous ses mouvements, dans toutes ses vertus, dans tous ses éléments, dans son sang, dans sa chair, dans tous les organes de sa vie, dans les aliments dont il se nourrit, dans toutes les substances qu’il emploie à ses besoins ; et enfin, qu’elle fasse de l’homme une oraison universelle ; en un mot, il faut que nous soyons dévorés comme une proie par toutes les puissances du Seigneur, avant qu’il trouve en nous sa joie et sa consolation, et que nous ayant consumés en lui-même par le feu créateur de sa propre vie, il nous rende de nouveau cette primitive existence libre, et joyeuse où nous n’avions à former que des prières de jubilation. Nouvel Homme 7

12. Puisque notre Dieu est un être effectif, tout doit être effectif dans ce qui l’approche, comme dans ce qui sort de lui. Ainsi, pourvu que nous le recherchions avec une pénitence effective, une humilité effective, un courage effectif, nous ne devons pas douter qu’il ne vienne à nous avec des puissances effectives, avec des dons effectifs, et qu’il n’imprime sur nous des témoignages effectifs de son intérêt et de son effectivité ; croyons en outre que si par cette effective influence Divine, nous nous trouvons dans une nouvelle situation effective de joie, de lumières, de forces, de vertus, de foi, de piété, de sainteté, enfin si nous nous trouvons effectivement dans une atmosphère réellement vive, nous pouvons espérer de produire cette même température effective dans tout ce qui nous environne, parce que la vraie et vive effectivité de notre Dieu ne cherche qu’à s’établir et se répandre, afin que selon son désir tout soit plein de lui. Nouvel Homme 12

Cette idée t’apprendra que ce décret doit te regarder d’une manière encore plus directe ; ainsi tu dois sentir que la délibération de ce grand conseil est que tu sois également dans la souffrance et dans le combat, si tu veux remporter la victoire. Or, ce décret, pris en grand, se subdivise ensuite, et s’étend à tous les détails de ta vie, et de ton existence. Ainsi, songes-y, il n’y a pas un instant où dans ce grand conseil Divin, il ne soit délibéré que tu dois être entièrement dévoué à la loi suprême dont tu dépends, que tu dois être pur, que tu dois être humble, que tu dois être aimant ton frère, que tu dois être ambitieux de te remplir de toutes les vertus de l’esprit et de la vérité, et d’en semer au moins les désirs dans les âmes de ceux qui sont dans l’indigence. Ainsi, pour peu que tu te négliges un instant sur la pratique de ces obligations, tu es réfractaire à la loi, tu es un prévaricateur. Nouvel Homme 13

Bientôt aussi le Dieu de la vie vient visiter notre âme, et nous pouvons dire alors avec jubilation : Dieu vit en moi, Dieu va vivre dans ma pénitence ; il vivra dans mon humilité, il vivra dans mon courage, il vivra dans ma charité, il vivra dans mon intelligence, il vivra dans mon amour, il vivra dans toutes mes vertus ; parce qu’il a promis qu’il serait un avec nous, toutes les fois que nous nous réclamerions à lui au nom de celui qu’il nous a envoyé pour nous servir de signe, et de témoignage entre lui et nous. Ce signe ou ce témoignage est éternel comme celui qui nous l’a envoyé, assimilons-nous à ce signe et à ce témoignage, et nous participerons à sa Divine et sainte sécurité, et nous serons comme lui tellement pleins de la vie, que la seconde et la première mort demeureront loin de nous, et nous serons tout là fait étrangères. Nouvel Homme 14

Enfin, veux-tu offrir ton sacrifice sur l’autel des puissantes vertus de l’esprit dans le temps ? Implore le nom de l’esprit, invoque le nom de l’esprit, conjure le nom de l’esprit, unis-toi au nom de l’esprit, et la nature reprendra pour toi sa mesure, son ordre et son équilibre, et tu ne connaîtras ainsi autour de toi, dans toi, et au-dessus de toi, qu’harmonie, bonheur et perfection. Nouvel Homme 14

Sagesse, sagesse, l’homme ne connaît point assez tes essentielles propriétés. Sans toi les vertus Divines lui deviennent inutiles, et n’empêchent pas qu’il ne s’altère et ne se détruise, comme sans l’air qui pèse sur les corps toutes les vertus de la nature se sépareraient, et les formes seraient bientôt conduites à leur dissolution. Homme, je te le répète, dirige tes vues, tes désirs, tous tes efforts vers la réunion de ce triple sceau sur toi, et vers l’application de la sagesse sur ce triple sceau ; il n’y aura rien pour toi que cette clef ne puisse ouvrir, et personne ne fermera ; et rien que tu ne puisses fermer et personne n’ouvrira, parce que cette sagesse fera de toi une image de l’éternité, en t’enveloppant de toutes parts, et te rendant comme une sorte de sphère divine qui par sa forme sera inaccessible et inaltérable à tous les pouvoirs de l’illusion. Nouvel Homme 18

19. Faites place à l’esprit. Ne voyez-vous pas comme il se presse de fendre la foule ; c’est qu’il a à faire une oeuvre si importante, et il a tant de zèle qu’il craint de perdre un instant. Il a d’ailleurs un si grand espace à parcourir, qu’il craint de ne pas arriver jusqu’au terme, avant que le temps qui lui est donné pour cet objet ne soit expiré. Il faut qu’il se rende du lieu de sa demeure jusque dans les dernières profondeurs de l’homme ; faites place à l’esprit, et laissez-le arriver jusque dans les profondeurs de l’homme. Il n’y vient que pour y placer la parole de la sainteté, d’où l’homme verra croître en lui à la fois les sept vertus, qui seront les sept colonnes de cet édifice fondé sur le roc vif, et qui doit être l’éternelle église de notre Dieu. Nouvel Homme 19

L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20

Nous ne pouvons guère nous tromper là-dessus, ni nous en imposer à nous-mêmes, parce que soit dans les oeuvres, soit dans l’acquisition des lumières, et la pratique des vertus, nous avons une unité intérieure à laquelle toutes nos unités diverses doivent correspondre et qui, comme un juge intègre, nous donne l’assentiment de nos bons et mauvais succès. Ajoutons par anticipation que cette unité intérieure qui est en nous, nous donne l’assentiment de nos bons et mauvais succès dans la marche de nos unités diverses, par la raison qu’elle est liée elle-même à l’unité suprême et universelle. C’est donc notre unité intérieure qui devient l’arbitre de nos unités partielles, et qui nous fait sentir si elles ont atteint leur complément. Nouvel Homme 21

Cet avantage est de multiplier tellement nos rapports avec l’unité suprême, que quand nous avons atteint le nombre nécessaire de ces rapports, pour que notre ressemblance avec elle soit au moins ébauchée, cette unité suprême, elle-même, ne craint point de se rendre à l’attrait divin qu’elle éprouve éternellement pour sa créature, et pour son image, elle ne craint point se substituer son action, paisible et vivifiante, à nos actions pénibles et laborieuses, de s’emparer tellement soit de nos unités partielles, soit de notre unité intérieure, que notre marche spirituelle nous devienne aussi naturelle que si nous n’avions pas quitté le séjour de la sainteté ; enfin de faire en sorte que nous n’ayons plus de répugnance à éprouver dans nos oeuvres plus d’obscurité dans nos connaissances, plus de fatigue dans l’exercice de nos vertus. Délicieuse perspective dont nous sommes malheureusement ici-bas si éloignés, qu’il faut être déjà avancé dans la carrière pour qu’elle ne nous paraisse pas absolument illusoire, et chimérique. Nouvel Homme 21

Nous pouvons en donner une raison bien simple, c’est que les unités partielles que nous devons sans cesse établir en nous sont les intermèdes indispensables pour que l’action divine se tempère avant de pénétrer jusqu’à notre centre ; et de même que la divinité ne se communique que par ses manifestations, et par ses puissances ; de même aussi nous ne pouvons lui ressembler que par les manifestations de nos facultés, et de nos vertus qui sont les organes, et les puissances de notre âme. Nouvel Homme 21

Regardons-nous donc ici-bas comme dans un lieu de préparation, où l’on demande de nous que nous rendions à nos facultés, les dispositions qui leur sont absolument nécessaires pour pouvoir être employées à l’oeuvre. Travaillons sans cesse à ce que l’unité de notre foi devienne propre à transporter les montagnes, à ce que l’unité de notre dépouillement devienne insensible aux privations, à ce que l’unité de notre charité nous mette en état de brûler, et de donner notre vie pour nos frères, à ce que l’unité de notre courage nous donne les moyens de subjuguer tout ce qui est matière ; combat dans lequel nous avons si beau jeu, puisque la matière est indifférente, et prend toutes les formes que nous voulons lui donner. Enfin, exerçons continuellement toutes les unités de nos vertus, et de nos dons spirituels, et ne doutons pas que lorsqu’elles auront atteint une mesure approuvée par la sagesse, elles ne reçoivent de sa main le complément dont elles seront capables. Nouvel Homme 22

Il ne soupçonne pas que cet édifice des élus nous transforme en un véritable ciel où habitent à la fois tous les esprits du Seigneur, toutes les puissances du, Seigneur, tous les dons du Seigneur, toutes les vertus du Seigneur, de manière que nous devenions une espèce de citadelle, et de forteresse, toujours armée, toujours en défense ; toujours prête à veiller à la sûreté des habitants, et à leur procurer tous les secours, et tous les avantages que notre état de guerre nous permet d’espérer dans ce bas monde. Nouvel Homme 22

Seigneur, l’iniquité des hommes serait trop grande pour ne pas lasser ta patience, et pour ne pas enflammer ta justice ; sûrement, il y a des hommes de paix, et des élus déjà parvenus à ta demeure sainte, qui par leurs vertus et leur encens te consolent des abominations accumulées des autres hommes ; c’est par leurs prières qu’ils te consolent, et retiennent ton bras, en attendant que les mesures étant comblées, tu fasses éclater ta fureur, qui ne pourra manquer de se développer, lorsqu’il n’y aura plus de foi sur la terre, puisque lorsque tu ne trouveras plus d’asile dans le coeur de l’homme, tu briseras l’homme dans ta sagesse et dans ta justice, comme un vieil édifice qui n’est ni sain, ni sûr, et où tu ne pourrais plus habiter. Nouvel Homme 29

Mortels, ensevelis dans le sommeil, relevez-vous, et voyez combien cette fureur sera terrible puisqu’elle doit balancer, et emporter le poids des iniquités qui se seront accumulées pendant toute la durée des siècles, et apprenez d’avance que c’est vous qui déterminez vous-mêmes la mesure des fléaux et des vengeances que vous devez faire un jour tomber sur vous ; apprenez, dis-je, à ne plus blasphémer votre Dieu, parce que si vous devez vous attendre à trouver en lui une justice, et une puissance supérieures à toutes vos abominations, pourquoi ne croiriez-vous pas également y rencontrer une douceur, et des bienfaits supérieurs à vos vertus, et à vos mouvements les plus purs, et les plus animés du feu de l’esprit ? Si vous déterminiez vous-mêmes la mesure de vos maux et de vos tourments, vos avez également le droit de déterminer vous-mêmes la mesure de vos joies et de vos récompenses, et ne doutez pas que le coeur de votre Dieu n’aimât mieux mille fois vous récompenser que de vous punir. Nouvel Homme 29

Or, le moindre rayon de sa parole suffit pour opérer en nous ce prodige, pour nous remplir tout entiers de force, d’amour et de lumière, et substituer en nous des vertus et des facultés caractérisées, à la place de cet état ténébreux, et insignifiant qui est le propre de la région que nous habitons ; et c’est le rayon de cette parole que nous nous efforçons soigneusement de repousser de nous, comme s’il devait nous donner la mort. Nouvel Homme 31

J’ai senti que mon Dieu était le principe de toutes choses, qu’il n’y avait rien qui ne tint de lui sa force, ses propriétés, ses vertus, et tout son prix, je ne dois donc jamais me déterminer à livrer ma pensée et mon coeur à aucun objet, avant d’avoir cherché si mon Dieu n’a pas en lui de quoi me tenir lieu de cet objet ; car s’il a en lui de quoi me tenir lieu de cet objet, je serais insensé de ne pas me dévouer exclusivement à lui, de former d’autres alliances qu’avec lui, puisque tout autre objet que lui n’est que secondaire, et ne peut m’offrir qu’une joie passagère, et bornée, comme l’est l’essence particulière de cet objet, au lieu qu’en faisant une alliance exclusive avec mon Dieu, je trouverai en lui tous les objets secondaires qui existent hors de lui, quoique par lui, et je les y trouverai dans une existence durable, permanente et universelle, puisqu’ils seront liés là à la source éternelle et impérissable qui les créera et les engendrera continuellement, et sans qu’ils puissent jamais cesser d’être, et de me combler de joies et de délices. Nouvel Homme 32

Ame de l’homme, ce n’est point à l’homme de peindre les délices dont tu peux être embrasée, lorsqu’après avoir établi, par la grâce supérieure, une mesure juste, forte, durable et à toute épreuve dans ton être extérieur, qui est comme la frontière de l’état, tu sens descendre en toi ces eaux divines, ces douceurs divines, ces lumières divines, ces vertus divines qui te donnent à la fois, et la vie, et le sentiment de la vie qu’elles t’apportent, et la sainte confiance que tu participes à leur immortalité ; mais l’homme peut t’avertir que le moment n’est point encore venu de te livrer à ces sublimes joies. Nouvel Homme 33

Tel était l’esprit des trois tentations par lesquelles il attaqua le Réparateur ; il ne cherchait, sous l’apparence de la piété et de la foi, qu’à faire descendre les vertus divines dans sa région, et à les faire employer à un usage faux, afin que les fruits en fussent tous à l’avantage de ses vues cupides et criminelles. Tel était, dis-je, l’esprit de ces trois tentations, parce que ce prince dés ténèbres ne marchant point dans la lumière, ne peut connaître que la même route erronée qu’il a suivie dès le commencement, et il attaquait le Réparateur, comme il avait attaqué le premier homme, et comme il attaque journellement tous les mortels. Nouvel Homme 34

En même temps, c’est par cette vive confiance, c’est par cette fidélité aux volontés de son maître, que le nouvel homme va rendre à son être l’activité qui lui est propre ; il sent qu’il nage dans le sang du Réparateur, comme dans une mer abondante qui enveloppe tout l’Univers ; il sent que les germes engendrés par ce sang ne sont point périssables comme les germes terrestres, et produits par les simples puissances secondaires ; il sent que les fruits qui en proviennent ne sont point nuls ni sujets à la loi du temps, et il est dans l’admiration de les retrouver en lui dans leur vive activité, lors même qu’il semblait avoir perdu de vue leur existence ; il sent que leur activité se communique à son propre germe, et le dispose à réaliser toutes leurs vertus, à l’image et à la ressemblance de celui qui a bien voulu le choisir pour son frère. Nouvel Homme 34

« Souvenez-vous que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’éternel auteur de ce qui est, il faut qu’elle ait en elle, à la fois, toutes les formes capables de contenir toutes les propriétés de cet être infini, selon toutes leurs vertus, actions, et subdivisions, sans quoi ce suprême et majestueux Créateur de tout ce qui existe, ne pourrait pas entièrement et librement habiter en elle. Souvenez-vous alors que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’Eternel, vous n’avez plus un seul mouvement qui doive demeurer en votre possession, puisque le souverain auteur qui a produit ces formes pour lui servir de demeure et qui vient les habiter, doit être le seul à qui en appartienne la disposition ; c’est pourquoi le Réparateur nous a défendu de jurer par notre tête, puisque nous n’en pouvons rendre un seul cheveu blanc ou noir ; car pour jurer par quelque chose, il faut posséder quelque chose; or nous ne possédons rien, pas même notre être puisqu’il n’est que la forme, et le domaine de Dieu. » Nouvel Homme 37

« Quelles sont ces merveilles ? C’est de faire planer le nouvel homme au-dessus des mondes, d’être pour lui un signe perpétuel de gloire et de triomphe, et de le faire asseoir sous les portiques sacrés, pour y chanter éternellement les cantiques du Seigneur. Car, si vous êtes assez fidèles aux lois, et aux ordonnances du Seigneur pour que son nom vous remplisse, et se mette en possession de tout votre être, c’est ce même nom qui engendrera en vous toutes vos substances vives, ou toutes les formes des vertus divines ; vos facultés seront les agents, et les organes de ces formes, la sagesse les conservera dans leurs justes mesures, et dans leurs proportions, pour que tout ce qui est en vous manifeste l’harmonie du Père céleste qui vous a donné la vie ; ainsi votre Dieu tout entier passera en vous : et voilà comment vous deviendrez la ressemblance de votre principe, et l’image active du grand monde et de l’éternité. » Nouvel Homme 38

Il fermera le livre et dira : C’est de moi que ces paroles ont été écrites. J’ai attiré sur moi l’esprit du Seigneur par les désirs, et les larmes de mon esprit ; j’ai attiré sur moi les vertus du Seigneur par ma soif de sa justice, et mon ardeur pour sa sagesse ; j’ai attiré sur moi la mission du Seigneur en faveur des affligés par mon zèle pour sa gloire, et pour le soulagement de mes frères ; j’ai attiré sur moi la parole du Seigneur par la constance, et l’importunité de ma parole, parce que nous ne pouvons rien obtenir du Seigneur qu’en lui présentant des similitudes sur lesquelles il puisse faire descendre, et reposer son action. Nouvel Homme 39

Mais ce nouvel homme donnant lui-même l’exemple de l’humilité rendra même hommage à la loi temporelle et aux canaux visibles qui lui auront transmis ses droits et sa puissance ; puisqu’il est écrit que le salut vient des Juifs… Aussi au milieu de tous ces prodiges, il dira à ceux qu’il aura guéris : « Gardez-vous bien de parler de ceci à personne, mais allez vous montrer au prêtre, et offrez le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage » ; c’est-à-dire, rendez hommage avec moi à la loi, et aux voies de celui de qui nous tenons tout. Comme le nouvel homme sait que c’est par la foi que s’entretient et se conserve l’humilité, il sait aussi que c’est par l’humilité que la foi se conserve et s’entretient, et que sans ces deux vertus tous les dons de l’esprit se retirent. C’est pour cette raison sainte, et de première nécessité, qu’à l’image du Réparateur il ne se laissera toucher que par les désirs qu’il saura être nés de la foi et de l’humilité, puisqu’il en donnera lui-même le premier exemple, n’ayant obtenu sa renaissance qu’au prix de cette foi et de cette humilité qu’il manifeste dans ses oeuvres les plus glorieuses. Car c’est aussi pour cette raison que le Réparateur n’a cessé de recommander la foi et l’humilité dans toutes les instructions qu’il a répandues. Nouvel Homme 42

Il sentira par ce moyen que non seulement le fils de l’homme est au-dessus du sabbat temporel, mais que le temple même a aussi ce magnifique privilège, puisque ce temple n’est autre chose que le nouvel homme, et que le nouvel homme participe à tous les droits et à toutes les propriétés de l’esprit du Seigneur ; il reconnaîtra alors que de même l’esprit du Seigneur est le chef et le maître du nouvel homme, de même le nouvel homme devient par lui le chef et le maître de la loi ; que si c’est au nouvel homme à attendre et à recevoir de l’esprit du Seigneur les lumières, la sainteté et la vie, c’est au temple bâti par la main des hommes à attendre et à recevoir du nouvel homme l’administration de toutes ces choses, et qu’ainsi l’esprit du Seigneur se trouve à la fois par là, le maître du nouvel homme, la maître du temple, le maître du sabbat, le maître de la loi, puisqu’il comprend tout, puisqu’il dirige tout, puisqu’il pénètre tout, et que ce n’est que dans lui que les propriétés des choses, leurs vertus, leurs figures, et leur esprit peuvent trouver leur explication, et leur véritable accomplissement. Nouvel Homme 43

45. Sans doute ce ne sera qu’après avoir ainsi purifié tout son être, et opéré en soi cette triple résurrection, que le nouvel homme fera, en lui-même, l’élection dont nous avons parlé d’avance, ou l’élection des douze vertus qui doivent le manifester dans toute l’étendue de ses propres régions ; avant cette époque il était si incapable de faire une pareille élection, qu’il n’aurait même jamais pu en concevoir l’idée, et encore moins l’exécuter, si l’esprit de vérité n’était venu prendre en lui la place de toutes ses substances de mensonge. Aussi il sent plus que jamais combien nous nous exposons, quand nous osons marcher par nous-mêmes dans la carrière spirituelle ; et c’est 1’esprit qui le dirige, c’est dans le prince des justes, c’est dans ce Réparateur qu’il apprend de nouveau à s’attacher à cette sainte réserve, puisque le Réparateur lui-même, ou le prince des justes ne veut pas faire par soi l’élection de ses douze apôtres mais qu’il passe toute une nuit en prières avant de les choisir (Luc 6:12). Nouvel Homme 45

Ce ne sera pas seulement cette ordonnance intérieure de lui-même qu’il soumettra au mouvement de l’esprit ; mais dans toutes les circonstances de sa vie, il aura sans cesse à la bouche ces paroles du psaume 101:3 : En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi. Il ne voudra pas même d’une vertu qui né vienne que de lui, parce qu’il sait combien elle serait fragile ; mais il ouvrira en lui les substances de ses vertus afin que l’esprit vienne s’en emparer, les vivifier, et les gouverner dans toutes les circonstances. Nouvel Homme 45

Oui, le coeur est le ciel de l’homme, et son âme en est le Dieu. Le Dieu ne peut pas mourir, mais ces cieux peuvent s’obscurcir, ils peuvent se rouler comme un livre. Le seul moyen par lequel le nouvel homme empêchera ses cieux de s’obscurcir, et de se rouler comme un livre, c’est qu’il s’est fait un coeur à l’image de Dieu, c’est qu’il s’est identifié avec celui qui est la droite de Dieu, et par là, il est devenu semblable à la vie. Hommes de paix, voulons-nous que notre ciel ne s’obscurcisse pas non plus, et ne se roule pas comme un livre, faisons-nous un coeur qui ressemble à la droite de Dieu, qui combatte, comme elle, universellement les désordres ; qui comme elle par son propre poids, précipite l’iniquité ; qui, comme elle, laisse continuellement sortir de lui-même des rameaux de toutes les vertus, et briller jour et nuit le chandelier à sept branches ; qui comme elle, puisse suffire à notre propre sûreté, et aux besoins spirituels des indigents ; enfin qui, comme elle, soit toujours prêt à faire l’oeuvre de Dieu dans tous les genres, et dans toutes les occasions. Nouvel Homme 47

Il place la constance à l’orient, il place la purification à l’occident, il place la confiance au nord, il place la sainte audace au midi, et ainsi il marche à son oeuvre, toujours au milieu des vertus ; il ne se laisse pas même affaiblir par la tendresse de ses frères qui veulent le retenir, et l’empêcher d’aller à Jérusalem où il doit souffrir, et être mis à mort ; il ne connaît que les choses du ciel, et se « plaint vivement à ses frères de ce qu’ils ne renoncent pas à eux-mêmes pour le suivre, et de ce qu’ils n’ont de goût que pour les choses de la terre. Et que servirait à un homme de gagner tout le monde, et de se perdre soi-même ? Par quel échange se pourrait-il racheter, lorsque le fils de l’homme viendra dans la gloire de son père, avec ses anges, pour rendre à chacun selon ses oeuvres ? » Nouvel Homme 47

Pleurez donc, vigne sacrée, pleurez avec abondance, nous recueillerons soigneusement les pleurs que vous répandrez ; faites pleurer notre être avec vous, puisque si notre être doit être uni a vous dans les consolations, il doit l’être aussi dans votre tristesse. Ce sont vos pleurs qui seuls peuvent guérir la plaie universelle, mais ce sont les pleurs de l’homme qui doivent guérir ses plaies particulières. Plus il pleurera, plus il devra espérer être près de sa guérison, puisqu’il ne peut l’obtenir que par ses pleurs, et ses gémissements ; il ne fait en cela que répéter l’image de votre oeuvre restauratrice ; plus vous pleurez, plus vous annoncez, comme la vigne, une grande récolte, et plus vous manifestez les vertus salutaires du printemps. Nouvel Homme 47

48. L’homme de Dieu est obligé de se diminuer sans cesse, et de se proportionner, comme Élie, à la petitesse du fils de la veuve de Sarepta pour le ressusciter. C’est là ce qui rend son ministère si laborieux ; il faut que cet homme de Dieu soit toujours en contradiction, pour approprier les vertus divines à notre demeure impure, et souillée. Car l’homme de Dieu est établi pour être perpétuellement l’organe de ces vertus, soit dans la prière, soit dans l’instruction, soit dans les oeuvres. Nouvel Homme 48

Mais toi, ô sagesse sainte, toi qui ne perds jamais de vue tes enfants, si tu leur laisse faire des fautes de négligence, et d’erreur, ne peuvent-ils pas ensuite acquérir des vertus doubles, quand ils rentrent dans la voie droite ? Car tu peux leur rendre, à la fois, et les fruits du temps qu’ils ont employé, et les fruits du temps qu’ils ont perdu, puisque tu peux, si tu le veux, abolir et effacer pour eux la différence des heures. Mais que ces malheureux n’oublient jamais à quelles conditions cette différence des heures sera abolie pour eux. Ce ne sera que quand chaque portion de leur être sera devenue un organe de douleur, et de pénitence ; car sans cette cuisante transpiration, la corruption restera en eux, et les rongera jusqu’à la moëlle. Nouvel Homme 48

« Tels sont les fruits que je dois attendre des vertus de ma pensée, et de mon coeur, si je suis zélé pour la gloire, et le service du céleste habitant qui demeure en moi. Ce sont comme des aimants que j’aurai placés hors de moi, qui soulèveront au-dessus de la terre ma masse informe, qui m’attireront vers la véritable mine, et me serviront de boussole dans les divers sentiers de ma carrière. Ce seront mes trésors dans ce bas monde, et mon coeur sera avec eux, puisqu’on nous a dit que là où est notre trésor, là est notre coeur. » Nouvel Homme 49

52. Des vertus diverses et nombreuses nous environnent, et cherchent à pénétrer jusque dans nous. Chacune d’elles dirige son souffle salutaire sur l’un de nos organes, de même que par notre parole nous transmettons à ceux qui nous écoutent les différents mouvements dont nous sommes animés. L’une de ces vertus qui est supérieure à toutes les autres, dirige son souffle divin sur le centre même de notre être, et par l’organe de la parole dont elle est le principe, elle transmet en nous sa propre vie, son propre amour, sa propre lumière : Philippe, celui qui me voit, voit mon père (Jean 14:9). Tel est le langage que le nouvel homme peut tenir à ses disciples, à l’instar du Réparateur ; parce qu’il cherche comme lui à transmettre sa propre vie par le souffle de sa bouche et par l’organe de sa parole à toutes les facultés de son être. Nouvel Homme 52

C’est là ce qui rend si variés les caractères et les nuances qui doivent le manifester aux yeux des siens ; et voilà pourquoi il est si méconnaissable aux yeux de ceux qui ne sont vivants que dans l’extérieur. Il leur échappe, ou il leur paraît contradictoire pour n’avoir pas la monotone uniformité des êtres de matière qui n’ont qu’une seule action à opérer, qui par conséquent ne reçoivent qu’une seule réaction et laissent passer en vain au-dessus d’eux et autour d’eux toutes les autres réactions qui ne sont point de leur classe inférieure, et dont ils ne s’aperçoivent même pas ; tandis que ce nouvel homme est en butte à la fois à toutes les réactions destructives dont il faut qu’il se défende, et à toutes les réactions régénératrices dont il faut qu’il se laisse pénétrer, auxquelles il faut qu’il corresponde, et dont il faut encore qu’il transmette les fruits et les vertus salutaires à tout le cercle particulier qui le compose. Nouvel Homme 52

Vous pourrez trouver dans les Ecritures ce miroir interne dans lequel nous devrions nous regarder sans cesse ; vous pourrez y trouver le tableau fidèle de ces régions paisibles qui auraient dû être éternellement votre demeure; vous y trouverez ces sources vives qui, s’accumulant continuellement contre les obstacles que l’iniquité leur oppose, ne peuvent manquer de les renverser et d’en triompher ; vous y trouverez le plus grand secret qui puisse être communiqué à l’homme dans ce bas monde, qui est d’apprendre à ouvrir vos propres facultés à ces vertus bienfaisantes qui vous environnent et vous recherchent à tous les instants, et par là de parvenir à en être pénétrés plus profondément, plus universellement, de façon que cette union vous devenant habituelle, vous ne sortiez plus de leur sphère, et que vous vous formiez sur la terre une demeure céleste et durable. Nouvel Homme 52

Car il n’a point désespéré de voir couronner ses travaux, et, dès qu’il s’apercevait qu’il lui manquait une vertu, il se mettait en oeuvre pour s’en procurer la possession ; comme un homme qui s’aperçoit qu’il s’est fait une ouverture à sa maison, n’a point de repos que cette brèche ne soit fermée ; c’est-à-dire, qu’il ne s’est occupé qu’à rebâtir cette ancienne maison que nous occupions autrefois, et dont l’enceinte était formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, ce qui nous maintenait à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis. C’est aussi parce que nous occupions autrefois cette enceinte formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, que nous étions assez spiritualisés, pour être chacun un des signes du Seigneur ; parce que tous les rayons de l’esprit, et du nom du Seigneur, se réunissaient sur nous, et nous faisaient réfléchir son image. Nouvel Homme 54

57. Le moment s’avance où le salut des nations va faire son entrée dans Jérusalem. Déjà il est à Jéricho où le publicain Zachée va, pour remédier à sa petitesse, s’élever sur un sycomore afin de pouvoir contempler celui dont il attend tout ; déjà l’esprit du nouvel homme a pénétré tous les publicains qui sont en lui, ils ne se bornent point à une foi inactive et morte, mais ils descendent promptement de dessus leur arbre, et reçoivent avec joie ce nouvel homme qui leur demande à loger chez eux ; leur foi fait éclater en eux d’autres vertus, et ils disent au nouvel homme : Nous allons donner la moitié de notre bien aux pauvres, et si nous avons fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, nous lui en rendrons quatre fois autant. C’est ce qui leur mérite de la part du nouvel homme ces douces paroles : Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, parce que celui-ci est aussi d’Abraham ; car le fils de l’homme est venu pour chercher, et pour sauver ce qui était perdu. Puis s’entretenant avec eux, le nouvel homme leur rapporte la parabole des dix talents, et leur en enseigne le vrai sens. Nouvel Homme 57

« Quand est-ce que le signe du fils de l’homme paraîtra dans votre ciel particulier ? Quand viendra-t-il en vous avec une grande puissance, et une grande majesté ? Quand enverra-t-il ses anges faire entendre la voix éclatante de leur trompette dans toutes vos régions, et rassembler ses élus des quatre coins de votre propre monde, depuis une extrémité de votre ciel jusqu’à l’autre ? C’est quand votre soleil d’apparence sera rentré dans son obscurité, c’est quand votre lune ne donnera plus sa lumière, c’est quand les étoiles de votre faible firmament tomberont, c’est quand les vertus de vos cieux individuels seront ébranlées ; et que tous les peuples de votre terre de douleur déploreront leur misère, qu’ils s’enfonceront dans les fentes des montagnes, et qu’ils diront à l’univers : couvrez-nous, et dérobez-nous à la colère et à la vengeance du Seigneur. » Nouvel Homme 59

« Je vous ai dit ceci demeurant encore avec vous. Mais le consolateur qui est le Saint-Esprit que mon père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. » Ce nouveau consolateur qui nous est annoncé, est le même que celui qui est déjà né dans le nouvel homme ; mais la différence qu’il y a entre l’un et l’autre, c’est que le premier est né en nous dans l’amertume et dans la douleur, et que le second y doit naître dans la jubilation, ce qui ne peut arriver qu’autant qu’il réalise et effectue en nous physiquement toutes ces consolations, tous ces développements, toutes ces vertus, toutes ces lumières qu’il n’avait fait que nous annoncer pendant le travail pénible de son oeuvre, et pendant le séjour qu’il a bien voulu faire dans nos ténèbres, et dans nos abîmes ; et c’est alors qu’il nous fait ressouvenir lui-même de tout ce qu’il nous a dit d’avance. Nouvel Homme 61