C’est pour cela que J.-C. dit, dans saint Matthieu, 18 : Ne méprisez aucun de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon père qui est dans les cieux. Ils ne voient la face de Dieu, que parce que les enfants qu’ils accompagnent ont le coeur pur, et c’est le coeur pur de ces enfants qui sert d’organe à ces anges, puisqu’ils ne sont pas dans le ciel où est le père. Mais réciproquement le coeur de l’homme n’est pur que quand il est fidèle à la voix de son ange ; c’est-à-dire, en d’autres paroles quand l’homme est redevenu enfant, et qu’il fait en sorte que son ange ait la liberté de voir la face de Dieu. Nouvel Homme 2
Aussi y a-t-il un grand sens dans ces paroles de J.-C., même chapitre, verset 3 : si vous ne devenez comme de petits enfants, nous n’entrerez point dans le royaume des cieux. L’ange est la sagesse, le coeur de l’homme est l’amour ; l’ange est le récipient de la lumière divine, le coeur de l’homme en est l’organe et le modificateur. Ils ne peuvent se passer l’un de l’autre et ils ne peuvent être unis que dans le nom du seigneur, qui est à la fois l’amour et la sagesse, et qui les lie par là dans son unité. Nul mariage comparable à celui-là ; et nul adultère comparable à celui qui altère un pareil mariage ; aussi est-il dit, (Matthieu, 18), que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. Nouvel Homme 2
Défie-toi donc, homme, de ces lumières précoces qui t’arrivent sur la nature de l’être qui veut te gouverner à ton insu. Il est le Dieu inconnu, il veut planer sur toi, comme le soleil plane sur les humbles plantes, et lorsqu’il te viendra de ces rayons brillants qui ont tant de pouvoir pour nous éblouir, dis-leur : vous me ravissez, vous m’éclairez, mais dès que je vous vois, vous n’êtes point mon Dieu, vous n’en êtes que les images. Mon Dieu est encore au-dessus de vous, parce que son action doit être éternellement une surprise et un miracle pour moi, sans quoi je ne serais pas son fils. Dis-leur que tu veux rester constamment et exclusivement dans la main de ce Dieu inconnu qui t’approche secrètement, et te soulève pour te faire voguer en sûreté au-dessus des abîmes, et te remplir par là de plus de joies et de consolations que si tous les trésors des cieux étaient ouverts devant tes regards. Car voilà la véritable renaissance ; voilà ce fils chéri qui vient de recevoir le jour. Nouvel Homme 10
Ressouviens-toi aussi que tous les décrets de ce conseil céleste ne peuvent avoir pour but que la paix, la gloire, le bonheur, et l’extension du règne de la vie ; ainsi, dès que dans toi le conseil céleste veut bien prononcer de pareils décrets, chacun de tes pas et de tes mouvements doit être une victoire, une exécution de quelque jugement Divin, une délivrance de quelque esclave, et un accroissement du règne de la lumière ; et toutes ces oeuvres sont autant d’hymnes à la gloire de celui qui est venu en délibérer en toi, et les décréter, et qui veut bien t’en confier l’opération pour te transmettre, par ce moyen, des étincelles de cette joie Divine, et immortelle qui est l’élément primitif de ton existence. Prends courage, l’entreprise demande des soins et de l’attention, mais en peu de temps, tu te sentiras dédommagé de tes peines, et tu te diras : comment Dieu ne serait-il pas un être incompréhensible, puisque je sens que l’homme a aussi ce privilège, et que pour qu’il pût être connu de ses semblables, quand il est rentré dans sa loi, il faudrait que les cieux et la terre fussent renouvelés pour eux, sans quoi il n’est à leurs yeux qu’une masse muette et sans valeur ? Nouvel Homme 13
L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20
« Bienheureux ceux qui sont assez pauvres d’esprit pour se laisser dérober par leur ennemi secret leur gloire et leurs avantages temporels, et laisser leur propre monde briller au-dessus d’eux, et les plonger dans l’obscurité, parce qu’étant exclusivement occupés à la recherche de leur principe et de leur rapprochement de la vérité, ils se rendront assez semblables à elle pour qu’elle vienne les visiter, et les rendre par là possesseurs du royaume des cieux, dans le temps même que leur propre monde, où l’homme de péché qui est lié à eux les croira dans l’indigence et, l’ignominie ! » Nouvel Homme 36
Oui, le coeur est le ciel de l’homme, et son âme en est le Dieu. Le Dieu ne peut pas mourir, mais ces cieux peuvent s’obscurcir, ils peuvent se rouler comme un livre. Le seul moyen par lequel le nouvel homme empêchera ses cieux de s’obscurcir, et de se rouler comme un livre, c’est qu’il s’est fait un coeur à l’image de Dieu, c’est qu’il s’est identifié avec celui qui est la droite de Dieu, et par là, il est devenu semblable à la vie. Hommes de paix, voulons-nous que notre ciel ne s’obscurcisse pas non plus, et ne se roule pas comme un livre, faisons-nous un coeur qui ressemble à la droite de Dieu, qui combatte, comme elle, universellement les désordres ; qui comme elle par son propre poids, précipite l’iniquité ; qui, comme elle, laisse continuellement sortir de lui-même des rameaux de toutes les vertus, et briller jour et nuit le chandelier à sept branches ; qui comme elle, puisse suffire à notre propre sûreté, et aux besoins spirituels des indigents ; enfin qui, comme elle, soit toujours prêt à faire l’oeuvre de Dieu dans tous les genres, et dans toutes les occasions. Nouvel Homme 47
C’est pour cela que mon coeur a été frappé d’une plaie que rien ne peut plus guérir sur la terre, parce que cette plaie est semblable à celle qui a frappé le royaume de la vérité. Aussi je ne chercherai point sur la terre le remède à la plaie de mon coeur. Je le chercherai, ce remède, dans le royaume de la vérité, puisqu’il n’y a qu’elle qui ait pu résister à l’ennemi, et qui puisse guérir toutes les plaies. Le royaume des cieux lui-même pleure, et est rempli de tristesse depuis que le mal a versé son venin, et que le prince des ténèbres s’est assis sur le tribunal : comment le coeur de l’homme ne serait-il pas dans le deuil, et dans les lamies, puisque le royaume des cieux, et le coeur de l’homme sont unis par une alliance qui les rend comme inséparables ? C’est dans cette alliance qui les rend comme inséparables, que se trouve aussi la seule consolation qui soit faite pour l’homme ; car les pleurs du royaume de Dieu, en pénétrant mon être, lui rendront l’intelligence, comme les pleurs de la vigne rendent la clarté à nos yeux corporels. Nouvel Homme 47
Aussi il disait dans sa douleur : « Pourquoi les nations se sont-elles soulevées avec un grand bruit, et les peuples ont-ils formé de vains desseins ? Les rois de la terre se sont opposés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur, et contre son Christ. Rompons, disent-ils, leurs liens, et rejetons loin de nous leur joug. Celui qui demeure dans les cieux se rira d’eux, et le Seigneur s’en moquera. Il leur parlera dans sa colère, et les remplira de troubles, et de fureur. Mais pour moi, j’ai été établi roi par lui sur Sion, sa sainte montagne, afin que j’annonce ses préceptes. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon fils, je vous ai engendré aujourd’hui. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour votre héritage, et j’étendrai vos possessions jusqu’aux extrémités de la terre. Vous les gouvernerez avec une verge de fer, et les briserez comme le vaisseau du potier. Et vous maintenant, ô rois, ouvrez votre coeur à l’intelligence : recevez les instructions, vous qui jugez la terre. » Nouvel Homme 50
L’enfant au berceau ne connaît pas la main qui le soigne, le sein qui l’allaite. Malgré sa faiblesse et son ignorance, il n’est point abandonné, il ne manque de rien. Pourrions-nous être plus abandonnés que lui ? Il ne repousse point la main qui le soigne, ni le sein qui l’allaite ; nous n’avons pas besoin d’une autre science que la sienne. Voilà pourquoi il est écrit : « Si vous devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux ; quiconque s’humiliera et se rendra petit comme cet enfant, sera le plus grand dans le royaume des cieux, et quiconque reçoit en mon nom un enfant tel que je viens de dire, c’est moi-même qu’il reçoit. » Nouvel Homme 55
Ces mots tombent en effet sur toutes les substances étrangères à notre être que nous devons vendre si nous voulons être parfaits, c’est-à-dire, si nous voulons que l’esprit circule en nous dans sa plénitude et dans sa parfaite abondance ; et alors sans sortir même de ce monde nous avons un trésor dans les cieux, ou plutôt les cieux apportent eux-mêmes leurs trésors en nous, et nous font part de leurs vivantes richesses, en nous faisant éprouver continuellement leur stimulante activité. Nouvel Homme 56
Car ce n’est que par ces longues et pénibles gradations, que nous pouvons obtenir la renaissance de cet état divin où nous serons, comme si nous nous sentions renaître continuellement, et à la fois dans toutes les sources des innombrables, et douces affections de notre pensée, et de tous nos désirs spirituels. Seigneur, que le feu du ciel vienne en moi consumer les iniquités d’Israël et de Juda ! Que les secousses de ma fragile terre ébranlent les colonnes de Babylone, jusque dans leurs fondements ! Qu’une guerre universelle embrase tout mon être ! Que les astres corruptibles qui l’éclairent perdent leur lumière ! Que les cieux, et la terre périssables qui me composent, soient retournés comme un vêtement ! Qu’il se forme en moi de nouveaux cieux, et une nouvelle terre ! Et que, du sein des débris de cet ancien univers, je voie élever dans les airs le signe de l’éternelle alliance, et l’étendard du triomphateur dans sa gloire ! Nouvel Homme 58
Justifie-toi donc, homme de désir, ou plutôt ne te laisse point ébranler sur ta base. Ta vie procède de la vie. Que ta seule existence démontre que tu es le fils de Dieu. La vie ne procède-t-elle pas toujours ? Qui pourrait nuire à ta stabilité si tu ne perdais jamais de vue que tu es le fils de Dieu, et que tu es sa pensée, sa parole, et son opération, et si par ta constance, et par la force de ta foi tu parvenais à en donner la preuve à l’ignorance ? Quand tu te sentiras affaibli, tourne les yeux vers celui qui vient te consacrer jusque dans ton intérieur, pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et tu te verras alors élevé jusqu’aux cieux. Nouvel Homme 58
« Quand est-ce que le signe du fils de l’homme paraîtra dans votre ciel particulier ? Quand viendra-t-il en vous avec une grande puissance, et une grande majesté ? Quand enverra-t-il ses anges faire entendre la voix éclatante de leur trompette dans toutes vos régions, et rassembler ses élus des quatre coins de votre propre monde, depuis une extrémité de votre ciel jusqu’à l’autre ? C’est quand votre soleil d’apparence sera rentré dans son obscurité, c’est quand votre lune ne donnera plus sa lumière, c’est quand les étoiles de votre faible firmament tomberont, c’est quand les vertus de vos cieux individuels seront ébranlées ; et que tous les peuples de votre terre de douleur déploreront leur misère, qu’ils s’enfonceront dans les fentes des montagnes, et qu’ils diront à l’univers : couvrez-nous, et dérobez-nous à la colère et à la vengeance du Seigneur. » Nouvel Homme 59
« Ne croyez-vous pas que je suis dans mon père, et que mon père est en moi ? Ce que je vous dis, je ne vous le dis pas de moi-même, mais mon père qui demeure en moi, fait lui-même les oeuvres que je fais. Ne croyez-vous pas que je suis dans mon père, et que mon père est dans moi ? Croyez-le au moins à cause des oeuvres que je fais. » Comment ne croirions-nous pas à notre être essentiel, et fondamental, si nous lui voyons naître un fils en nous ? En même temps ce fils peut-il offrir de réels témoignages de son père, s’il n’est pas continuellement dans ce père, et si son père n’est pas continuellement en lui ? Observation qui aurait pu agir sur ceux qui doutent de la divinité du Réparateur, et qui dans le vrai, ne doutent tant de la divinité de ce Réparateur, que parce qu’ils ne doutent pas assez de la divinité de la matière, et parce qu’ils n’ont pas eu soin de travailler à faire naître un fils en eux, puisque si l’homme ne renaît de nouveau, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. Nouvel Homme 61
71. Ce n’est point assez que le nouvel homme ait parcouru toutes les époques temporelles de la régénération, et qu’il ait passé par toutes les progressions particulières attachées à la restauration de la postérité humaine, il faut qu’il atteigne d’une manière temporelle spirituelle au complément particulier de cette restauration, si ce n’est à demeure, vu la défectuosité de notre région, au moins en aperçu, et comme par initiation à cette réintégration permanente dont il jouira, quand, après avoir été représenté ici-bas son principe d’une manière limitée, il pourra le représenter dans les cieux d’une manière aussi vaste que durable. Nouvel Homme 71