Pour coopérer à notre guérison, la vérité possède un médicament réel, et que nous sentons physiquement en nous, lorsqu’elle juge à propos de nous le faire administrer. Ce médicament est composé de deux ingrédients en conformité de notre maladie, qui est une complication du bien et du mal, que nous tenons de celui qui ne sut pas se préserver du désir de connaître cette fatale science. Ce médicament est amer, mais c’est son amertume qui nous guérit, parce que cette partie amère, qui est la justice, s’unit à ce qu’il y a de vicié dans notre être, pour lui rendre la rectification ; alors ce qu’il y a de régulier et de vif en nous, s’unit à son tour à ce qu’il y a de doux dans le médicament, et la santé nous est rendue. Nouvel Homme
Tant que cette opération médicinale ne se fait point en nous, c’est en vain que nous nous croyons sains et bien portants ; nous ne sommes pas même alors en état d’user des aliments salutaires et purs, parce que nos facultés ne sont point ouvertes pour les recevoir. Ce n’est donc point assez pour notre rétablissement de nous abstenir des aliments malsains et corrompus, il faut encore que nous usions de ce médicament amer que les ministres spirituels de la sagesse font passer en nous, pour y occasionner une sensation douloureuse qu’on pourrait appeler la fièvre de la pénitence ; mais qui se termine par la douce sensation de la vie et de la régénération. Nouvel Homme
Les personnes qui sont dans la voie de la régénération, reçoivent et sentent ce médicament toutes les fois que l’ennemi les a touchées, et est venu vicier quelque chose dans leur être. Les autres ne le reçoivent ni ne le sentent, parce qu’elles sont dans un continuité de dérangement et d’infirmité qui ne permet pas au médicament de les approcher. Nouvel Homme
Mais ce médicament est si nécessaire à notre rétablissement, que ceux qui ne l’ont pas reçu ne peuvent pas manger utilement pour eux le pain de vie, et qu’ils ne deviennent point de l’or pur. Enfin il doit presser et travailler notre âme sans relâche, sans interruption, comme le temps travaille constamment tous les corps de la nature, pour les ramener à la pureté, à la simplicité, et à la vive activité de leurs principes constitutifs. C’est par là qu’il s’ouvre en nous une source vivante, qui est nourrie et entretenue par la vie même ; et c’est par ce moyen que nous parvenons à nous emparer d’une nature de joies qui ne passent point, et qui établissent d’avance en nous à demeure, l’éternel royaume de ce qui est. Nouvel Homme
Il est aisé de sentir que ce médicament ne doit pas être confondu avec les tribulations terrestres, avec les maux du corps, avec les injustices que nous pouvons recevoir de nos semblables, et qui tiennent notre âme dans l’angoisse. Toutes ces choses sont ou pour la punition de l’âme, ou pour son épreuve, mais elles ne lui donnent qu’une sagesse temporelle ; or, nous ne pouvons recevoir la vie divine que par des préparations de son même ordre ; et le médicament dont nous parlons, est cette exclusive préparation. Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin à le désirer, et à le mettre à profit toutes les fois qu’il aura le bonheur de le sentir ! Il éprouvera par là que l’homme peut avoir de si grandes choses à dire, qu’il ne faut plus que ce soit lui qui les dise, et qu’il doit attendre qu’on le lui fasse dire ou écrire. Nouvel Homme
Il est donc vrai de dire que notre délivrance a commencé dès l’instant de notre punition ; il est donc vrai de dire que l’agneau a été immolé dès le commencement du monde ; il est donc vrai que l’écriture a raison de nous recommander les larmes, et de nous féliciter de nos tribulations, puisque le médicament d’amertume est la seule voie que nous ayons de recouvrer le commencement de nos rapports avec notre unité harmonique et primitive ; enfin il est donc vrai que l’écriture a raison de nous enseigner que celui qui se fera humble et petit, sera élevé. Nouvel Homme 4
Amertume corporelle, amertume spirituelle, amertume divine, venez vous établir dans notre être, puisque vous êtes devenues l’indispensable aliment de nos ténèbres et de notre infirmité. Que l’amertume spirituelle du calice se joigne à notre amertume spirituelle particulière, et forme ainsi ce médicament actif et salutaire qui doit ronger toutes nos fausses substances pour laisser revivre nos véritables substances amorties ! Malheur à qui voudra repousser de lui ce médicament régénérateur ! Il ne fera qu’accroître ses maux, et les rendre peut-être un jour inguérissables. Car telle est cette pénitence qui seule peut faire ressusciter l’esprit en nous, comme l’esprit peut seul y faire ressusciter la parole, et la parole y faire ressusciter la vie divine, attendu qu’aujourd’hui rien ne peut plus s’opérer que par des concentrations, puisque tel a été le principe de l’origine des choses, tant physiques que spirituelles ; telle est, dis-je, cette pénitence qui donne à l’homme la puissante tranquillité de la confiance, et la terrible force de la douceur, choses si inconnues aux hommes du torrent qui n’ont que le courage du désespoir, et que la force de la colère. C’est là cette pénitence par laquelle le pasteur daigne venir se revêtir de nous qui sommes des loups, afin de sauver de nos dents la malheureuse brebis que nous dévorons ; tandis qu’avec la pénitence humaine et extérieure c’est le loup même qui se revêt de la peau du berger afin de dévorer à la fois, et la brebis et le pasteur en les séparant l’un de l’autre. C’est là cette pénitence qui efface en nous non seulement les taches du péché, mais jusqu’au souvenir et à la connaissance du péché. Nouvel Homme 6
Nous pouvons donc déjà apercevoir les biens qui nous sont promis si nous persévérons à nourrir en nous l’esprit de douleur ou plutôt la douleur de l’esprit, c’est-à-dire, cette pénétrante amertume cachée au médicament spirituel par où doit commencer toute notre oeuvre ; car n’oublions pas que nous sommes encore dans les déserts, et que nous n’entrevoyons la terre promise que sur les récits et les images que nous en offrent les fidèles envoyés qui l’ont parcourue ; et s’il est consolant pour nous d’avoir à attendre un si magnifique héritage, ne perdons pas de vue le seul chemin qui puisse nous y conduire. Nouvel Homme 8
Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8
Ami, tu es peut-être surpris que je te parle si peu de sciences, et que je te parle tant d’exhortation et d’avertissement. C’est que j’ai sondé la science, et que j’ai sondé l’exhortation. La science est grande, elle est fille de la lumière, elle est l’éclat vivant du soleil éternel ; mais elle ne veut pas connaître d’autre organe et d’autre voie que le coeur de l’homme : quand on la force de se présenter par une autre entrée, elle souffre de se voir prostituée, et elle se sauve aussitôt qu’elle le peut. Aussi, homme, mon ami, si l’on t’avait communiqué le tableau universel de la lumière, et le flambeau de toutes les révélations passées, présentes et futures, tu pourrais encore n’avoir pas fait un pas si tu n’avais commencé par ouvrir ton âme à l’esprit de la vie, et à ce médicament actif dont tout ton être a besoin à tous les instants ; et au contraire, si tu ouvrais un instant ton âme à cet esprit de la vie, tu te sentirais marcher comme naturellement dans le sentier de la lumière et de la science. Nouvel Homme 11
D’ailleurs, veux-tu voir par toi-même les effets de cette science si respectable, et combien elle a peu profité aux hommes ? La terre est remplie des monuments de cette science Divine, et des immenses développements qu’elle n’a cessé de fournir depuis le commencement du monde ? Tout a été écrit, dit, publié ; il n’y a point de profondeur ici-bas qui n’ait été sondée, il n’y a point de secret qui n’ait été découvert, point de lumière qui n’ait été manifestée; les hommes regorgent de trésors en ce genre, ils en sont inondés, entourés, encombrés ; et cependant quel chemin leur vois-tu faire dans la carrière de la vérité et de la paix ? Ils croient leur coeur en sûreté, dès que leur esprit voit des rayons de lumière ; et ils ne songent pas que sans le secret et douloureux médicament, ils ne font, avec toutes leurs clartés, que se jeter plus sciemment dans le précipice. Nouvel Homme 11
Oui, Dieu de ma vie, tu m’appelleras, et je te répondrai en t’immolant des sacrifices effectifs dont les fruits et la récompense seront de vivre avec ton esprit, par ton esprit, et dans ton esprit. Tu veux bien ne pas dédaigner mon âme quelque misérable et quelqu’infirme qu’elle soit ; après lui avoir fait prendre le médicament d’amertume, tu lui feras connaître aussi le médicament de la joie, et de l’adoucissement ; et cet adoucissement, ce sera de t’emparer d’elle, de la presser par l’impulsion de ta main dans tous les mouvements qu’elle a à faire, et de ne pas la laisser un instant sans toi. Nouvel Homme 12
Présente-toi avec la même assurance à la région divine, et la vertu attachée à l’arche sainte te fera ouvrir les portes éternelles, et fera descendre sur toi quelques écoulements de ces influences vivifiantes dont se remplissent à jamais les demeures de la lumière. Cette arche sainte en deviendra elle-même le premier réceptacle, et elle te fera jouir des promesses destinées à ceux qui auront fait un usage courageux du médicament d’amertume, d’où dépend notre universel renouvellement. Elle deviendra l’organe des oracles sacrés, et il suffira que tu te mettes en sa présence pour les entendre ; car la voix de notre Dieu est une voix vive qui ne s’interrompt plus dès l’instant qu’elle a commencé ; et les sons de cette voix ne tendent qu’à remplir toute l’universalité de leur douceur enchanteresse, et si incomparable, que nous ne pouvons la concevoir tant que tout notre être n’a pas acquis entièrement une nouvelle substance, et n’est pas transformé dans toutes ses parties en une espèce d’écho Divin. Nouvel Homme 16
La première et la plus pénible de ces trois résurrections que le nouvel homme aura à opérer en lui, est d’arracher de toutes les substances fausses dont il est environné, celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui s’y sont englouties, et pour ainsi dire amalgamées, et qui y sont comme dans un vrai tombeau, où, non seulement, elles ne jouissent point du jour, et de la lumière, mais où elles tendent continuellement vers une effroyable putréfaction ; en effet, il est impossible de concevoir une opération plus douloureuse que celle de séparer ainsi les différents métaux que nous avons laissé souder ensemble, puisqu’il n’y a qu’une fusion entière qui puisse nous y faire parvenir ; niais ce qui paraît au-dessus des forces ordinaires, n’est point au-dessus des forces du nouvel homme, puisqu’il est le fils de l’esprit, et qu’il a bu le médicament salutaire, ou ce puissant dissolvant que Jérémie compare à un marteau qui brise les pierres (23:29). Nouvel Homme 44
Car le nouvel homme peut d’avance déclarer qu’à l’image du Réparateur il doit être livré entre les mains des hommes, qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il faut qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, et par les docteurs de la loi, et qu’enfin il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Mais ce nouvel homme dévoué au service de son maître ne voit que les consolations qui l’attendent, et n’est point arrêté par les maux qu’il doit souffrir, parce qu’il a bu le médicament d’amertume, que par ce moyen son coeur lui a engendré l’intelligence, et que l’intelligence lui a engendré la parole avec laquelle il a une vive confiance qu’il renversera à la fin ses ennemis. En conséquence, voici de quelle manière il emploie les différents secours qui lui sont accordés par l’esprit, et qu’il trouve en lui par les divers développements de son être. Nouvel Homme 47