Car la rosée que Dieu fait descendre dans l’homme est toute composée d’actions toutes vives, toutes formées, toutes complètes, comme autant de guerriers armés de pied en cap, ou comme autant de puissants médecins, portant dans leur main l’ambroisie, ou comme autant d’anges célestes tous rayonnant intérieurement et extérieurement, des saintes et pures lumières de la vie ; et l’homme destiné à être l’objet, et le réceptacle de tant de bienfaits aperçoit par l’intelligence, au milieu de cette rosée sacrée, la main suprême du Dieu resplendissant de gloire qui veut bien le prendre pour le terme de cette incomparable munificence, tant il est vrai que la parole divine ne peut venir en nous sans créer à la fois tout un monde. Nouvel Homme
Mon Dieu, je sais bien que vous êtes la vie, et que je ne suis pas digne que vous approchiez de moi, qui ne suis que souillure, misère, et iniquité. Je sais bien que vous avez une parole vive, mais que les ténèbres épaisses de ma matière empchent que ne la fassiez entendre aux oreilles de mon âme. Faites-en néanmoins descendre en moi une assez grande abondance de cette parole, pour que son poids puisse contrebalancer la masse du néant dans lequel est absorbé tout mon être, et qu’au jour de votre universel jugement, ce poids et cette abondance de votre parole, puissent me soulever hors de l’abîme, et me faire remonter vers votre sainte demeure ; placez dans les diverses régions et facultés qui me composent, nombre d’ouvriers habiles et vigilants qui désobstruent les canaux de toutes leurs immondices, et qui brisent jusqu’au roc vif qui s’oppose à la circulation des eaux, alors la vie de vos sources pures et actives entrera en moi, et remplira mes fleuves jusqu’aux bords ; alors vous créerez un monde d’esprits dans ma pensée, un monde de vertus dans mon coeur, et un monde de puissances dans mon opération, et c’est le tout-puissant, le sanctificateur universel qui entretiendra lui-même tous ces mondes en moi, et qui les nourrira continuellement de ses propres bénédictions. Nouvel Homme
On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2
Mais d’où lui vient cette manière d’être si avantageuse et si salutaire ? C’est que s’il parvient à être régénéré dans sa pensée, il l’est bientôt dans sa parole qui est comme la chair et le sang de sa pensée, et que quand il est régénéré dans cette parole, il l’est bientôt dans l’opération qui est la chair et le sang de la parole. Non seulement l’esprit le pénètre, circule dans toutes ses veines, et se revêt de lui pour donner le mouvement à tous ses membres, comme nous faisons mouvoir à notre gré les vêtements dont nous nous couvrons ; mais tout en lui se transforme en substances spirituelles et angéliques, pour le porter sur leurs ailes vers tous les lieux où son devoir l’appelle ; c’est ainsi que le juge souverain viendra un jour au milieu de ses saints, et environné de millions d’anges pour rétablir le règne de la vérité dans toutes les régions qui en seront susceptibles. Nouvel Homme 4
C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4
Ce n’est donc point un simple effet mystique, ni une simple opération métaphysique qui se passe en nous lorsque le verbe Divin nous régénère, et qu’il nous appelle par notre nom pour nous faire sortir de notre tombeau, c’est une oeuvre vive, et dont tout notre être spirituel et corporel éprouve physiquement la sensation, puisque cette parole est la vie, et l’activité ; et lorsque Lazare sortit de son cercueil à la voix du Seigneur, ses membres n’éprouvèrent pas autant de cette sensation réelle, que nous en éprouvons dans notre régénération spirituelle, parce qu’après être descendu dans le tombeau, son âme passive ne pouvant recevoir la sensation de la mort et de la froideur sépulcrale, ne pouvait pas non plus en faire la comparaison avec la sensation de la vie qui s’introduisait alors en lui, et semblait le créer pour la première fois : au lieu que notre âme immortelle ne descend point dans le lac de la mort spirituelle, sans en ressentir toute l’horreur ; et par conséquent lorsqu’elle recouvre la sensation de la vie, ce doit être avec une sensibilité inexprimable. Nouvel Homme 4
En effet, nous nous sommes laissé garrotter tout vifs et dans nos facultés, par les chaînes de l’ennemi : nous sentons que ces chaînes nous écrasent et nous ôtent tous nos mouvements ; si nous avions donc le courage de prononcer l’arrêt de cet ennemi, et de lui déclarer que, conformément aux intentions de la volonté suprême et bienfaisante, nous sommes déterminés à rompre tous les liens dont il se sert pour nous retenir captifs, si nous lui annoncions fermement qu’il doit s’attendre que son règne sur nous va être détruit, et qu’il nous est aussi aisé, par les secours divins qui nous environnent, de briser ce règne, qu’il nous est aisé de briser un brin de paille ; enfin, si cet arrêt étant prononcé nous n’oublions rien pour l’exécuter, et pour persévérer avec constance dans cette indispensable et nécessaire résolution, il n’est pas douteux que nous verrions bientôt tomber à nos pieds toutes ces entraves qui nous gênent si horriblement, et que nous sentirions y substituer en nous, à la fois, tous les transports de la vraie vie, lesquels seraient d’autant plus actifs et délicieux pour nous, que nous en aurions été plus dénués. C’est ce passage complet de la mort à la vie que l’âme de l’homme peut éprouver physiquement dans toute ses facultés quand, en imitant la douce et humble simplicité du verbe et de la parole, il parvient à en recouvrer la force, la chaleur et la lumière. Nouvel Homme 4
Nous serions peu étonnés des merveilles sensibles et vives qui se passent en nous lors de notre régénération, si nous pénétrions un peu plus profondément que nous ne le faisons dans la connaissance et la nature de l’homme. Nous l’avons peint comme étant une pensée du Dieu des êtres, et nous avons dit que quand il parvenait à être régénéré dans sa pensée, il le devenait bientôt dans sa parole ; c’est donc à dire qu’alors il devient une parole du Dieu des êtres, comme il en était auparavant une pensée et cela nous apprend par conséquent que dans l’origine, il était à la fois une pensée et une parole du Dieu des êtres, et qu’il doit l’être encore aujourd’hui quand il a le bonheur d’être rétabli dans sa nature originelle. Nouvel Homme 4
Voilà le terme où doivent tendre tous nos efforts, et sans lequel nous nous flatterions en vain d’être avancés dans la carrière de notre retour vers notre principe. C’est aussi ce qui nous rétablit, sur notre trône en mettant nos ennemis à nos pieds en même temps cela nous apprend que telle fut notre puissance autrefois, et que tel fut l’emploi que nous en aurions dû faire, puisqu’aujourd’hui nous pouvons la faire servir au même usage, en prononçant fortement cette parole interne qui constitue notre être, et qui fait trembler nos ennemis. Ne cessons donc point de contempler ce but sublime et indispensable où nous devons tendre ; ne nous reposons point, n’épargnons aucun de nos efforts jusqu’à ce que nous nous sentions renaître dans cette faculté vive qui est notre essence et jusqu’à ce que par sa forte vertu, nous ayons chassé de nous tous les vendeurs qui sont venus établir le siège de leur trafic jusque dans le temple. Nouvel Homme 4
Nous apercevrons, même dans cette occupation, une clarté aussi encourageante pour nous qu’elle est glorieuse pour le suprême auteur de notre existence ; c’est que si nous sentons que nous ne pouvons être régénérés qu’autant que nous sommes devenus une parole du Dieu des êtres, c’est une preuve que le Dieu des êtres est aussi par lui-même, une parole vive et puissante, puisque nous sommes son image ; et dès lors notre similitude avec lui se présente à nous de la manière la plus naturelle, la plus instructive et la plus douce, puisqu’à tout moment nous pouvons nous convaincre de cette similitude, et montrer que dans tous les instants nous tenons à Dieu, comme Dieu tient à nous. Or, ce qui manifeste entièrement la gloire de ce Dieu suprême, et la nature spirituelle de notre être, c’est que malgré la dignité et la puissance de la parole qui est en nous, nous ne pouvons en espérer la renaissance et le développement, qu’autant que la parole Divine, elle-même, vient ranimer la nôtre, et lui rendre son activité comprimée par les chaînes de notre prévarication ; c’est enfin de sentir irrésistiblement que la parole est absolument nécessaire pour l’établissement de la parole ; axiome qui a passé dans les sciences humaines, et dont l’empire indestructible s’est montré à ceux qui ne se sont même occupés que des langues conventionnelles. Nouvel Homme 4
Cet axiome, dis-je, renferme les vérités les plus essentielles, en ce qu’il nous enseigne d’abord que toute notre oeuvre doit se passer dans l’intérieur de l’homme, comme dans le foyer invisible de notre vie divine ; et secondement, que cette oeuvre ne peut s’opérer véritablement que par la parole Divine, ou la Divinité elle-même. Nouvel Homme 4
5. Cette renaissance de notre parole interne ne se borne pas à un simple effet partiel, et concentré dans le seul point de notre être intérieur ; elle se propage dans toutes les régions qui nous constituent, et elle y ressuscite la vie à tous les pas ; elle semble donner les noms propres et actifs à toutes les substances spirituelles, célestes, élémentaires rassemblées en nous, et les rétablir dans la vivacité de leurs mouvements, et dans le puissant exercice de leurs fonctions originelles, comme autrefois Adam imposait des noms à tous les animaux, et introduisait sa vivante puissance dans toute la création, et dans toutes les oeuvres et productions de Dieu qui avaient été remises à sa libre administration. Or, ces deux témoignages, savoir, celui de notre expérience, et celui de la tradition nous apprennent que telle est la marche progressive de l’éternelle Divinité dans ses saintes opérations, restaurations, rectifications, où certainement la vie de sa parole Divine se répand successivement dans tous les êtres, et dans toutes les productions qu’elle veut régénérer, et qui ne résistent point à son action ; et si, par notre propre expérience et par la tradition des opérations d’Adam, nous savons que telle est la marche restauratrice de la parole Divine ; cela devient une nouvelle preuve pour nous que telle a été la marche créatrice de cette même parole, puisque les choses ne se régénèrent que par la même voie qui les a créées. Ainsi saint Pierre a raison de nous dire (actes 4) que nul autre nom, sous le ciel, n’a été donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés ; puisqu’avant St. Pierre, St. Jean nous avait déjà dit qu’au commencement était le verbe, et qu’il était Dieu, et que rien n’a été fait sans lui de ce qui a été fait ; ainsi, nous ne pouvons trouver de Dieu sauveur, de Dieu sanctificateur, et de Dieu fortificateur et revivificateur que dans le Dieu créateur, comme nous ne pouvons trouver de Dieu créateur que dans celui qui est par lui-même, dont la vie est l’éternité, et dont l’éternité est la vie, quoique ces diverses puissances aient agi en divers temps, et aient manifesté des propriétés différentes Nouvel Homme 5
Si, comme nous l’avons vu, la parole est nécessaire pour l’établissement de la parole, et que par conséquent nous ne puissions être ressuscités dans notre parole que par le verbe, nous ne pouvons être ressuscités dans nos autres facultés que par des facultés analogues, dans notre pensée que par la pensée, dans notre mouvement par le mouvement, dans notre vie que par la vie, dans notre esprit que par l’esprit, dans nos vertus que par la vertu, dans nos lumières que par la lumière ; ainsi nous devrions être dans une mobilité et activité continuelles, puisque les plus petits rayons de ce qui est en nous devraient perpétuellement être réactionnés par les étincelles similaires, qui se dardent sans cesse hors du foyer éternel de la vie. Nouvel Homme 5
Hommes qui croyez à la vertu de la parole, et aux prodiges qu’elle opère dans l’âme de l’homme quand elle le veut employer à ses diverses manifestations, croyez aussi à la progression de ses puissances, et à l’accroissement quoiqu’invisible des diverses actions qu’elle a dessein de faire fructifier dans le champ de la mort que nous habitons. Car cette parole est vive par elle-même, et quoiqu’elle soit fixe, et en quelque façon immobile dans le centre de son essence, les mouvements qu’elle opère ne peuvent pas être bornés et fixés à demeure dans les localités du temps. Nous voyons combien cette vérité se démontre sur nous-mêmes par les progressions que notre esprit parcourt, et qui font que notre vie entière semble n’être qu’une suite d’accroissements, dans lesquels les dons et les vertus d’une époque disparaissent et sont remplacés par les dons et les vertus de l’époque suivante. Nouvel Homme 5
Voilà pourquoi les actions que la sagesse envoie dans notre région n’y restent point, au moins sous la même forme, et pourquoi l’homme s’abuse quand il regarde ces actions comme devant être sensiblement permanentes ; car dès qu’il leur imprime par sa pensée ce caractère de stagnation, il n’en peut plus retirer de fruit, puisque la stagnation opérerait la mort et que tout doit être esprit et mouvement ; or, le mouvement de l’esprit est comme celui du feu, il se fait en ascension, il se fait dans la ligne droite, et il échappe bientôt à notre vue. Mais cependant ces diverses actions ne tendent qu’à nous conduire un jour par leurs différents degrés temporels, au vrai repos dans le centre de la parole éternelle. Nouvel Homme 5
Hommes qui croyez que l’homme est non seulement une pensée, mais aussi une parole du Dieu des êtres, vous ne pouvez vous dispenser de croire que l’homme est également une des opérations divines de cet être éternel. Si cela n’était pas ainsi, vous seriez des êtres incomplets ; vous ne seriez pas l’image parfaite de Dieu, puisque Dieu est à la fois la pensée, la parole, et l’opération éternelles ; enfin vous ne pouvez douter que vous ne deviez être une de ses opérations, puisque vous cherchez vous-mêmes continuellement à réaliser vos paroles par vos oeuvres, comme vous cherchez à réaliser vos pensées par vos paroles. Nouvel Homme 5
Mais de même que votre pensée, et votre parole ne peuvent renaître sans la pensée et sans la parole supérieure, de même votre opération spirituelle ne peut vous être rendue que par l’opération de l’esprit sur vous, et c’est ce que nous avons ci-dessus montré comme étant l’imposition des mains ; opération qui est un acte de restauration dans toutes les élections que Dieu a faites, en envoyant son esprit sur des hommes choisis ; mais qui est plus que restauratrice dans ce qui concerne votre essence, puisque c’est cette triple action de la divinité qui vous constitue, et qu’il ne suffit pas que la divinité pense l’homme, et qu’elle parle l’homme, mais qu’il faut encore qu’elle opère l’homme. Nouvel Homme 5
6. Mais quelle terrible opération doit se faire en nous avant que cette divinité tout entière nous traverse dans sa splendeur et dans sa joie ! Il faut auparavant qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur ; il faut que le Dieu souffrant passe tout entier au travers de l’âme concentrée et comme pétrifiée par le crime et l’insensibilité. Âme de l’homme, abîme-toi ici, dans ta détresse, et prépare-toi à l’opération la plus douloureuse. Il faut que le Dieu souffrant te pénètre, et se fasse jour au travers de tes substances les plus épaissies et les plus dures, pour te rendre ta primitive existence ; tu ne pourras jamais être régénérée complètement si l’opération n’est pas universelle et si le Dieu souffrant dans sa pensée, dans sa parole et dans son oeuvre ne traverse tout entier ta pensée, ta parole, et ton opération. Nouvel Homme 6
Amertume corporelle, amertume spirituelle, amertume divine, venez vous établir dans notre être, puisque vous êtes devenues l’indispensable aliment de nos ténèbres et de notre infirmité. Que l’amertume spirituelle du calice se joigne à notre amertume spirituelle particulière, et forme ainsi ce médicament actif et salutaire qui doit ronger toutes nos fausses substances pour laisser revivre nos véritables substances amorties ! Malheur à qui voudra repousser de lui ce médicament régénérateur ! Il ne fera qu’accroître ses maux, et les rendre peut-être un jour inguérissables. Car telle est cette pénitence qui seule peut faire ressusciter l’esprit en nous, comme l’esprit peut seul y faire ressusciter la parole, et la parole y faire ressusciter la vie divine, attendu qu’aujourd’hui rien ne peut plus s’opérer que par des concentrations, puisque tel a été le principe de l’origine des choses, tant physiques que spirituelles ; telle est, dis-je, cette pénitence qui donne à l’homme la puissante tranquillité de la confiance, et la terrible force de la douceur, choses si inconnues aux hommes du torrent qui n’ont que le courage du désespoir, et que la force de la colère. C’est là cette pénitence par laquelle le pasteur daigne venir se revêtir de nous qui sommes des loups, afin de sauver de nos dents la malheureuse brebis que nous dévorons ; tandis qu’avec la pénitence humaine et extérieure c’est le loup même qui se revêt de la peau du berger afin de dévorer à la fois, et la brebis et le pasteur en les séparant l’un de l’autre. C’est là cette pénitence qui efface en nous non seulement les taches du péché, mais jusqu’au souvenir et à la connaissance du péché. Nouvel Homme 6
Disons à notre ennemi : c’est le Dieu souffrant qui veut lui-même élever en moi son édifice ; c’est le Dieu souffrant qui veut le soutenir lui-même, tu ne pourras jamais le renverser. Plus le Dieu souffrant s’approchera de moi, plus je serai en sûreté contre tes attaques, parce qu’il prendra lui-même sur lui le fardeau que je ne pourrais pas porter ; quoique je sois suspendu au-dessus de l’abîme comme par un fil, quoique j’habite au milieu des lions voraces et des serpents sifflants et meurtriers, il est près de moi ce Dieu souffrant, il est conçu en moi ce Dieu souffrant, et d’un seul de ses mouvements, quelque faible qu’il soit, il me séparera lui-même de tous ces insectes, et reptiles venimeux dont tes iniques séductions ont fait revêtir corporellement la malheureuse postérité de l’homme. Ce Dieu souffrant ne cherche qu’à faire entrer en moi sa chair, son sang, son esprit, sa parole, pour y introduire enfin le nom puissant qui a tout créé, et qui veut aussi créer tout dans moi ; il veut me faire planer avec lui dans la région de la vie, afin que je sois dans l’impossibilité de retomber dans les précipices et dans les régions de la mort. Nouvel Homme 6
Aussi tous les envoyés ne lui prêchent-ils autre chose, que de travailler à l’absolu dépouillement de l’homme de péché, afin que par ses soupirs et ses sanglots, il puisse obtenir que la parole créante, souffrante, sanctifiante, multipliante, vienne fonder en lui sa demeure, comme n’y trouvant rien qui la gêne, qu’elle puisse parler pour lui dans tout ce qui le constitue, et dans tout ce qu’il a à manifester, c’est-à-dire, qu’elle parle dans la pensée de l’homme, qu’elle parle dans la parole de l’homme, qu’elle parle dans toutes les affections de l’homme, qu’elle parle dans tous ses mouvements, dans toutes ses vertus, dans tous ses éléments, dans son sang, dans sa chair, dans tous les organes de sa vie, dans les aliments dont il se nourrit, dans toutes les substances qu’il emploie à ses besoins ; et enfin, qu’elle fasse de l’homme une oraison universelle ; en un mot, il faut que nous soyons dévorés comme une proie par toutes les puissances du Seigneur, avant qu’il trouve en nous sa joie et sa consolation, et que nous ayant consumés en lui-même par le feu créateur de sa propre vie, il nous rende de nouveau cette primitive existence libre, et joyeuse où nous n’avions à former que des prières de jubilation. Nouvel Homme 7
Mais remarquons pour quelle raison cette opération de l’esprit constitue la véritable église ; c’est que c’est la parole éternelle qui se grave elle-même alors sur la pierre fondamentale qu’elle choisit, comme le réparateur gravait sa propre parole sur l’âme de saint Pierre à qui il parlait face à face. Sans l’impression de cette parole Divine sur notre âme, l’église ne s’élève point ; comme nous voyons que dans l’ordre temporel les édifices que les rois se proposent de bâtir ne commencent à s’élever que lorsque, d’après l’usage reçu, le nom du fondateur est inscrit sur la première pierre qu’il est censé par là, avoir posée lui-même. Nouvel Homme 8
En un mot, l’idée de cet être puissant doit désormais devenir aussi inséparable de notre oeuvre que la pensée l’est de nos paroles, et de toutes les opérations qui en sont les fruits. Lors même que nous sentons contrariés dans notre entreprise, ou que nos forces se ralentissent, nous avons le droit d’interpeller par ses propres paroles celui qui nous a dit qu’il voulait fonder sur nous son église ; nous avons droit de lui rappeler que sa parole ne peut pas passer ; comme l’a promis (Isaïe 55) ma parole qui sort de ma bouche ne retournera point à moi sans fruit ; mais elle fera tout ce que je veux, et elle produira l’effet pour lequel je l’ai envoyée. C’est honorer Dieu que de se servir ainsi des titres qu’il nous donne envers lui, et il ne demande pas de nous voir en faire un pareil usage ; et la preuve que c’est l’honorer que d’agir ainsi, c’est que nous ne tardons pas à recevoir le prix de notre confiance, et que la paix et la lumière renaissent bientôt dans notre être, quand nous avons employé ce moyen. Nouvel Homme 8
Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8
Venez, humilité sainte, venez vivre dans la prédication intérieure que mon âme entend chaque jour au-dedans d’elle-même, et unissez votre activité à la parole intérieure qui me poursuit, afin que je sois sans interruption un être effectif, et que, par votre moyen, le Divin et universel défenseur repose sur moi, et me préserve de la colère du Seigneur. Nouvel Homme 12
Mais quand nous avons le bonheur de ne pas nous reposer sur nos propres forces, quand enfin c’est cet être puissant, lui-même, qui agit et qui opère, l’ennemi tremble, et fuit dans ses antres obscurs, ne pouvant pas résister à la force invincible du lion de la tribu de Juda, à qui l’Eternel a juré par son nom redoutable, que tout empire lui serait donné ; c’est cette promesse irréfragable qui assure le triomphe à la seule présence de cet agent sacré, et qui fait sentir à l’ennemi la différence de la parole de vérité à une parole variable ou fausse. Nouvel Homme 12
13. Lorsque le Réparateur alla à Béthanie pour y ressusciter le frère de Marthe et Marie qui était mort depuis quatre jours, et qui sentait mauvais ; lorsqu’étant près du tombeau, il dit d’une voix haute : Lazare, levez-vous ; c’est à toi, âme humaine, qu’il adressait la parole encore plus qu’à ce cadavre qui n’était que le symbole de la véritable renaissance ; et c’est encore là où tu trouves un nouveau trait de ce tableau général dont tu es l’objet, et qui embrasse l’ensemble des choses. Nouvel Homme 13
Si tu as aperçu précédemment que l’annonciation de l’ange peut se répéter pour toi, ainsi que la conception et la naissance du fils de la promesse, tu ne seras pas surprise que la résurrection de Lazare puisse se répéter pour toi également ; mais aussi par la même raison, tu sens que cette opération préliminaire te devient indispensable, puisque tu es morte depuis quatre jours ; c’est-à-dire, dans tes quatre grandes institutions primitives que tu ne saurais plus remplir, et puisque tu répands partout l’infection. La voix du Réparateur s’approche de ta tombe et te crie : Lazare, levez-vous ; ne fais pas comme les Juifs dans le désert ; n’endurcis pas ton coeur à cette voix, et jette-toi promptement hors de ton cercueil ; il ne manquera pas de gens serviables pour délier tes bandelettes. Souviens-toi ensuite qu’il ne t’a été dit : Lazare, levez-vous ; qu’afin que tu répètes à ton tour librement à toutes tes facultés endormies : Lazare, levez-vous ; et qu’afin que cette parole circule continuellement dans toutes les parties de ton être. C’est alors que tu pourras espérer être à table avec le Seigneur. Nouvel Homme 13
Ame humaine, souviens-toi qu’une terre s’engraisse par les fruits qu’elle porte ; parce que les semences qu’elle reçoit dans son sein lui rendent de nombreux débris pour les sucs qu’elles en retirent, et elles font descendre sur elles les rosées du ciel. Âme humaine, plus féconde que la terre corruptible où tu es emprisonnée pour un temps, tu peux, plus qu’elle, recevoir de vives semences, tu peux, plus qu’elle, produire de nombreuses récoltes, tu peux, plus qu’elle, fixer et faire couler sur toi les riches et fécondes rosées ; et ce sont tous ces trésors qui doivent t’engraisser à jamais ; car, si tu te dis bien sincèrement : Lazare, levez-vous, tu peux alors espérer que le conseil céleste vienne délibérer jusque dans ton propre sein, et envoie ensuite sa parole sacrée dans tout ton être, pour y faire exécuter ses décrets, et faire couler abondamment dans toutes ses substances élémentaires, spirituelles et Divines les sanctifications éternelles qui ne tendent qu’à effacer le temps, ou cette tache, jetée sur le tableau la vie, et qui voudraient que cette image qu’on appelle aujourd’hui, étant disparue, tout ce qui existe reprît le nom universel de l’ancien des jours. Nouvel Homme 13
15. Si l’homme est mort dans toutes ses facultés, il n’y a pas un seul mouvement de son être qui puisse se faire sans que l’on prononce en lui cette parole rapportée plus haut : Lazare, levez-vous. Et si l’homme veut ensuite étendre son intelligence, il verra que non seulement c’est sur lui que le réparateur profère continuellement cette parole, mais aussi sur tout l’univers, et sur toutes les parties de l’univers, puisqu’il n’y en a point qui ne soit aujourd’hui ensevelie dans les ténèbres de la mort, et qui ne soit en souffrance suivant le passage de saint Paul aux Romains, 8:19-23. Nouvel Homme 15
Cette vérité que l’âme sent, quand elle se dépouille et se concentre, lui démontre quelles sont les énormes suites de la prévarication, et lui fait connaître, par l’expérience de tous les moments, que nous habitons la terre de la mort et de la douleur ; mais elle sent en même temps qu’il n’y a pas un instant pour elle où cette parole salutaire ne puisse être suivie d’une résurrection. Nouvel Homme 15
Oui, chaque acte de la parole sacrée voudrait élever autant d’autels dans ta pensée, dans tes désirs, dans ton amour, dans ton humilité, dans ta foi, dans ta courageuse activité, dans ta charité, dans ton intelligence, afin qu’il n’y eût rien en toi qui ne fût occupé à offrir des sacrifices de louanges au Seigneur, et afin que le Seigneur rayonnant par tous les points de ton existence ainsi purifiée et sanctifiée, toutes les nations te trouvassent toujours occupé comme les Lévites à entretenir le feu sacré, et toujours prêt à recevoir leurs offrandes, et à faire parvenir leurs prières jusqu’au trône de l’Éternel. Nouvel Homme 15
Voilà comment la parole Divine voudrait se faire entendre à toutes les régions de l’univers, en leur répétant sans cesse par ta voix : Lazare, levez-vous ; car si c’est la voix de l’homme qui a versé le crime et le poison sur l’univers, c’est la voix de l’homme qui doit y reporter la lumière, la sagesse, la mesure et l’harmonie. C’est là ce nouvel homme après lequel languissent les soupirs de la Divinité ; c’est là ce nouvel homme qu’il faut rappeler de toute langue, de toute nation, de toute tribu afin qu’il vienne adorer dans Jérusalem ; c’est là ce peuple saint, cette nation choisie dont les enfants doivent avoir, selon les prophètes, des reines mêmes pour nourrices, et qui doit voir les rois baiser la poussière de ses pieds : Isaïe 49:23. Nouvel Homme 15
Rappelle-toi maintenant que ta parole étant l’image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son effet que cette parole divine elle-même dont tu es l’image. Rappelle-toi que lorsque tu as prononcé un décret contre l’ennemi avec toute la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu sais accompagner ta résolution de toute l’opiniâtreté de la constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s’étendre, et s’augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance, cette même opiniâtreté de constance qui n’est autre chose que le vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de ton oeuvre, et dans les autres régions de ta circonférence. Nouvel Homme 16
Alors tous ces docteurs qui t’avaient séduit et égaré, seront eux-mêmes dans l’étonnement en apercevant l’empire de la parole de ton fils, et combien la lumière qu’il répand a d’analogie avec notre clarté naturelle. Chaque jour ils feront eux-mêmes de nouvelles découvertes à la lueur de ce flambeau qui brillera devant eux et tu auras le plaisir de voir bientôt en toi mille peuples se convertir par ses discours et ses instructions, et devenir de sincères adorateurs de la vérité, de façon que tu ne tarderas pas d’être à toi seul une grande famille de fidèles qui ne cesseront d’élever jour et nuit des temples à la gloire du suprême auteur, dominateur et régulateur de tout ce qui existe. Nouvel Homme 17
L’homme ou l’esprit est l’extrait actif de toutes les puissances divines, puisque Dieu est vivant ; et cet extrait actif des puissances de Dieu, comme nous l’avons vu ci-dessus, est une parole, puisque Dieu est la parole éternelle. Mais Dieu est saint ; Dieu est l’éternelle sainteté toujours se prononçant elle-même ; il faut donc que l’homme, l’esprit, ou la parole extraite de cette parole éternelle, représente activement son principe, et que son existence soit réellement la sainteté prononcée, de façon que Dieu ne produise pas un seul être hors de son sein sans faire entendre hors de soi, par ce seul acte, le mot saint qui se prononce éternellement dans son centre divin. Nouvel Homme 17
Ainsi, l’homme, en recevant la naissance divine manifesta cette céleste parole qui produisit au-dehors la sainteté de Dieu ; ainsi lorsque depuis le crime la bonté souveraine veut bien régénérer l’homme, elle le met dans le cas de pouvoir répéter de nouveau, par sa propre existence, ce témoignage vivant et expressif de la source d’où il descend ; mais de même que l’homme ne put dans l’origine manifester ce témoignage actif, que parce qu’il était l’extrait universel des puissances et de la sainteté divine, de même aujourd’hui il ne peut recouvrer ce sublime privilège, et faire vraiment entendre dans sa plénitude, le nom de saint, que quand il a recouvré cette plénitude de rapports spirituels et divins qui lui rendent sa première nature. Nouvel Homme 17
19. Faites place à l’esprit. Ne voyez-vous pas comme il se presse de fendre la foule ; c’est qu’il a à faire une oeuvre si importante, et il a tant de zèle qu’il craint de perdre un instant. Il a d’ailleurs un si grand espace à parcourir, qu’il craint de ne pas arriver jusqu’au terme, avant que le temps qui lui est donné pour cet objet ne soit expiré. Il faut qu’il se rende du lieu de sa demeure jusque dans les dernières profondeurs de l’homme ; faites place à l’esprit, et laissez-le arriver jusque dans les profondeurs de l’homme. Il n’y vient que pour y placer la parole de la sainteté, d’où l’homme verra croître en lui à la fois les sept vertus, qui seront les sept colonnes de cet édifice fondé sur le roc vif, et qui doit être l’éternelle église de notre Dieu. Nouvel Homme 19
C’est aussi pour cela que l’écriture compare continuellement la parole à des flèches acérées, et à une épée à deux tranchants ; non pas seulement parce que cette parole a sans cesse des ennemis à combattre et à renverser, mais encore parce qu’elle prend sans cesse la naissance au milieu des entraves qui la resserrent, qui la forcent à s’affiler et à s’aiguiser en quelque sorte pour se faire jour au travers de toutes ces substance étrangères dont elle est encombrée. Nouvel Homme 20
Telle est donc la pénible destinée de cette parole chérie que la sagesse fait naître dans le nouvel homme, et qui ne s’y peut engendrer qu’en rompant toutes les barrières qui la retiennent dans l’esclavage, et dans la contrainte ; c’est la pression de l’influence supérieure qui force cette parole à traverser ainsi péniblement ses entraves, et à se manifester sous des traits aigus dont notre langue corporelle est l’image, et dont nous trouverions des figures encore plus frappantes dans la manifestation qui arriva aux apôtres à Jérusalem, si notre plan ne nous défendait pas d’anticiper sur l’ordre des objets que nous aurons à exposer dans cet écrit. Nouvel Homme 20
Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20
L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20
Mais gardons-nous de vouloir agir avant cette heureuse époque, et par les mouvements de notre impatience. Avant de croire aux fruits de la loi, il faut commencer par croire à la loi ; car, selon l’Évangile, comment croire au réparateur si l’on ne croit pas d’abord à Moise, et à la loi qui ont parlé de ce réparateur ? Or la loi de l’homme de l’esprit est de ne pas faire un mouvement dans la carrière supérieure, sans que ce mouvement ne soit ordonné, et précédé par une parole, qui devient pour lui ce que Moïse, et les prophètes étaient pour les appelés, et les élus à la loi de grâce. Et si l’homme ne croit pas que telle doit être sa marche respectueuse, et soumise, il ne croirait pas davantage aux merveilles que désirerait son impatience, parce que c’est de ces merveilles-là que la parole doit prophétiser. Nouvel Homme 22
Pourquoi Dieu sollicite-t-il ainsi l’homme par tant de moyens si variés, si répétés, si soutenus et si continuels ? C’est pour qu’il soit en tout point l’image et la ressemblance de cette éternelle divinité ; car ce n’est point assez pour cette ressemblance que l’homme puisse lire dans les merveilles de la sagesse, ce n’est point assez qu’il puisse les peindre, et les exprimer par ses oeuvres, ce n’est point assez que sa parole puisse répéter autour de lui les oeuvres de cette divinité suprême, il faut que, comme elle, il puisse exercer de pareils droits volontairement, et par le privilège sacré de son saint caractère, afin que, partageant les puissances de son éternel principe, il en partage aussi la gloire, et soit ainsi la réelle image de ce principe, au lieu de n’en être, comme la nature, que l’image figurative ; et voilà pourquoi la sagesse divine le sollicite avec tant d’amour, et tant d’industrie, et évite avec tant de soin de le forcer, parce qu’elle considère, et respecte, pour ainsi dire en lui, ce privilège honorable dont elle-même l’a rendu dépositaire. Nouvel Homme 23
Qu’étais-tu, homme, lorsque l’Éternel te donnait la naissance ? Tu procédais de lui, tu étais l’acte vif de sa pensée, tu étais un Dieu pensé, un Dieu voulu, un Dieu parlé, tu n’étais rien tant qu’il ne laissait pas sortir de lui sa pensée, sa volonté, et sa parole. Il n’a pas changé de loi, il ne peut y avoir que lui qui t’engendre, et ce n’est que par lui que tu peux engendrer des oeuvres régulières. S’il n’engendre donc pas son nom en toi avant que tu dises : au nom du Seigneur, tu n’agis plus que de mémoire quand tu prononces ce nom, et voilà pourquoi tant d’hommes le prononcent en vain sur la terre, et nous prouvent d’une manière si affligeante que malheureusement, l’homme n’est, ne vit, et n’agit que dans la vanité et le néant. Nouvel Homme 23
24. Si le nouvel homme veut que la parole soit vivante en lui, il ne pourra obtenir cette faveur, qu’en mourant dans cette même parole ; et s’il lui est donné de pouvoir mettre à profit les incommensurables longanimités du temps, c’est afin qu’il puisse parvenir à ce glorieux terme par des progressions douces et insensibles qui le préparent à recevoir la jonction de la grande unité sans être ébloui par son éclat, ou consumé par sa chaleur brûlante ; c’est en même temps pour que les combats qui lui sont offerts dans ces diverses progressions soient toujours en mesure avec son courage et avec ses forces. Nouvel Homme 24
Le nouvel homme dont la destinée est si élevée au-dessus de la sagesse commune doit, comme nous l’avons dit, mourir continuellement dans la parole, s’il veut que la parole vive en lui ; et il y doit mourir progressivement afin qu’elle puisse y vivre un jour dans toute sa force, et dans toute sa plénitude. Il faut qu’il voyage silencieusement sur les bords du fleuve, qu’il combatte à tous les pas les animaux qui se rencontrent, et qu’il surmonte les obstacles de chaque jour. Par là, il reçoit insensiblement une triple création qui purifie son corps, son âme et son esprit, qui les remplit du feu de la vie, parce que le feu le couvre, et le pénètre de la parole du témoignage. Nouvel Homme 24
Voyons donc ainsi croître en paix ce nouvel homme ; voyons-le sacrifier à tout moment tout ce qui n’est pas du ressort de la parole, et faire en sorte, par ce moyen, que la parole prenne en lui la place de tout ce qui la gênait, et l’empêchait de venir démontrer à cet homme qu’il est une pensée du Dieu des êtres, une parole du Dieu des êtres, une opération du Dieu des êtres. Voyons-le par ces sacrifices journaliers, et continuels, mourir par degrés dans la parole, et s’ensevelir tellement dans la confiance en cette parole, qu’elle puisse elle-même ressusciter en lui dans les mêmes mesures, et qu’elle finisse par y manifester complètement, et universellement son action de vie, lorsqu’il aura fini de son côté, par manifester en elle complètement, et universellement son action de mort. Nouvel Homme 24
Car cette résurrection de la parole en nous, cette virilité enfin, dont nous offrons d’avance quelques traits, nous peut être accordée dans ce bas monde, si nous en nourrissons l’espérance, et que nous nous conduisions conformément à l’instinct qu’elle nous suggère ; et si nous n’avions pas d’autres explications à donner du bonheur de l’homme que celles qui nous sont offertes dans les instructions vulgaires, nous ne croirions pas avoir assez fait pour nos semblables. Nouvel Homme 24
Car c’est à toi particulièrement qu’il est réservé de le voir dans sa gloire ; non pas dans une gloire terrestre et humaine, comme l’ignorance et la cupidité ne cessent de t’en flatter, mais dans la gloire de l’esprit, de la parole, et de la puissance, puisque c’est par ces divins caractères que tu l’as connu le premier parmi tous les peuples de la terre, et que c’est une loi irréfragable que les choses finissent par où elles ont commencé. Nouvel Homme 24
Bien plus, regardons ce nouvel homme comme l’organe de la parole divine, par lequel elle veut se communiquer aux nations ; regardons-le comme cet ange qui transmettait à Moïse sur la montagne du Sinaï les lois du Seigneur, afin que le peuple fût instruit des ordonnances divines, et qu’il apprit, en les observant, à diriger ses pas vers la sagesse, et à rentrer dans les voies de sa primitive origine. Nouvel Homme 25
Oui, nouvel homme, nous pouvons voir en toi la montagne du Sinaï tout entière, avec toutes les merveilles qui s’y sont passées. Nous pouvons voir à ta naissance miraculeuse, ce lieu sacré se couvrir de nuages célestes d’où sortent des feux, et des éclairs ; nous pouvons voir les animaux trembler à cet aspect et le peuple lui-même n’oser en contempler l’éclat, et te prier, comme les Hébreux prièrent Moïse, de voiler ta face pour ne pas les éblouir ; nous pouvons te voir demeurer seul pendant quarante jours sur cette montagne, pour y recevoir tous les degrés de ton ordination dans la loi temporelle ; nous pouvons te voir recevant de Dieu les préceptes du Décalogue, et nous les exprimer par ton essence même encore plus que par ta parole ; nous pouvons t’entendre nous dire au nom de ce Dieu, dont tu as seul approché : Nouvel Homme 25
Tu n’as pas oublié que ta parole, en imitation de la parole de l’Eternel, ne doit point rétrograder devant tes ennemis, et que, quand tu leur as une fois prononcé la ferme résolution où tu es de les subjuguer, tu ne dois plus leur permettre de résistance, jusqu’à ce que ton arrêt sur eux soit accompli. EH bien, porte la même résolution dans le dessein d’unir ton être à l’une de ces unités supérieures qui ne s’aperçoivent pas du temps ; oublie-toi dans la recherche de ce trésor inestimable, ces unités feront que tu ne t’apercevras pas du temps plus qu’elles et elles te feront jouir, par anticipation, de cette paix sainte qui habite avec elles dans leur céleste atmosphère, mais qui ici-bas, n’est connue i pour y servir de victime continuelle au temps. Nouvel Homme 26
Mais ne te livre point à l’impatience, comme les Hébreux dans le désert, si tes succès ne sont pas aussi rapides que tes désirs seront ardents ; souviens-toi « de tout le chemin par où le Seigneur, leur Dieu, les a conduits pendant quarante ans, pour les punir et pour les éprouver, afin que ce qui était caché dans leur coeur, fût découvert, et que l’on connût s’ils seraient fidèles ou infidèles à observer ses commandements ; souviens-toi qu’il les a affligés de la faim, et qu’il leur a donné pour nourriture la manne qui était inconnue à leurs pères, pour leur faire voir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ; souviens-toi enfin que le Seigneur, leur Dieu, s’est appliqué à les instruire et à les régler, comme un homme s’applique à instruire et à corriger son fils. » Nouvel Homme 26
Cependant ne nous abusons point. Nous n’arrivons ici-bas à cet heureux terme que pour en jouir pour quelques moments passagers, et par intervalle, vu la privation à laquelle nous sommes condamnés ; et nous ne pouvons entendre d’une manière constante, et non interrompue la parole continue qui crée toujours. Mais n’est-elle pas assez grande cette vérité que nous pouvons apprendre dès ce monde, savoir: que le coeur de l’homme est la région que la Divinité a choisie pour son lieu de repos, et qu’elle ne demande qu’à venir l’habiter ? N’est-ce pas une assez grande vérité pour nous que de savoir que Dieu n’a choisi un semblable lieu de repos que parce que le coeur de l’homme est amour, tendresse, et charité, et que, par conséquent, ce secret nous découvre la véritable nature de notre Dieu qui est d’être éternellement amour, tendresse et charité, sans quoi il ne chercherait pas à habiter chez nous, s’il n’y devait pas trouver ces indispensables rapports ? Nouvel Homme 28
En effet, le nouvel homme est celui qui gardera soigneusement en lui la parole du Seigneur, de peur qu’il ne la transporte ailleurs. Il travaillera jour et nuit pour conserver dans son coeur la chaleur de l’esprit, et pour en conserver la lumière dans les trésors de son intelligence. Il regardera le corps de l’homme comme un vase d’un puissant métal, qui soutient l’action du feu sans se briser, et sans se fondre. Il se dira : avant que j’eusse reçu sensiblement pour moi cette naissance spirituelle qui m’éclaire si puissamment sur ma vraie nature, le Seigneur me comblait cependant de ses biens. Comment m’abandonnera-t-il après m’avoir donné l’existence ? Il m’a enseigné à distinguer la joie que nous goûtons en lui ; comment ne viendrons-nous pas tout entiers pour la posséder ? Comment nous contenterions-nous de la joie qui ne serait attachée qu’aux images, quand nous pouvons goûter la joie attachée aux réalités, et surtout quand les images nous sont offertes comme au milieu d’un abîme, et au sein des plus profondes ténèbres ? Nouvel Homme 29
Enfin, cette main divine délie la langue même de ce nouvel homme, afin qu’il puisse prouver à ceux qui lui parlent, qu’il a le bonheur de les entendre, et qu’il n’a point laissé tomber leurs paroles. Dès lors, la vie entière de ce nouvel homme va être un accroissement continuel, et un développement de tous ses sens et de toutes ses facultés spirituelles, par lesquels il témoignera que l’esprit est venu en lui, et qu’il l’a rendu son organe ; il tâchera de persuader ses semblables que cette main l’esprit est exclusivement la seule qui puisse faire toutes ces diverses opérations dans son âme, comme nous voyons que la nature est la seule qui les opère dans les sens physiques de notre corps, et que nous ne pouvons que nuire à notre conformation à notre régularité, si nous gênons, en la moindre chose, cette opération de la main divine ; il leur apprendra aussi que le don de la parole est le dernier de nos sens spirituels que la main divine délie dans notre âme, comme nous voyons que la parole matérielle est le dernier développement que reçoivent les enfants. Nouvel Homme 30
Or, le moindre rayon de sa parole suffit pour opérer en nous ce prodige, pour nous remplir tout entiers de force, d’amour et de lumière, et substituer en nous des vertus et des facultés caractérisées, à la place de cet état ténébreux, et insignifiant qui est le propre de la région que nous habitons ; et c’est le rayon de cette parole que nous nous efforçons soigneusement de repousser de nous, comme s’il devait nous donner la mort. Nouvel Homme 31
De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32
Aussi ce nouvel homme vous dira comme Jérémie 15:15 : « Seigneur, vous qui connaissez le fond de mon coeur, souvenez-vous de moi, venez en moi, et défendez-moi contre ceux qui me persécutent… Votre parole est devenue la joie et les délices de mon coeur, parce que j’ai porté le nom de votre prophète : ô Seigneur, Dieu des armées… Je ne me suis point trouvé dans les assemblées de jeux et de divertissements…. Je me suis tenu retiré et solitaire… Pourquoi ma douleur est-elle devenue continuelle… ? C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur : Si vous savez distinguer ce qui est précieux de ce qui est vil, vous serez alors comme la bouche de Dieu. Je vous rendrai à l’égard de ce peuple comme un mur d’airain et inébranlable. Ils vous feront la guerre, et ils n’auront sur vous aucun avantage, parce que je suis avec vous pour vous sauver et pour vous délivrer… Je vous dégagerai des mains des méchants, et je vous préserverai de la puissance des forts. » Nouvel Homme 34
Le fruit que le nouvel homme a retiré de toutes ces découvertes, c’est d’avoir laissé pénétrer en lui une sorte d’impétuosité spirituelle qui s’est emparée de son courage, de son amour, de sa parole, de sa pensée et qui n’est que la correspondance de cette impétuosité divine avec laquelle l’action supérieure cherche à se précipiter en nous pour y prendre la place des ténèbres et de la mort. Nouvel Homme 35
36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36
Moïse, ceux qui étaient assis sur ta chaire, le Seigneur nous ordonna de les écouter, et de pratiquer ce qu’il recommandait d’après la loi. Saint réparateur, tu nous ordonnas d’écouter tes apôtres que tu envoyais dans le monde pour annoncer ta parole, puisque tu ne priais que pour eux, et pour ceux qui croiraient à leur prédication. Comment ne croirions-nous donc pas aux apôtres qui habitent dans le temple de l’homme, puisque nous avons dû croire aux prophètes qui ont déjà prophétisé en lui ? Nouvel Homme 36
Comment, dis-je, ne croirions-nous pas aux apôtres qui habitent dans le temple de l’homme, dans ce temple plus ancien que les temples temporels des deux alliances, dans ce temple où celui qui prêche la parole, est non seulement assis sur la chaire de Moise, et sur la chaire de la seconde loi, niais encore sur la chaire de la loi primaire, de cette loi assez ancienne pour être assise, elle-même, sur la chaire de l’unité ? Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux dont l’homme intérieur est dans les larmes, et dont le coeur est tourmenté par l’abondance de l’amertume ! C’est une preuve que la parole du Seigneur est descendue en eux, et qu’elle y comprime toutes les substances de mensonge ; c’est une preuve que la parole s’est imprégnée elle-même de leurs douleurs jusqu’à en être gonflée ; c’est une preuve qu’ils ont senti les pleurs de la parole de vie qui s’est répandue dans l’âme des prophètes de tous les temps, qui n’a cessé de parler par eux des pleurs des prêtres, des pleurs de la terre d’Israël, des pleurs des voies de Sion, des pleurs du rempart et de la muraille, des pleurs de la récolte de la vigne, des pleurs des habitations des pasteurs, qui s’est transformée en larmes de sang, dans l’oeuvre du Réparateur, qui s’est empressée de recommander à l’homme de laisser librement pleurer la parole en lui, et de pleurer abondamment avec elle, puisque ce n’est qu’ainsi que le péché sortira de lui pour y être remplacé par la joie pure, par le sentiment actif de la liberté de sa nouvelle existence, et par les plus douces et les plus ineffables consolations de la vie. » Nouvel Homme 36
Ne vous arrêtez donc pas aux obstacles que les infidèles qui demeurent dans votre sein voudront opposer à votre oeuvre. Dites-leur : vous aurez beau rejeter ma parole, j’en étourdirai vos oreilles, et je vous poursuivrai jusqu’à ce que les ordres de mon maître soient exécutés, et que vous rendiez hommage à sa gloire. Est-ce à moi de mesurer, et de juger les voies du Seigneur ? J’ai accepté dans l’humilité de mon âme, le nom de son prophète, et de son envoyé, et plein du désir de faire honorer son nom, et sa puissance, je ne veux pas qu’il ait à me reprocher de n’avoir pas averti ceux qui s’égarent. C’est sur vous qui habitez en moi, et qui êtes les plus proches de mes semblables, que je dois manifester son empire, et à qui je dois annoncer son nom. C’est sur vous que je dois faire tomber toutes les plaies d’Egypte, jusqu’à ce que vous ayez rendu la liberté au peuple choisi. » Nouvel Homme 38
« Je ne dirai pas même, en allant vers vous, comme disait Moïse: A quels signes me reconnaîtront-ils ? Vous me reconnaîtrez à la puissance du Seigneur qui est descendue dans l’âme de l’homme, et qui a fait que nul prophète égal à l’homme ne s’est élevé dans Israël. Vous me reconnaîtrez à ce que tout homme est né pour être triomphant dans son propre royaume, quoiqu’il doive s’attendre à la vérification de cette parole, nul prophète n’est bien reçu dans son pays terrestre. » Nouvel Homme 38
« Donnez donc un libre cours aux paroles du salut, et de la régénération qui ont été accordées au nouvel homme. Aidez-le à exterminer les agents de l’iniquité, à précipiter dans la mer les animaux impurs qui auront servi d’asile aux esprits de ténèbres, et à faire ouvrir à demeure les sept canaux de la sainteté ; la vie qui en descendra vous communiquera un nom dont vous ne pouvez concevoir les merveilleuses puissances, et les richesses ineffables ; faites-vous seconder du feu du ciel pour que tout ce qui est en vous tremble devant le Seigneur, et pour que vous marchiez sur les traces du fils du grand Azarias, en qui la parole sainte et divine consumait toutes les substances qui sont étrangères à l’esprit. » Nouvel Homme 38
Il fermera le livre et dira : C’est de moi que ces paroles ont été écrites. J’ai attiré sur moi l’esprit du Seigneur par les désirs, et les larmes de mon esprit ; j’ai attiré sur moi les vertus du Seigneur par ma soif de sa justice, et mon ardeur pour sa sagesse ; j’ai attiré sur moi la mission du Seigneur en faveur des affligés par mon zèle pour sa gloire, et pour le soulagement de mes frères ; j’ai attiré sur moi la parole du Seigneur par la constance, et l’importunité de ma parole, parce que nous ne pouvons rien obtenir du Seigneur qu’en lui présentant des similitudes sur lesquelles il puisse faire descendre, et reposer son action. Nouvel Homme 39
Malheur à l’âme humaine qui, après avoir ainsi renouvelé son alliance avec l’esprit, et la parole du Seigneur, ne tremble pas de respect pour la mission dont elle est chargée, et ne remplit pas avec une sainte faveur, toutes les fonctions de son ministère ! Malheur à elle si, ayant obtenu de nouveaux pouvoirs, et des dons plus vastes pour faire descendre plus abondamment sur elle, et dans sa région, les grâces, et les frayeurs de la parole, .et de l’esprit du Seigneur, elle use de ces dons avec des désirs qui ne soient pas ceux de l’esprit même, avec une foi qui ne soit pas celle de l’amour et de la lumière, et avec des facultés qui ne soient pas entièrement, et exclusivement dévouées à l’oeuvre qu’elle doit accomplir sur la terre ! Elle se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur (1ère Corinth. 11:27) ; elle mangera et boira sa propre condamnation, elle deviendra faible et malade, et tombera dans le sommeil. Nouvel Homme 39
Aussi ces contradicteurs diront-ils que c’est par le prince des démons que tous ces ouvriers chassent les démons, aimant mieux se couvrir eux-mêmes de confusion par cette réponse insensée, que d’avouer leur défaite, et la supériorité de celui qui vient manifester leur ignorance. Car ils verront des hommes muets possédés du démon ; ils verront que c’est par la parole du nouvel homme que ces hommes muets recouvreront l’usage de leur langue, après qu’il les a délivrés de leur démon ; et cependant ils ne craindront pas de confondre celui qui guérit, avec celui qui occasionne la maladie; celui qui ôte la parole, avec celui qui la rend. Bien plus, ils ne craindront point de tomber en contradiction devant ces démons même qu’ils veulent regarder comme les princes de ces oeuvres puissantes, et merveilleuses, puisque ces démons reconnaîtront eux-mêmes la force, et le nom de celui qui les chasse, et lui diront : Vous êtes 1e nouvel homme, vous êtes le Christ, vous êtes le fils de Dieu (Luc, 4:41). Nouvel Homme 39
Ils se scandaliseront de le voir enseigner d’une manière qui remplira tout le monde d’étonnement, parce que sa parole sera accompagnée de puissance et d’autorité ; et il sera en butte aux contradictions des Pharisiens, des docteurs de la loi qui viendront de tous les villages de la Galilée, du pays de Judée, et de la ville de Jérusalem, et qui étant assis près de lui, verront sa vertu agir par des prodiges, et la guérison des malades. Nouvel Homme 39
C’est là où la vie suprême, touchée de sa misère, n’a pu s’empêcher de venir partager ses maux et ses privations, pour le mettre à même de partager ensuite avec elle, cette liberté qu’il avait perdue ; notre fidèle compagnon est descendu avec nous dans notre abîme, comme le Réparateur est descendu dans l’abîme universel ; il verse des sueurs de sang avec nous, pour nous aider à opérer cette transmutation qui eût été si visiblement au-dessus de nos forces ; cet ami fidèle, en travaillant avec tant de constance à notre régénération, a développé en nous le nouvel homme qui nous a appris combien nous pouvions devenir terribles pour nos ennemis, puisque nous étions la parole et le nom de Dieu, et qu’il n’y a rien de si terrible que la parole et le nom du Seigneur (Ps. 110:9). Nouvel Homme 41
Il nous a appris que notre essence qui est le nom et la parole du Seigneur pouvait communiquer à nos facultés le droit d’être aussi le nom, et la parole du Seigneur, comme l’Eternel communique son nom, sa parole, et ses puissances à tous les êtres émanés de lui, et employés comme les ministres de ses volontés, et les dispensateurs de ses bienfaits ; et par là, cet ami fidèle nous apprend que les portes de la vie sont encore ouvertes pour nous, puisque les portes de la vie sont en nous. « Je vous rends gloire, mon père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux savants, et que vous les avez révélées aux simples, et aux petits. Oui, mon père, cela est ainsi, parce que vous l’avez voulu. Mon père m’a mis toutes choses entre les mains, et nul ne connaît le fils que le père, comme nul ne connaît le père que le fils, et celui à qui le fils aura voulu le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux, et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est doux, et mon fardeau est léger. » Nouvel Homme 41
Il sera dans l’admiration de la foi du centenier, lorsqu’il entendra dire : « Je ne suis pas digne que vous entriez en ma maison, dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri, car quoi que je ne sois qu’un homme soumis à d’autres, ayant néanmoins des soldats sous moi, je dis à l’un : allez là, et il y va, et à l’autre : venez ici, et il vient, et à mon serviteur : faites ceci, et il le fait. » Nouvel Homme 42
Il leur parla plus fortement encore au sujet des épis que ses disciples, passant le long des blés un jour de sabbat, avaient rompus et mangés : « N’avez-vous point la dans la loi que les prêtres, au jour de sabbat, violent le sabbat dans le temple et ne sont pas néanmoins coupables ? Et cependant je vous dis que celui qui est ici est plus grand que le temple. Que si vous saviez bien ce que veut dire cette parole : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice, vous n’auriez pas condamné des innocents, car le fils de l’homme est maître du sabbat même. » Nouvel Homme 43
Ainsi non seulement il s’abstiendra de tous les blasphèmes contre le fils de l’homme, qui pourront être susceptibles de pardon, en ce qu’ils ne tombent que sur l’homme temporel, ou sur l’enveloppe de l’esprit ; mais ce nouvel homme ne laissera pas même subsister en lui les moindres traces d’offenses encore plus secondaires, et plus susceptibles de rémission, tant il sera occupé à se prémunir contre les blasphèmes irrémissibles, ou à se remplir si bien de l’activité de 1’esprit, qu’un jour à venir on ne puisse pas lui reprocher de n’avoir pas été dévoué exclusivement à l’esprit, et qu’on ne lui fasse pas payer jusqu’à la dernière obole, c’est-à-dire tous les moments qu’il n’aurait pas passés dans cette confiance entière et absolue que l’homme doit avoir à l’esprit, et c’est ici que se vérifie cette terrible parole : beaucoup d’appelés, et peu d’élus ; car tous les hommes étaient nés pour accomplir cette importante loi. Nouvel Homme 43
44. Le vieil homme est tombé sous le joug d’une triple mort, que l’on désigne sous le nom de la mort du corps, la mort de l’âme, et la mort de l’esprit ; mais qui, ayant eu primitivement pour cause, et pour principe, la mort ou l’abolition de ses titres de pensée, parole, et opération de l’Eternel, doit se considérer sous le nom de la mort de son être divin, qui, en effet, est aujourd’hui comme enseveli dans un sépulcre, en comparant sa déplorable situation avec l’état glorieux dont il a joui ; il faut donc que le nouvel homme ait pour tâche de se procurer une triple résurrection, c’est-à-dire, qu’il arrache sa pensée, sa parole, et son action aux ténébreuses régions où elles sont en esclavage, qu’il retienne sa pensée, sa parole, et son action sur le bord du précipice, dans lequel l’ennemi cherche journellement à les entraîner, et qu’il prévienne pour l’avenir la mort de sa pensée, de sa parole, et de son action, dans toutes les circonstances où l’ennemi pourra les menacer. Nouvel Homme 44
Cette pierre est carrée, et taillée par le ciseau de l’esprit, et elle doit servir de base à ce temple divin destiné à remplacer dans le nouvel homme les tentes qui, jusqu’alors, ont été le seul asile de l’arche sainte, ou de la vérité. C’est là cette porte du temple qui était carrée, selon le prophète Ezéchiel (41:21) et à laquelle répondait la face du sanctuaire, étant en regard l’une devant l’autre. C’est par cette porte que les oracles du sanctuaire doivent se promulguer au peuple, selon Isaïe (9:8) : Le seigneur a envoyé sa parole à Jacob, et elle a été vérifiée dans Israël, tout le peuple le saura, Ephraïm, et les habitants de Samarie. C’est par cette même porte que doivent entrer les nations pour venir adorer dans le temple de Jérusalem, et ce sont les sept colonnes élevées dans le temple qui font que ce temple est parfaitement solide, et que les nations peuvent y habiter en sûreté, puisque Salomon nous dit (Proverbes 9:1) que la sagesse elle-même s’est bâtie une maison, et qu’elle a taillé sept colonnes. Nouvel Homme 46
Or, leurs manifestations, quoique diverses, tendent cependant à un but commun et unique qui est la propagation, et la communication de la chose sacrée ; car un sacrement porte ce nom, parce qu’il est la voie par laquelle les choses saintes et divines se transmettent là où elles manquaient, et où elles étaient nécessaires pour que la mort et le néant disparussent ; et sous ce rapport nous voyons encore s’agrandir devant nos yeux la dignité de l’homme qui est choisi pour être la pierre fondamentale du temple, et en outre pour posséder les sept sources spirituelles par où la vie divine veut bien se communiquer dans les lieux arides et stériles. Or nous ne pouvons plus ignorer aujourd’hui ce qui développe en lui ces sept sources sacramentelles, puisque nous avons, à tant de reprises, présenté l’homme comme étant la pensée, la parole, l’opération de l’éternel, et comme ayant eu un besoin indispensable du secours de la parole pour que la parole lui fût rendue, et pour qu’il pût parvenir à la dignité du nouvel homme. Nouvel Homme 46
Disons donc que le nouvel homme ne possède en lui ces sept sources sacramentelles ou ces sept sacrements, que parce qu’il a reçu réellement en lui le sacrement de la parole, et que c’est ce sacrement de la parole qui a fait jaillir en lui ces sept sources, qui auparavant étaient dans la stagnation et dans la mort ; mais comme ce sacrement de la parole n’a pu atteindre jusqu’à ces sept sources sacramentelles du nouvel homme, sans avoir opéré auparavant sur la pierre fondamentale du temple, il s’ensuit que cette pierre fondamentale du temple, doit d’abord être pénétrée et revêtue de ce sacrement de la parole, pour que les sept sources qui en vont provenir soient toujours dans l’abondance, et que les fleuves divins puissent les remplir sans interruption et dans toute leur pureté. Nouvel Homme 46
Recueillons-nous ici devant Dieu, devant cet éternel principe de toute vie et de toute existence, à qui seul puissent être offerts des hommages mérités, et qui n’appartiennent à aucun être. Recueillons-nous devant lui, dans notre respect, et dans notre admiration de ce qu’il a permis que l’âme de puisse partager ainsi la douceur de son existence divine, et l’administration de ses trésors sanctifiants ; recueillons-nous, dis-je, dans un saint tremblement, afin que notre essence immortelle rassemble ainsi toutes ses puissances pour ne pas recevoir en vain ce sacrement de la parole, et pour qu’elle puisse contenir les eaux de ce fleuve immense que ce sacrement couler en elle. Nouvel Homme 46
Ayons sans cesse devant les yeux le sort si glorieux du nouvel homme que le sacrement de la parole vient de régénérer. Il a été sacré par cette parole, et pour ainsi dire, comme sacramentisé dans son essence ; dès l’instant tout est devenu sacrement en lui, et tout a été sacramentisé dans son être, puisque les sept sources sacramentelles qui ont jailli de sa pierre fondamentale embrassent sa région terrestre et corporelle, sa région céleste et spirituelle, et sa région divine. Nouvel Homme 46
Après avoir été ainsi sacramentisé dans tout son être, il a sacramentisé à son tour tous les objets qui l’environnent, et tous les êtres qui attendaient que ces sources sacramentelles fussent ouvertes pour recevoir les eaux du fleuve de la vie ; et tel est le sort dont l’homme eut joui s’il eut conservé sa dignité première ; tel est celui dont il peut ici-bas recouvrer de vives traces, en s’humiliant devant le sacrement de la parole, et en administrant avec sagesse et une sainte frayeur les dons qui sortiront de ses sept sources sacramentelles ; tel est enfin le sort qui doit encore s’embellir pour lui un jour à venir, s’il sait s’unir à demeure à ce sacrement de la parole dont il est fait pour être éternellement sacramentisé. Nouvel Homme 46
47. Ce sacrement de la parole donne trois noms au nouvel homme, conformément aux trois facultés qui nous distinguent. Ainsi dans son action il s’appellera célérité de l’oeuvre ; dans son amour il s’appellera unité des reflets de l’affection divine ; dans sa pensée il s’appellera le matin perpétuel du plus beau jour, et tout son être en se développant ainsi fera sentir tellement ses forces à l’ennemi qu’il tremblera de frayeur en apprenant que le lion se réveille, et le menace de ne pas lui laisser un moment de repos, mais de le poursuivre jusqu’à ce qu’il ait lâché sa proie, et qu’il soit brûlé par le feu de la parole du nouvel homme. Nouvel Homme 47
Comment la parole a-t-elle traité Ephraïm et Juda, ces peuples qui ont rompu, comme Adam, l’alliance qu’ils avaient faite avec elle, et qui dans leur culte avaient violé les ordres du Seigneur ? (Osée 6:7). Je les ai traités durement par mes prophètes, je les ai tués par la parole de ma bouche (dit le Seigneur ; id. 5) et je rendrai claire comme le jour l’équité des jugements que j’exercerai sur eux. Si c’est ainsi qu’ont été traités des peuples prévaricateurs qui étaient cependant le peuple choisi, la justice ne traitera-t-elle pas plus sévèrement encore le prince de l’iniquité, et le père de toutes les abominations de la terre ? Et c’est au nouvel homme qu’est remise l’exécution de ces terribles jugements dans tout son être, avant de les exercer sur les nations qui sont hors de lui. Nouvel Homme 47
Car le nouvel homme peut d’avance déclarer qu’à l’image du Réparateur il doit être livré entre les mains des hommes, qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il faut qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, et par les docteurs de la loi, et qu’enfin il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Mais ce nouvel homme dévoué au service de son maître ne voit que les consolations qui l’attendent, et n’est point arrêté par les maux qu’il doit souffrir, parce qu’il a bu le médicament d’amertume, que par ce moyen son coeur lui a engendré l’intelligence, et que l’intelligence lui a engendré la parole avec laquelle il a une vive confiance qu’il renversera à la fin ses ennemis. En conséquence, voici de quelle manière il emploie les différents secours qui lui sont accordés par l’esprit, et qu’il trouve en lui par les divers développements de son être. Nouvel Homme 47
Mais si la parole du Seigneur doit un jour révéler les fondements du monde (psaume 17:16), ne peut-elle pas aussi révéler les fondements de l’âme de l’homme ? Et sans cela le nouvel homme pourrait-il encore avoir de l’espoir ? Il dira donc : « Seigneur ressouvenez-vous de la sagesse de vos desseins lorsque vous avez donné l’existence à l’homme. Ce grand objet de votre antique alliance avec lui, pourriez-vous jamais l’oublier ? Si le sage se ralentit devant vous, c’est en vain qu’il a ouvert les yeux sur les restes de l’oeuvre ; il devient l’objet des larmes des prophètes qui le comparent aux lâches serviteurs ; car il ne peut plus chanter les cantiques de la paix et du bonheur, ces cantiques que l’oreille de la sagesse aime à entendre. » Nouvel Homme 48
Nous ne saurions trop l’affirmer, ce n’est point par la répétition des paroles dans sa prière que le nouvel homme est parvenu à pouvoir se remplir de ces douces espérances et à faire sortir de lui, de ces paisibles intelligences qui répandent autour d’elles, le calme et le repos ; c’est en rassemblant avec soin tout le feu de son être intérieur qu’il en voit enfin s’élever une flamme pure, vive, et légère qui purifie l’air, et qui l’agite doucement, en faisant exhaler un vent rafraîchissant ; voilà comment il est parvenu à découvrir en lui les quatre fleuves du jardin d’Eden, subdivisés dans ces sept sources sacramentelles qui sont les puissances de son âme, et qui n’auraient jamais pu recouvrer leur activité naturelle, si l’âme de ce nouvel homme n’avait été elle-même régénérée, et ordonnée de nouveau par le sacrement de la parole. Nouvel Homme 49
52. Des vertus diverses et nombreuses nous environnent, et cherchent à pénétrer jusque dans nous. Chacune d’elles dirige son souffle salutaire sur l’un de nos organes, de même que par notre parole nous transmettons à ceux qui nous écoutent les différents mouvements dont nous sommes animés. L’une de ces vertus qui est supérieure à toutes les autres, dirige son souffle divin sur le centre même de notre être, et par l’organe de la parole dont elle est le principe, elle transmet en nous sa propre vie, son propre amour, sa propre lumière : Philippe, celui qui me voit, voit mon père (Jean 14:9). Tel est le langage que le nouvel homme peut tenir à ses disciples, à l’instar du Réparateur ; parce qu’il cherche comme lui à transmettre sa propre vie par le souffle de sa bouche et par l’organe de sa parole à toutes les facultés de son être. Nouvel Homme 52
Mais ce nouvel homme doit multiplier et varier sans nombre son action et sa parole selon les différentes régénérations qu’il lui faut opérer en lui-même ; aussi tantôt il se montre environné de gloire et de puissance pour remplir les peuples d’admiration pour son nom et pour la grandeur de ses oeuvres ; tantôt il se peint comme une victime dévouée au salut du peuple, et comme un être de réprobation exposé à toutes les insultes et à tous les mépris de ses ennemis. Tantôt il se peint comme l’ami, le sage instituteur de ses frères à qui il distribue les divers préceptes qui leur conviennent pour se diriger dans la carrière. Tantôt il se peint comme l’homme de douleur, et même comme l’homme de péché, en employant sans cesse ses larmes et ses sanglots pour fléchir la miséricorde. Nouvel Homme 52
Homme de désir, dites donc sans cesse avec le nouvel homme : Seigneur quelle est la parole dont les sons s’élèvent jusqu’à toi ; c’est celle que tu réveilles dans l’homme, en descendant jusqu’au fond de son être : tu frappes et tu t’insinues jusque dans les bases de son temple, et tu fais sortir de lui des cris de louange, des cris de jubilation ou des cris de douleur, selon les substances qu’il a laissé s’accumuler ou se développer en lui, et qui se présentent à ton action. Nouvel Homme 53
Quelle était cette mer ? C’est cet abîme dans lequel le crime primitif nous a tous plongés. Quelle était cette ligne qui s’y devait jeter ! C’est ce rayon de miséricorde et d’amour, que la main du pêcheur n’a pas craint, du haut de son siège éternel, de faire descendre jusque dans cette mer si distante de lui et si ténébreuse. Quel était ce premier poisson qui s’y devait prendre ? C’était ce vieil homme qui tenait renfermé dans ses entrailles, le seul trésor avec lequel nous pouvons payer l’imposition. Quelle est cette pièce d’argent de quatre drachmes qui devait se trouver dans la bouche de ce poisson ? C’est cette parole éternelle dont le quaternaire de l’homme est l’image ; c’est cette parole qui seule pouvait régénérer la nôtre, et qui seule pouvait payer pour elle comme pour nous, à César, ce qui était dû à César. Nouvel Homme 53
Car combien de signes altérés, trompeurs, et abominables se sont emparés de l’homme ! Combien de puissances fausses pensent en lui, pensent pour lui, et le font penser malgré lui ! Combien de puissances fausses parlent en lui, parlent pour lui, et le font parler malgré lui ! Combien de puissances fausses agissent en lui, agissent pour lui, et le font agir malgré lui, et voilà pourtant cet être dans qui la Divinité devait passer tout entière, et dont il devait être à la fois la pensée, la parole, et l’opération ; voilà cet être qui est la pierre fondamentale sur laquelle le Seigneur a dit qu’il voulait bâtir son Église ; voilà cet être qui à l’imitation du Réparateur dont il est le frère, pouvait dire comme lui : Je suis la lumière du monde (Jean 8:12). Nouvel Homme 54
C’est ce mouvement de l’action divine qui a préparé la naissance du nouvel homme, et c’est aussi ce mouvement de 1’action divine qui l’a opérée ; puisqu’il n’y a rien dans l’ordre des choses de l’esprit où le mouvement de l’action divine ne doive présider. Cette naissance du nouvel homme a été pour lui, comme ce jour qu’Abraham désira voir avec ardeur, qu’il eut le bonheur de voir, et dont il se réjouit (Jean 8:56), et c’est là aussi ce que signifiait cette parole du Réparateur à ses disciples (Luc 10:24). Je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’on point vu, et entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. Car de même que, nul ne connaît qui est le fils que le père ; ni qui est le père que le fils ; de même, nul ne connaît qui est le nouvel homme que l’action divine, ni qui est l’action divine que le nouvel homme, ou celui à qui il a donné le pouvoir de le révéler. Nouvel Homme 55
Qui est-ce qui pourrait soutenir la vue de la majesté de l’homme, s’il se montrait ainsi expliqué et développé par l’active influence des puissants trésors dont il est né pour être la fidèle expression, et dont il est sans cesse environné ! Qui est-ce qui pourrait soutenir l’éclat de la majesté de Dieu qui serait en lui, et qui le rendrait comme une parole universelle se promenant perpétuellement depuis l’orient jusqu’à l’occident, et depuis l’occident jusqu’à l’orient, afin que tout soit plein du nom du Seigneur, et que tous les sentiers de la vie et de la justice soient sans cesse éclairés de la lumière et de la vérité, dans la crainte que ceux qui s’y présenteraient pour y marcher ne fussent exposés aux pièges et aux embûches de l’ennemi qui ne tend qu’à retarder les pas de l’armée d’Israël vers la cité sainte ? Nouvel Homme 56
C’est en répandant de semblables instructions dans lui-même, qu’insensiblement il voit Jérusalem s’approcher de lui. Il dit alors à deux des siens : « Allez à ce village qui est devant vous, et vous y trouverez en arrivant une ânesse liée, et son ânon auprès d’elle, déliez-la, et me l’amenez. Que si quelqu’un vous dit quelque chose, dites-lui, que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il la laissera emmener ; afin que cette parole du prophète s’accomplisse, dites à la fille de Sion : voici votre roi qui vient à vous plein de douceur, monté sur une ânesse, et sur l’ânon de celle qui est sous le joug. » Nouvel Homme 57
Justifie-toi donc, homme de désir, ou plutôt ne te laisse point ébranler sur ta base. Ta vie procède de la vie. Que ta seule existence démontre que tu es le fils de Dieu. La vie ne procède-t-elle pas toujours ? Qui pourrait nuire à ta stabilité si tu ne perdais jamais de vue que tu es le fils de Dieu, et que tu es sa pensée, sa parole, et son opération, et si par ta constance, et par la force de ta foi tu parvenais à en donner la preuve à l’ignorance ? Quand tu te sentiras affaibli, tourne les yeux vers celui qui vient te consacrer jusque dans ton intérieur, pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et tu te verras alors élevé jusqu’aux cieux. Nouvel Homme 58
« Il y a aussi en vous cinq vierges folles, et cinq vierges sages, parce que telle a été la division qui s’est faite dans les puissances lors de la chute du premier prévaricateur, et qui s’est répétée lors de la prévarication de l’homme ; les unes non seulement on consumé leur huile, mais elles cherchent encore à consumer celle que les vierges sages ont conservée, et à les entraîner avec elles dans leurs ténèbres et dans leurs funestes imprudences, comme a fait votre ennemi envers l’homme lorsqu’il l’engagea à lui livrer sa force, sa puissance et sa parole ; et si vous ne veillez avec le plus grand soin, cet ennemi peut répéter chaque jour envers vous cette ancienne et criminelle entreprise, et vous séduire comme il a séduit le premier homme, jusqu’à vous faire dissiper en vain toute votre huile, et vous faire éteindre votre lampe. Alors vous serez confondus avec les vierges folles elles-mêmes, et lorsque vous vous présenterez pour entrer aux noces avec l’époux, la porte sera fermée, et l’époux vous dira qu’il ne vous connaît point. » Nouvel Homme 59
Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Celui qui ne m’aime point ne garde point mes paroles, et la parole que vous avez entendue n’est point ma parole, mais celle de mon père qui m’a envoyé. » Non seulement ce consolateur ou ce fils spirituel qui doit naître en nous se découvre à tout ce qui l’aime en nous, non seulement il communique à ce qui l’aime en nous, et qui observe ses commandements, tout ce qu’il reçoit de son père ; mais il fait que le père aime lui-même en nous tout ce qui aime ce consolateur, et qu’ils viennent ensemble en nous, et qu’ils y font leur demeure. Car la parole de ce consolateur, ou de ce fils qui doit naître en nous n’étant point sa parole, mais la parole de son père, il ne peut se montrer nous, que son père ne s’y montre, et n’y naisse avec lui. Nouvel Homme 61
Vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, et moi en vous. De la part de la vérité, cette simple invitation a un effet actif, parce qu’elle ne peut avoir lieu que par la manifestation de la parole, et que la parole de la vérité ne se prononce point sans répandre autour d’elle la pureté dont elle est le principe ; aussi c’est être déjà pur que d’avoir entendu la parole ; voilà pourquoi celui qui l’a entendue, et qui ne la pratique pas sera sans excuse, puisqu’il n’aura été ni sans lumière ni sans moyens. L’esprit nous fait aussi entendre journellement cette parole : Nouvel Homme 62
« Comme la branche de la vigne ne peut point porter de fruit par elle-même, mais qu’il faut qu’elle demeure attachée au cep ; ainsi vous n’en pouvez point porter si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep de la vigne, et vous en êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. » C’est une chose douce et consolante de sentir véritablement que c’est de notre adhérence à l’esprit et à la parole que dépend notre fructification ; de sentir qu’il doit se former en nous un mariage réel de la parole avec notre être divin, et que c’est de là que résulte ce fils spirituel, et ce nouvel homme qui nous fait revoir les belles campagnes de la terre promise. Nouvel Homme 62
Nous ne pouvons sentir cette délicieuse et active vérité sans reconnaître la certitude de ces paroles : « Vous ne pouvez rien faire sans moi… celui qui ne demeure pas en moi sera jeté dehors comme un sarment inutile. Il sèchera, il sera ramassé et jeté au feu, et il brûlera. » Voulez-vous éviter cet effroyable danger ? Evitez que tout votre être ne passe ses jours dans la stérilité, et dans la sécheresse. Voulez-vous, dis-je, éviter ce danger ? Placez devant vous le nom du Seigneur ; que cet autel soit toujours dressé, et toujours prêt à recevoir vos offrandes. Ne prenez pas une résolution, n’accordez pas un mouvement à votre être sans venir auparavant le présenter au temple, comme la loi des Hébreux l’ordonnait pour les prémices de toutes les productions de la terre ; ayez sans cesse l’encensoir à la main pour honorer celui de qui vous tenez ce fils de l’homme, ce premier-né en vous qui devient votre guide pendant vos pénibles voyages, et qui doit vous apprendre à célébrer ce nom du Seigneur, dans vos triomphes, dans vos besoins, dans vos consolations, dans vos détresses, puisque sans lui toutes les branches de votre arbre spirituel demeureraient dans la sécheresse et seraient condamnées au feu, et que sans lui vous seriez sans activité, sans pénitence, sans courage, sans humilité, sans amour, sans confiance ; puisqu’enfin sans lui, tout en vous serait sans parole. Nouvel Homme 62
« Si je n’étais point venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point de péché, mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon père. » Voir le fils et ne pas reconnaître le père, c’est manquer à la fois, et d’intelligence et de volonté. C’est manquer d’intelligence, parce que qui voit le fils, voit le père ; puisqu’il en est de cette manifestation comme de celle de notre parole, dans laquelle ceux à qui nous la manifestons peuvent voir notre pensée qui est le père ; c’est manquer de volonté, puisque cette parole qui Nouvel Homme 62
Mais pour vous, vous en rendez aussi témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi. Comment ceux qui auront vu le fils, et qui auront été avec lui dès le commencement ne lui rendraient-ils pas témoignage devant le consolateur, puisqu’ils peuvent même, ayant vu le fils, rendre également témoignage du père ? Et c’est un semblable témoignage que le nouvel homme attendra de tout ce qui est en lui, puisque sa pensée, sa parole, et son action seront intimement liées, et que rendre témoignage à l’une, c’est nécessairement rendre témoignage aux deux autres. Nouvel Homme 62
« Il vous est utile que je m’en aille, car si je ne m’en vais point, le consolateur ne viendra point à vous, mais si je m’en vais, je vous l’enverrai. » Comment le consolateur, ou l’oeuvre effectif naîtrait-il en nous si la volonté, l’amour, et la parole, ne nous l’envoyaient ? Et comment cette parole nous l’enverrait-elle si elle ne rentrait dans son père dont elle est née elle-même ? Nouvel Homme 63
« Et lorsqu’il sera venu, il convaincra le monde touchant le péché, touchant la justice, et touchant le jugement. Touchant le péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi, » malgré qu’ils eussent en eux une parole qui leur prouvait l’existence de leur pensée, comme ma parole, et mes oeuvres leur prouvaient l’existence de mon père. Nouvel Homme 63
« Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps, vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais que je vous parlerai ouvertement de mon père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon père pour vous, car mon père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » Le temps des paraboles est celui où nous sommes encore sous les ombres de notre région ténébreuse qui, comme l’ancienne alliance, ne nous permet de voir que des éclairs de la vérité ; lorsque l’âge de la maturité de l’esprit est arrivé pour le nouvel homme, il est au-dessus des paraboles, puisque la parole ou la bouche du père est ouverte pour lui, et que le père cherche à le récompenser de l’avoir reconnu dans la parole et la bouche de son fils. Nouvel Homme 63
« J’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m’avez donnés après les avoir séparés du monde ; ils étaient à vous, et vous me les avez donnés, et ils ont gardé votre parole ; maintenant ils connaissent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous, parce que je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, ils ont reconnu véritablement que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé. » Cette gloire que le Réparateur a eue dans son père avant que le monde fût, est si grande, que le nouvel homme la demande comme une récompense de ses travaux, comme un lieu de repos pour avoir manifesté la parole ; cette gloire doit en effet être le véritable lieu de repos pour l’esprit de l’homme qui, selon la loi de tout ce qui existe, ne peut trouver de repos que dans la génération de sa propre source en lui-même. Nouvel Homme 64
« Maintenant je viens à vous, et je dis ceci étant encore dans le monde, afin qu’ils aient en eux, la plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs… Je ne vous dis point de les ôter du monde, mais de les garder du mal… Sanctifiez-les dans votre vérité… Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’ils soient aussi sanctifiés dans la vérité. » Que serait la sanctification du nouvel homme, si elle ne s’étendait à tout notre être ? Et que serait la sanctification de tout notre être, si elle ne s’étendait qu’à notre propre cercle ? Nouvel Homme 64
« Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole. Afin qu’ils soient un, tous ensemble, comme vous, mon père, êtes en moi, et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. » Quel autre désir que celui de l’expansion de l’unité peut se faire connaître à celui qui est plein de la vie de l’unité ? Aussi les traits les plus vifs que le nouvel homme éprouve dès qu’il entre dans la voie de sa régénération, ce sont ceux du zèle, et de l’ardeur pour cette expansion de l’unité ; c’est la douleur qui lui occasionne la vue des campagnes d’Israël abandonnées et désertes, de même que le spectacle de tous ceux de ses frères qui sont emmenés en captivité, et languissants dans l’esclavage, et c’est sur lui-même qu’il trouve à éprouver toutes ces diverses impressions, puisque nous ne devons plus oublier que l’homme est à lui seul un univers tout entier, et nous ne devons plus douter que si, à l’image du Réparateur universel, il se trouve en chacun de nous un libérateur particulier, ce n’est que parce qu’il s’y trouve aussi des rois d’Égypte, et de Babylone, qui ne manquent pas de trouver également en nous un peuple coupable qu’ils emmènent journellement en servitude ? Nouvel Homme 64
C’est même pour prouver à tes ennemis ton volontaire dévouement que tu les renverseras d’abord par cette seule parole : c’est moi, et qu’ensuite tu te livreras entre leurs mains pour leur montrer d’un côté ta redoutable puissance ; et de l’autre l’énormité de leur crime, puisque malgré ces témoignages évidents de ta puissance ils ont la criminelle impiété de se saisir de toi, et de continuer leurs atrocités contre toi : aussi c’est là ce qui les rendra à jamais indignes de pardon, puisque l’ignorance ne pourra pas leur servir d’excuse. Mais tout cela se fait afin que les paroles des prophètes s’accomplissent. Et même alors les tiens t’abandonnant, s’enfuiront tous, comme dans une énorme douleur, et dans les maux extrêmes, inévitables, et qui tombent déjà sur nous, toutes nos puissances se suspendent, et semblent se retirer de nous. Nouvel Homme 65
Porte des yeux intelligents sur tous ces faits que le Réparateur a présentés à ta pensée. Pour quel objet était venu ce Réparateur ? N’était-ce pas pour sauver le coupable ? N’était-ce pas pour délivrer l’esclave ? N’était-ce pas pour arracher ta parole aux abîmes qui la retenaient renfermée ? Eût-ce été pour se délivrer lui-même, puisqu’il n’était point sous la loi du péché ? Nouvel Homme 65
Voyons-le donc ce juge terrible descendre dans ses propres abîmes, voyons-le interroger successivement toutes les facultés qui le constituent, condamner à une exclusion absolue celles qui seront réfractaires à sa parole, et qui ne voudront pas profiter des grâces qu’il leur apporte ; voyons-le imprimer sur ces facultés réfractaires, l’impression de l’effroi, et de la terreur, comme étant armé de tous les pouvoirs de la vengeance ; voyons-le condamner à des suspensions, et à de nouvelles épreuves celles qui, sans être incrédules, auront été chancelantes, et auront différé de se renouveler dans l’esprit ; voyons-le exécuter lui-même tous ses jugements, rassembler autour de lui toutes les iniquités, et toutes les prévarications que le vieil homme a commises, et prononcer sur chacune d’elles, un arrêt sévère, et rigoureux, sans pouvoir se permettre d’user envers elles de la plus légère indulgence, sans quoi il ne remplirait pas sa mission, et mériterait d’être traité lui-même comme un serviteur infidèle. Nouvel Homme 68
69. Quand le nouvel homme aura ainsi prononcé le jugement au fond de ses propres abîmes, qu’il aura condamné à être exterminés devant lui tous ceux qui se seront rendus les ennemis de sa parole, et de son nom, et qu’il aura rendu la liberté à ceux qui l’auront désirée, il rentrera dans la région de son être apparent, et là il se montrera à ceux des siens qui sont encore dans cette région, afin de les convaincre qu’il est vivant, et qu’il est ressuscité puisqu’il a été mort ; il les convaincra en même temps des avantages qu’il a acquis par cette mort, et par cette résurrection. Nouvel Homme 69
Ce n’est qu’à mesure que les âmes se séparent de leur propre région apparente qu’elles conçoivent complètement le règne du Seigneur, et qu’elles entendent sa parole ; ce n’est qu’à chacune des brisures de notre être, que nous atteignons quelques rayons du nom vivificateur, et que nous pouvons acquérir des témoignages de sa gloire, et de sa puissance, comme ce n’est qu’à la rupture du pain que le Réparateur fut reconnu de ces mêmes disciples avec qui il s’était entretenu dans le chemin. Nouvel Homme 69
Lors donc que ces mouvements faux se feront connaître en toi, tu n’auras qu’à dire un mot, et ils seront précipités dans leurs abîmes, et tu auras le droit de dire aux Saphires et aux Ananies qui seraient en toi, et qui chercheraient à te tromper : « Comment Satan a-t-il tenté votre coeur pour vous porter à mentir au Saint-Esprit, et à détourner une partie de votre fond de terre ? Ne demeurait-il pas à vous si vous l’aviez voulu garder… ? Ce n’est pas aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu ; voilà ceux qui viennent pour vous enterrer qui sont à la porte. Et à ta parole, ces imposteurs rendront l’esprit et seront portés en terre. » Nouvel Homme 70
Lorsque les ennemis qui sont en toi chercheront à te saisir, et qu’ils croiront t’avoir vaincu, après t’avoir emprisonné dans leurs ténèbres pour t’empêcher de répandre la parole de vérité dans le temple, l’ange du Seigneur ouvrira à leur insu la porte de ta prison et te dira : Allez dans le temple, et prêchez-y hardiment au peuple toutes les paroles de cette doctrine de vie. Et tes ennemis frappés d’étonnement de ne point te trouver dans la prison, frémiront de rage de voir la parole se répandre malgré eux. Nouvel Homme 70
Tu ne devras point être surprise si, lorsque tu parleras avec foi et confiance aux peuples qui sont en toi et qui t’écouteront, l’esprit descend sur eux, comme il est descendu sur toi, à la parole du nouvel homme, et s’ils deviennent par là susceptibles de recevoir le baptême de ta main, comme tu l’as reçu de la main de ton Réparateur particulier, en raison de ce que tu es dépositaire des sept sources sacramentelles qui doivent jaillir de ta pierre fondamentale : car la promesse a été faite à toi et à tes enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur ton Dieu en appellera. (Actes 2:39). Nouvel Homme 70