Par ce moyen notre intelligence nous défend de regarder comme une régénération pour nous, tout ce qui ne tient qu’à des faits extérieurs dans lesquels notre essence intime n’est pour rien, puisque ces faits ne sont pas plus liés à nous que les ouvrages d’un peintre ne le sont à l’ignorant qui les regarde ; en outre, elle nous défend de regarder comme un moyen de régénération tous les agents secondaires, et toutes les voies particulières où marchent tant d’hommes égarés, puisque toutes ces choses ne sont pour la naissance de notre intérieur, que comme l’application extérieure de quelques médicaments pour un malade dont toute la masse du sang serait viciée. Ainsi, par ce moyen, notre intelligence nous préserve de grandes méprises au sujet de notre avancement, et de grandes idolâtries envers la Divinité. Nouvel Homme 4
9. Comment pourrions-nous cesser de nourrir en nous l’esprit de douleur, ou plutôt la douleur de l’esprit quand nous considérons la voie temporelle et spirituelle de l’homme sur la terre ? L’homme est conçu non seulement dans le péché, comme le disait David de lui-même, mais il est encore conçu par le péché, vu les ténébreuses iniquités de ceux qui l’engendrent. Ces ténébreuses iniquités vont influer sur lui corporellement, et spirituellement jusqu’à sa naissance. Il naît ; il va recevoir intérieurement le lait taché de ces mêmes iniquités, et extérieurement mille traitements maladroits qui vont déformer son corps avant même qu’il soit formé ; des conceptions dépravées, des langues fausses et corrompues vont assaillir toutes ses facultés et les épier au passage pour les infecter dès qu’il les manifestera par le moindre de ses organes. Nouvel Homme 9
10. Le moment de la naissance est arrivé. Les puissances supérieures après avoir formé en nous par l’esprit la conception de notre fils spirituel, ont décrété selon leur sagesse que le moment est venu de lui donner le jour. Nous allons donc sortir de ces abîmes dans lesquels nous avons séjourné, dans lesquels, le saint par excellence n’a pas craint de descendre lui-même, et dans lesquels il ne craint pas de descendre tous les jours pour en arracher les victimes, et pour libérer les esclaves ; nous allons recevoir dans la nouvelle atmosphère où nous arrivons, des affections plus vives et plus douces que celles de cette région ténébreuse d’où nous sortons et qui dès lors est censée morte pour nous. Nouvel Homme 10
Tremble Hérode, ton trône est menacé. Il vient de naître un roi des Juifs. Les bergers ont entendu les anges chanter la naissance de ce fils de l’homme ; les mages ont vu son étoile dans l’Orient, ils viennent le visiter, et leur offrir leur or et leur encens. Tu as beau faire exterminer les enfants de Rachel pour calmer tes craintes, ce fils est un fils qui ne s’extermine point par la main de l’homme, parce qu’il n’est point né de la volonté de chair, ni de la volonté de l’homme, ni de la volonté du sang, mais il est né de Dieu ; aussi le Dieu qui l’a formé saura veiller sur ses jours, et il le fera réfugier dans l’Égypte, jusqu’à ce que les temps de ta fureur soient écoulés, et que le temps de la gloire de son fils soit arrivé. Nouvel Homme 10
Si tu veux donc conserver ce précieux rejeton, nourris-le chaque jour des mêmes éléments qui lui ont donné naissance ; fais couler à chaque instant sur lui le sang de l’alliance qui doit le préserver du glaive de l’ange exterminateur ; bien plus, fais pénétrer sans cesse dans toutes ses veines, ce même sang de l’alliance qui doit donner la mort à tous les Égyptiens, et le mettre à même de les dépouiller un jour de leurs vaisseaux d’or et d’argent avec lesquels ils font des festins d’iniquité. Laisse couler dans ses veines ce sang corrosif qui n’aura point de relâche qu’il n’ait rongé jusqu’aux moindres traces du péché ; tu verras par là les membres de ton fils acquérir peu à peu de la force et de la consistance. Nouvel Homme 10
Si tu as aperçu précédemment que l’annonciation de l’ange peut se répéter pour toi, ainsi que la conception et la naissance du fils de la promesse, tu ne seras pas surprise que la résurrection de Lazare puisse se répéter pour toi également ; mais aussi par la même raison, tu sens que cette opération préliminaire te devient indispensable, puisque tu es morte depuis quatre jours ; c’est-à-dire, dans tes quatre grandes institutions primitives que tu ne saurais plus remplir, et puisque tu répands partout l’infection. La voix du Réparateur s’approche de ta tombe et te crie : Lazare, levez-vous ; ne fais pas comme les Juifs dans le désert ; n’endurcis pas ton coeur à cette voix, et jette-toi promptement hors de ton cercueil ; il ne manquera pas de gens serviables pour délier tes bandelettes. Souviens-toi ensuite qu’il ne t’a été dit : Lazare, levez-vous ; qu’afin que tu répètes à ton tour librement à toutes tes facultés endormies : Lazare, levez-vous ; et qu’afin que cette parole circule continuellement dans toutes les parties de ton être. C’est alors que tu pourras espérer être à table avec le Seigneur. Nouvel Homme 13
Tu ne sens pas surpris que ce fils chéri manifeste de si grands privilèges, quand tu réfléchiras que depuis sa naissance il n’aura cessé de manger du verbe, et que par conséquent, il pourra en faire manger à son tour à tous ceux qui ouvriront l’oreille à ses paroles ; tu ne seras pas surpris qu’il t’en fasse manger en abondance, puisque ce fils chéri sera toi-même, et qu’il n’aura d’autre oeuvre que de convertir en toi tout ce qui avait cessé d’être toi. Nouvel Homme 17
Rappelle-toi cette loi des Hébreux, Lévitique 27-28. Tout ce qui est consacré une fois au Seigneur, sera pour lui comme étant une chose très sainte. Ce fils chéri pouvait-il n’être pas consacré au Seigneur puisque sa conception avait été annoncée par l’ordre du Seigneur, puisqu’il avait été conçu par l’obombration et l’opération de l’esprit du Seigneur, puisqu’enfin il était né sous les auspices et par la puissance du Seigneur ? Ce fils n’était-il pas naturellement consacré au Seigneur, comme un fils est naturellement consacré à son père ? Car le réparateur ne fut offert au temple et consacré au Seigneur que comme fils de l’homme, et comme revêtu de l’habit de l’esclave qui venait réclamer sa délivrance. Ton fils au contraire est le fils de la femme libre ; il est l’homme régénéré ; il est l’enfant spirituel né dans la région de l’esprit et de la vie ; comme tel il est présenté au temple, et consacré au Seigneur par le droit même de sa naissance, comme le verbe éternel est consacré à l’ancien des jours avant la formation des siècles, puisque c’est ce verbe qui a formé les siècles. Nouvel Homme 17
Tu ne comprends pas plus que Marie ces paroles ; mais fais comme elle, conserve toutes ces choses dans ton coeur. Elles t’apprendront que ce qu’il y a encore de matériel en toi ne peut rien comprendre aux choses de l’esprit, et qu’il doit naître de ton propre sein, une lumière à laquelle les ténèbres qui t’enveloppent et qui te constituent, sont extraordinairement étrangères, tant que ton oeuvre n’est pas parvenue au complément de sa maturité. Tu aperçois bien une immense différence entre ton existence ténébreuse, et ce fils chéri qui t’est né, comme Marie ne put méconnaître les grâces divines, et les prodiges qui accompagnaient la naissance de son fils ; mais tu ne peux pas plus qu’elle concevoir la marche cachée de ce fils de J’esprit et il est pour toi un continuel mystère, jusqu’à ce qu’il ait rempli le cours de toutes les manifestations auxquelles il est destiné. Nouvel Homme 17
Ainsi, l’homme, en recevant la naissance divine manifesta cette céleste parole qui produisit au-dehors la sainteté de Dieu ; ainsi lorsque depuis le crime la bonté souveraine veut bien régénérer l’homme, elle le met dans le cas de pouvoir répéter de nouveau, par sa propre existence, ce témoignage vivant et expressif de la source d’où il descend ; mais de même que l’homme ne put dans l’origine manifester ce témoignage actif, que parce qu’il était l’extrait universel des puissances et de la sainteté divine, de même aujourd’hui il ne peut recouvrer ce sublime privilège, et faire vraiment entendre dans sa plénitude, le nom de saint, que quand il a recouvré cette plénitude de rapports spirituels et divins qui lui rendent sa première nature. Nouvel Homme 17
Ici nous considérons cette apparition au temple comme le premier degré de l’oeuvre de l’esprit en nous, après qu’il y a conçu, et opéré la naissance de notre fils ou du nouvel homme. Nouvel Homme 18
Dieu de force, Dieu de vie, Dieu de longanimité, aide-moi à accélérer ces temps si propices et si salutaires ! Aide-moi au moins à ne pas les retarder par ma défiance et ma lâcheté, aide-moi à préparer par la constante activité de ma pénitence l’empreinte sacrée de ton triple sceau sur toute ma personne, de ce triple sceau dont l’unité est un feu dévorant qui consume tout ce qui n’est pas né de l’esprit, de ce triple sceau qui n’abandonne plus l’âme humaine, dès qu’il a imprimé profondément sur elles ses vivifiants caractères, de ce triple sceau qui transporte aussitôt l’homme hors de cette sphère de langueur et de dégoût, où nous ne nous nourrissons que de la mort, au lieu de goûter les délices inexprimables du lieu de paix où nous avons puisé la naissance, et toi, sagesse sainte, qui devrais être notre aliment de toutes les heures, et de tous les moments, viens poser tes mains bienfaisantes sur ces signes sacrés que la bonté suprême a daigné attacher sur l’homme ; que tes mains soient comme autant de bandelettes qui contiennent et fixent le baume vivifiant qui a été appliqué sur mes plaies, et qu’elles en fassent pénétrer les sucs et les esprits régénérateurs jusque dans mes substances les plus corrompues, afin que le peu de vie qui y reste reprenne ses forces, et que mes membres reprennent leur agilité. Nouvel Homme 18
C’est aussi pour cela que l’écriture compare continuellement la parole à des flèches acérées, et à une épée à deux tranchants ; non pas seulement parce que cette parole a sans cesse des ennemis à combattre et à renverser, mais encore parce qu’elle prend sans cesse la naissance au milieu des entraves qui la resserrent, qui la forcent à s’affiler et à s’aiguiser en quelque sorte pour se faire jour au travers de toutes ces substance étrangères dont elle est encombrée. Nouvel Homme 20
Cela n’empêche pas qu’en attendant nous ne voyions dans l’exemple de la naissance de la parole en nous comment tout est révélation, puisque tout est parole, et puisque toutes les paroles sont comme ensevelies dans des abîmes, dont on ne peut les tirer qu’avec violence ; et cependant les hommes ne veulent pas croire à une révélation tant on s’y est mal pris pour les en convaincre, tandis qu’en les ramenant à eux-mêmes on leur eût prouvé tellement la révélation universelle et de tous les moments, qu’ils auraient été naturellement disposés par là à ne voir ne reconnaître l’oeuvre du réparateur que comme une plus grande révélation, que celle qui se passait en eux ; et comme elle est du même genre, quoiqu’elle embrasse un plan plus vaste, elle pourrait leur paraître plus admirable, comme étant plus sublime, mais non pas plus extraordinaire. Ils auraient même appris, par l’examen des diverses époques du genre humain, à reconnaître les immenses services que cette révélation du Réparateur leur avait rendus, en observant ces diverses époques sur l’homme particulier. Nouvel Homme 20
L’homme ne devrait donc plus s’étonner de voir ce qui est dit dans la révélation du réparateur. Matt. 11, 12, 13. Or, depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux se prend par violence, et les violents l’emportent. Car jusqu’à Jean tous les prophètes aussi bien que la loi ont prophétisé. Il sentirait en même temps tout le prix de cette révélation du Réparateur, c’est-à-dire, de l’oeuvre qu’il est venu opérer pour la délivrance de notre parole, puisque ce n’est que par cette révélation du Réparateur, et par les vertus de son oeuvre, que nous pouvons espérer chacun de parvenir à notre révélation particulière, ou à la naissance de notre nouvel homme, lequel, seul, peut nous mettre à même de prendre désormais le ciel par violence, au lieu qu’auparavant nous devions attendre qu’il se donnât, à moins que nous ne fussions de la classe des êtres privilégiés. Nouvel Homme 20
Loin donc de nous lamenter sur les obstacles, et sur les lenteurs auxquelles nous sommes heureusement condamnés, remercions la providence qui nous fournit par là l’occasion de recevoir avec avantage tous les fruits de la loi, lorsque les temps de cette loi seront accomplis ; remercions-la de ce qu’elle nous fournit par là l’occasion de nous procurer une situation, ou une manière d’être assez utilement préparée, pour que lorsque l’heure de la naissance du nouvel homme est arrivée, on ne puisse pas nous appliquer directement à nous-mêmes, ce que Siméon dit à la naissance du Réparateur : savoir que cet enfant était né pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 22
C’est donc à extraire les pierres des carrières, à les tailler, à les transporter, à les poser à demeure dans la place qu’elles doivent occuper dans l’édifice, que la sagesse et l’esprit du Seigneur s’occupent journellement à notre égard ; et les instruments qu’ils emploient pour cela, ce sont les mêmes obstacles, et les mêmes contrariétés spirituelles que nous rencontrons dans notre carrière, et dont l’homme novice aux secrets de Dieu ne connaît pas assez le prix pour sentir qu’il n’y a pas une de ces épreuves soutenues avec foi et courage, qui ne doive se terminer pour lui par la naissance et le développement d’une unité ; et que c’est par ces accumulations d’unités acquises par autant d’épreuves, et de victoires, qu’il doit voir s’élever en lui le nouvel homme ou l’édifice des élus. Nouvel Homme 22
Qu’étais-tu, homme, lorsque l’Éternel te donnait la naissance ? Tu procédais de lui, tu étais l’acte vif de sa pensée, tu étais un Dieu pensé, un Dieu voulu, un Dieu parlé, tu n’étais rien tant qu’il ne laissait pas sortir de lui sa pensée, sa volonté, et sa parole. Il n’a pas changé de loi, il ne peut y avoir que lui qui t’engendre, et ce n’est que par lui que tu peux engendrer des oeuvres régulières. S’il n’engendre donc pas son nom en toi avant que tu dises : au nom du Seigneur, tu n’agis plus que de mémoire quand tu prononces ce nom, et voilà pourquoi tant d’hommes le prononcent en vain sur la terre, et nous prouvent d’une manière si affligeante que malheureusement, l’homme n’est, ne vit, et n’agit que dans la vanité et le néant. Nouvel Homme 23
Oui, nouvel homme, nous pouvons voir en toi la montagne du Sinaï tout entière, avec toutes les merveilles qui s’y sont passées. Nous pouvons voir à ta naissance miraculeuse, ce lieu sacré se couvrir de nuages célestes d’où sortent des feux, et des éclairs ; nous pouvons voir les animaux trembler à cet aspect et le peuple lui-même n’oser en contempler l’éclat, et te prier, comme les Hébreux prièrent Moïse, de voiler ta face pour ne pas les éblouir ; nous pouvons te voir demeurer seul pendant quarante jours sur cette montagne, pour y recevoir tous les degrés de ton ordination dans la loi temporelle ; nous pouvons te voir recevant de Dieu les préceptes du Décalogue, et nous les exprimer par ton essence même encore plus que par ta parole ; nous pouvons t’entendre nous dire au nom de ce Dieu, dont tu as seul approché : Nouvel Homme 25
Telles sont en effet les lois, et les commandements que le nouvel homme trouve en lui-même, au moment de sa naissance ; et il les prononce avec tant de force et tant d’éclat à toutes les substances de son être, qu’il devient, pour lui-même, l’effroi de tout ce qui n’est pas conforme à la justice, et le premier organe de la gloire qui est due au Seigneur, comme étant le principal ministre, et le plus zélé défenseur de son culte. Nouvel Homme 25
Oui, nouvel homme, ce sera par cette justice et cet hommage rendu au souverain principe que tu te maintiendras dans ce séjour du repos et de la lumière. Ce sera par là que tes forces s’accroîtront et se soutiendront, ce sera par là que quoiqu’au milieu du temps, tu t’oublieras au-dessus du temps dans les saintes contemplations des merveilles qui se découvriront à ton être, et qui te surprendraient autant que ta propre naissance, si tu n’étais pas préparé à ces prodiges par le sentiment de ton existence divine. Nouvel Homme 26
Ce lieu, tu l’as déjà connu, tu l’as déjà vu, dès que tu as reçu la naissance ; car ce lieu est ce même fils chéri, conçu de l’esprit en similitude de celui qui est le fils unique du Seigneur son éternelle génération. Nouvel Homme 27
Il est inutile de lui dire à ce nouvel homme, que ce vaisseau lancé par le grand souverain des êtres est le nom du Seigneur, puisque c’est par ce nom puissant que ce nouvel homme a reçu la naissance. Il est inutile de lui dire que ce nom puissant doit s’ancrer en lui pour pouvoir laisser passer la tempête, et continuer ensuite sa route jusqu’à ce qu’il ait pu rendre à leur destination les voyageurs dont il est chargé. Ce nouvel homme connaît toutes ces grandes vérités, puisqu’il sait qu’il n’est né, qu’il n’existe et ne doit exister que pour la conservation de la loi du Seigneur, et pour coopérer de tout son pouvoir aux desseins bienfaisants que la Sagesse divine enfante sans cesse pour le bonheur de la postérité humaine. Nouvel Homme 27
En effet, le nouvel homme est celui qui gardera soigneusement en lui la parole du Seigneur, de peur qu’il ne la transporte ailleurs. Il travaillera jour et nuit pour conserver dans son coeur la chaleur de l’esprit, et pour en conserver la lumière dans les trésors de son intelligence. Il regardera le corps de l’homme comme un vase d’un puissant métal, qui soutient l’action du feu sans se briser, et sans se fondre. Il se dira : avant que j’eusse reçu sensiblement pour moi cette naissance spirituelle qui m’éclaire si puissamment sur ma vraie nature, le Seigneur me comblait cependant de ses biens. Comment m’abandonnera-t-il après m’avoir donné l’existence ? Il m’a enseigné à distinguer la joie que nous goûtons en lui ; comment ne viendrons-nous pas tout entiers pour la posséder ? Comment nous contenterions-nous de la joie qui ne serait attachée qu’aux images, quand nous pouvons goûter la joie attachée aux réalités, et surtout quand les images nous sont offertes comme au milieu d’un abîme, et au sein des plus profondes ténèbres ? Nouvel Homme 29
Le nouvel homme ne veut pas d’un Dieu qui soit ainsi l’ouvrage de ses mains ; voilà pourquoi il n’a d’autre soin, d’autre désir que de laisser agir sur lui la main du Seigneur. Il la sent pénétrer jusque dans l’intérieur de son être. Elle commence par réveiller en lui la sensibilité spirituelle par son approche ; elle lui communique une nourriture douce et vivifiante, qui flatte son goût et qui répand des parfums délicieux pour son odorat ; ce sont là les premiers sens spirituels qui prennent naissance dans l’homme, par la main de l’esprit. Nouvel Homme 30
Lorsque ce baptême corporel est opéré sur nous par l’eau de l’esprit, alors le nouvel homme sort des eaux où il avait été plongé, et c’est quand il a mis le pied sur la terre qu’une voix du ciel se fait entendre, et dit : C’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection. Jusque-là ce nouvel homme était bien le fils de Dieu, puisqu’il avait été conçu par l’esprit et que par ce même esprit, il avait reçu la naissance ; mais son nom, et sa famille divine n’avaient point été promulgués, et tant que cette barrière qui devait céder à l’eau de l’esprit n’aurait point été rompue, le nouvel homme n’aurait pu recevoir de la part de son père cet aveu authentique par lequel il le reconnaît pour son fils, et lui assure par là, non seulement son existence parmi les nations, mais aussi les droits les plus constants à son légitime héritage. Nouvel Homme 31
34. Ces occupations et ces soins du nouvel homme sont si urgents et si importants qu’il va rester encore un temps dans le désert pour assurer les fondements de l’oeuvre. S’il a reçu la naissance spirituelle, s’il a été nourri du verbe jusqu’à l’âge de sa mission, c’était pour son propre avantage, et pour sa délivrance personnelle ; actuellement, il lui faut songer à l’oeuvre de son maître. Il lui faut tellement fermer la porte inférieure du coeur de l’homme, après en avoir chassé l’ennemi, que la porte supérieure et divine puisse s’ouvrir sans inconvénients, et sans craindre ces horribles prostitutions que cet ennemi ne cesse de projeter, et de machiner selon tous les moyens qui sont en lui. Nouvel Homme 34
« Bienheureux ceux qui soupirent après la paix de l’esprit, et qui y marchent par le sentier des oeuvres pacifiques, en ne se livrant à aucun des partis opposés et furieux qui se battent journellement dans l’homme ! En se délivrant ainsi de la tourbe tumultueuse de leur propre monde, ils prendront pour leur père le souverain auteur de la tranquillité suprême, et de l’éternelle paix, et deviendront par là les légitimes enfants de Dieu, puisqu’ils manifesteront le caractère distinctif de cette source où ils ont puisé la naissance et qui ne peut manquer d’être calme, puisqu’elle est perpétuellement remplie du sentiment inaltérable de son infinité, de son éternité, de son universalité. Ainsi ils pourront dire à leurs ennemis : tremblez, fuyez, vous ne pouvez rien contre moi, parce que je porte en moi un nom qui signifie le fils de votre Dieu. » Nouvel Homme 36
autant de signes certains et invariables, qui soient au moins comme les indices de ces vérités éternelles, dans lesquelles il avait puisé la naissance, et qu’il n’aurait jamais dû abandonner. En un mot, si c’est lui-même qui est venu se former un destin, et se coucher sous son joug, il faut que ce soit lui-même qui retire sa vie divine de dessous le joug de ce destin, et qui la lui arrache douloureusement pour la rétablir dans son aisance primitive. Nouvel Homme 41
C’est ce mouvement de l’action divine qui a préparé la naissance du nouvel homme, et c’est aussi ce mouvement de 1’action divine qui l’a opérée ; puisqu’il n’y a rien dans l’ordre des choses de l’esprit où le mouvement de l’action divine ne doive présider. Cette naissance du nouvel homme a été pour lui, comme ce jour qu’Abraham désira voir avec ardeur, qu’il eut le bonheur de voir, et dont il se réjouit (Jean 8:56), et c’est là aussi ce que signifiait cette parole du Réparateur à ses disciples (Luc 10:24). Je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’on point vu, et entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. Car de même que, nul ne connaît qui est le fils que le père ; ni qui est le père que le fils ; de même, nul ne connaît qui est le nouvel homme que l’action divine, ni qui est l’action divine que le nouvel homme, ou celui à qui il a donné le pouvoir de le révéler. Nouvel Homme 55
Mais toujours fidèles à la nature, ne comptons sur la solidité de cette alliance, et sur les longs jours de celui qui doit en recevoir en nous la naissance, qu’autant que la vie divine vient s’établir en nous comme à notre insu, et qu’il s’y forme comme dans le secret une source vivante et intarissable dont tous les ruisseaux vont à leur tour former des alliances particulières avec toutes les formes et toutes les propriétés de notre être. Nouvel Homme 62
« Lorsqu’une femme enfante, elle est dans la tristesse parce que son heure est venue, mais après qu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de ses maux dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. » C’est cette joie que le nouvel homme seul peut connaître quand il sent qu’il est sorti de l’esclavage, et du lieu de ténèbres, et que l’esprit lui a donné la naissance ; il la sentira cette joie bien plus vivement encore lorsque cette naissance sera confirmée en lui par la présence du consolateur. Nouvel Homme 63
« Vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et le Réparateur que vous avez envoyé. » La puissance n’est donnée au nouvel homme sur toutes les régions de son être, qu’afin qu’il leur communique la vie éternelle dont il est rempli ; et cette vie éternelle peut-elle être autre chose que de connaître le suprême auteur de la vie dans celui qu’il a envoyé pour le manifester, et de sentir en nous-mêmes, comme cela est donné à tous, l’oeuvre effectif de cette naissance spirituelle par la naissance du nouvel homme en nous ; merveille qui pourrait nous combler de joie, mais qui ne devrait pas nous surprendre, si nous avions présent à la pensée, que nous devons être sous tous les rapports, l’image, et la ressemblance de Dieu. Nouvel Homme 64
Mais ce nouvel homme, ce fils de l’esprit, et de la sagesse éternelle, ce fils divin que l’âme humaine a le pouvoir d’engendrer, et par la naissance duquel elle doit se sauver, comme ses femmes qui, selon Paul à Timothée, se sauveront par les enfants qu’elles mettront au monde, ce nouvel homme, dis-je, sera bien plus empressé de régner sur l’âme humaine par son amour, que par des prodiges. Nouvel Homme 69
Tu verras aussi dans la ville sainte un fleuve d’eau vive, claire comme du cristal, qui coulera du trône de Dieu et de l’agneau, car tu n’ignores plus que l’homme est lui-même un ruisseau émané de ce fleuve, et devant par conséquent couler éternellement comme celui qui lui donne sans interruption la naissance. Nouvel Homme 71