Si elle le trouve dans ces dispositions, voici les promesses qu’elle lui fait, et les faveurs qu’elle lui destine. Car, à peine l’intérieur de l’homme s’ouvre-t-il devant elle, qu’elle est saisie d’un transport de joie, non seulement comme la mère la plus tendre pour un fils qu’elle n’avait vu depuis longtemps ; mais comme le plus sublime génie à la vue de la plus sublime production qui, d’abord, lui paraît neuve, étrangère à son esprit, et pour ainsi dire, effacée de sa mémoire, mais qui bientôt lui fait unir l’amour le plus vif à cette profonde admiration, quand ce sublime génie vient à reconnaître que cette sublime production est son ouvrage. Nouvel Homme
Charge-toi, ô mon Dieu, de tout ce qui peut concerner mon élection ; je te dirai comme Moïse, que je ne puis que bégayer, et que tout mon être est dans une universelle impuissance pour l’accomplissement des devoirs que tu imposes à un élu ; j’admire la gloire de tes prophètes et de tes serviteurs, mon âme tressaille de joie en sentant les douceurs et les consolations qui les attendent, mais si tu ne délies toi-même ma langue, si tu ne mets ton feu dans mon coeur, et ta lumière dans mon esprit, si tu ne me traces ma route à chaque pas, et si tu ne me pousses toi-même dans ces sentiers que tu m’auras tracés, je demeurerai englouti dans ma faiblesse, et je serai un être entièrement inutile à tes plans. Nouvel Homme 5
6. Mais quelle terrible opération doit se faire en nous avant que cette divinité tout entière nous traverse dans sa splendeur et dans sa joie ! Il faut auparavant qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur ; il faut que le Dieu souffrant passe tout entier au travers de l’âme concentrée et comme pétrifiée par le crime et l’insensibilité. Âme de l’homme, abîme-toi ici, dans ta détresse, et prépare-toi à l’opération la plus douloureuse. Il faut que le Dieu souffrant te pénètre, et se fasse jour au travers de tes substances les plus épaissies et les plus dures, pour te rendre ta primitive existence ; tu ne pourras jamais être régénérée complètement si l’opération n’est pas universelle et si le Dieu souffrant dans sa pensée, dans sa parole et dans son oeuvre ne traverse tout entier ta pensée, ta parole, et ton opération. Nouvel Homme 6
Pernicieux ennemi de l’homme, tu occasionnes bien aussi des souffrances, mais c’est en opérant une contraction de ta puissance désordonnée et mensongère contre les lois éternelles de la vérité, et contre l’ordre immuable des choses ; aussi tes succès, quand tu l’emportes, entraînent l’homme dans le néant, la mort et les ténèbres. Mais lorsque le Dieu souffrant s’approche de nous et nous occasionne des douleurs, c’est en opposant la mesure, l’ordre et la vérité, aux désordres et aux irrégularités que tu sèmes journellement dans les hommes, et que tu y entretiens. Aussi la contradiction que ce Dieu souffrant opère dans ceux qui la désirent et qui y concourent, se termine toujours par la joie le bonheur et la lumière. Nouvel Homme 6
7. La sagesse conduit l’homme par des degrés insensibles afin de ne pas l’effrayer par l’immensité de la tâche qu’il a à remplir. Aussi commence-t-elle par dire à l’homme qu’il doit servir d’organe et de passage à la Divinité tout entière, s’il veut que son ange jouisse de la paix et des félicités Divines. Cet avis est si consolant que l’âme de l’homme en est comme absorbée dans l’admiration et dans la joie. Elle pleure de regret, elle pleure d’espérance : c’est comme si l’image Divine elle-même était venue se dessiner sur toutes ses substances, et qu’elle eût senti la douce chaleur de la main qui a conduit le pinceau ; mais comme c’est là le terme final de l’oeuvre, cette sagesse nous apprend bientôt qu’avant d’atteindre à cet heureux terme, nous devons voir passer en nous le Dieu souffrant, puisque lui seul peut enchaîner tous les lions voraces, et tous les serpents qui circulent en nous, et ne cessent de nous effrayer par leurs sifflements, ou de nous empoisonner par leur venin. Nouvel Homme 7
Aussi tous les envoyés ne lui prêchent-ils autre chose, que de travailler à l’absolu dépouillement de l’homme de péché, afin que par ses soupirs et ses sanglots, il puisse obtenir que la parole créante, souffrante, sanctifiante, multipliante, vienne fonder en lui sa demeure, comme n’y trouvant rien qui la gêne, qu’elle puisse parler pour lui dans tout ce qui le constitue, et dans tout ce qu’il a à manifester, c’est-à-dire, qu’elle parle dans la pensée de l’homme, qu’elle parle dans la parole de l’homme, qu’elle parle dans toutes les affections de l’homme, qu’elle parle dans tous ses mouvements, dans toutes ses vertus, dans tous ses éléments, dans son sang, dans sa chair, dans tous les organes de sa vie, dans les aliments dont il se nourrit, dans toutes les substances qu’il emploie à ses besoins ; et enfin, qu’elle fasse de l’homme une oraison universelle ; en un mot, il faut que nous soyons dévorés comme une proie par toutes les puissances du Seigneur, avant qu’il trouve en nous sa joie et sa consolation, et que nous ayant consumés en lui-même par le feu créateur de sa propre vie, il nous rende de nouveau cette primitive existence libre, et joyeuse où nous n’avions à former que des prières de jubilation. Nouvel Homme 7
Mais cependant après être avertis sur cela comme nous le sommes, ouvrons aussi nos coeurs à l’espérance et à la joie, et ayons la confiance que la même main qui nous aura poussés dans le désert, la même main qui nous aura choisis pour servir de fondement à son église, la même main qui aura fait opérer en nous une conception spirituelle daignera nous accompagner dans l’épreuve, et ne permettra pas que notre ennemi altère et souille en aucune manière les jouissances qu’elle nous réserve. Car ces jouissances doivent être aussi incalculables, que le sont pour nous les dangers et les fatigues de l’épreuve que nous avons à subir ; et même elles doivent en faire plus que la compensation, parce que la miséricorde l’emporte toujours sur la justice. Nouvel Homme 9
Aussi toutes les facultés de notre être après avoir versé des sueurs de sang, doivent verser des sueurs de joie et de délice ; il n’y a pas une seule de nos fibres qui ne doive devenir un des torrents de la vie, et recevoir sans cesse une accumulation de trésors qui nous établisse à demeure au milieu de ces multiplications de lumières, de ces multiplications de confiance, de ces multiplications de courage, de ces multiplications d’espérances et de consolations que nous avons déjà eu occasion de peindre, et que l’on ne peut jamais trop retracer pour ranimer la foi du faible, et même pour l’entretenir dans celui qui ne l’est pas. Nouvel Homme 9
Et toi, homme, ne t’offense point de te voir naître dans une étable et parmi des animaux, tu ne nais que dans l’humiliation, tandis qu’auparavant tu existais dans des abîmes. Ces animaux vont faire pour toi, ce que tu aurais dû faire pour eux si tu eusses conservé tes droits ; ils vont te réchauffer de leur haleine, comme tu aurais dû les réchauffer de ton esprit, et leur conserver par là leur caractère, et leurs formes primitives. Car c’est aujourd’hui ta forme qui te préserve, au lieu qu’autrefois tu aurais dû préserver ta forme. Tu iras bientôt au temple pour y recevoir la circoncision, et Siméon chantera le cantique de joie en te prenant dans ses bras et en disant que tu es un enfant né pour le salut et pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 10
12. Puisque notre Dieu est un être effectif, tout doit être effectif dans ce qui l’approche, comme dans ce qui sort de lui. Ainsi, pourvu que nous le recherchions avec une pénitence effective, une humilité effective, un courage effectif, nous ne devons pas douter qu’il ne vienne à nous avec des puissances effectives, avec des dons effectifs, et qu’il n’imprime sur nous des témoignages effectifs de son intérêt et de son effectivité ; croyons en outre que si par cette effective influence Divine, nous nous trouvons dans une nouvelle situation effective de joie, de lumières, de forces, de vertus, de foi, de piété, de sainteté, enfin si nous nous trouvons effectivement dans une atmosphère réellement vive, nous pouvons espérer de produire cette même température effective dans tout ce qui nous environne, parce que la vraie et vive effectivité de notre Dieu ne cherche qu’à s’établir et se répandre, afin que selon son désir tout soit plein de lui. Nouvel Homme 12
Oui, Dieu de ma vie, tu m’appelleras, et je te répondrai en t’immolant des sacrifices effectifs dont les fruits et la récompense seront de vivre avec ton esprit, par ton esprit, et dans ton esprit. Tu veux bien ne pas dédaigner mon âme quelque misérable et quelqu’infirme qu’elle soit ; après lui avoir fait prendre le médicament d’amertume, tu lui feras connaître aussi le médicament de la joie, et de l’adoucissement ; et cet adoucissement, ce sera de t’emparer d’elle, de la presser par l’impulsion de ta main dans tous les mouvements qu’elle a à faire, et de ne pas la laisser un instant sans toi. Nouvel Homme 12
Ressouviens-toi aussi que tous les décrets de ce conseil céleste ne peuvent avoir pour but que la paix, la gloire, le bonheur, et l’extension du règne de la vie ; ainsi, dès que dans toi le conseil céleste veut bien prononcer de pareils décrets, chacun de tes pas et de tes mouvements doit être une victoire, une exécution de quelque jugement Divin, une délivrance de quelque esclave, et un accroissement du règne de la lumière ; et toutes ces oeuvres sont autant d’hymnes à la gloire de celui qui est venu en délibérer en toi, et les décréter, et qui veut bien t’en confier l’opération pour te transmettre, par ce moyen, des étincelles de cette joie Divine, et immortelle qui est l’élément primitif de ton existence. Prends courage, l’entreprise demande des soins et de l’attention, mais en peu de temps, tu te sentiras dédommagé de tes peines, et tu te diras : comment Dieu ne serait-il pas un être incompréhensible, puisque je sens que l’homme a aussi ce privilège, et que pour qu’il pût être connu de ses semblables, quand il est rentré dans sa loi, il faudrait que les cieux et la terre fussent renouvelés pour eux, sans quoi il n’est à leurs yeux qu’une masse muette et sans valeur ? Nouvel Homme 13
16. Semons encore un germe que nous laisserons croître ensuite, comme nous avons fait de tous les germes divers que nous avons déjà semés dans cet écrit ; puis nous en ramasserons les fruits et les récoltes à mesure qu’ils se présenteront. Ce germe c’est l’arche de l’alliance. Voyez quels travaux le peuple juif a supportés pour transporter l’arche d’alliance au travers des déserts, pour lui faire traverser les eaux du Jourdain, pour l’arracher des mains des peuples impies qui s’en étaient emparés, et qui l’avaient voulu faire habiter avec leurs idoles. Mais voyez en même temps avec quels témoignages de joie, et de jubilation David conduit cette arche sur la montagne sainte, en attendant que le temple de l’éternel soit bâti. Nouvel Homme 16
Il faut que tu la fasses entrer ainsi dans la ville sainte au milieu des cris de joie et au son des trompettes, et que quand tu l’auras placée au lieu qui lui est destiné, tu offres des holocaustes d’action de grâces, et que tu bénisses le peuple au nom du Seigneur des armées ; ne t’arrête pas même aux dédains de Michol, Michol partage les sentiments de Saül, son père, et elle sera frappée de stérilité, comme Saül sera privé du trône. Nouvel Homme 16
Base de l’édifice, contemple-toi donc avec transport et avec délices ; occupe-toi sans relâche à te pénétrer de l’huile de joie que les sept colonnes ne cessent de faire parvenir jusqu’à toi ; tous les fruits que tu produiras répandront la vie, la force, la sainteté. Il faut que tu produises tous ces fruits-là sans relâche, puisque les sept colonnes t’apportent sans relâche la sève de reproduction, et que sans relâche le suprême auteur des êtres distribue cette sève toujours nouvelle, à ces sept colonnes chargées de te la transmettre. Ce n’est pas même ici comme pour la culture terrestre où le cercle des temps doit tourner un grand nombre de fois sur les semences de la terre, avant qu’elle puisse récompenser les soins du laboureur ; il faut que ce cercle des temps devienne pour toi comme imperceptible, et qu’à tous les moments tu montres ta fertilité, parce qu’à tout moment ta région est menacée de la disette. Nouvel Homme 19
En effet, de même que sous la révélation du Réparateur, il est des êtres au-devant de qui le royaume du ciel est venu, sans attendre qu’ils le prissent par violence, de même nous avons vu sous la loi et sous les prophètes, plusieurs élus à qui la gloire de cette révélation a été montrée d’avance, ce qui les a remplis de joie, tandis que les autres hommes de leur temps, restaient ensevelis sous le voile de la loi, et sous les diverses figures des prophéties. Nouvel Homme 20
Sois bénie, source immortelle de tout ce qui est ! En toi seule est l’être et la vie ; en toi seule est le sentiment de toute existence ; en toi seule est l’expansion de la joie et du bonheur de toute créature. Hors de toi, rien ne peut être, car où tu ne serais pas, il n’y aurait plus de sentiment d’existence, il n’y aurait plus de bénédiction, et ce sont là les éléments éternels de ta vie. Nouvel Homme 26
Le nouvel homme a déjà vu briller trop clairement en lui sa propre lumière de son essence pour ne pas échapper à de pareils pièges. Il dira avec David (Ps. 15:7, etc.) : « Je bénirai le Seigneur de m’avoir donné l’intelligence et de ce que, jusque dans la nuit même, mes reins m’ont repris et instruit. Je regardais le Seigneur, et l’avais toujours devant mes yeux, parce qu’il est à mon côté droit pour empêcher que je ne sois ébranlé. C’est pour cela que mon coeur s’est réjoui, et que ma langue a chanté des cantiques de joie, et que de plus, ma chair même se reposera dans l’espérance, parce que vous ne laisserez point mon âme dans l’enfer, et ne souffrirez point que votre saint soit sujet à la corruption. Vous m’avez donné la connaissance des voies de la vie, vous me comblerez de joie en me montrant votre visage des délices ineffaçables sont éternellement à votre droite. » Nouvel Homme 29
En effet, le nouvel homme est celui qui gardera soigneusement en lui la parole du Seigneur, de peur qu’il ne la transporte ailleurs. Il travaillera jour et nuit pour conserver dans son coeur la chaleur de l’esprit, et pour en conserver la lumière dans les trésors de son intelligence. Il regardera le corps de l’homme comme un vase d’un puissant métal, qui soutient l’action du feu sans se briser, et sans se fondre. Il se dira : avant que j’eusse reçu sensiblement pour moi cette naissance spirituelle qui m’éclaire si puissamment sur ma vraie nature, le Seigneur me comblait cependant de ses biens. Comment m’abandonnera-t-il après m’avoir donné l’existence ? Il m’a enseigné à distinguer la joie que nous goûtons en lui ; comment ne viendrons-nous pas tout entiers pour la posséder ? Comment nous contenterions-nous de la joie qui ne serait attachée qu’aux images, quand nous pouvons goûter la joie attachée aux réalités, et surtout quand les images nous sont offertes comme au milieu d’un abîme, et au sein des plus profondes ténèbres ? Nouvel Homme 29
J’ai senti que mon Dieu était le principe de toutes choses, qu’il n’y avait rien qui ne tint de lui sa force, ses propriétés, ses vertus, et tout son prix, je ne dois donc jamais me déterminer à livrer ma pensée et mon coeur à aucun objet, avant d’avoir cherché si mon Dieu n’a pas en lui de quoi me tenir lieu de cet objet ; car s’il a en lui de quoi me tenir lieu de cet objet, je serais insensé de ne pas me dévouer exclusivement à lui, de former d’autres alliances qu’avec lui, puisque tout autre objet que lui n’est que secondaire, et ne peut m’offrir qu’une joie passagère, et bornée, comme l’est l’essence particulière de cet objet, au lieu qu’en faisant une alliance exclusive avec mon Dieu, je trouverai en lui tous les objets secondaires qui existent hors de lui, quoique par lui, et je les y trouverai dans une existence durable, permanente et universelle, puisqu’ils seront liés là à la source éternelle et impérissable qui les créera et les engendrera continuellement, et sans qu’ils puissent jamais cesser d’être, et de me combler de joies et de délices. Nouvel Homme 32
Il faut, avant que cette activité divine puisse descendre en nous et s’y établir d’une manière profitable, qu’elle puisse y trouver des organes actifs et assez remplis de force pour pouvoir correspondre à tous ses mouvements, et réaliser dans leur mesure, les plans qu’elle tracera en grand dans la sienne. Enfin, on ne saurait trop le répéter, il faut que le nouvel homme se soit sacrifié, régénéré, spiritualisé, et même divinisé, pour que l’action divine puisse descendre avec joie en lui, comme étant sûre d’y trouver une demeure qui lui convienne, et où sa gloire, ses puissances et tous ses trésors ne soient pas exposés à rester sans fruits, ou à être dérobés par l’ennemi. Nouvel Homme 32
Songe qu’ici-bas tu n’es encore que dans le désert. Songe que tu es encore au milieu des lions dévorants ; songe que tu es suspendue, comme par un fil, au-dessus de l’abîme ; songe que tu es ici pour gémir, pour agir, et non pas pour jouir ; ainsi, tiens-toi en garde même contre les délices de ces jonctions divines qui, étant trop anticipées, pourraient t’abuser sur ton oeuvre, si tu les écoutais trop longtemps et avec trop de complaisance. Tempère-les plutôt par le sentiment de ton infirmité ; tiens-toi toujours prête à en faire le sacrifice, afin de te mieux préparer à les recevoir un jour, d’une manière qui ne soit nullement dangereuse pour toi, et qui te soit entièrement profitable ; enfin, reçois-les avec une joie mêlée de crainte et de tremblement que tu aies le malheur de ne pas les faire échapper, en entier, aux dangers dont sont menacés tous les trésors sacrés qui descendent dans ce bas monde ; ne t’occupe que de les faire arriver à leur terme sans accident et sans avarie, et ne consume pas à la jouissance de tes propres satisfactions, le temps que tu dois employer à l’avancement de l’oeuvre de ton maître, et à veiller contre les déprédateurs de ses richesses. Nouvel Homme 33
Aussi ce nouvel homme vous dira comme Jérémie 15:15 : « Seigneur, vous qui connaissez le fond de mon coeur, souvenez-vous de moi, venez en moi, et défendez-moi contre ceux qui me persécutent… Votre parole est devenue la joie et les délices de mon coeur, parce que j’ai porté le nom de votre prophète : ô Seigneur, Dieu des armées… Je ne me suis point trouvé dans les assemblées de jeux et de divertissements…. Je me suis tenu retiré et solitaire… Pourquoi ma douleur est-elle devenue continuelle… ? C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur : Si vous savez distinguer ce qui est précieux de ce qui est vil, vous serez alors comme la bouche de Dieu. Je vous rendrai à l’égard de ce peuple comme un mur d’airain et inébranlable. Ils vous feront la guerre, et ils n’auront sur vous aucun avantage, parce que je suis avec vous pour vous sauver et pour vous délivrer… Je vous dégagerai des mains des méchants, et je vous préserverai de la puissance des forts. » Nouvel Homme 34
Car cette loi ancienne étant circonscrite dans les mesures du temps, et proportionnée à l’état terrestre de la famille humaine, devait subir un terme, et ne pouvait manquer d’occasionner la satiété quand les besoins spirituels de l’homme auraient été plus développés, au lieu que la loi nouvelle, remplaçant l’homme dans la ligne de vie, devait lui procurer des jouissances toujours croissantes comme l’infini, et des trésors toujours plus doux, et plus abondants. Or il n’y avait que le Réparateur qui pût ainsi apporter le bon vin à la fin du repas ; et cette oeuvre fut l’occasion d’une grande joie dans la région supérieure et divine, car le grand monde ne peut manquer d’éprouver un ravissement lorsque le petit monde entre dans ses mesures particulières, vu le rétablissement des similitudes qui est le principal désir de ce grand monde. Nouvel Homme 35
36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36
« Bienheureux ceux dont l’homme intérieur est dans les larmes, et dont le coeur est tourmenté par l’abondance de l’amertume ! C’est une preuve que la parole du Seigneur est descendue en eux, et qu’elle y comprime toutes les substances de mensonge ; c’est une preuve que la parole s’est imprégnée elle-même de leurs douleurs jusqu’à en être gonflée ; c’est une preuve qu’ils ont senti les pleurs de la parole de vie qui s’est répandue dans l’âme des prophètes de tous les temps, qui n’a cessé de parler par eux des pleurs des prêtres, des pleurs de la terre d’Israël, des pleurs des voies de Sion, des pleurs du rempart et de la muraille, des pleurs de la récolte de la vigne, des pleurs des habitations des pasteurs, qui s’est transformée en larmes de sang, dans l’oeuvre du Réparateur, qui s’est empressée de recommander à l’homme de laisser librement pleurer la parole en lui, et de pleurer abondamment avec elle, puisque ce n’est qu’ainsi que le péché sortira de lui pour y être remplacé par la joie pure, par le sentiment actif de la liberté de sa nouvelle existence, et par les plus douces et les plus ineffables consolations de la vie. » Nouvel Homme 36
C’est donc ici où nous pouvons nous remplir d’une espérance qui devrait nous faire tressaillir de joie, en lisant ces douces paroles qu’il n’y a rien de caché dans l’univers, dans l’homme et dans Dieu, qui ne doive être découvert rien de secret dans l’universalité entière qui ne doive nous être connu ; homme de paix, homme de désir, nouvel homme, si vous ne trouvez pas là de puissants encouragements, et comme autant d’immenses véhicules pour vous soutenir et vous faire avancer dans la carrière, vous n’êtes pas dignes d’y avoir mis le pied. Nouvel Homme 40
Mais que dire de ces nations impies au milieu desquelles cet homme nouveau et son précurseur sont envoyés? « Elles sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui crient à leurs compagnons, et leurs disent: nous avons joué de la flûte pour vous réjouir, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres pour vous exciter à pleurer, et vous n’avez point témoigné de deuil. » Car le précurseur de l’homme nouveau, ou notre fidèle compagnon est venu dans la douleur, et dans les larmes, comme étant né des femmes, et les nations impies ont dit : Il est possédé du démon. L’homme nouveau est venu dans la joie et dans la consolation, comme étant né de l’esprit, et de l’amour, et elles ont dit : c’est un homme de bonne chère, et qui aime à boire ; c’est un ami des Publicains, et des gens de mauvaise vie. Elles ont traité le nouvel homme, et le fidèle compagnon qui a été son précurseur, comme elles ont traité le Réparateur, et celui qui marchait devant lui dans la vertu et l’esprit d’Élie, pour préparer les voies à la miséricorde. Nouvel Homme 41
Il faut donc aujourd’hui que le malheureux homme ne cesse de verser des sueurs de sang pour transmuer cette effroyable demeure en une demeure de liberté et de joie, où son sort n’ait plus les mêmes alarmes à lui causer, ni la même inquiétude à lui présenter ; mais au contraire où il marche comme autrefois dans des sentiers sans borne, et qui lui offrent à tous les pas, les perspectives les plus consolantes. Il faut qu’il transmue son corps de mort, en un corps d’activité, de puissance, et de domination sur toutes les lois inférieures par lesquelles ce bas monde est constitué, et maîtrisé ; il faut qu’il transmue toutes les illusions qui poursuivent ici-bas son coeur, et sa pensée, en Nouvel Homme 41
Que le nouvel homme ne s’effraie pas de ces fatigues, le temps du repos les lui fera toutes oublier. Le nouvel homme est un homme de vérité, et l’homme de vérité ne connaît aucun obstacle. Au milieu même de ses travaux, et de ses épreuves, il a toujours devant les yeux ce passage de David : que toute la terre se réjouisse en Dieu. Servez le Seigneur avec joie, entrez et présentez-vous devant lui dans de saints ravissements. Sachez que le Seigneur est le vrai Dieu, que c’est lui qui nous a faits, et que nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Aussi toute la terre du nouvel homme est dans la sécurité, et dans la joie, parce qu’il sent que ses os deviennent semblables aux os de la vie, et que la vertu de la chair céleste, et du sang spirituel Pénètre, et nourrit sa chair et son sang. Nouvel Homme 48
Dieu avait dit : « L’homme sera un centre où réfléchiront tous les rayons de ma gloire. Il a reçu de moi, dans son corps, la base de toutes les impressions, et de toutes les qualités des êtres sensibles, comme il a reçu de moi, dans son esprit, la base de toutes les impressions, et de toutes les propriétés supérieures. C’est pour moi que j’ai disposé et placé l’homme dans ce haut rang. J’ai eu pour but ma propre joie, ma propre gloire, et l’avancement de mes desseins. Et cependant l’homme a dédaigné mes présents. Il a dédaigné de travailler à ma gloire, et à l’avancement de mes desseins. Comment traiterai-je ce serviteur infidèle ? Je le traiterai comme les nations qui auront pris les idoles pour leurs dieux. Mille univers entassés les uns sur les autres, ne déroberaient pas à mes yeux ces coupables ; leur crime osa frapper mon trône, et la secousse qu’il éprouva, ma justice s’en souvient encore. Hommes négligents, hommes insensibles à ma gloire, et à l’avancement de mes desseins, remplissez-vous du zèle de ma maison jusqu’à ce que les murs de Jérusalem soient relevés, jusqu’à ce que vous soyez réellement convertis en une prière active, et en un sacrifice d’agréable odeur pour celui qui vous a créés. » Nouvel Homme 49
Lorsque l’homme rassemble, et concentre ses forces, il sent que la vie divine elle-même ne dédaigne pas d’influer activement sur lui, et de le réchauffer de son feu doux et vivificateur ; cette vie divine qui l’a formé ne craint pas de le former de nouveau ; après l’avoir formé de nouveau elle ne craint pas de venir s’établir en lui, et de le soutenir par ses saintes influences, et après s’être établie en lui et l’avoir soutenu par ses saintes influences, elle ne craint pas de lui communiquer ta joie dont elle est la source, et dont elle se nourrit perpétuellement elle-même. Dans cette opération l’homme prend réellement un nouveau caractère, car il est tellement pénétré de la lumière divine, que son intérieur en est tout resplendissant, et qu’il se forme au-dedans de lui comme un soleil vif et brillant que son corps matériel ne peut connaître, et c’est là un des sens du passage de saint Jean : La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point comprise ; il est venu dans ses possessions, et les siens ne l’ont point reçu. Nouvel Homme 51
54. Le nouvel homme est semblable à un arbre sur lequel la colombe vient se reposer avec joie, après avoir volé jusqu’à épuiser ses forces pour aller chercher la nourriture à ses petits. Le nouvel homme est encore semblable à la trompette que l’on fait sonner dans les places, et sur les tours élevées pour appeler le peuple à la prière ; parce que le nouvel homme est le lieu de repos de la vérité, et qu’il est chargé d’appeler journellement son propre peuple au sacrifice ; il est chargé de l’entretien de tous les canaux de la ville, et de veiller à ce que les eaux vives puissent y circuler librement ; et il est chargé d’avertir ses concitoyens que la ville qu’ils habitent est une ville sainte, et dans laquelle on ne souffre aucun mendiant sans aveu, aucun lâche, aucun paresseux, parce qu’il n’est personne qui ne puisse s’y procurer légitimement, et abondamment sa subsistance ; car si l’un de ces habitants ne se croit pas les forces nécessaires pour suffire seul à remplir sa tâche, et à subvenir à ses besoins, il peut s’adresser à l’un de ses frères, il peut s’unir avec lui, et cette union ne lui laissera rien à désirer puisqu’il est écrit : Je vous dis encore que si deux d’entre vous s’unissent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, elle leur sera accordée par mon père qui est dans le ciel. Nouvel Homme 54
Il lui dira : Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération et les oeuvres de mes mains, et que mes mains ne deviennent comme gonflées par l’abondance de la justice, et par le zèle de votre service ; je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération intérieure de mon désir et de mon amour, et qu’ils ne deviennent semblables à votre désir et à votre amour. Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration mon intelligence, et ma conception, et que vous ne les rendiez propres à recevoir dans leur pureté les vifs rayons de votre lumière, et de votre vérité, parce que vous avez fait l’âme de l’homme pour être votre voie et votre organe ; et que toute souillée, et tout impure qu’elle puisse être, vous ne dédaignez pas de vous plonger dans ses souillures pour la purifier, et afin qu’après avoir passé en elle dans votre humiliation et votre souffrance, vous y passiez dans votre joie et dans votre gloire. Nouvel Homme 55
57. Le moment s’avance où le salut des nations va faire son entrée dans Jérusalem. Déjà il est à Jéricho où le publicain Zachée va, pour remédier à sa petitesse, s’élever sur un sycomore afin de pouvoir contempler celui dont il attend tout ; déjà l’esprit du nouvel homme a pénétré tous les publicains qui sont en lui, ils ne se bornent point à une foi inactive et morte, mais ils descendent promptement de dessus leur arbre, et reçoivent avec joie ce nouvel homme qui leur demande à loger chez eux ; leur foi fait éclater en eux d’autres vertus, et ils disent au nouvel homme : Nous allons donner la moitié de notre bien aux pauvres, et si nous avons fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, nous lui en rendrons quatre fois autant. C’est ce qui leur mérite de la part du nouvel homme ces douces paroles : Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, parce que celui-ci est aussi d’Abraham ; car le fils de l’homme est venu pour chercher, et pour sauver ce qui était perdu. Puis s’entretenant avec eux, le nouvel homme leur rapporte la parabole des dix talents, et leur en enseigne le vrai sens. Nouvel Homme 57
60. La fête des pains sans levain approche ; cette fête annonce au nouvel homme une nourriture qui n’est point sujette à la fermentation et à la corruption de la matière. Or, comme cette fête se nomme le passage ; et comme c’est au passage de la renaissance spirituelle que se trouvent les plus grands dangers pour l’âme humaine, c’est aussi le moment de ce passage que choisissent les princes des prêtres et les docteurs de la loi, pour se saisir de la personne du nouvel homme, et où son ennemi s’offre à eux pour le leur livrer moyennant le prix dont ils conviennent ensemble, et qui remplit de joie ces princes des prêtres et les capitaines, parce qu’ils craignent le peuple, et ne peuvent employer que des ruses et des trahisons… Nouvel Homme 60
Je vous ai dit ceci afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit pleine et parfaite. Si le nouvel homme nous communique la joie dont il est rempli, et qu’il puise sans interruption dans la joie de son père, notre joie sera pleine et parfaite, parce qu’elle sera le fruit divin de la vie éternelle, lequel fruit ne peut manifester sa maturité et toute la douceur de ses sucs si salutaires, que quand il est parvenu jusque dans l’âme de l’homme, et qu’il en a tellement vivifié et pénétré toutes les facultés, qu’elles soient devenues à leur tour des arbres superbes et fertiles, à l’imitation de cet arbre dont elles doivent être les représentants sur la terre. Nouvel Homme 62
En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez, et vous gémirez vous autres, et le monde sera dans la joie ; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie. Pourquoi le monde sera-t-il dans la joie quand le nouvel homme sera disparu ? C’est qu’il croira ce nouvel homme disparu pour jamais, et que ce nouvel homme est pour lui un être scandaleux, et qui, par sa seule présence, lui reproche son néant, et son impiété. C’est que le monde fait alors envers ce nouvel homme, ce qu’Hérode a fait envers le précurseur à Jérusalem. Nouvel Homme 63
« Lorsqu’une femme enfante, elle est dans la tristesse parce que son heure est venue, mais après qu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de ses maux dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. » C’est cette joie que le nouvel homme seul peut connaître quand il sent qu’il est sorti de l’esclavage, et du lieu de ténèbres, et que l’esprit lui a donné la naissance ; il la sentira cette joie bien plus vivement encore lorsque cette naissance sera confirmée en lui par la présence du consolateur. Nouvel Homme 63
« Vous êtes donc maintenant, vous autres, dans la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Parce que l’homme que vous aurez mis au monde ne sera né ni de la chair, ni du sang, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté de l’esprit, et qu’ainsi cet homme sera nommé le fils de Dieu. Nouvel Homme 63
« Vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et le Réparateur que vous avez envoyé. » La puissance n’est donnée au nouvel homme sur toutes les régions de son être, qu’afin qu’il leur communique la vie éternelle dont il est rempli ; et cette vie éternelle peut-elle être autre chose que de connaître le suprême auteur de la vie dans celui qu’il a envoyé pour le manifester, et de sentir en nous-mêmes, comme cela est donné à tous, l’oeuvre effectif de cette naissance spirituelle par la naissance du nouvel homme en nous ; merveille qui pourrait nous combler de joie, mais qui ne devrait pas nous surprendre, si nous avions présent à la pensée, que nous devons être sous tous les rapports, l’image, et la ressemblance de Dieu. Nouvel Homme 64
« Maintenant je viens à vous, et je dis ceci étant encore dans le monde, afin qu’ils aient en eux, la plénitude de ma joie. Je leur ai donné votre parole, et le monde les a haïs… Je ne vous dis point de les ôter du monde, mais de les garder du mal… Sanctifiez-les dans votre vérité… Je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’ils soient aussi sanctifiés dans la vérité. » Que serait la sanctification du nouvel homme, si elle ne s’étendait à tout notre être ? Et que serait la sanctification de tout notre être, si elle ne s’étendait qu’à notre propre cercle ? Nouvel Homme 64
Tu verras cet Etre infini verser continuellement sur nous dans tous les genres, l’abondance de ses puissances, de sa majesté, et de son infinité ; car notre volonté pestilentielle a beau faire, l’Eternel ne cesse de nous en démontrer la borne, et l’impuissance en nous faisant constamment nager dans son universelle immensité. Ne t’afflige donc point, âme humaine, si ton nouvel homme, après t’avoir bénie, s’est séparé de toi, et a été enlevé au ciel. Imite l’exemple des disciples du Réparateur universel qui après l’avoir « vu se séparer d’eux, et monter au ciel, s’en retournèrent comblés de joie à Jérusalem, où ils se tinrent sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu, » parce qu’ils étaient pleins de confiance en ses promesses. Nouvel Homme 70