calice

Amertume corporelle, amertume spirituelle, amertume divine, venez vous établir dans notre être, puisque vous êtes devenues l’indispensable aliment de nos ténèbres et de notre infirmité. Que l’amertume spirituelle du calice se joigne à notre amertume spirituelle particulière, et forme ainsi ce médicament actif et salutaire qui doit ronger toutes nos fausses substances pour laisser revivre nos véritables substances amorties ! Malheur à qui voudra repousser de lui ce médicament régénérateur ! Il ne fera qu’accroître ses maux, et les rendre peut-être un jour inguérissables. Car telle est cette pénitence qui seule peut faire ressusciter l’esprit en nous, comme l’esprit peut seul y faire ressusciter la parole, et la parole y faire ressusciter la vie divine, attendu qu’aujourd’hui rien ne peut plus s’opérer que par des concentrations, puisque tel a été le principe de l’origine des choses, tant physiques que spirituelles ; telle est, dis-je, cette pénitence qui donne à l’homme la puissante tranquillité de la confiance, et la terrible force de la douceur, choses si inconnues aux hommes du torrent qui n’ont que le courage du désespoir, et que la force de la colère. C’est là cette pénitence par laquelle le pasteur daigne venir se revêtir de nous qui sommes des loups, afin de sauver de nos dents la malheureuse brebis que nous dévorons ; tandis qu’avec la pénitence humaine et extérieure c’est le loup même qui se revêt de la peau du berger afin de dévorer à la fois, et la brebis et le pasteur en les séparant l’un de l’autre. C’est là cette pénitence qui efface en nous non seulement les taches du péché, mais jusqu’au souvenir et à la connaissance du péché. Nouvel Homme 6

C’est ce qui est arrivé au réparateur qui ne songeait point à la mort de son corps lorsqu’il demandait que ce calice s’éloignât de lui ; enfin c’est le combat de l’esprit, c’est cette douleur à laquelle aucune douleur ne se compare, et qui par sa grandeur même nous met dans le cas de supporter toutes les autres avec une sorte d’indifférence. Nouvel Homme 12

Il prend le calice, et ayant rendu grâce, il nous dit : « Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang, lequel sera répandu pour vous. Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’à ce jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon père ; toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. » Parce que le sang de cette coupe, annonce l’effusion du sang matériel du Réparateur, que l’effusion de son sang matériel annonce l’effusion de son sang spirituel, et qu’en même temps cette coupe annonce l’effusion du sang corporel de l’homme pour l’abolition du péché, et l’effusion de son sang spirituel pour sa régénération particulière. Nouvel Homme 60

Aussi l’esprit nous dit : « Mes petits enfants, je n’ai plus que peu de temps à être avec vous, vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs qu’ils ne pouvaient venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant, parce que l’esprit est le maître, que nous ne sommes que les disciples, que nous ne pouvons recevoir que ce qui vient de lui, tandis que la source dans laquelle il demeure nous est toujours impénétrable, et parce que cet esprit va opérer l’oeuvre de la délivrance des captifs que nous pouvons ensuite répéter sur nous-mêmes, et sur nos frères en son nom, mais que nous n’aurions jamais pu opérer sans lui, et s’il n’avait commencé par l’opérer en nous. C’est pour cela qu’il avait dit aux siens précédemment : Vous pourrez boire le calice que je boirai. C’est pour cela aussi qu’il venait de les admettre à la participation du calice, et à la manducation de son corps dans le passage, pour les préparer à participer ensuite à toute l’activité de son oeuvre, parce que toutes ces paroles sont esprit et vie. Nouvel Homme 60

C’est ici, nouvel homme, que le poids de l’oeuvre te va paraître accablant ; tu vas commencer à être saisi de tristesse, tu diras à ceux des tiens qui sont les plus près de toi : Mon âme triste jusqu’à la mort, demeurez ici et veillez avec moi. Mais comme l’homme coupable pécha seul, tu les croiras encore trop près de toi, dans l’expiation que tu vas subir, et tu travailleras seul à cette terrible expiation. Tu concentreras toutes tes facultés en toi-même, en raison de la criminelle concentration où l’homme se réduisit par son crime. Cette expiation te paraîtra redoutable que tu diras : Mon père, faites s’il est possible que ce calice passe et s’éloigne de moi. Mais la soumission l’emportant sur ta faiblesse, tu ajouteras : Néanmoins que votre volonté s’accomplisse, et non la mienne ! Nouvel Homme 65

Voyons-le ainsi tracer d’avance en lui le tableau de ces derniers temps, où l’espérance sera abolie, et où il ne restera que la consolation ou le désespoir, que la jouissance parfaite ou la privation absolue. Voyons-le prendre les sept trompettes pour appeler en lui au jugement dernier toutes les nations qui sont soumises à sa puissance, pour examiner celles « qui auront adoré la bête ou son image, qui en auront reçu le caractère sur leur front ou dans la main, afin qu’elles boivent du vin de la colère de Dieu, de ce vin tout pur, préparé dans le calice de sa colère, et qu’elles soient tourmentées dans le feu et dans le soufre devant les saints anges, et en présence de l’agneau. » Nouvel Homme 71