Tout ce qui précède est dit par nous dans le but de parvenir de façon ordonnée à une recherche sur le soleil, la lune et les étoiles par voie de conséquence : faut-il les compter parmi les principautés parce qu’ils sont dits avoir été faits pour commander au jour et à la nuit, ou faut-il penser que leur principat sur le jour et la nuit se réduit à les éclairer, sans qu’ils aient le même ordre et office que les Principautés. Cependant lorsqu’il est dit que tout a été fait par son intermédiaire et que en lui tout a été créé, ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre, on ne peut douter que les êtres qui sont dans le firmament, terme qui désigne assurément le ciel où sont placés, selon l’Écriture, ces luminaires, soient comptés parmi les êtres célestes. Ainsi, puisque tout a été fait ou créé, puisque tout ce qui a été fait reçoit le bien et le mal et est susceptible de l’un et de l’autre, ce que notre discussion a montré avec évidence, peut-on juger conséquente l’opinion de certains des nôtres au sujet du soleil, de la lune ou des étoiles : ils seraient inconvertibles et incapables de passer à l’attitude opposée ? Certains ont pensé cela des saints anges et les hérétiques des âmes, qu’ils appellent des NATURES SPIRITUELLES. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section
Il faut se garder de tomber dans les fables ineptes et impies de ceux qui imaginent des NATURES SPIRITUELLES différentes, tant parmi les êtres célestes que parmi les âmes humaines, oeuvres de créateurs différents, puisqu’il leur semble absurde, ce qui est la vérité, d’attribuer à un seul et même créateur l’origine de natures différentes parmi les êtres raisonnables et qu’ils ignorent cependant la cause de cette diversité. Ils disent en effet qu’il ne leur paraît pas logique qu’un seul et même créateur, sans tenir compte des mérites, attribue aux uns un pouvoir de domination et leur soumette les autres, donne aux uns le principat et assujettisse les autres à ces chefs. Tout cela assurément, à mon avis, la logique du raisonnement développé plus haut le réfute et le convainc de fausseté : elle montre que l’origine des diversités et des différences dans chaque créature est à chercher dans la vivacité ou la paresse plus ou moins grande de leurs mouvements, tournés vers la vertu ou vers la malice, et non dans la partialité de celui qui a tout ordonné. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section
Mais pour comprendre plus aisément qu’il en est ainsi parmi les êtres célestes, prenons en exemple ce qui s’est passé ou se passe parmi les hommes, pour voir logiquement à partir des êtres visibles ce qu’il en est des invisibles. Ils (= les valentiniens) tiennent que Paul et Pierre ont été sans aucun doute des NATURES SPIRITUELLES. Mais on sait que Paul a commis bien des attentats contre la religion, puisqu’il a persécuté l’Église de Dieu, et que Pierre a péché très gravement lorsque, sur la question d’une servante qui gardait la porte, il a répondu avec serment qu’il ignorait qui était le Christ. Comment donc ces hommes, qu’ils jugent des spirituels, sont-ils tombés en de tels péchés, alors que nos contradicteurs ont coutume d’affirmer constamment qu’un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits ! Si, assurément, un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits et si, selon eux, Paul et Pierre venaient de la racine d’un bon arbre, comment penser qu’ils aient porté des fruits si mauvais. Ils répondront, selon leurs inventions habituelles, que ce n’est pas Paul qui a persécuté, mais je ne sais qui, qui était dans Paul, que ce n’est pas Pierre qui a renié, mais un autre qui a renié en lui. Pourquoi alors Paul, s’il n’a péché en rien, dit-il : Je ne suis pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu ? Pourquoi Pierre, si c’est un autre qui a péché, a-t-il lui-même pleuré avec un grand chagrin ? Par cela sont réfutées toutes leurs inepties. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Deuxième section