Christ

« Au commencement, Dieu fit le ciel et la terre ». Quel est le commencement de tout, sinon notre Seigneur et « Sauveur universel », le CHRIST Jésus, « premier né de toute créature » ? Or c’est dans ce commencement, c’est-à-dire dans son Verbe que « Dieu fit le ciel et la terre », selon ce que dit l’Évangéliste Jean au début de son Évangile : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait et sans lui rien n’a été fait. » L’Écriture ne parle pas d’un commencement temporel ; mais elle dit que c’est « dans ce commencement » qu’est le Sauveur, qu’ont été faits le ciel et la terre et « tout ce qui a été fait ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

En participant à l’eau supérieure qui est au-dessus des cieux, le fidèle devient céleste : il s’applique aux choses supérieures et élevées, n’a aucune de ses pensées en la terre, mais toutes dans le ciel et « cherche les choses d’en haut où le CHRIST se tient à la droite du Père ». Et c’est ainsi qu’il se rend digne de cet éloge de Dieu qui se trouve dans notre texte : « Et Dieu vit que cela était bon ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

De même qu’au firmament que l’on avait auparavant nommé ciel, Dieu ordonne qu’il y ait des luminaires pour « séparer le jour et la nuit », ainsi en sera-t-il de nous pourvu que nous tâchions de porter le nom et la réalité du « ciel » : en nous, les luminaires qui nous illumineront seront le CHRIST et son Église. Car le CHRIST est « la lumière du monde » et il éclaire l’Église de sa lumière. Et comme la lune reçoit, dit-on, sa lumière du soleil afin d’éclairer elle aussi la nuit, ainsi l’Église, recevant sa lumière du CHRIST, éclaire tous ceux qui se trouvent dans la nuit de l’ignorance. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Mais s’il en est de tellement avancés qu’ils soient déjà « fils de Dieu », s’ils « marchent honnêtement comme en plein jour », « en fils du jour et de la lumière », ceux-là c’est le CHRIST lui-même qui les illumine, comme le soleil le jour. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Comme ces luminaires que nous voyons au ciel servent de signes « pour marquer les époques, les jours et les années », éclairant du haut du firmament ceux qui sont sur la terre, ainsi le CHRIST, illuminant son Église, fait dé ses commandements des signes par lesquels nous apprenions à éviter « la colère à venir » ; de la sorte, loin que « ce jour nous surprenne comme un voleur », nous pourrons parvenir à « l’année miséricordieuse du Seigneur ». C’est donc le CHRIST qui est « la lumière vraie qui illumine tout homme venant en ce monde », et l’Église, recevant sa lumière, devient elle-même « lumière du monde », illuminant « ceux qui sont dans les ténèbres », selon cette parole du CHRIST à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde ». D’où il ressort que le CHRIST est la lumière des Apôtres, et les Apôtres à leur tour la lumière du monde. Car les Apôtres « n’ont ni tache, ni ride, ni rien de semblable » ; ils sont l’Église véritable, selon cette parole de l’Apôtre que Dieu « a voulu faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, sans ride ni rien de semblable ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

De même que le soleil et la lune sont, d’après l’Écriture, les grands luminaires au firmament du ciel, ainsi, en nous, le CHRIST et l’Église. Mais Dieu a ajouté des étoiles au firmament ; il faut donc voir aussi ce qui en nous, c’est-à-dire dans le ciel de notre coeur, tient lieu d’étoiles. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

De même que le soleil et la lune illuminent nos corps, ainsi le CHRIST et l’Église illuminent nos esprits. Du moins les illuminent-ils si nous ne sommes pas des aveugles spirituels. Car, de même que le soleil et la lune ne laissent pas de répandre leur clarté sur les aveugles qui ne peuvent cependant accueillir la lumière, ainsi le CHRIST envoie sa lumière à nos esprits ; mais l’illumination n’aura pas lieu si notre cécité y fait obstacle. Dans ce cas, que les aveugles suivent d’abord le CHRIST en criant : « Ayez pitié de nous, Fils de David », et lorsqu’ils auront, grâce à lui, recouvré la vue, ils pourront être irradiés par la splendeur de sa lumière. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Encore tous ceux qui voient ne sont-ils pas également illuminés par le CHRIST, mais chacun l’est à la mesure dont il peut recevoir la lumière. Les yeux de notre corps ne sont pas également éclairés par le soleil : plus on monte en des lieux élevés, plus on en contemple de haut le lever, mieux on en perçoit aussi l’éclat et la chaleur ; de même notre esprit, plus il montera et s’élèvera près du CHRIST et s’offrira de près à l’éclat de sa clarté, plus magnifiquement et plus brillamment aussi il sera irradié de sa lumière, comme il le dit lui-même par le prophète: « Approchez-vous de moi et je m’approcherai de vous, dit le Seigneur », et ailleurs : « Je suis un Dieu qui s’approche et non pas un Dieu lointain ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Enfin, si l’on est capable d’aller avec lui jusqu’au sommet de la montagne, comme Pierre, Jacques et Jean, on n’est plus seulement illuminé de la lumière du CHRIST, mais de la voix du Père lui-même. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Je crois qu’une fois que notre esprit a été illuminé par le CHRIST, notre soleil, il lui est ordonné de se servir des eaux qui sont en lui pour produire des êtres qui rampent et des oiseaux qui volent, c’est-à-dire d’étaler au jour les bonnes et les mauvaises pensées pour opérer la séparation du bien et du mal, puisqu’aussi bien l’un et l’autre viennent du coeur. C’est de notre coeur, en effet, que sortent, comme des eaux, les bonnes et les mauvaises pensées. Sur la parole et sur l’ordre de Dieu, étalons-les donc les unes et les autres au regard et au jugement de Dieu, afin qu’illuminés par lui nous puissions séparer ce qui est mal de ce qui est bien, autrement dit pour que nous puissions nous séparer de ce qui rampe sur la terre et donne des préoccupations terrestres. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Par conséquent ceux qui cherchent et s’appliquent à se rendre célestes par une vie parfaite et une compréhension profonde, deviennent eux-mêmes des « trônes de Dieu » et sont rendus célestes surtout à cause de leur manière de servir et de leur intimité ; ils disent : « Il nous a ressuscites avec le CHRIST et nous a fait asseoir avec lui dans les cieux ». Mais aussi ceux dont « le trésor est dans le ciel » peuvent être appelés célestes et trône de Dieu, car « là où est leur trésor, là est leur coeur ». Dieu ne se contente pas de reposer sur eux, mais « il habite en eux ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Et s’il en est qui parviennent à une perfection telle qu’ils puissent dire : « Cherchez-vous une preuve du CHRIST qui parle en moi ? », en ceux-là, Dieu ne se contente pas d’habiter, mais encore «il marche au milieu d’eux ». C’est pourquoi les parfaits, rendus célestes ou devenus eux-mêmes « des cieux », « chantent la gloire de Dieu », comme dit le Psaume. C’est pourquoi aussi les Apôtres, qui étaient « des cieux », sont envoyés pour « chanter la gloire de Dieu », et ils reçoivent le nom de Boanerges, c’est-à-dire « fils du tonnerre », pour que cette puissance de tonnerre accrédite auprès de nous qu’ils sont vraiment « des cieux ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Ayons donc toujours les yeux sur cette image de Dieu, pour pouvoir être formés de nouveau à sa ressemblance. Car si l’homme, créé à l’image de Dieu, est devenu semblable au diable par le péché, en regardant, au rebours de sa nature, l’image du diable, il y a bien plus de raison qu’en regardant l’image de Dieu à la ressemblance de laquelle il a été fait par Dieu, il reçoive du Verbe et de sa vertu, la forme qu’il tenait de sa nature. Que nul, s’il découvre qu’il ressemble plus au diable qu’à Dieu, ne désespère de pouvoir recouvrer la forme de l’image de Dieu, puisque le Sauveur n’est « pas venu appeler à la pénitence les justes mais les pécheurs ». Matthieu était un publicain et son image ressemblait au diable ; mais en venant à l’image de Dieu, à notre Seigneur et Sauveur, et en la suivant, il a été transformé à la ressemblance de l’image de Dieu. « Jacques, fils de Zébédée et Jean son frère » étaient des pêcheurs et « des gens sans lettres » qui, pour lors, ressemblaient à l’image du diable ; mais en suivant eux aussi l’image de Dieu, ils lui sont devenus semblables, comme du reste les autres apôtres. Paul persécutait l’image même de Dieu ; quand il put en voir la beauté et la splendeur, cette vision le transforma tellement à sa ressemblance qu’il disait : « Cherchez-vous le témoignage du CHRIST qui parle en moi ? » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Et nous, selon la parole de l’Apôtre Paul, « appliquons-nous à la lecture », pour que nous puissions, selon ses propres termes, « recevoir le sens du CHRIST » et connaître « ce que Dieu nous a donné ». Ce qui nous a été donné comme nourriture, n’en faisons pas une nourriture de « porcs » ou de chiens, mais transformons-le pour nous rendre dignes de recevoir dans l’asile de notre coeur le Verbe et Fils de Dieu qui vient avec son Père et qui veut faire en nous sa demeure dans l’Esprit Saint, dont nous devons être avant tout le temple par notre sainteté. A Lui, la gloire dans l’éternité des siècles et des siècles. Ainsi soit-il. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Ceux qui ont pour règle de vie la connaissance raisonnable et qui sont capables de se conduire eux-mêmes tout autant que d’enseigner les autres, sont en très petit nombre : ils reproduisent le petit nombre de ceux qui sont sauvés avec Noé et qui lui sont associés à cause de leur étroite parenté. Ainsi notre Seigneur, véritable Noé, le CHRIST Jésus, possède-t-il peu de très proches amis, “peu de fils et de parents, qui partagent sa parole et reçoivent sa sagesse. Ceux-là toutefois ont atteint le degré le plus haut, ils sont placés au sommet de l’arche. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

C’est ainsi qu’en montant à travers les différents étages d’appartements, on arrive à Noé lui-même, – Noé veut dire « le repos » ou « le juste » – Noé qui est le CHRIST Jésus. Car ce n’est pas à l’antique Noé que conviennent ces paroles de Lamech son père : « Celui-ci nous reposera de nos fatigues, du travail pénible de nos mains et de la terre que le Seigneur a maudite. » Comment, en effet, l’antique Noé aurait-il pu en toute vérité « reposer » Lamech et le peuple qui se trouvait alors sur la terre, comment la fatigue et le travail pénible auraient-ils pu cesser à l’époque de Noé, comment aurait pu être supprimée la malédiction divine de la terre, quand on nous montre que c’est plutôt la colère divine qui s’accrut et que Dieu dit, selon le texte de l’Écriture : « Je me repens d’avoir fait l’homme sur la terre » et « je détruirai toute chair sur la terre », et surtout quand la destruction des vivants témoigne d’une souveraine disgrâce ? Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

En attendant, vous avez vu ce que sont ces bois équarris. Le Noé spirituel les a établis, pour ceux qui sont au dedans, comme un mur et une protection contre les flots qui viennent battre du dehors. Et si ces bois sont enduits de bitume « à l’intérieur et à l’extérieur », c’est que l’architecte de l’Église, le CHRIST, ne veut pas que vous soyez comme ceux qui « paraissent au dehors justes aux yeux des hommes mais qui, à l’intérieur, sont des sépulcres pleins de cadavres » ; Il veut que vous soyez saints de corps à l’extérieur et purs de coeur au dedans, sur vos gardes de tout côté et défendus par la vertu de chasteté et d’innocence. Voilà ce que c’est que d’être enduit de bitume à l’intérieur et à l’extérieur. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

L’Esprit divin se sert donc simultanément de Moïse et de Paul pour découvrir l’aspect de grands mystères. Paul, en effet, prêchant le mystère de la descente du CHRIST, a employé le terme de profondeur pour marquer un mouvement de haut en bas ; Moïse, au contraire, figurant le rétablissement de ceux que le CHRIST ramène des bas-fonds aux régions célestes d’en haut en les arrachant à l’anéantissement et à la perdition du siècle comme à la mort du déluge, ne parle pas, dans les mesures de l’arche, de profondeur, mais de hauteur, pour marquer une élévation à partir des choses terrestres et basses vers les choses célestes et élevées. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Or le CHRIST, Noé spirituel, dans son arche, c’est-à-dire dans l’Église, où il sauve le genre humain de la destruction, a attribué ce nombre de rémission de cinquante à la largeur. Car, s’il n’avait pas accordé la rémission des péchés aux croyants, la « largeur » de l’Église ne se serait pas dilatée à travers le monde. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Quant aux cellules, dans l’arche, leur grand nombre fait penser qu’elles signifient qu’il y a « beaucoup de demeures auprès du Père ». Pour expliquer les animaux, les bêtes, le bétail et les divers autres vivants, quelle autre figure retenir que celle qu’Isaïe nous donne : « dans le royaume du CHRIST, le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le lion et le boeuf iront ensemble au pâturage et leurs petits mangeront ensemble le même fourrage ; et même le jeune enfant – un de ceux, je pense, dont le Sauveur disait : « Si vous : ne vous convertissez et ne devenez comme l’un de ces petits, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » – le jeune enfant introduira la main dans le repaire des aspics sans en éprouver aucun mal ». – On peut aussi évoquer cette autre figure, que l’Église réalise actuellement selon l’enseignement de Pierre, et qui nous rapporte la vision de Pierre où tous les quadrupèdes, toutes les bêtes de la terre et les oiseaux du ciel apparaissaient contenus dans la nappe unique de la foi attachée par les quatre coins des Évangiles. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Quant à toi, si tu fais une arche, si tu réunis une bibliothèque, serres-y les écrits des prophètes, des apôtres et de ceux qui les ont suivis dans la droite ligne de la foi. Fais-la à double et à triple étage. Par elle, apprends les récits de l’histoire ; par elle, apprends à connaître le « grand mystère » qui a son achèvement dans le CHRIST et dans l’Église ; par elle, sache corriger tes moeurs, supprimer tes vices, purifier ton âme et la dépouiller de tous les liens qui la tiennent captive, en y installant les cellules diverses des vertus et des progrès. Tu l’enduiras de bitume au dedans et au dehors, « en portant la foi dans ton coeur et en la confessant de bouche », en possédant intérieurement la science et accomplissant extérieurement les oeuvres, en t’avançant dans la pureté intérieure du coeur et dans la chasteté extérieure du corps. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Prions cependant la miséricorde du Dieu Tout-Puissant qu’il ne nous fasse « pas seulement écouter sa parole », mais « la mettre en pratique », qu’il répande sur nos âmes le déluge de son eau, qu’il détruise en nous, à sa guise, ce qu’il faut détruire et vivifie de même ce qu’il faut vivifier, par le CHRIST notre Seigneur et par son Esprit Saint. A lui la gloire dans l’éternité des siècles et des siècles. Ainsi soit-il. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

En cela seul les maîtres et les docteurs de la Synagogue placent la gloire des saints. Mais qu’ils viennent entendre, s’ils veulent, comment l’Église du CHRIST qui avait dit par le Prophète : « Pour moi, ô Dieu, tes amis sont devenus extrêmement honorables », qu’ils viennent entendre comment l’Église honore les amis de son époux et quelle gloire elle leur attribue quand elle se remémore leurs grandes actions. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Instruits par l’Apôtre Paul, nous disons que beaucoup de choses se produisaient en figure et en image de la vérité à venir : ainsi cette circoncision charnelle était une figure de la circoncision spirituelle qu’il était juste et convenable que le « Dieu de Majesté » donnât en précepte aux hommes. Écoutez donc comment Paul, « docteur des nations dans la foi et la vérité », enseigne l’Église du CHRIST sur le mystère de la circoncision : « Voyez la circoncision, dit-il, – et il parle des Juifs qui portent la marque de la circoncision dans leur chair – c’est nous qui sommes les vrais circoncis, nous qui servons Dieu en esprit et ne mettons pas notre confiance dans la chair ». Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Aidez-moi de vos prières pour que « la parole du Dieu vivant » daigne se présenter « à l’ouverture de mes lèvres » et qu’ainsi nous puissions, sous sa conduite, déboucher de l’étroit chemin de l’objection au grand espace de la vérité. Ce n’est pas seulement les Juifs charnels qu’il nous faut combattre sur la circoncision de la chair, mais aussi certains qui portent apparemment le nom du CHRIST et s’imaginent pourtant qu’il leur faut recevoir la circoncision de la chair, par exemple les Ebionites et tous ceux qui adoptent faussement une aussi pauvre interprétation que la leur. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Telle est la circoncision que l’Église du CHRIST impose aux oreilles de ses enfants. Et ce sont de semblables oreilles, à mon avis, que le Seigneur réclamait dans ses auditoires quand il disait : « Que celui a des oreilles pour entendre entende ». Car avec des oreilles incirconcises et impures, nul ne peut entendre les paroles pures de la sagesse et de la vérité. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Il n’est personne qui ignore que le membre où se trouve le prépuce sert aux fonctions naturelles du coït et de la génération. Quand on sait se maîtriser dans les mouvements de cette nature, quand on ne dépasse pas les bornes établies par les lois, quand on ne connaît pas d’autre femme que son épouse légitime, quand on ne s’approche d’elle qu’aux époques déterminées et légitimes et seulement pour avoir des enfants, alors il est entendu que l’on est circoncis dans sa chair. Mais quand on se donne toute licence, quand on est retenu de partout par des embrassements coupables, quand on se jette sans frein dans le tourbillon de la débauche, on est incirconcis dans sa chair. Or, l’Église du CHRIST, fortifiée par la grâce de Celui qui a été crucifié pour elle, s’abstient non seulement des amours défendues et coupables, mais aussi des amours permises et honorables, et, en sa qualité de vierge épouse du CHRIST, elle fleurit en vierges chastes et pures qui portent la vraie circoncision de la chair et conservent véritablement dans leur chair l’alliance éternelle de Dieu. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Il ne nous manque plus que d’expliquer la circoncision du coeur. Quand on brûle de désirs luxurieux et de basses concupiscences, pour dire bref, quand « on commet l’adultère dans son coeur », on est incirconcis de coeur. Quand on accueille dans son esprit des pensées hérétiques, quand on agite dans son coeur des idées blasphématoires contre la science du CHRIST, on est incirconcis de coeur. Mais quand on garde la pureté de la foi en toute droiture de conscience, on est circoncis de coeur et on mérite de s’entendre dire : « Bienheureux les coeurs purs, parce qu’ils verront Dieu. » Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Cependant, à ces expressions des prophètes, j’oserai en ajouter d’autres analogues. Car s’il faut circoncire nos oreilles, nos lèvres, notre coeur, notre chair, au sens que nous venons d’expliquer, on peut aussi dire que nos mains, nos pieds, nos regards, notre odorat, notre toucher ont également besoin de circoncision. Pour que l’homme de Dieu soit absolument parfait, tous ses membres doivent être circoncis : les mains doivent s’abstenir des larcins, des vols, des meurtres, et s’ouvrir seulement pour les oeuvres de Dieu. Il faut circoncire les pieds, pour qu’ « ils ne soient pas agiles pour répandre le sang », pour qu’ils n’entrent pas « dans le conseil des méchants » et qu’ils ne se meuvent que selon les intentions de Dieu. Il faut circoncire les yeux, pour qu’ils ne convoitent pas le bien du prochain, pour qu’ils ne regardent pas « de femme avec concupiscence ». Si on promène des regards malsains et indiscrets sur des formes féminines, on est incirconcis des yeux. Mais si « soit en mangeant, soit en buvant, on mange et on boit pour la gloire de Dieu », comme le demande l’Apôtre, on est circoncis dans son goût. Quand « on se fait un dieu de son ventre » et que l’on s’adonne aux raffinements de la gourmandise, je dirai qu’on a le goût incirconcis. Si on s’empare de « la bonne odeur du CHRIST » et si on cherche le « parfum de suavité » dans les oeuvres de miséricorde, on a l’odorat circoncis ; mais si l’on s’avance « oint des parfums les plus exquis », il faut dire que l’on a l’odorat incirconcis. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Est-ce que, pour établir l’alliance de Dieu, une circoncision de cette sorte ne vous paraît pas mieux convenir ? Veuillez comparer nos explications avec vos fables judaïques et vos récits dégoûtants, et demandez-vous si c’est à votre manière ou à la manière dont la prêche l’Église du CHRIST, qu’on est dans les intentions divines en observant la circoncision. Ne vous rendez-vous pas compte que la circoncision de l’Église est honnête, sainte, digne de Dieu, tandis que la vôtre est honteuse, répugnante, ignoble et que, rien que par les mots qui la décrivent, elle sonne mal aux oreilles ? Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Je cherche donc comment l’alliance de Dieu pourra se réaliser dans ma chair. Si « je fais mourir mes membres, ces membres de l’homme terrestre », je réalise l’alliance de Dieu dans ma chair. Si « je porte sans cesse dans mon corps la mort de Jésus-CHRIST », l’alliance du CHRIST est dans mon corps ; et « si nous portons l’épreuve avec lui, nous régnerons avec lui ». Si « je suis greffé sur lui par la ressemblance de sa mort », je manifeste que son alliance est dans ma chair. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Car à quoi rimerait de dire seulement que Jésus est venu dans la chair qu’il a prise de Marie, si je ne montre, par ses effets dans ma chair à moi, qu’il est venu ? Et je le montre si, alors qu’auparavant «j’ai livré mes membres en esclavage à l’injustice pour arriver à l’injustice, je me convertis maintenant et je les livre en esclavage à la justice pour arriver à la sainteté ». Je montre que l’alliance de Dieu est dans ma chair si je peux dire en empruntant le langage de Paul que «j’ai été crucifié avec le CHRIST et que si je vis, ce n’est plus moi qui vis mais le CHRIST qui vit en moi », et si je peux dire ce que Paul disait de lui-même : « Je porte sur mon corps les stigmates de mon Seigneur Jésus-CHRIST. » Vraiment il montrait que l’alliance de Dieu était dans sa chair, lui qui disait : « Qui nous séparera de l’amour de Dieu qui est dans le CHRIST Jésus ? la tribulation, l’angoisse, le péril, l’épée ? » Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.

Nous à qui il est enjoint de combattre les combats du Seigneur, aiguisons contre eux « le glaive de la parole de Dieu » et courons-leur sus ! Ayons au combat « les reins ceints de la vérité », « couvrons-nous en même temps du bouclier de la foi » pour recevoir les traits empoisonnés de leurs arguties et renvoyons-les-leur après les avoir mieux balancés. Ce sont les mêmes combats pour le Seigneur qu’ont soutenus David et les autres patriarches. Affrontons-les pour nos frères. Car « il me vaudrait mieux mourir » que de laisser enlever et ravir quelques-uns de mes frères et que de laisser emmener en captivité par des insinuations verbales pleines de ruse les « petits enfants » et les nourrissons du CHRIST. Mais contre les parfaits ils ne pourront pas rassembler leurs troupes et n’oseront pas engager le combat. A nous, par conséquent, en priant le Seigneur et avec l’aide de vos prières, d’engager contre eux le combat de la parole. Homélies sur la Genèse: IV – L’APPARITION DE DIEU A ABRAHAM Le premier jour.

Quant à vous, peuple de Dieu, « qui aimez le CHRIST d’une manière incorruptible », comprenez bien cette parole de l’Apôtre : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quelque autre chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». Par ce membre de phrase : « Ou quelque autre chose que vous fassiez », qui suit le boire et le manger, l’Apôtre a désigné en un langage plein de décence les oeuvres indécentes du mariage, montrant qu’elles aussi, à condition de n’être recherchées que pour les enfants, s’accomplissent pour la gloire de Dieu. Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.

– Au point de vue de l’allégorie, je sais qu’il en est qui ont interprété Lot comme représentant le Seigneur, et ses filles les deux Testaments. Je doute que quiconque connaît les dires de l’Ecriture sur les Ammonites et les Moabites qui descendent de Lot, retienne volontiers cette interprétation. Car comment appliquer au CHRIST que ceux de sa descendance « n’entreront pas dans l’assemblée du Seigneur » « jusqu’à la troisième et à la quatrième génération » ? Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.

Donc « Lot habita dans la caverne avec ses deux filles ». Ce sont sans nul doute ces deux filles que le prophète désigne quand il dit qu’Oola et Ooliba sont deux soeurs, Oola étant Juda et Ooliba Samarie. Séparé en deux, le peuple fait donc figure des deux filles de la Loi. Celles-ci, désirant propager la race charnelle et affermir les forces du royaume terrestre par une abondante postérité, assoupissent et endorment leur père (la Loi), c’est-à-dire qu’elles recouvrent et obscurcissent son sens spirituel, n’en retenant que le sens charnel. Ainsi conçoivent-elles et mettent-elles au jour des enfants que leur père ignore et ne reconnaît pas. Ce n’était ni la destinée ni la volonté de la Loi de produire des générations charnelles, et pour avoir une semblable descendance qui « n’entre pas dans l’assemblée du Seigneur », il faut que la loi se soit endormie. « Les Ammonites et les Moabites n’entreront pas dans l’assemblée du Seigneur, dit l’Écriture, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération et tant que durera ce siècle » ; ce qui veut dire que la descendance charnelle de la Loi n’entre dans l’Église du CHRIST ni à la troisième génération pour une raison tirée de la Trinité, ni à la quatrième pour une raison tirée des quatre évangiles, ni jamais, sauf probablement à l’issue du siècle présent, lorsque « la masse des Gentils sera entrée et qu’ainsi tout Israël aura été sauvé ». Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.

– Quant à l’interprétation morale selon laquelle, tout à l’heure, nous avons rapporté Lot au sens raisonnable et à l’esprit viril, et son épouse qui regarde par derrière à la chair adonnée aux concupiscences et aux voluptés, vous qui m’écoutez, ne la recevez pas négligemment. Prenez garde : lorsque vous vous serez enfuis loin des flammes du siècle et que vous aurez échappé aux incendies de la chair, lorsque vous aurez dépassé «la ville de Ségor » « qui est et qui n’est pas toute petite », ce qui représente un certain degré de perfection moyen et honorable, lorsque vous serez arrivés au sommet de la science comme au faîte de la montagne, prenez garde alors d’avoir à faire à ces deux filles de Lot, je veux dire la vaine gloire et sa soeur aînée l’orgueil, qui ne vous quittent pas et qui vous accompagnent même quand vous montez sur la montagne. Prenez garde, tandis qu’assoupis et endormis vous croyez ne rien ressentir ni remarquer, qu’elles ne vous prennent dans leurs embrassements. Si l’Écriture les nomme des filles, c’est qu’elles ne nous viennent pas de l’extérieur mais qu’elles proviennent de nous-mêmes et comme d’une certaine perfection de nos actes. Veillez donc de votre mieux et défendez-vous de leur susciter des enfants, car « leur postérité n’entrera pas dans l’assemblée du Seigneur ». Que si vous voulez une postérité, suscitez-la dans l’esprit, car « celui qui sème dans l’esprit moissonnera, de l’esprit, la vie éternelle ». Et si vous désirez des embrassements, , embrassez la sagesse et « dites à la sagesse qu’elle est votre soeur », et la sagesse dira de vous : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma soeur et ma mère ». Car cette Sagesse c’est notre Seigneur Jésus CHRIST, « à qui soit la gloire et la puissance aux siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.

Abimélech signifie : mon père est roi. Or il me semble qu’Abimélech représente les sages parmi les amis du siècle, adonnés à la philosophie, sans avoir encore entièrement ni pleinement atteint la règle de piété, sachant toutefois que Dieu est le père et le roi de tout, autrement dit qu’il a tout fait et qu’il gouverne tout. Sur ce plan de la philosophie morale, il est bien vrai que ces gens-là ont cultivé jusqu’à un certain point la pureté de coeur et qu’ils ont cherché généreusement, avec zèle, à entrer en communication de la vertu divine. Mais « Dieu n’a pas permis qu’ils la touchent ». Car ce n’était pas Abraham – quelque grand qu’il fût, il n’était qu’un serviteur, – mais le CHRIST qui était destiné à donner cette grâce aux Gentils. Aussi, malgré l’impatience d’Abraham de voir la parole qui lui avait été dite : « Toutes les nations seront bénies en toi », s’accomplir en lui et par lui, c’est en Isaac que lui est faite la promesse, c’est-à-dire dans le CHRIST, selon ce que dit l’Apôtre : « Il n’a pas dit « et à ses descendants » comme s’il s’agissait de plusieurs, mais « et à ta descendance », comme ne parlant que d’un seul qui est le CHRIST. » Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.

Or, notre époque est le temps de la vocation des Gentils et de la mort de la Loi, où les âmes libres, désormais affranchies de la Loi du premier mari, peuvent s’unir au CHRIST, l’époux nouveau. Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.

Donc, selon notre système d’allégorie, Pharaon – c’est-à-dire l’homme impur, l’exterminateur – ne pouvait absolument pas prendre Sara, c’est-à-dire la vertu, pour épouse. Tandis qu’Abimélech, c’est-à-dire l’homme à la vie pure, le philosophe, le pouvait, lui qui la cherchait avec un coeur pur. Cependant « le moment n’était pas encore venu ». Aussi la vertu reste avec Abraham, elle reste avec la circoncision, jusqu’à ce que vienne le temps où, avec le CHRIST Jésus notre Seigneur « en qui habite corporellement la plénitude de la divinité », la Vertu totale et parfaite passe à l’Église des Gentils. Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.

C’est alors que la maison d’Abimélech et ses servantes guéries par le Seigneur enfanteront des fils à l’Église. C’est le temps où « la stérile enfante » et où « beaucoup sont des enfants de la délaissée plutôt que de celle qui a un époux ». Car « le Seigneur a ouvert le sein de celle qui était Stérile » et en a fait une femme féconde qui enfante « toute une nation d’un coup ». Et les saints proclament bien haut : « Seigneur, en votre crainte nous avons conçu et enfanté, nous avons donné l’esprit du salut à la terre. » Et Paul dit semblablement : « Mes petits enfants que j’enfante à nouveau jusqu’à ce que le CHRIST soit formé en vous ». Voilà les fils qu’enfante toute l’Église de Dieu, voilà les enfants qu’elle engendre ! Car « celui qui sème dans la chair, moissonnera, de la chair, la corruption », mais les enfants de l’Esprit sont ceux dont l’Apôtre dit : « La femme sera sauvée par la descendance de ses fils, pourvu qu’ils persévèrent dans la foi et la chasteté. » Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.

Que l’Église de Dieu comprenne ainsi les histoires de génération et d’enfantement. Qu’elle relève les actions des patriarches par une interprétation bienséante et honorable ! Qu’elle ne corrompe pas les paroles de l’Esprit Saint par d’ineptes fables judaïques ! mais qu’elle leur attribue un sens pleinement honorable, pleinement moral et utile. Autrement, quelle édification retirerons-nous de lire qu’Abraham, ce grand patriarche, a non seulement menti au roi Abimélech, mais a livré la pudeur de son épouse ? Y a-t-il de l’édification à penser que la femme d’un si grand patriarche faillit être déshonorée avec le consentement tacite de son mari ? Aux Juifs de le croire, et, avec eux, aux amis de la lettre, non de l’esprit ! Pour nous, « associant les choses spirituelles aux choses spirituelles », rendons-nous spirituels tant en acte qu’en pensée dans le CHRIST Jésus notre Seigneur, « à qui est la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.

C’est celui qui a dit de ceux qu’il avait engendrés par l’Évangile : « Vous êtes ma joie et ma couronne de gloire ». Quand ces enfants-là sont sevrés, on fait un festin et il y a grande liesse parce qu’ « ils n’ont plus besoin de lait mais de nourriture solide » et parce qu’ « ils ont par accoutumance le sens exercé à discerner le bien et le mal ». C’est pour cette raison qu’il y a, lors du sevrage, un grand festin. Tandis qu’il ne peut y avoir ni festin ni liesse à propos de ceux dont l’Apôtre dit : « Je vous ai donné du lait à boire et non de la nourriture solide, car vous n’en étiez pas capables, et vous ne l’êtes même pas à présent. Et je n’ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants dans le CHRIST. » Ceux qui veulent que les divines Écritures soient interprétées « avec simplicité » devraient nous dire ce que signifie : « Je n’ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels ; je vous ai donné du lait à boire, non de la nourriture solide. » Est-ce qu’on peut recevoir cela « avec simplicité » ? Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

L’Apôtre dit à leur sujet qu’ « Agar enfanta pour la servitude » un peuple charnel, tandis que Sara, qui était libre, enfanta un peuple qui ne vient pas de la chair mais qui a été appelé dans la liberté, « cette liberté par laquelle le CHRIST l’a affranchi ». Le CHRIST lui-même a dit en effet : « Si le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres. » Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

Mais vous, si vous portez en vous « le fruit de l’Esprit qui est la joie, la charité, la paix, la patience », vous pouvez être Isaac, qui n’est pas né charnellement, mais est né en vertu de la promesse, -et vous êtes des fils de la femme libre, à condition toutefois que vous puissiez dire avec Paul : « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair (car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu pour renverser des forteresses). Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu ». Si vous pouvez être ceux à qui s’applique cette parole de l’Apôtre : « pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous », à cette condition vous n’êtes pas nés selon la chair, mais selon l’esprit en vertu de la promesse, et vous êtes les héritiers des promesses, selon ce qui est dit : « héritiers de Dieu et cohéritiers du CHRIST. » Vous ne serez pas héritiers de celui qui est né selon la chair mais cohéritiers du CHRIST, car « si nous avons connu le CHRIST selon la chair, à présent, nous ne le connaissons plus ainsi ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

Mais si, «laissant de côté l’enseignement élémentaire sur le CHRIST », il se porte à la perfection et « cherche les choses d’en haut où le CHRIST est assis à la droite de Dieu et non les choses de la terre », si « ses regards ne s’attachent pas aux choses visibles mais aux choses invisibles », si dans les divines Écritures il ne s’en tient pas à « la lettre qui tue mais suit l’esprit qui vivifie », alors il appartient sans aucun doute au groupe de ceux qui ne reçoivent pas « un esprit de servitude pour être encore dans la crainte, mais un esprit d’adoption en qui ils crient Abba, Père ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

L’Apôtre nous a donc livré les pensées de cet homme de foi : car ce fut alors, à propos d’Isaac, la première fois que se manifesta la foi en la résurrection. Abraham espérait qu’Isaac ressusciterait ; il croyait que se réaliserait ce qui n’était pas encore accompli. Comment donc peuvent-ils être « enfants d’Abraham », ceux qui ne croient point à l’accomplissement dans le CHRIST de ce qu’Abraham croyait seulement en espérance dans Isaac ? J’ajouterai, plus clairement encore ; Abraham savait qu’il figurait d’avance l’image de la vérité à venir, il savait que le CHRIST naîtrait de sa descendance pour être offert en victime, véritable cette fois, du monde entier et ressusciter d’entre les morts. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Si Isaac porte lui-même le bois de l’holocauste, c’est que cela est une figure du CHRIST qui « porta lui-même sa croix », bien que, toutefois, porter le bois de l’holocauste soit l’office du prêtre : mais le CHRIST est à la fois la victime et le prêtre. Le mot qui suit : « Et ils s’en allèrent tous deux ensemble », se rapporte au même mystère. Tandis, en effet, qu’Abraham, s’apprêtant à sacrifier, porte le feu et le couteau, Isaac ne marche pas derrière lui, mais avec lui, montrant par là qu’il s’acquitte lui aussi, pareillement, de la fonction sacerdotale. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Cette réponse d’Abraham, à la fois exacte et prudente, me frappe. Je ne sais ce qu’il voyait en esprit, car il ne s’agit pas du présent, mais de l’avenir quand il dit : « Dieu se chargera de la brebis. » A son fils qui l’interroge sur le présent, il répond en disant l’avenir. C’est que le Seigneur lui-même devait se charger de la brebis dans la personne du CHRIST : en effet « la Sagesse elle-même s’est bâti une maison » et « Il s’est humilié jusqu’à la mort » ; bref, tout ce que vous lirez du CHRIST, vous découvrirez qu’il l’a fait librement et non point par contrainte. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Vous êtes ici, dans l’Église de Dieu, un grand nombre de pères à m’écouter. Voyons il y en a-t-il qui, au simple récit de cette histoire, aient acquis assez de fermeté et assez de force d’âme pour se proposer, au cas où la mort commune et inévitable leur ferait perdre un fils, ce fils fut-il unique et tendrement aimé, pour se proposer Abraham en exemple et se mettre sa générosité devant les veux ? On ne vous demande pas, il est vrai, le geste héroïque d’attacher vous-même votre enfant sur le bûcher, de le serrer, de préparer le glaive, d’écorcher votre fils unique. On ne réclame pas de vous tous ces offices. Du moins, ayez assez de résolution et de fermeté d’esprit pour offrir joyeusement, sans chanceler dans la foi, votre fils à Dieu. Soyez le prêtre de la vie de votre fils : un prêtre qui immole à Dieu ne doit pas pleurer. Voulez-vous être sûrs qu’on demande bien cela de vous ? Écoutez le Seigneur dans l’Évangile :« Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. » EH bien ! voilà une oeuvre d’Abraham. Faites donc les oeuvres qu’Abraham a faîtes, et sans tristesse, « car Dieu aime celui qui donne avec joie ». Et si vous êtes, pour Dieu, autant que lui disponibles, on vous dira à vous aussi : « Monte sur un endroit élevé, sûr la montagne que je te montrerai ; et là, offre-moi ton fils. » « Offre-moi ton fils », non pas dans les profondeurs de la terre ni dans une « vallée de larmes », mais sur les sommets de montagnes élevées. Montrez que votre foi en Dieu est plus forte que vos affections charnelles. Car, au rapport de l’Écriture, tout en aimant son fils Isaac, Abraham préféra l’amour de Dieu à l’amour de la chair ; ce n’est pas dans les entrailles de la chair qu’il aima, mais « dans les entrailles du CHRIST », c’est-à-dire dans les entrailles du Verbe de Dieu, de la vérité et de la sagesse. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Qu’ajouter à cela ? « Que rendrons-nous à Dieu pour tous ses bienfaits ? C’est pour nous que « Dieu le Père n’a pas épargné son propre Fils. » EH bien ! y en a-t-il parmi vous qui entendront un jour la voix de l’ange leur dire : « Je sais maintenant que tu crains Dieu pour n’avoir pas épargné ton fils », ou ta fille, ou ton époux, pour n’avoir pas épargné ton argent ni les honneurs du siècle et les ambitions de ce monde, mais pour avoir méprisé et « regardé toutes choses comme de la balayure afin de gagner le CHRIST », « pour avoir tout vendu et donné aux pauvres » et pour avoir suivi la parole de Dieu ? Oui, quels sont ceux d’entre vous, dites-moi, qui entendront de la bouche des anges semblable parole ? En tout cas, Abraham l’entend, cette parole, et on lui dit : « A cause de moi tu n’as pas épargné ton fils bien-aimé. » Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Nous avons dit plus haut, je crois, qu’Isaac figurait le CHRIST ; néanmoins, ici, c’est le bélier qui semble figurer le CHRIST. Il est intéressant de savoir comment l’une et l’autre figure, Isaac qui n’est point égorgé et le bélier qui l’est, conviennent également au CHRIST. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Le CHRIST est le « Verbe de Dieu », mais « le Verbe s’est fait chair ». Par conséquent, dans le CHRIST, il est une chose qui vient d’en haut et une autre qui vient de la nature humaine et du sein virginal. Or, le CHRIST souffre, mais c’est dans sa chair ; il subit la mort, mais c’est sa chair qui la subit, dont le bélier est ici la figure. Comme le disait Jean : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde. » Le Verbe au contraire, c’est-à-dire le CHRIST selon l’esprit, dont Isaac est l’image, est demeuré « dans l’incorruptibilité ». C’est pourquoi il est à la fois victime et grand prêtre. Car, selon l’esprit, il offre la victime à son père, et selon la chair, lui-même est offert sur l’autel de la croix. Il est également écrit de lui : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde », et : « Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. » Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Si Abraham n’avait vécu que « dans la chair », s’il n’avait été le père que du peuple qu’il engendra dans la chair, il aurait suffi d’une seule promesse. Mais pour montrer qu’il devait être d’abord le père de ceux qui ont été circoncis dans la chair, il reçoit à l’époque de sa propre circoncision une promesse qui devait concerner le peuple de la circoncision. Puis, comme il devait être aussi le père de ceux qui « appartiennent à la foi » et entrent dans l’héritage par la Passion du CHRIST, il reçoit à nouveau, à l’époque de la passion d’Isaac, une promesse qui devait concerner, cette fois, le peuple sauvé par la Passion et la Résurrection du CHRIST. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

Enfin, lors de la première promesse, l’Écriture ne dit pas la raison pour laquelle est faite la promesse, mais seulement que la voix conduisit Abraham dehors, «lui montra les étoiles du ciel et lui dit : Ainsi en sera-t-il de ta descendance ». Dans la seconde promesse, au contraire, Dieu donne la raison, et c’est pourquoi il appuie par un serment la fermeté de la promesse : « Car tu as, dit-il en effet, accompli ma parole et tu n’as pas épargné ton fils. » Par là il montre que c’est à cause de l’offrande et de la passion du fils que la promesse est fermement assurée et il insinue clairement que c’est à cause de la Passion du CHRIST que la promesse demeure fermement assurée au peuple des Gentils, « qui appartient à Abraham par la foi ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

Quoi qu’il en soit, l’Apôtre explique notre texte en disant : « Dieu a donné la promesse à Abraham et à sa descendance. Il n’a pas dit : et à tes descendants, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais il dit : et à ta descendance, comme ne parlant que d’un seul qui est le CHRIST. » C’est donc du CHRIST qu’il est écrit : « Je multiplierai ta descendance et elle deviendra aussi nombreuse que les étoiles du ciel ou que les grains de sable sur le bord de la mer. » A qui est-il besoin d’expliquer comment la descendance du CHRIST se multiplie, quand on voit la prédication de l’Évangile s’étendre « d’une extrémité de la terre à l’autre » et qu’il n’y a presque plus de lieu qui n’ait reçu la semence de la parole ? D’avance, cette vérité avait été figurée au début du monde, quand il avait été dit à Adam : « Croissez et multipliez », car c’est de cela que l’Apôtre énonce que « ce fut dit par rapport au CHRIST et à l’Église. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

– Le CHRIST est bien la descendance d’Abraham et le fils d’Abraham. Voulez-vous vous en convaincre par les paroles de l’Écriture ? Écoutez ce qui est écrit dans l’Évangile : « Livre de la généalogie de Jésus-CHRIST fils de David, fils d’Abraham. » C’est donc en lui que s’accomplit cette parole de l’Écriture : « Ta descendance recevra en héritage les cités de nos ennemis. » Comment le CHRIST a-t-il reçu en héritage les cités de ses ennemis ? Sous ce biais sans doute que « toute la terre est couverte du bruit » des Apôtres et « l’univers entier de leurs paroles ». Aussi la colère s’empara-t-elle de ces anges qui tenaient tous les peuples sous leur domination. « Car lorsque le Très-Haut sépara les peuples d’après le nombre des anges de Dieu, Jacob devint sa portion et Israël le lot de son héritage. » Le CHRIST, en effet, auquel son Père avait dit : « Demande-moi et je te donnerai les nations en héritage, les extrémités de la terre comme possession », excite la colère des anges en leur ôtant la puissance et la domination qu’ils avaient sur les peuples. Aussi est-il écrit : « Les rois de la terre se sont dressés et les princes se sont coalisés contre le Seigneur et contre son CHRIST. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

Aussi bien se dressent-ils contre nous et nous suscitent-ils luttes et combats. Et l’Apôtre du CHRIST de dire : « Nous n’avons pas à combattre seulement contre la chair et le sang, mais encore contre les princes, les puissances et les dominations de ce monde. » Il nous faut donc veiller et nous conduire avec précaution, « parce que notre adversaire, comme un lion rugissant, rôde autour de nous cherchant qui dévorer ». A moins que, « fermes dans la foi », nous ne lui résistions, il nous ramènera en captivité. Dans ce cas, ce serait, de notre part, méconnaître l’oeuvre de celui « qui a cloué sur sa croix les principautés et les puissances en triomphant hardiment d’elles en lui-même », et « qui est venu apporter la délivrance aux prisonniers ». En suivant au contraire la foi du CHRIST qui a triomphé d’elles, brisons les liens par quoi elles nous avaient enchaînés à leur puissance. Ces liens qui nous retiennent, ce sont nos passions et nos vices : ils nous retiennent aussi longtemps que « nous ne crucifions pas notre chair avec ses passions et ses convoitises », jusqu’à ce que « nous ayons brisé leurs liens et rejeté leur joug loin de nous ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

Donc, «la descendance d’Abraham », autrement dit la semence de la parole, c’est-à-dire la prédication de l’Évangile et la foi au CHRIST, s’est emparée « des cités de ses ennemis ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

Mais à quoi bon, pour moi, que « les cités des ennemis » appartiennent en héritage à la descendance d’Abraham « qui est le CHRIST », si ma propre cité ne lui appartient pas, si dans ma propre cité, c’est-à-dire dans mon âme qui est « la cité du Grand Roi », ses lois ni ses préceptes ne sont observés ? A quoi bon que Dieu ait soumis le monde entier et qu’il possède « les cités de ses ennemis », si, en moi, il n’est pas victorieux de ses ennemis, s’il ne détruit pas « la loi qui est dans mes membres, qui lutte contre la loi de mon esprit et qui me rend captif de la loi du péché » ? Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

Que chacun de nous veuille donc bien faire ce qu’il faut pour que, dans notre âme comme dans notre corps, le CHRIST soit victorieux de ses ennemis, qu’il se les soumette et qu’il prenne triomphalement possession de la cité de notre âme. De la sorte, nous deviendrons sa portion, sa part de choix, comparable « en éclat aux étoiles du ciel », et nous pourrons recevoir, nous aussi, la bénédiction d’Abraham par le CHRIST notre Seigneur, « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.

– « Isaac grandissait », dit l’Écriture, et il se fortifiait ; c’est-à-dire que la « joie » grandissait pour Abraham, à qui n’importaient pas « les choses visibles, mais les invisibles ». Abraham ne tirait pas sa joie des choses présentes, ni des richesses du monde, ni des événements du siècle. Voulez-vous savoir pourquoi Abraham était joyeux ? Écoutez ce que le Seigneur dit aux Juifs : « Abraham votre père a désiré voir mon jour, il l’a vu et il s’est réjoui. » La vision du jour du CHRIST et l’espérance qu’elle contenait comblaient de joie Abraham et faisaient donc grandir Isaac. Plût au ciel que vous deveniez d’autres Isaac et que vous soyez la joie de votre Mère l’Église ! Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Je vous parais peut-être bien sévère, mais je ne puis « couvrir de plâtre » un mur qui s’écroule. Car je redoute ce mot de l’Écriture : « Mon peuple, ceux qui vous rendent heureux sont des séducteurs et ils ruinent le chemin où vous devez passer ». Aussi « je vous avertis comme mes fils très chers ». Je m’étonne que vous ne soyez pas encore instruits de la voie du CHRIST et que vous n’ayez même pas entendu dire qu’ « elle n’est pas large ni spacieuse, la voie qui conduit à la vie, mais étroite et resserrée ». Vous donc, « entrez par la porte étroite » et laissez les larges espaces à ceux qui se perdent. « La nuit est avancée et le jour approche », « marchez comme des enfants de lumière ». « Le temps est court ; il n’y a qu’une chose à faire : que ceux qui possèdent soient comme s’ils ne possédaient pas, et ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas. » Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Tout est mystère, de ce qui est dans l’Écriture. Le CHRIST veut vous fiancer à lui, vous aussi. C’est à vous qu’il s’adresse par les prophètes, quand il dit : « Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai à moi dans la fidélité et la miséricorde et tu connaîtras le Seigneur. » Voulant donc vous fiancer à lui, le CHRIST vous envoie un serviteur. Ce serviteur, c’est la parole inspirée : sans l’avoir reçue, vous ne pouvez épouser le CHRIST. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Semblablement, la parole inspirée désaltère ceux qui ont soif, et pourtant on peut dire que ce sont ces derniers qui lui donnent à boire, quand elle est l’objet de la pratique et de l’étude de ceux qui s’intéressent à elle. Une âme qui fait ainsi tout avec patience, qui est entièrement disponible, qui s’applique à une connaissance si élevée et qui a pour règle d’aller au plus profond puiser les eaux de la science, une telle âme peut être prise par le CHRIST en mariage. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Je vous en prie, prenez patience, vous qui êtes assidus à écouter la parole, tandis que nous parlons pour les négligents et les indifférents. Prenez patience, parce que c’est de Rébecca, c’est-à-dire de la patience, qu’il s’agit. Il nous faut bien châtier un peu par la patience ceux qui ne se soucient pas de venir à l’assemblée et qui esquivent la parole de Dieu ; ils ne désirent ni le « pain de vie » ni « l’eau vive », ils ne sortent pas du camp ni de leur « maison de boue » pour recueillir la manne, ils ne viennent pas au rocher, à ce « rocher spirituel » où l’on boit, « ce rocher qui est le CHRIST », comme dit l’Apôtre. Ayez donc un peu patience, dis-je, car nous parlons aux indifférents, à ceux « qui se portent mal » ; « ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais ceux qui se portent mal. » Dites-moi, vous qui ne venez à l’église que les jours de fête, les autres jours ne sont-ils pas des jours de fête ? ne sont-ils pas les jours du Seigneur ? Ce sont les Juifs qui ont de rares jours déterminés pour célébrer leurs solennités ; aussi Dieu leur dit-il : « Je né peux souffrir vos néoménies, vos sabbats et votre grand jour. Mon âme a en horreur vos jeûnes, vos réjouissances et vos fêtes. » Dieu a donc en horreur ceux qui pensent qu’il n’y a qu’un jour de fête pour le Seigneur. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Les chrétiens mangent tous les jours les chairs de l’agneau, c’est-à-dire qu’ils prennent chaque jour la chair de la parole divine. « Car le CHRIST, notre Pâque, a été immolé. » La loi de la Pâque prescrit que la pâque soit mangée le soir : aussi le Seigneur a-t-il souffert au soir du monde ; et vous qui vivez dans un soir continuel, jusqu’à ce que vienne le matin, vous ne devez pas cesser de manger de la chair de la parole (de carnibus verbi). Si, au cours de cette soirée, vous avez été vigilants, si durant votre vie vous vous êtes appliqués « aux jeûnes, aux pleurs » et à toutes les oeuvres de justice, vous pourrez dire, vous aussi : « Le soir, viennent les pleurs, et, le matin, l’allégresse. » Car vous vous réjouirez au matin, c’est-à-dire dans le siècle à venir, à condition que dans le siècle présent vous recueilliez, dans les pleurs et dans la peine, « les fruits de justice ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Si le CHRIST est appelé le mari de l’âme, – car l’âme l’épouse quand elle vient à la foi, – son adversaire est bien cet autre mari que l’âme épouse quand elle s’écarte de la foi, celui-là même que l’Écriture nomme « l’ennemi » parce qu’ « il sème l’ivraie au milieu du bon grain ». Il ne suffit donc pas pour l’âme qu’elle soit chaste de corps, il faut encore que ce mari exécrable ne l’ait point connue. Car il peut arriver qu’une femme, tout en conservant la virginité du corps, connaisse ce mari exécrable qu’est le diable, et qu’en accueillant dans son coeur les traits de la convoitise elle perde la chasteté de l’âme. Et c’est parce que Rébecca était saintement vierge de corps et d’âme à la fois, que l’Écriture redouble son éloge et dit : « elle était vierge et aucun homme ne l’avait connue. » Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Donc Rébecca, en suivant le serviteur, arrive chez Isaac, – comme l’Église, en suivant la parole inspirée, arrive au CHRIST. Et où le trouve-t-elle ? « Près du puits du serment, dit l’Écriture, alors qu’il se promenait. » Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Vous le voyez, partout les mystères se répondent ; il y a accord des figures entre le Nouveau et l’Ancien Testament. Dans l’Ancien, c’est aux puits et à leurs eaux que l’on se rend pour trouver des épouses ; et c’est dans le bain de l’eau que l’Église s’unit au CHRIST. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Voyez quel poids de mystères nous accable ! Ils se présentent si nombreux que nous ne pouvons les expliquer. Du moins doivent-ils vous exciter à écouter et à venir aux assemblées. Ainsi, même si nous passons trop vite sur quelques-uns, vous pourrez, lorsque vous y reviendrez et que vous vous y appliquerez, faire la lumière et trouver par vous-mêmes. Puissiez-vous au moins persévérer dans la recherche, afin que le Verbe de Dieu, vous trouvant vous aussi près de l’eau, vous prenne et vous unisse à lui, pour devenir avec lui « un seul esprit » dans le CHRIST Jésus Notre Seigneur, « à qui sont la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Donc Abraham épousa Céthura, alors qu’il était un vieillard au corps déjà éteint. Je crois qu’il vaut mieux, selon les raisons que j’ai données plus haut, se marier lorsque le corps est éteint, lorsque « les membres sont morts ». Car nos sens sont bien plus capables de recevoir la Sagesse quand « nous portons la mort du CHRIST dans notre corps » mortel. Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

Enfin Céthura, qu’Abraham déjà vieux, prit en mariage, signifie dymiama, c’est-à-dire parfum ou bonne odeur. Par quoi il faut entendre que « nous sommes, comme a dit Paul, la bonne odeur du CHRIST ». Or, voyons comment l’on devient la bonne odeur du CHRIST. Le péché est une chose qui sent mauvais. Les pécheurs sont comparés à des porcs, qui se roulent dans leurs péchés comme dans une ordure infecte. Et David, parlant au nom du pécheur pénitent, dit : « mes meurtrissures sont infectes et purulentes. » Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

Si, en plus des vertus que nous enseigne la loi de Dieu, nous nous adonnons aux disciplines qui, étant du siècle, semblent venir du dehors, comme la littérature, la grammaire, la géométrie, l’arithmétique, la dialectique, si nous faisons concourir ces disciplines tirées du dehors à notre enseignement, si nous les admettons à témoigner en faveur de notre loi, alors on pourra dire que nous avons pris en mariage des étrangères ou même des concubines. Et si de semblables unions nous amènent à exposer nos idées, à discuter, à réfuter des contradicteurs et qu’à ce propos nous puissions en convertir quelques-uns à la foi ; et si, maniant mieux qu’eux leurs propres sciences et leurs propres méthodes, nous les persuadons de recevoir la vraie philosophie du CHRIST et la vraie piété de Dieu, alors on pourra dire que nous avons eu des enfants de la dialectique ou de la rhétorique comme d’une étrangère ou d’une concubine. Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.

Purifiez donc, vous aussi, votre esprit, pour qu’un jour vienne où vous buviez à vos sources et où vous puisiez l’eau vive à vos puits. Car si vous avez reçu en vous la parole de Dieu, si vous avez reçu de Jésus l’eau vive, et, qui plus est, avec foi, elle deviendra en vous « une source d’eau jaillissant jusqu’à la vie éternelle » en Jésus lui-même le CHRIST notre Seigneur, « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.

Ainsi donc les puits creusés par Abraham, c’est-à-dire les écrits de l’Ancien Testament, ont été remplis de terre par les Philistins, que ce fussent de mauvais docteurs, Scribes et Pharisiens, ou les puissances adverses : leurs ouvertures furent bouchées, pour qu’ils ne pussent donner à boire aux descendants d’Abraham, Oui, ce peuple ne peut pas boire aux Écritures, et « la soit de la parole de Dieu » le tourmente, jusqu’à la venue d’Isaac qui dégage les puits où boiront ses serviteurs. – Soyons donc pleins de reconnaissance pour le CHRIST fils d’Abraham – dont il est dit : « Généalogie de Jésus-CHRIST, fils de David, fils d’Abraham », – qui est venu et nous a déblayé les puits. Il les déblayait pour ceux qui disaient : « Est-ce : que notre coeur n’était pas brûlant en nous quand il nous ouvrait les Écritures ? » Ainsi ouvrit-il ces puits et « il les nomma comme les avait nommés Abraham son père », car il ne les changea pas de nom. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

On peut s’étonner que Moïse ait encore gardé pour nous son nom de Moïse, et chaque prophète le sien. C’est que le CHRIST, sans les changer de nom, a changé la manière de les entendre. Il a opéré ce changement de nous détourner désormais des « fables judaïques » et des « généalogies indéfinies », car il est dit : « ils ferment leurs oreilles à la vérité et les ouvrent à des fables. » Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

Vous voulez encore voir une autre description de cette image ? EH bien, il y a le billet que Dieu écrit et il y a celui que nous écrivons, nous. Écoutez l’Apôtre : « Détruisant l’acte qui était écrit contre nous dans les décrets et nous était contraire, il l’a fait disparaître en le clouant à la croix. » Cet acte dont il parle était un « reçu » de nos péchés. Car chacun de nous est débiteur de ses fautes et écrit le billet (de reconnaissance) de son péché. Au jugement de Dieu, que Daniel représente assis, il y a, dit-il, « des livres ouverts », pour contenir, sans doute, les péchés des hommes. C’est nous qui les avons écrits contre nous avec nos fautes. Et cela trouve une illustration dans l’Évangile, quand il est raconté de l’économe d’iniquité qu’il dit à chaque débiteur : « Prends ton billet, assieds-toi et écris : quatre-vingts » et la suite. C’est bien à chacun, n’est-ce pas, qu’il est dit : « Prends ton billet ». D’où il ressort que notre billet est un billet de péché ; tandis que le billet de justice, c’est Dieu qui l’écrit. En ce sens l’Apôtre dit : « Vous êtes ma lettre écrite, non avec de l’encre, mais par : l’Esprit de Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos coeurs. » Vous avez donc en vous le billet de Dieu et le billet du Saint-Esprit. Mais si vous péchez, vous signez contre vous l’acte écrit du péché. Remarquez , que lorsque vous êtes venus à la croix du CHRIST et à la grâce du baptême, votre écrit a été crucifié et a été effacé dans l’eau du baptême. N’écrivez pas à nouveau ce qui a été effacé, ne rétablissez pas ce qui a été supprimé : ne gardez en vous que le billet de Dieu, ne conservez en vous que l’écriture du Saint-Esprit. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

Je me souviens, par exemple, avoir expliqué dans les instructions précédentes que, lors de son offrande en holocauste, Isaac était le type du CHRIST, lequel néanmoins était aussi représenté par le bélier. Je vais plus loin et je dis que c’est encore le CHRIST qui est représenté dans l’ange qui parla à Abraham et qui lui dit : « Ne porte pas ta main sur l’enfant », car il lui dit une seconde fois : «Parce que tu as accompli ma parole, je te bénirai ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

L’Apôtre Paul nous a indiqué deux figures en Isaac : la première est celle où il écrit qu’Ismaël, fils d’Agar, représente le peuple selon la chair, et Isaac le peuple selon la foi ; l’autre est celle où il écrit : « Il n’a pas dit : et à tes descendants, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais : à ta descendance, comme ne parlant que d’un seul qui est le CHRIST ». Isaac est donc la figure à la fois du peuple et du CHRIST. Or il est bien certain que le CHRIST, comme Verbe (Parole) de Dieu, a parlé non seulement dans les Évangiles, mais aussi dans la Loi et dans les Prophètes. Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Dans la Loi, Isaac élève un autel et plante sa tente. Tandis que dans les Évangiles, ce n’est pas une tente qu’il plante, mais une maison qu’il bâtit et dont il pose les fondements. Écoutez la Sagesse parlant de l’Église : « La Sagesse s’est bâti une maison et elle a placé à la base sept colonnes ». Écoutez aussi Paul sur le même sujet : « Personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé, savoir le CHRIST Jésus. » Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Quiconque est versé dans ces sciences doit dire, en voyant que « Dieu était dans le CHRIST pour réconcilier le monde avec Lui » et en admirant la grandeur de ses oeuvres : « Nous avons vu que le Seigneur est avec toi et nous avons dit : Qu’il y ait un serment entre nous ». S’approchant alors de la Loi de Dieu, il ne peut manquer de dire : « J’ai juré et décidé de garder tes commandements ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Quant à vous, si vous n’êtes plus de « petits enfants » qui ont encore besoin de « lait », si vous apportez un esprit vigoureux, si, par des études poussées, vous vous êtes au préalable rendus capables de mieux comprendre la parole de Dieu, c’est pour vous aussi qu’il y a « un grand festin ». On ne vous préparera pas les « légumes » des faibles, on ne vous nourrira pas avec le lait des petits enfants, mais le ministre de la parole vous servira « un grand festin ». Il vous parlera de la Sagesse que l’on prêche parmi les parfaits, il vous prêchera « la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée », « qui n’est connue d’aucun des princes de ce siècle ». Il vous révélera le CHRIST sous l’aspect de Celui « en qui sont cachés tous les trésors de la Sagesse ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Il vous fait donc « un grand festin », et lui-même mange avec vous, à moins que votre état ne l’oblige à vous dire : « Je n’ai pas pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, comme à de petits enfants dans le CHRIST. » Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Et maintenant que nous entrons au festin de la Sagesse, il ne nous reste plus qu’à ne pas y emporter avec nous les vêtements de la folie. N’y venons pas revêtus de la robe d’infidélité, ni ternis par les taches des péchés; mais, dans la pureté et la simplicité du coeur, embrassons la parole et mettons-nous au service de la divine Sagesse qui est le CHRIST Jésus notre Seigneur, « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: XIV – APPARITION DU SEIGNEUR A ISAAC – ALLIANCE AVEC ABIMÉLECH Le premier jour.

Il faut remarquer que celui qui « ranime son esprit », cet esprit qui semblait presque éteint, est appelé Jacob ; mais celui qui dit : « C’est une grande chose pour moi que mon fils Joseph soit vivant », montrant par là qu’il pressent que la vie enclose en la réalité spirituelle de Joseph est une grande chose, n’est plus appelé Jacob, mais Israël, parce qu’il semble voir en esprit la vraie, vie, c’est-à-dire le CHRIST Dieu véritable. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.

Tandis que pour les justes et pour ceux qui « méditent la loi du Seigneur jour et nuit », « la Sagesse dresse sa table, tue ses victimes, mêle son vin dans la coupe et appelle à haute voix ». Ce n’est pas pour que tous viennent, ni pour que les opulents ou les riches ou les sages de ce monde descendent chez elle, mais – dit l’Écriture – « que ceux qui sont dépourvus d’esprit viennent à moi ». Cela veut dire que ceux qui sont « humbles de coeur », qui ont appris du CHRIST à être « doux et humbles de coeur » (ailleurs ils sont appelés « pauvres en esprit », mais ils sont riches par la foi) viennent au festin de la Sagesse, se restaurent de ses nourritures et repoussent «la famine qui s’appesantit sur la terre ». Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Quant à vous, veillez à n’être pas des Égyptiens que presse la faim. Ne vous laissez pas prendre aux occupations du siècle ni enchaîner aux liens de l’avarice ni amollir par les excès de la luxure. Ne vous privez pas des nourritures de la Sagesse toujours servies dans les églises de Dieu. Car si vous fermez vos oreilles à ce qu’on lit ou explique à l’église, il est hors de doute que vous avez « faim de la parole de Dieu ». Mais si, descendant de la souche d’Abraham, vous conservez la noblesse de la race Israé-lite, alors c’est la loi, ce sont les prophètes qui ne cessent de vous nourrir, et les Apôtres vous servent de somptueux festins. Alors les Évangiles vous invitent à prendre place dans le sein d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, « dans le royaume du Père », pour que « vous mangiez là de l’arbre de vie » et buviez du vin de « la vraie vigne », le « vin nouveau avec le CHRIST dans le royaume de son Père ». Car ces nourritures ne peuvent manquer aux « fils de l’époux », qui ne peuvent souffrir de la faim «tant que l’époux est avec eux » Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Voulez-vous savoir ce qui distingue les prêtres de Dieu des prêtres de Pharaon ? C’est que Pharaon donne des terres à ses prêtres, tandis que le Seigneur ne donne pas à ses prêtres de part sur la terre, mais leur dit : « C’est moi qui suis votre part. » Vous qui lisez ce texte, observez tous les prêtres du Seigneur et faites la différence entre eux : ou dirait que ceux dont la part est sur la terre et qui s’adonnent aux occupations et aux soins terrestres sont moins des prêtres du Seigneur que des prêtres de Pharaon. Car Pharaon veut que ses prêtres possèdent des terres et s’appliquent à la culture des champs, mais non de leur âme ; il veut qu’ils se consacrent à leur domaine et non à la loi. Tandis que le CHRIST notre Seigneur, ce qu’il enjoint à ses prêtres, écoutons-le plutôt : « Quiconque ne renonce à tout ce qu’il possède ne peut pas être mon disciple. » Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Ce disant, je me prends à trembler. Car avant tout, voici que je me dresse comme mon propre accusateur, voici que je prononce ma condamnation. Le CHRIST désavoue le disciple qu’il voit posséder et celui qui « ne renonce pas à tout ce qu’il possède ». Or quelle est notre conduite ? Comment pouvons-nous lire ces exigences et les expliquer aux gens, nous qui, loin de renoncer à ce que nous possédons, voulons encore acquérir ce que nous n’avons jamais possédé avant d’appartenir au CHRIST ? En face des reproches de notre conscience, pouvons-nous cacher et manquer de faire connaître ce qui est écrit ? Mais je ne veux pas me charger d’une double faute. J’avoue, oui, j’avoue devant tout le peuple qui m’écoute que ces exigences sont écrites, mais je reconnais que je ne les ai pas encore suivies. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Voulez-vous entendre aussi les déclarations de Pierre sur lui-même ? Écoutez-le avec Jean faire cet aveu commun : « Je n’ai ni or ni argent, mais ce que j’ai je te le donne. Au nom de Jésus-CHRIST, lève-toi et marche. » Les voilà, les richesses des prêtres du CHRIST ; les voilà, les abondantes et précieuses largesses « de ceux qui n’ont rien ». Mais ces ressources-là, ce n’est pas la possession de la terre qui peut les procurer. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Mais il n’est à toute chose qu’un créateur, qu’une origine, qu’un commencement, et c’est le CHRIST. C’est pourquoi, si le peuple fournit le dixième de ses revenus aux ministres et aux prêtres, il offre toutefois les premiers-nés au « premier-né de toute créature » et les prémices à celui qui est le « commencement de tout », de qui il est écrit : « Il est le commencement, le premier-né de toute créature. » Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.

Pour nous, il se peut que nous ayons l’air d’être descendus en Egypte, il se peut qu’en vertu de notre condition charnelle nous soutenions les luttes et les combats de ce monde, il se peut que nous habitions au milieu des esclaves de Pharaon ; en tout cas, si nous restons près de Dieu, si nous nous appliquons à la méditation de ses commandements, si nous recherchons avec soin « ses préceptes et ses ordonnances », – car c’est cela que signifie : « être toujours près de Dieu, penser aux choses de Dieu », « chercher les choses de Dieu », – Dieu de son côté sera toujours avec nous, par le CHRIST Jésus notre Seigneur, « à qui est la gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.