Venons-en également, si vous voulez, à la circoncision des lèvres. J’estime qu’on a les lèvres incirconcises, quand on n’a pas rompu avec un langage et des plaisanteries de mauvais aloi, quand on dénigre le bien, quand on accuse ses proches, quand on intente des procès, quand on répand des calomnies, quand on brouille des frères entre eux en disant des mensonges, quand on dit des paroles vaines, déplacées, sentant le siècle, impudiques, inconvenantes, injustes, violentes, blasphématoires, bref tout ce qui est indigne d’un chrétien. Mais quand on interdit tout cela à sa bouche et « qu’on soumet ses paroles au jugement », quand on s’abstient de bavardage, quand on tient sa langue, quand on maîtrise ses paroles, alors on passe avec raison pour avoir les lèvres circoncises. Tandis que « ceux qui disent l’iniquité contre les hauteurs et dirigent leur langue contre le ciel même », comme font les hérétiques, ne peuvent que passer pour impurs et incirconcis des lèvres. Au contraire, il est pur et circoncis, celui qui dit toujours la parole de Dieu et qui répand la saine doctrine étayée par les préceptes des Évangiles et des Apôtres. Telle est la circoncision des lèvres que confère l’ÉGLISE DE DIEU. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Nous avons parcouru brièvement ces quelques textes de l’Ancien Testament pour confondre ceux qui se confient en la circoncision de la chair, comme aussi pour édifier l’ÉGLISE DE DIEU. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
C’est alors que la maison d’Abimélech et ses servantes guéries par le Seigneur enfanteront des fils à l’Église. C’est le temps où « la stérile enfante » et où « beaucoup sont des enfants de la délaissée plutôt que de celle qui a un époux ». Car « le Seigneur a ouvert le sein de celle qui était Stérile » et en a fait une femme féconde qui enfante « toute une nation d’un coup ». Et les saints proclament bien haut : « Seigneur, en votre crainte nous avons conçu et enfanté, nous avons donné l’esprit du salut à la terre. » Et Paul dit semblablement : « Mes petits enfants que j’enfante à nouveau jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous ». Voilà les fils qu’enfante toute l’ÉGLISE DE DIEU, voilà les enfants qu’elle engendre ! Car « celui qui sème dans la chair, moissonnera, de la chair, la corruption », mais les enfants de l’Esprit sont ceux dont l’Apôtre dit : « La femme sera sauvée par la descendance de ses fils, pourvu qu’ils persévèrent dans la foi et la chasteté. » Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.
Que l’ÉGLISE DE DIEU comprenne ainsi les histoires de génération et d’enfantement. Qu’elle relève les actions des patriarches par une interprétation bienséante et honorable ! Qu’elle ne corrompe pas les paroles de l’Esprit Saint par d’ineptes fables judaïques ! mais qu’elle leur attribue un sens pleinement honorable, pleinement moral et utile. Autrement, quelle édification retirerons-nous de lire qu’Abraham, ce grand patriarche, a non seulement menti au roi Abimélech, mais a livré la pudeur de son épouse ? Y a-t-il de l’édification à penser que la femme d’un si grand patriarche faillit être déshonorée avec le consentement tacite de son mari ? Aux Juifs de le croire, et, avec eux, aux amis de la lettre, non de l’esprit ! Pour nous, « associant les choses spirituelles aux choses spirituelles », rendons-nous spirituels tant en acte qu’en pensée dans le Christ Jésus notre Seigneur, « à qui est la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: VI – ABIMÉLECH ET SARA Le premier jour.
Vous êtes ici, dans l’ÉGLISE DE DIEU, un grand nombre de pères à m’écouter. Voyons il y en a-t-il qui, au simple récit de cette histoire, aient acquis assez de fermeté et assez de force d’âme pour se proposer, au cas où la mort commune et inévitable leur ferait perdre un fils, ce fils fut-il unique et tendrement aimé, pour se proposer Abraham en exemple et se mettre sa générosité devant les veux ? On ne vous demande pas, il est vrai, le geste héroïque d’attacher vous-même votre enfant sur le bûcher, de le serrer, de préparer le glaive, d’écorcher votre fils unique. On ne réclame pas de vous tous ces offices. Du moins, ayez assez de résolution et de fermeté d’esprit pour offrir joyeusement, sans chanceler dans la foi, votre fils à Dieu. Soyez le prêtre de la vie de votre fils : un prêtre qui immole à Dieu ne doit pas pleurer. Voulez-vous être sûrs qu’on demande bien cela de vous ? Écoutez le Seigneur dans l’Évangile :« Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. » Eh bien ! voilà une oeuvre d’Abraham. Faites donc les oeuvres qu’Abraham a faîtes, et sans tristesse, « car Dieu aime celui qui donne avec joie ». Et si vous êtes, pour Dieu, autant que lui disponibles, on vous dira à vous aussi : « Monte sur un endroit élevé, sûr la montagne que je te montrerai ; et là, offre-moi ton fils. » « Offre-moi ton fils », non pas dans les profondeurs de la terre ni dans une « vallée de larmes », mais sur les sommets de montagnes élevées. Montrez que votre foi en Dieu est plus forte que vos affections charnelles. Car, au rapport de l’Écriture, tout en aimant son fils Isaac, Abraham préféra l’amour de Dieu à l’amour de la chair ; ce n’est pas dans les entrailles de la chair qu’il aima, mais « dans les entrailles du Christ », c’est-à-dire dans les entrailles du Verbe de Dieu, de la vérité et de la sagesse. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
– Mais passons ! Car, actuellement, ce n’est pas le moment de commenter, mais d’édifier l’ÉGLISE DE DIEU et de remuer les auditeurs inertes et nonchalants par les exemples des saints et les explications mystiques. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.