Éphrem: Eloge du désert.

3. Le désert est bien meilleur que les lieux habités pour celui qui cherche l’honneur de Dieu, et les montagnes sont bien préférables aux villes pour celui qui connaît sa grâce. Considérez les petites choses, et qu’elles vous en fournissent la preuve. Les bêtes fauves du désert ne sont pas assujetties au fouet, et les chamois des montagnes ne se donnent pas aux tondeurs ; regardez l’âne sauvage au désert, personne ne monte sur son dos ; voyez le chevreuil au milieu du désert, il ne quitte pas l’abstinence ; voyez les cerfs dans les rochers, ils ne portent pas le joug ; considérez les fauves, la nourriture ne leur est pas mesurée ; voyez la perdrix dans le roc, elle n’y recueille pas une nourriture qui lui est limitée ; considérez le bouc des montagnes, il fuit les plaines ; voyez le lion du désert, on ne le méprise pas ; mais s’il entre en ville, ceux qui viennent le voir en font peu de cas ; si l’aigle fait son nid dans une maison, la fumée le prend aux yeux ; l’onagre et le chevreuil, s’ils viennent dans la plaine, y sont pris de peur ; le fauve, s’il s’approche des murailles, y perd sa peau ; le cerf qui descend dans la vallée perd sa couronne ; le bouc des montagnes, assailli par les chiens, s’en tire avec sa toison arrachée ; la perdrix prise au lacet a ses plumes arrachées par le chasseur ; les oiseaux tombés dans les pièges deviennent objet de moquerie ; la splendeur qui faisait l’ornement des bêtes sauvages s’évanouit dans la plaine. Les lions les plus forts sont vaincus et domptés quand ils sont enfermés.

4. Regardez donc les animaux et fuyez les maisons, ô homme de la montagne, et ne vous relâchez pas.