Devotio Moderna — OBRAS DE GERARDO ZERBOLT
Gérard Zerbolt de Zutphen, Manuel de la réforme intérieure
Correspondência
Au printemps 1398, Zerbolt se rend à Amersfoort pour de là consulter d’importants dévots à Utrecht et à Amsterdam, tels Hugo Goutsmit et Werbolt de Boscoop, ainsi que des ecclésiastiques de l’entourage de l’Evêque. En mai, il a déjà quitté Deventer quand il apprend par lettre que Johannes Kessel, le cuisinier de la Heer-Florenshuis, a succombé à la peste dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Il pousse Florent au départ pour éviter la contagion. Une partie des frères de Deventer s’exilent de fait à Amersfoort, mais les Frères font des va-et-vient constants, si bien que la composition du groupe des exilés varie beaucoup. A la fin de l’automne le danger est enfin écarté et, le 11 novembre, les frères rejoignent Deventer. Pendant la période intermédiaire, les contacts entre les exilés et ceux restés à la maison se sont poursuivis par une correspondance dont subsistent dix lettres, neuf adressées de Amersfoort à la communauté des Frères à Deventer, et une provenant de la Heer-Florenshuis vers Amersfoort, notamment la lettre que Lubbert ten Busch écrivit sur son lit de mort, le 24 juillet1.
Ces lettres sont des documents personnels écrits en une période tumultueuse. Les deux premières sont rédigées par Gérard Zerbolt seul, les sept autres ont trois ou plusieurs auteurs dont Gérard encore, Florent Radewijns et Willem de Schoonhoven2. L’unité de style évidente des neuf lettres suggère que Zerbolt les a vraisemblablement conçues. Pour l’écriture de ce genre de texte rapide, Florent qui n’avait pas une bonne main, entre à peine en ligne de compte; pourtant, il aura participé à la réflexion qui y est présente3. La composition mouvante du groupe d’expéditeurs fait écho à celle du groupe des exilés d’Amersfoort. Dans les lettres dominent à la fois la tristesse d’être séparés les uns des autres et le souci du sort réservé à ceux qui sont restés. Ils contestent de part et d’autre l’exil: sans l’autre moitié de la Fraternité, ils se sentent orphelins. Après la mort de Johannes Kessel, quand Lubbert ten Busch, un des prêtres, disparaît, on réfléchit par lettre pour décider de son successeur dans son ministère et dans la charge de procurateur et second dans l’administration de la maison.
Les lettres font état du grand projet mentionné à mots couverts sous les termes de commune negotium. On ne peut douter que ces pourparlers aient trait à l’approbation ecclésiale de leur forme de vie, une affaire à laquelle on travailla alors beaucoup sans aboutir encore. Le projet, suggère Thom Mertens, dépasse les intérêts des Frères de Deventer: il concerne une entreprise plus vaste dont l’initiative venait sans doute d’ailleurs. La formulation de la façon de vivre des femmes paraît en avoir été un aspect important4.
Par tous ces écrits, textes juridiques, avis et correspondance, Zerbolt a influencé, parfois profondément, son entourage. Mais la postérité le connaîtra surtout comme auteur de deux traités pour la vie spirituelle, le De reformacione trium virium animae et le De spiritualibus ascensionibus. Les deux textes ont beaucoup en commun. Le De reformacione, présentement édité, est généralement considéré comme le premier des deux écrits. Il s’ouvre par un exposé général à la fois étroitement lié au De ascencionibus et aux deux traités de Florent Radewijns. En comparant certains passages, on peut déterminer quelle place tient le De reformacione dans cet ensemble et, par là, sa fonction et ses destinataires.
NOTAS
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Huit de ces lettres sont éditées dans Dumbar, Analecta (t. I, p. 88-113), la neuvième est éditée par V. Becker dans De katholiek 41 (1862), p. 120-121. Van Rooij en donne un résumé (Gérard Zerbolt van Zutphen p. 241-250). John van Engen prépare une nouvelle édition des lettres. La lettre de Lubbert se trouve dans Dialogus noviciorum (Pohl, ed. cit., t. VII, p. 247-250, ligne 6) où elle forme une section de la notice qui lui est consacrée (p. 245-258). ↩
Pour la chronologie et l’interprétation des lettres, voir Mertens, «Zerbolts letzter Sommer». ↩
Thomas a Kempis écrit que Florent s’occupait surtout de la préparation du parchemin: «quia licet minus bene scribere sciret» (Pohl, ed. cit., t. VII, p. 150). ↩
Dans la première lettre, il est question de permission pour un espace de prière, sans doute dans l’intention de mener une vie monastique (cf. Mertens, «Zerbolts letzter Sommer»). ↩